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Il ne regrettait rien ou du moins il ne
semblait rien regretter en déposant sa tétine sur l’oreiller auprès de sa
petite sœur. Cette tétine qui avait été sa compagne de tristesse, de douleur,
ou de compensation. Il s’était séparé sans trop de difficultés de son doudou
mais sa tétine c’était autre chose. Nous avions cherché par tous les moyens à
ce qu’il accepte de s’en séparer mais devant sa souffrance nous avions baissé
les bras. Nous avions progressivement réussi à ce qu’il ne s’en serve que dans
certains cas et nos moyens n’étaient pas forcément pédagogiques. Il s’en
servait peu mais il n’arrivait pas à la lâcher définitivement. Sans vouloir
l’humilier nous lui faisions remarquer qu’il était grand maintenant et que ses
copains n’avaient plus de tétine. Il n’en démordait pas. Puis le jour ou nous
lui annonçâmes qu’il allait avoir une petite sœur et qu’il serait le grand frère,
il nous dit je donnerai ma tétine à ma petite sœur. Bien sur nous pensions que
cela n’était que paroles en l’air et qu’ainsi il gagnait du temps. Mais le jour
où il déposa sa tétine auprès de Manon
je fus interloquée car nous n’en avions pas reparlé. Sa tétine était toujours
dans sa poche ou dans son petit sac, il devait s’en servir le soir pour
s’endormir. Je fus très fière de lui. La vraie chance pour nous c’est que Manon
ne réclama ni doudou ni tétine ; cependant nous lui avons toujours laissé
et en grandissant nous lui avons expliqué l’histoire de cette tétine si
singulière et bien figurez vous que lors du tri des trésors de Manon avant que
la maison ne soit vendue nous avons retrouvé la tétine, elle est restée dans
ses affaires pendant plus de 27 ans ; le caoutchouc était dur comme du
bois et le plastique jauni mais j’ai été très émue de la revoir Bien sur elle a
fini dans la poubelle.
Fabienne
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Il n’avait aucun regret
de s’être lancé dans cette aventure. Raymond avait toujours été téméraire et
curieux. Dès son plus jeune âge, il avait fait l’école buissonnière car il
haïssait les maths et encore plus la grammaire et l’orthographe. Il préférait
fuir dans les champs ou regarder couler le ruisseau au fond du jardin de son
grand-père. Il construisait alors des petits moulins à eaux pour le plaisir de
les voir tourner ou encore de petits filets pour attraper quelques poissons
avant de les rejeter à l’eau. Il bricolait toutes sortes d’objets qui ne
servaient à rien car il aimait travailler le bois et tordre le métal dans des
assemblages parfois déconcertants. Avant tout, il aimait la liberté et aller
toujours de l’avant. « -Rien ne sert de regarder en arrière, proclamait-il.
Ce qui est passé ne reviendra pas. » Très tôt, il avait pris son modeste baluchon,
car disait-il, une simple brosse à dents lui suffisait pour voyager.
Il avait ainsi parcouru maintes routes à travers le monde, se louant dans les fermes ou dans le bâtiment et de cette façon avait beaucoup appris dans de nombreux domaines, accumulant des connaissances, de celles que l’école ne vous apprend pas. Il n’avait jamais eu aucun regret. Il avait tenté l’aventure se faisant embaucher sur un vieux rafiot qui traversait péniblement l’Atlantique, allant de panne en panne, essuyant des tempêtes, pour débarquer enfin là-bas sur l’autre continent, au Venezuela. A force de changer de pays et de rencontres avec leurs habitants, il avait assimilé plusieurs langues. Il y avait approché des tas de gens, des pauvres, des riches, des manuels et des intellectuels et il s’était retrouvé, sans même le vouloir, collaborateur d’un petit journal local, là où il avait fixé ses pénates pour quelques temps seulement. Puis un maitre d’école, l’avait sollicité pour raconter ses pérégrinations puis un autre. Un jour, un maire lui organisa une causerie pour distraire ses administrés. Ce n’était alors qu’une petite bourgade mais le neveu du maire présent ce jour-là était éditeur dans une grande ville. Charmé par son ton badin et sa gouaille, il le sollicita pour écrire sur son périple, ce qui le fit bien rire, lui qui se considérait souvent comme un ignare. Raymond se contenta de quelques épisodes qu’il illustra et lui confia bien vite son début de manuscrit car il lui tardait de se libérer de la contrainte et voulait reprendre la route. D’un bon pas, il quitta Cumana où il étouffait et s’en alla vers Sacupana, dans un petit village de pêcheurs. Il y dénicha André, un vieil homme solitaire qui construisait encore de petites embarcations à partir de troncs d’arbres. Après avoir admiré son œuvre, il lui offrit son aide ou plutôt il lui expliqua qu’il souhaitait apprendre son art. Pendant quelques temps, il s’astreignit à découvrir le secret de ces engins flottants. Muni de son sésame, il se dirigea vers l’Orénoque qu’il décida de remonter mais ce grand fleuve a de nombreux bras et il s’y égara. Il finit par s’échouer sur les rives de la jungle où se prélassaient les crocodiles et où rugissaient les jaguars mais il ne perdit pas espoir et n’eut aucun regret de s’être aventuré si loin. Après plusieurs jours difficiles, un indien le repéra et l’emmena vers un village d’où il fut pris en charge pour rejoindre Caracas. Ses papiers n’étant pas en règle, le consul lui délivra un laissez-passer et bien contre son gré, dut quitter le territoire. A nouveau, il Se fit embaucher sur un navire et rejoignit la France où il continua sa vie de nomade. Et comme chacun sait : « Pierre qui roule n’amasse pas mousse. » Il en fut de même pour lui.
