dimanche 14 mai 2017

PLANTER UN ARBRE


Ecrivez d'après cette photo, laissez libre cours à votre imagination




Bonjour Mesdames. Que voulez-vous que je vous apprenne de plus à ce jour ? Alors que vous produisez de si beaux textes au fil des séances pour notre atelier d’écriture. Nous sommes toutes mains et doigts liés sur nos pianos d’ordinateurs, entre nos pleins et déliés sur la feuille qui ne reste que rarement blanche. Et blanches sont mes pensées pour toi Emmanuel qui joue aux abonnés absents. Oui, ton humour, ta présence, ta réserve, ton érudition me manquent. « Mais quand reviendras-tu ? »Au printemps, en été, en hiver ? Barbara a résumé mes ressentis.
Et le printemps, synonyme de renouveau, de nouveauté, de verdeur et de fleurs ne fait que souligner  mon questionnement qui tourne en boucle dans mes pensées. Nous naissons un jour de printemps ou peut-être en été comme ce joli peuplier aux tendres feuilles dentelées. Il a pris racine de sa mère généreuse et étend ainsi ses petits parasols dorés au-dessus de l’humus dûment hydraté. Il grandira certes comme nous s’il est chouchouté par dame nature. Il en faudra des averses, des ondées, pour former ces gouttelettes de rosées que chaque matin la fraîcheur de la nuit a déposées sur ses nervures jaune thé. Il en faudra des rayons de soleil et de la lumière pour synthétiser toute cette matière en chlorophylle. Nous verrons bientôt apparaître un jeune tendron qui s’élèvera droit et fier aux multiples ramifications dans nos jardins, près de nos chaumières ou vers les canaux et les cimetières. Ecouter le chant des peupliers, un jour de prière. Quand le vent s’engouffre dans sa légère crinière. Laissez-vous bercer par cette litanie mille fois renouvelée et humer cette douce brise chargée peut-être de pollens mais qui ne sont pas allergènes. Il vous fera peut-être un signe de sa crête huppée, il vous dira peut-être au revoir de ses doigts fins et légers. Il vous embrassera d’un lointain nuage de feuilles ocrées par la venue d’un automne annonciateur d’hiver. Il laissera tomber nonchalamment à vos pieds un tapis safran et parfumé qui, moelleux, s’enfonce sous les semelles des galoches, des souliers. Il vous invitera peut-être à le saluer et à vous inquiéter de son devenir quand il aura à contrer et à se préserver des frimas hivernaux venus le harceler.  Il n’attendra que le jour où vous reviendrez, chargé d’amour et de tendresse. Vers lui, la main tendue et quelques caresses. Il sera devenu père, peut-être grand-père et arrière grand-père. Il sera moins seul entouré de toute une génération de jeunots et d’arbres plus mâtures. Il rendra hommage à dame nature. 

