C’était
la grève générale et j’avais treize ans. Les transports étaient paralysés, les
usines fermées, le ravitaillement aléatoire. Mon père ne faisait pas
grève ; il avait besoin de son salaire pour nourrir ses quatre enfants et
s’arrangeait toujours pour obtenir du lait pour sa famille, mais il prenait
fait et cause pour le mouvement. C’était mai 68.
Je me
souviens des camions militaires qui sillonnaient les rues transportant des
habitants pour une destination qui m’était inconnue.
Mes
souvenirs sont flous, j’étais bien jeune mais je me rappelle qu’à la
télévision, je regardais les manifestations d’étudiants en lutte contre les
CRS.
Je revois
les syndicalistes et les ouvriers devant leur usine tenant des banderoles. Je
savais que quelque chose de grave et d’important se passait.
Dans mon
collège, les effets de ce mouvement se faisaient sentir et mes camarades et moi
avions décidé par solidarité de cesser le travail au grand dam des professeurs.
Ce mois
de mai a sonné le glas d’une époque à jamais révolue.
Nadine
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Dès mon
premier emploi comme salarié, je me suis vu aborder par des syndicalistes visant
mon recrutement. Il est vrai que j’y étais, à l’avance, tout disposé.
De ces
antiques racines implantées dans mon esprit subsiste en moi, à l’heure
actuelle, une compréhension teintée de sympathie envers les grévistes, quand
bien même ils peuvent occasionner des troubles, voire des désagréments, dans la
vie de tous les jours ;
Il faut
dire que le droit de grève, dans nos sociétés modernes, les distingue noblement
de celles qui en sont dépourvues et que l’on peut qualifier de dictatoriales ou
de primitives.
Ce
sacro-saint droit de grève a pour corollaire dans la vie de tous les jours, le
droit immanent de le contourner. C’est ce que j’ai fait une fois, en me
comportant comme un « briseur de grève », à la satisfaction de tout
le monde, y compris des grévistes invétérés.
Lors
d’une grève des transports parisiens, j’ai véhiculé quotidiennement des lycéens
de mon voisinage jusqu’à leur établissement scolaire : le lycée Rodin à Paris,
dans le XIIIème.
Ceci dit
et abstraction faite de toute sympathie ou animosité de part et d’autre, on se
doit, en toutes circonstances, de bannir le recours à la violence.
Emmanuel
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Rémi est un enfant de six ans, il habite
avec ses parents dans une petite maison de la banlieue parisienne, comme il en
existe tant.
Depuis quelques jours, son père parle
fort, râle, crie et fait de grands gestes… mais surtout, il ne va pas au
travail !
Rémi lui demandé ce qui se passait et la
réponse a fusé, tel un boulet de canon : c’est la grève, sans autre
explication. Lui ne comprend pas et ne sait pas à quoi ça sert une grève.
Ainsi, quand les adultes parlent, il se
fait discret et écoute les conversations. Il comprend avec ses yeux et son
intelligence d’enfant que des hommes et des femmes arrêtent de travailler, ne
sont plus payés pour demander de meilleurs salaires ou de meilleures conditions
de travail.
Lui, il s’inquiète… Plus de paye…
plus d’argent à la maison pour manger, pour ses vêtements. Il a peur de ne plus rien avoir dans son assiette. Va-t-il devoir partir de sa maison ? Ne plus avoir sa chambre ?. Et l’école ? Et ses copains ? Il a peur et n’ose pas demander à ses parents. Eux parlent, discutent, crient et s’énervent. Le soir quand il se couche, la peur ne le quitte pas. En classe, il devient moins attentif, plus distrait. Heureusement que la maitresse s’aperçoit que dans la classe ses petits élèves entendent et voient les infos à la télévision mais n’ont pas toujours les explications qui vont avec les images. Cela lui donne l’occasion de parler de ce mouvement et de faire s’exprimer les angoisses retenues.
plus d’argent à la maison pour manger, pour ses vêtements. Il a peur de ne plus rien avoir dans son assiette. Va-t-il devoir partir de sa maison ? Ne plus avoir sa chambre ?. Et l’école ? Et ses copains ? Il a peur et n’ose pas demander à ses parents. Eux parlent, discutent, crient et s’énervent. Le soir quand il se couche, la peur ne le quitte pas. En classe, il devient moins attentif, plus distrait. Heureusement que la maitresse s’aperçoit que dans la classe ses petits élèves entendent et voient les infos à la télévision mais n’ont pas toujours les explications qui vont avec les images. Cela lui donne l’occasion de parler de ce mouvement et de faire s’exprimer les angoisses retenues.
Certains sont contents car leurs parents
sont présents à la maison, du coup ils ne vont plus à la cantine ou au
péri-scolaire. D’autres ont plus d’angoisses et de peurs comme notre petit
Rémi. La maîtresse prend le temps d’expliquer qu’une grève est un mouvement de
contestation, de mécontentement de la part d’employés ou d’ouvriers par rapport
à ce que les patrons demandent ou veulent faire… et effectivement, les
personnes ne travaillant pas ne seront pas payées.
Les enfants apprennent que la grève est
un droit qui a été acquis par de dures batailles et que c’est aussi grâce à ces
batailles qu’ils peuvent partir en vacances tous les ans.
Mais tout ça, c’est une histoire de
grands… et Rémi, bien qu’un peu rassuré, rentre chez lui en sachant que ses
parents seront toujours là pour lui, malgré cette grève qui lui empoisonne la
vie !
Valérie
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Des
mouvements sociaux paralysant de façon récurrente les transports, après m’être
couchée à vingt-deux heures, je me levai à quatre heures du matin.
Les
rigueurs hivernales sévissaient, je me postai, dès cinq heures, en face de la
grille close du RER, brandissant mon titre de transport et ma carte
d’invalidité.
