Etre ou
ne pas être une bonne grand-mère…Et là on réalise que ce n’est pas aisé de
remplir ses devoirs familiaux en tant que maman confirmée. Si on pouvait gagner
son diplôme de maman et grand-maman chevronnée dans un paquet bonus : ce
serait le nirvana.
On avance
à pas mesuré, parfois à grands pas selon les circonstances, mais surtout
l’expérience et au final on réalise que chaque enfant est différent. Alors on
ébauche, on patauge, on essaye d’avancer, on propose et on indispose, on se
plaît à croire que l’on connaît tout question éducation, mais on se trompe
énormément. Et un fossé de vingt ans et plus nous sépare de nos premiers pas en
tant que maman. C’est le choc générationnel.
Alors on
se plonge dans cette grande bible que représente le Net qui nous jette à la
figure que nos conceptions et nos certitudes ne sont plus à la page et qu’il
est temps d’ouvrir une fenêtre vers un ailleurs, vers de nouveaux concepts. Et
encore une fois on découvre, on écarquille les yeux, on dévore, on digère, on
se remémore et on intègre. On marche sur ses habitudes et parfois, c’est comme
une claque que l’on prendrait sans pour autant tendre l’autre joue…quand même.
Les temps
changent et les mentalités aussi. Ces dernières évoluent au gré de l’air du
temps et de ses facéties. Il s’agit de réfléchir et de chercher à comprendre le
pourquoi du comment et de marcher en accord avec cette sempiternelle
psychologie, pédagogie et connaissance de l’être humain. Il s’agit d’observer,
de réfléchir, de remuer sa langue dans sa bouche au moins sept fois avant de
dire des bêtises comme le disait si bien certains traités de bienséance et de
bien vivre ensemble qui ont sévi de mon temps et sont toujours d’actualité.
Oui il
s’agit de travailler l’art de la relation ! Et les paroles qui s’envolent
et peuvent faire plus de mal qu’une claque partie au quart de tour. Et d’en
travailler la forme et le contenu n’est pas donné à tous. Il faut souvent
ronger son frein et prendre sur soi-même. La moindre expression faciale,
gestuelle et le ton employé peut nous jouer des tours et en un tour de main,
nos faits et gestes peuvent être décryptés et même le sens de l’humour mal
interprété. Une bonne remise en question suite à une discussion peut s’avérer
formatrice et ô combien bienfaitrice même si elle est houleuse. Elle met à plat
les désaccords en évitant les déconvenues. On repart du bon pied et on fait
avancer le schmilblick comme disait l’ami Coluche qui n’avait pas sa langue
dans sa poche.
Etre ou
ne pas être une bonne gestionnaire de ses moyens. Là est toute la question.
Savoir gérer son stress et agir avec son cœur et surtout selon ses valeurs.
J’ai appris que l’on n’apprend pas tout dans les livres de Dolto et de Laurence
Perrault. Et il vaut mieux se réfugier
dans l’autodérision, la bonhomie, la bienveillance et un bon sens de la
répartie plutôt que dans le silence castrateur et destructeur. Il faut marquer
le pas et éviter de creuser le fossé qui nous sépare des jeunes générations.
Le temps
nous façonne comme le vent et les ouragans ouvragent les dunes et les
transportent à des milliers de kilomètres à vol d’oiseaux. Mais là c’est une
autre histoire et l’orange d’un ciel bizarre sur nos côtes normandes en dit
long : les circonvolutions météorologiques sont aussi fluctuantes que les
relations humaines, du beau temps aux ouragans.
Claudine
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Devenir grands-parents...
Ce matin, en me levant je sens de la jeunesse dans mes veines... le
miroir me renvoie l'image d'une femme encore jeune, avec seulement quelques
rides qui se dessinent au coin des yeux et de la bouche. A plus de cinquante
ans, deux grands enfants partis vivre leur vie, je me sens comme lorsque
j'avais vingt-cinq ans. Pleine de projets, de rêves et d'espoir dans le
futur.
Buvant mon thé, le téléphone interrompt mes réflexions. De l'autre côté
du combiné, ma fille Émeline, la jolie vingtaine et en couple depuis deux
ans, m'invite au restaurant pour le midi même ! Il faut que je me prépare une
belle tenue... Regardant l'intérieur de mon armoire, je choisis une jolie robe
rouge que j'agrémente d'un fin collier en or. Un soupçon de maquillage, un brin
de parfum et me voilà prête pour le rendez-vous. Je me sens belle et le
printemps me donne envie de chanter. J'aime ces petits rendez-vous avec ma
fille avec qui j'ai beaucoup d’affinités.