Claudine 
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Quand j'écris sur une feuille de papier, je suis complice de la mort d'un arbre.
Comme moi, il est né : son existence a connu bien des péripéties, selon qu'il s'est développé en milieu naturel, sauvage ou qu'il a été cultivé par la main de l'homme, souvent à des fins ornementales, festives, commerciales, rarement désintéressées.
La croissance végétale étant plus lente que la nôtre, le manteau sylvestre met des siècles à se constituer, et, un beau jour, les gigantesques engins de mort viennent procéder à la déforestation massive, bouleversant ipso facto l'écosystème. L'arbre est parfois tronçonné, déraciné, arraché à sa forêt natale pour devenir sapin de Noël, saigné comme le pin des Landes, ou tatoué par des inconscients, soucieux de laisser une trace de leur passage.
L'arbre a comme nous des racines : les siennes sont enfoncées dans le sol, où il puise l'eau, ainsi que les sels minéraux, nécessaires à son développement ; en ce qui nous concerne, notre arbre généalogique, déploie ses ramures, au fil des générations.
Pour croître harmonieusement, l'arbre et l'humain nécessitent des soins, du respect.
Toutes ces racines porteuses du tronc et des sommités feuillues, peuvent être victimes de maladies et autres aléas existentiels : ainsi se déroule le chemin de vie.
Nous ne sommes pas à l'abri des tempêtes et des drames de l'existence, l'arbre non plus qui change de vêture au fil des saisons, se couvrant de tendres bourgeons, de nuages floraux au printemps, déployant en été ses profondes frondaisons abritant les oiseaux. En automne, l'arbre magicien, déployant son manteau, donne un récital de couleurs et nous offre ses fruits. Hélas ! Les feuilles en tourbillonnant, quittent la ramée nourricière ; l'arbre dépouillé, démuni comme un SDF, attend des jours meilleurs, tandis que nous nous chauffons au feu de bois, dans une vaste pièce meublée de chêne massif sculpté.
Nous gaspillons sans compter le papier jeté à la corbeille, le bois, les meubles mis au rebut : toute médaille a son revers : à mesure que s'intensifie la déforestation, le désert avance.
L'arbre et moi-même avons cependant passé de bons moments, dans la jeunesse, à écouter le concert de la brise, le murmure du ruisseau, les mélodies des oiseaux, cachant leurs nids dans la fraîcheur du feuillage.
L'arbre vieillit aussi : il doit se dire comme moi qu'il faut vivre aujourd'hui, pas plus, et demain, on verra bien.

Marie-Christine
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A voir les mains d’un enfant plantant un jeune arbre, je revois immédiatement ma petite fille venant passer quelques jours de vacances à la maison. Etait-elle en CM2 ou en 6ème, je ne m’en souviens plus mais elle était  alors âgée d’une dizaine d’années. L’institutrice ou le professeur de sciences n’avait pas trouvé mieux que de leur demander d’étudier, pendant ces quinze jours, la croissance de graines de façon très expérimentale, les avertissant que les compte-rendu seraient notés.
Je la  vis débarquer du train. D’une main, elle trainait sa valise et de l’autre elle soutenait bien horizontalement,  un petit carton fermé, contenant son trésor.
 « -Attention Mamie, il ne faut pas le renverser. Tout serait perdu ! »
 Et elle le posa précautionneusement sur la banquette arrière de la voiture, en s’asseyant à côté, comme pour le surveiller,  ne voulant pas, contrairement à son habitude,  venir  sur le siège avant.
Vu la hauteur de la boîte, il ne pouvait s’agir d’un animal. J’étais intriguée.
Dès son arrivée, elle la déposa sur la table et ouvrit le couvercle. Je découvris alors à ma grande stupeur, six petits pots de yaourt en verre, côte à côte. Elle sortit ensuite son petit calepin et m’expliqua :
« Tu vois mamie, j’ai mis des graines de blé. Enfin c’est ce qu’a dit la maitresse Mais maman m’a donné des graines de riz et d’orge car elle n’avait pas assez de blé à la maison.  Chaque jour, à la même heure, je dois noter les changements. Aujourd’hui, je suis un peu en retard mais c’est à cause du train.  Cela fait déjà huit jours, que je les ai mises. 
-  Et ce pot-là, lui dis-je  pourquoi est-il couvert ?  
-  C’est pour savoir si cela pousse sans la lumière du jour, » me répondit-elle.
Et pendant ces huit jours, je la vis verser scrupuleusement un peu d’eau sur certaines, et pas sur d’autres et même mettre un peu de glace pour l’une d’entre elles puis inscrire consciencieusement les informations : couleur, hauteur de la plante, germination ou non, et même dessiccation.
Je la voyais heureuse en contemplant les quelques minuscules tiges maigrichonnes qui,  tant bien que mal, arrivaient à se dresser au-dessus de leurs graines dans trois des pots et qu’elle tentait de mesurer.
Juste avant de repartir, elle réalisa, sur une feuille de cahier quadrillé, un magnifique graphique dont elle était très fière.
Pendant toute cette expérimentation, je ne pouvais m’empêcher de penser aux enfants qui étaient partis à cette époque de l’année, sur la mer, en stage de vaurien ou au ski. Avaient-ils emporté leurs petits pots sur les bateaux ou sur les pistes ? Et quel souci pour les parents respectueux des consignes professorales !
Le jour du départ, dans la précipitation, elle oublia ses pots mais elle avait  tous ses résultats consignés avec soin et conservés dans sa valise.
Eh bien oui, nombreux parents ne se sentaient pas l’âme de chercheur ou d’agriculteur et pas plus que leur progéniture. Toujours est-il qu’à la rentrée, la maitresse ne parla plus de cette observation. Tout juste donna-t-elle un vague regard sur le graphique de ma petite fille.
Déçue, très déçue, elle me dit au téléphone :
« Tu sais mamie, les enfants n’ont pas fait l’expérience. Seulement deux ou trois copains. Alors la maitresse a dit que ça ne compterait pas. Et elle n’a même pas pris mon devoir avec le graphique !»
Et voilà comment on décourage les futurs chercheurs ou biologistes !