Il avait ainsi parcouru maintes routes à travers le monde, se louant dans les fermes ou dans le bâtiment et de cette façon avait beaucoup appris dans de nombreux domaines, accumulant des connaissances, de celles que l’école ne vous apprend pas. Il n’avait jamais eu aucun regret. Il avait tenté l’aventure se faisant embaucher sur un vieux rafiot qui traversait péniblement l’Atlantique, allant de panne en panne, essuyant des tempêtes, pour débarquer enfin là-bas sur l’autre continent, au Venezuela. A force de changer de pays et de rencontres avec leurs habitants, il avait assimilé plusieurs langues. Il y avait approché des tas de gens, des pauvres, des riches, des manuels et des intellectuels et il s’était retrouvé, sans même le vouloir, collaborateur d’un petit journal local, là où il avait fixé ses pénates pour quelques temps seulement. Puis un maitre d’école, l’avait sollicité pour raconter ses pérégrinations puis un autre. Un jour, un maire lui organisa une causerie pour distraire ses administrés. Ce n’était alors qu’une petite bourgade mais le neveu du maire présent ce jour-là était éditeur dans une grande ville. Charmé par son ton badin et sa gouaille, il le sollicita pour écrire sur son périple, ce qui le fit bien rire, lui qui se considérait souvent comme un ignare. Raymond se contenta de quelques épisodes qu’il illustra et lui confia bien vite son début de manuscrit car il lui tardait de se libérer de la contrainte et voulait reprendre la route. D’un bon pas, il quitta Cumana où il étouffait et s’en alla vers Sacupana, dans un petit village de pêcheurs. Il y dénicha André, un vieil homme solitaire qui construisait encore de petites embarcations à partir de troncs d’arbres. Après avoir admiré son œuvre, il lui offrit son aide ou plutôt il lui expliqua qu’il souhaitait apprendre son art. Pendant quelques temps, il s’astreignit à découvrir le secret de ces engins flottants. Muni de son sésame, il se dirigea vers l’Orénoque qu’il décida de remonter mais ce grand fleuve a de nombreux bras et il s’y égara. Il finit par s’échouer sur les rives de la jungle où se prélassaient les crocodiles et où rugissaient les jaguars mais il ne perdit pas espoir et n’eut aucun regret de s’être aventuré si loin. Après plusieurs jours difficiles, un indien le repéra et l’emmena vers un village d’où il fut pris en charge pour rejoindre Caracas. Ses papiers n’étant pas en règle, le consul lui délivra un laissez-passer et bien contre son gré, dut quitter le territoire. A nouveau, il Se fit embaucher sur un navire et rejoignit la France où il continua sa vie de nomade. Et comme chacun sait : « Pierre qui roule n’amasse pas mousse. » Il en fut de même pour lui.
Et maintenant, vieil
homme à son tour, il vivotait tant bien que mal dans sa région natale,
racontant à qui voulait l’entendre, le récit de ses aventures, leur assurant
qu’il avait pleinement vécu sa vie et
qu’il ne regrettait vraiment rien.
Marie-Thérèse
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Il n’avait aucun regret ce papa de cinq enfants parlant à son petit dernier, à peine ne âge de comprendre. Il lui disait : « Si tu savais, ça n’a pas été facile de se décider. Tu n’arrivais pas le premier. Tes sœurs avaient déjà pris toute la place et la vie n’était pas facile : le travail difficile, les prix qui augmentaient sans cesse. Puis, un enfant c’est un engagement pour toute une vie : la tienne, la nôtre. Nous t’avons pourtant fait. Tu es le signe de notre foi en la vie, donc en l’être humain. Et nous avons eu raison. Si tu avais vu comme on a fait la fête un beau soir de mai quand on a su que neuf mois plus tard tu serais là ! Chacun dans la maison avant de te voir te sentait grandir dans le sein maternel. Au fil des mois, nous participions à ta vie, là, bien au chaud. Avant de te regarder, nous t’aimions déjà. Tous ensemble, nous t’attendions. Le jour de la naissance, nous étions sur le qui-vive. Tes sœurs, tes parents, les papis, les mamies, tous les amis… Garçon ou fille, peu importe !!! Dès que tu crieras à la lumière du jour, dès que tu apparaîtras aux yeux du monde, ton père et ta mère pleureront de cette joie immense de te voir vivre, t’exprimer, signifier ta présence. Nous étions là, tous les deux, ton papa et ta maman, ensemble car nous t’avions fait. Ensemble nous voulions t’accueillir, ensemble nous voulions t’aider sur les chemins escarpés de la vie. Non, non, je ne regrette rien ! Non, non, nous ne regrettons rien !