La
circulation était fluide : le premier objectif était d’atteindre la Porte
d’Orléans, à pied cinquante minutes, parfois à bord d’un utilitaire de
plomberie, d’un camion de légumes ou d’une élégante citadine.
Ensuite,
la compagnie d’autocars à destination de mon lieu de travail étant aussi en
grève, je sollicitai à nouveau d’autres bonnes volontés, parfois trois stops
différents : d’abord jusqu’à Bourg-la-Reine, puis la zone industrielle de
de Longjumeau, dans la dernière partie du trajet, en pays de connaissance, les
parents d’élèves s’arrêtaient bien volontiers, préférant savoir leurs enfants
en classe plutôt qu’en permanence.
Il m’est
arrivé de cumuler grève et neige. Dans ce cas, je passais la nuit, allongée sur
le canapé de la salle des professeurs, pour assurer le conseil de classe du
lendemain à huit heures, étant professeur principal.
Les
épisodes neigeux étaient les plus éprouvants. La Nationale 20 était
impraticable. J’avais mis de seize à vingt-trois heures trente à rejoindre à
pied la gare de Longjumeau, rentrer chez moi à une heure trente pour me relever
à trois heures et me retrouver devant des classes quasiment vides, vu que la
Préfecture avait décidé la fermeture temporaire des établissements scolaires,
en raison des intempéries et de l’impraticabilité des routes. Les
intempéries sont parfois plus redoutables que les grèves !
Marie-Christine
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C’était un week-end qui
s’annonçait pluvieux et je devais me rendre en banlieue. Des rumeurs de grève
couraient mais les informations indiquaient 1 train sur 2 ou 1 train sur 3.
Ayant le choix entre le RER B et le RER C, j’avais bon espoir de pouvoir
arriver à destination. Bien sûr, il y
avait la grève et je comprenais bien les revendications des conducteurs. Même si beaucoup de gens ont tendance à les
considérer comme des «planqués» ou des feignants, et méconnaissent leur planning :
horaires, travail en continu, pause dans des lieux n’offrant aucun confort,
heures de repas ou de sommeil toujours en décalé, jamais réguliers sans compter
les agressions, leurs conditions de travail sont particulièrement épuisantes et
usantes.
Donc, le samedi matin,
je finissais de préparer mes affaires quand un doute m’envahit. J’ouvre mon
ordinateur et je consulte «RATP déplacement». Le cadran m’indique l’heure du
train et ne me précise aucune perturbation. Avec mon amie, nous avons convenu
que je l’appelle dès que je suis à la gare et par message, que je lui annonce
ma gare d’arrivée, puis je la «biperai» deux arrêts avant mon arrivée. Tout
semble pour le mieux !
Je pars confiante
prendre mon bus 57 qui me mène à la gare de Lyon.
Là, je descends les
escaliers et avant même de passer les tourniquets, je vais pour regarder les
tableaux d’affichage. Sur le côté, un grand panneau écrit en rouge afin que nul
ne l’ignore : « En raison des grèves et des inondations, aucun train
ne circulera les 4 et 5 juin en direction de Corbeil-Essonnes ». Incrédule,
je lève les yeux. En continu, défilent les
annonces des trains pour Melun avec les différents arrêts mais rien pour
Corbeil-Essonnes. Tout près de moi, quelques rares voyageurs piégés comme moi,
restent figés devant les portillons, silencieux et calmes. C’est alors
qu’arrive un étranger. Il ne comprend pas le panneau et interroge «Evry, Evry !». Un homme
compatissant entreprend de lui expliquer l’impossibilité de se rendre à Evry
par le train. La conversation est ardue et le désarroi se lit sur le visage de
l’étranger. Il l’entraîne vers le fond de la gare. Sans doute, là-bas aura-t-il
plus de renseignements
Pour l’heure, je peste
un peu en mon for intérieur. Je ne sais quelle décision prendre. Je dois
d’abord joindre mon amie.
De mon portable,
j’essaie en vain de l’appeler. Elle ne me répond pas. Deux fois, trois fois,
j’attends quelques minutes et je recommence. Elle me croit dans le train et ne
voit dans mon appel qu’un signal lui indiquant que je suis en route. Je râle en
silence. Enfin, elle décroche. « C’est la grève ! Aucun train ni sur la
ligne C, ni sur la D ! Après avoir envisagé plusieurs solutions, je lui
propose de remettre à la semaine suivante. Ce qu’elle accepte. Il ne me reste
plus qu’à reprendre le 57 et a rentré chez moi. « Voilà une matinée de
perdue ! Ils auraient pu au moins l’afficher sur le site
RATP ! », pensai-je en rebroussant chemin. Mais après tout,
peut-être que les cheminots chargés de la communication étaient eux-aussi en grève !
Marie-Thérèse
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Oh, mon
Dieu ! il est déjà sept heures ! Une minute, il faut que je regarde
la météo sur mon smartphone.
Ugh !
Non, j’ai fait une erreur, je vais encore essayer. Quoi ? Marie, mon
smartphone dit seulement « en grève ». dis-moi, Marie, c’est la même
chose avec le tien ? Incroyable, et maintenant je suis en retard ! Merci
Marie pour le petit déjeuner. Autrefois, je regardais les nouvelles quand nous
mangions, mais qu’est-ce que l’on peut faire ? Je ne me souviens pas de ce
muesli ? Nous ne mangions pas des œufs chaque matin, vraiment ? et
notre fille ? est-ce qu’elle viendra ? Et oui, elle a quitté le
collège depuis deux ans. Très bien. Mais Marie, depuis quand as-tu des
rides ? Quoi ? Tu t’appelles Colette ?
Diane
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