Marie-Thérèse
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Théodore était heureux, il venait de gagner un petit arbre à la fête de la nature de son école. Une fois rentré à la maison il choisit avec son père le meilleur endroit pour le planter. Pas trop au soleil ni trop à l’ombre il fallait qu’il profite sans brûler ni péricliter. Il commença à creuser un trou suffisamment grand comme lui avait expliqué son père, afin que les racines puissent s’y sentir à l’aise et se développer. Il mit un peu d’eau au fond et y installa délicatement la jeune pousse. Il ne savait pas le nom de son arbre, il l’avait oublié mais cela n’avait pas d’importance il allait lui donner un nom. Une fois l’arbre installé il rangea les outils dans le garage, alla prendre son goûter, très fier de sa nouvelle responsabilité, il devait veiller sur son arbre. Le lendemain matin à peine réveillé il se précipita pour voir si l’arbre avait grandi. Quelle déception il était exactement pareil que la veille ! Son désarroi était si grand que ses parents durent lui expliquer qu’il ne le verrait pas grandir d’un jour sur l’autre mais qu’il faudrait des mois d’attente et d’attention pour qu’il voit une différence. Théodore fût un peu rasséréné mais il aurait quand même bien voulu voir quelque chose. Son attention fût détournée par Milou le chien de la famille qui s’approchait de l’arbre. Il eut peur et couru demander à son père comment faire pour protéger son arbre, il ne pouvait quand même pas rester en permanence devant. Alors avec son père il installa un petit grillage autour de la pousse afin que celle-ci soit à l’abri de toutes pattes ou pied qui risqueraient de l’achever à jamais. Il se promit de passer tout les jours pour dire bonjour à son arbre et contrôler si tout allait bien, l’arroser si nécessaire. Il repartit dans ses pensées pour réfléchir au nom qu’il allait lui donner.

Fabienne
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Qui veut mes mains ? Pour manier des outils, construire des maisons, des machines. Qui veut mes mains ? Fortes, robustes et habiles, toutes neuves, un bon placement en somme. Qui veut mes mains ? Qui veut mes mains, mon esprit ? Pour dompter la matière, calculer les normes. Qui veut mes mains, mon esprit ? Ceux d’un homme qui veut vivre et grandir. Qui veut mes mains, mon esprit ? Qui veut mes mains, mon intelligence ? Quoi ? Vous me dites non ! Mais alors vous voulez qu’aux coins des rues, misérables, honteuses, mes mains se tendent pour recevoir de quoi nourrir le corps. Vous voulez que dans les brousses, les marécages, mes mains crispées et sauvages, tiennent un fusil pour faire disparaître l’humain et l’esprit… Voulez-vous aussi  mon âme ? Que je ne sois plus moi ! Seulement un matricule, un robot, que je sois à vos pieds, suppliant, pleurant qu’on me donne un travail, à n’importe quel prix, dans n’importe quelle condition… Écrasé, bafoué, meurtri, de l’homme ne gardant que la forme ! Voulez-vous enfin que je rende l’âme.

Christiane

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