Arrivée au restaurant, elle m'attend déjà, les yeux pétillants d'une joie
qu'elle a du mal à cacher. À peine assises, elle me demande d'une voix pleine
d’excitation :
" Maman... comment aimerais-tu que ta petite-fille ou ton petit-fils
t'appelle ?" Oh...mais
je n'ai jamais réfléchi à ça moi !! Pourquoi me pose-t-elle cette colle ?!
Eh bien, lui ai-je dit, je ne sais pas ... En tout cas ni Mamie, et encore
moins Mémé ou grand-mère...ça fait vieux ! Et moi, je ne suis pas assez vieille
pour être grand-mère !! Peut-être Manou, Malou, Nanie, Nanou… ma préférence
allant plutôt vers Malou .... Mais pourquoi cette question ?
« Eh bien, va pour Malou, me répond ma fille toute souriante...
C'est joli, et ainsi, je pourrais parler de toi en ces termes à ce petit qui se
trouve bien au chaud au creux de moi ! "
Oups...ai-je bien entendu ? Ma fille... enceinte... bientôt maman ... et
moi...ouhhhhhh.... non ...c'est trop tôt !! Je ne suis pas encore prête pour
devenir grand-mère ! Je suis trop jeune !!! Le choc est dur… Et en levant les
yeux vers ma fille, je vois bien que mon désarroi lui fait de la peine. Vite, il
faut que je me reprenne, et lui lance un beau sourire et la félicite ! Je suis
heureuse pour leur couple. La naissance est prévue dans sept mois ...
Enfin seule, je suis un peu abasourdie : moi, grand-mère... Et je
revois mes deux grands-mères, toutes ridées, les cheveux blancs, habillées d'un
éternel tablier bleu, ayant des gestes lents, et confectionnant des gâteaux
pour mon goûter... Je ne suis pas comme ça... j'ai de la joie de vivre, je travaille
encore, active...bref... pas une grand-mère quoi !!
Valérie
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Barbier-coiffeur
de son état, il était prompt à parier,
non pas l’argent de la boutique mais à
accepter n’importe quel défi, même les plus extravagants, aussi était-il
souvent absent de son salon, ne trouvant apparemment aucun inconvénient, à ce
que ses aînés, bien qu’encore sur les bancs de l’école viennent se substituer à
lui auprès des clients pour couper les cheveux ou leur faire la barbe. C’est
ma pauvre grand’mère qui devait s’en arracher plus d’un ! Car il lui fallait
faire bouillir la marmite. N’avait-elle pas onze enfants et le grand-père avec
ses défis, partaient parfois loin, parfois
plus près mais restait rarement à la maison ou dans son salon de coiffure. Il
lançait des paris à tout-va et se faisait un devoir d’y répondre.
Il portait
d’imposantes moustaches dont les extrémités remontaient fièrement, comme
bravant le ciel. Une fois pourtant, quelqu’un lui insinua : « Tu
n’es pas capable de t’en raser que la moitié ». Comment lui, ne pas
relever un tel défi ! Sur le champ, il s’en alla mutiler sa parure la plus
précieuse. Il resta ainsi quelque temps, faisant sourire les gens du voisinage
ou plaindre ma pauvre grand’mère.
Un jour, un petit cirque vint à passer dans sa
bonne ville de Boulogne et le grand-père d’aller voir ses futurs clients
disaient-ils : Les équilibristes, les écuyers, les clowns et autres gens. N’eut
–il pas alors l’idée de se donner en spectacle pour je ne sais plus quelle
bonne œuvre, peut-être la goutte de lait ? Il venait de parier, non pas de
faire le pitre ou le jongleur mais oh stupeur ! - Il allait raser le dompteur
dans la cage en présence du lion. – Ce qui fut dit, fut fait. Il rasa le
dompteur sous les yeux effarés de la foule. Cela lui valut l’admiration de
beaucoup et la fureur de ma grand’mère. « Et si un incident s’était
produit ! Il aurait pu être blessé, voire dévorer et ses enfants alors, »
se lamentait encore ma grand’mère, bien des années après, quand un oncle ou ma
tante évoquait le sujet. De plus cet exploit ne lui rapporta qu’une certaine
renommée mais pas un seul sou à mettre dans l’escarcelle.