Christiane
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Il
n’avait aucun regret d’avoir traité sa femme de « grosse vache » sur
la toile. Il s’était même vanté d’être un homme séduisant et romantique. Bref,
il aurait copier-coller l’image d’un
véritable lover. Mais, ce qu’il ne savait pas c’est que la « grosse
vache » qui avait plus d’un tour dans son sac a su ouvrir et découvrir la
boîte de Pandore. Sur Facebook, oui ! Quelle n’a pas été sa stupeur de se
voir décrire comme l’un de ces ruminants que l’on exhibe à la foire de Paris. Mais cette mésaventure porta ses fruits et
aussitôt que l’amoureux transi prit la porte bon gré mal gré, elle entreprit
une superbe métamorphose, et de vache laitière se transforma en une jolie gosse
aux formes voluptueuses. Comme quoi, il faut peut-être du miel pour attraper
les abeilles mais il suffit d’une bonne dose de sport, d’un régime équilibré
pour se faire une belle taille de guêpe. Et le bellâtre délaissé par sa horde
de furies se crêpant le chignon dans une belle foire d’empoigne, faillit
devenir fou en découvrant ce qu’il avait
perdu à jamais. Il s’en mordit les doigts et s’en référa à La Fontaine :
il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.
Claudine
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Il n’avait
aucun regret… Quelqu’un est un personnage en vue, thésaurisant, cumulant les « épices »
pour les siens et pour lui-même, ratissant large avec des dents surdimensionnées
à crever les planchers et à mettre les pauvres sur la paille, sans état d’âme
ni regret. Le chemin de croix est long, semé de rebondissements, puis couronné
d’épines, mais il n’a aucun regret. Certains riaient déjà sous cape, tout en
lui réservant le passage obligé sur la planche savonnée, avec en prime un rival
du même bord. Puis, sur le champ de course, il fut distancié et coiffé au
poteau par trois autres concurrents. Quelqu’un s’obstina, il n’avait aucun
regret. Il se remit à la manœuvre : il crut que c’était gagné. En ménageant
l’effet de surprise, après deux débats bien maîtrisés, il apparaît au-dessus de
la mêlée et emporte les deux tours de la primaire : il agite suppressions,
refontes, réajustements, coupes sombres par-ci, recadrages par-là. Il est l’homme de la situation, le sauveur :
le voilà placé d’un seul coup d’un seul, loin devant tous au zénith des
sondages. Il ne regrette rien. De plus, dans le camp adverse, le programme est nébuleux
et le futur poulain n’a pas encore décollé dans les sondages. Les jeux semblent
faits, la victoire gagnée d’avance. Il n’a pas de regret, il jubile !
C’était
sans compter sur le jour du 25 janvier, où un journal fit des révélations. À son
corps défendant, il parle de « boules puantes habituelles »,
dénonce la « misogynie » à l’encontre de sa chère moitié. Les révélations
se succèdent, les imprécisions de quelqu’un aussi. Sa campagne est polluée par
les affaires, y compris celle des costumes hors de prix, comme s’il n’avait rien
à se mettre et que le peuple qui tire le diable par la queue, disposait de
temps et d’énergie pour tailler des costumes. Il n’a pas de regret puisqu’il
profite bien. Le 1er mars, il est obligé d’annuler une visite au
Salon de l’agriculture ; il paraît sur le point d’abandonner. Il annonce
sa prochaine mise en examen, se dédit complétement mais refuse de démissionner,
comme il l’avait annoncé quelques semaines auparavant. Peu lui chaut s’il met
son parti en péril, il n’a aucun regret. Il se prend pour le grand Général,
au-dessus de tout soupçon, en dépit des avis de ses partisans qui le poussent à
se retirer. C’est la
fin du plan B. les siens s’en remettent au vainqueur de la primaire :
lui-même. L’après défaite risque de laisser des égratignures, des rancœurs
durables, mais il n’a aucun regret, puisqu’il œuvrait pour son compte, espérant
encore de beaux jours, avec à la clé : pactoles, subsides et maroquins. Il
n’a aucun regret…
Marie-Christine
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