Aux fêtes
de famille, nous rejouâmes souvent cet
épisode. Mais ce grand-père, nous ne l’avons pas connu. Ce n’est pour nous
qu’une légende pleine de sourires et de tendresse.
Par
contre, ma grand’mère, nous l’avions bien connue. Dans mes plus lointains
souvenirs, elle paraissait déjà âgée, avec son petit chignon derrière la tête,
toujours vêtue de noir avec son éternel tablier suspendu par le cou, sous
lequel se cachait un énorme trousseau de clefs.
Elle portait des lunettes à gros verres bien que ne voyant presque pas.
Elle tâtonnait et passait souvent sa main sur toute chose y compris sur nos
visages. Mais ce qui nous stupéfiait le plus, c’était de la voir lire son
journal, car elle le prenait dans ses mains et au lieu de le placer en face de
ses yeux, elle le mettait sur le côté, sans doute parce qu’elle ne possédait
qu’un angle de vue extrêmement restreint.
Nous allions la voir régulièrement chaque été et elle nous chérissait particulièrement. Quand nous
arrivions, nous avions droit à tous les privilèges. Nous avions de nombreux
cousins dans la région qui venaient jouer avec nous mais les bonbons, les
gâteries nous étaient réservés.
Elle
était très courageuse et malgré ses difficultés pour marcher ne se plaignait guère.
Je ne me souviens pas de l’avoir entendu rire ni vu sourire. Je me rappelle
seulement son ton impératif pour appeler ma tante : « Julia, où es-tu
Julia » Pourtant, elle était tendre et avait très bon cœur sous son allure
un peu stricte et sévère. Elle craignait toujours qu’on lui mente ou qu’on la
trompe et les cousins la disaient radine mais pour nous elle ne le fut jamais. Ce
fut mon unique grand’mère. Je l’ai beaucoup aimée et j’en garde un souvenir
inoubliable.
Mes
petits-enfants en garderont-ils un aussi fort et aimant de leurs grands-parents ?
Marie-Thérèse
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Etre grands-parents....
C'est câliner en grand
C'est câliner en grand
C'est un statut
Un passage de l'âge
C'est vieillir doucement
Accompagner sans gronder
Expliquer et montrer
Jouer, rire, sourire
Dans des jeux pour construire
Avoir de la patience d'ange
DE la douceur dans les cœurs
Des gâteaux à toute heure
Des baisers à l'infini
Confident même à minuit
Savoir écouter sans juger
Expliquer les erreurs
Donner du bonheur
Prendre la main
Pour une confiance en demain
DE l'amour inconditionnel
Et des souvenirs en ritournelle
Qu'un jour d'autres générations
D'une parole sans réprobation
Se rappelle d'un aïeul
Tout sourire et un brin malicieux !
Valérie
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Suite à une situation personnelle un peu
délicate mais relativement banale, j'ai effectué quelques recherches sur les
registres de l'état-civil.
Je sais que mon grand-père paternel est né
le 12
Février 1873, qu'il a reçu le prénom de Pierre, tout
comme ses aïeux et ses descendants. Il naquit dans un milieu agricole de
moyenne montagne, abandonné de l'Administration, dans un lieu-dit.
J'imagine que mon grand-père était peu
présent au foyer, que les travaux agricoles en pâtissaient cruellement, que sa
famille survivait misérablement. Il était colporteur : portait le
"cayché", caisse portée sur le ventre, avec des sangles aux épaules :
je l'ai vue au grenier : il y rangeait les marchandises achetées chez un grossiste
: Dougnac ou Souquet à Soueix, Denis Farge à Saint-Girons. En règle générale,
la marchandise se payait au retour. Pour vendre les lunettes, médailles et
bijoux de fantaisie, il dormait à la belle étoile, dans les granges, remontait
jusqu'au Berry, d'où son surnom de "Berrichon" dont certains affublaient
par dérision mon père qui n'appréciait guère l'épithète.
Il traversa la première guerre mondiale, à
plus de quarante ans car il fallait ravitailler le Front en chair à canon, si
bien que mon père, né en 1913, fut par jugement du Tribunal, en 1926, adopté
comme pupille de la Nation : j'ignore presque tout de mon grand-père : date,
lieu du décès, circonstances, lieu éventuel d'inhumation.
Je n'ai jamais vu de photos ou d'écrits le
concernant : le silence était d'or :il n'était pas utile de jeter de l'huile
sur le feu : quand je préparais les bouquets de dahlias pour fleurir les tombes,
j'avais une pensée pour tous les défunts, connus et inconnus.
En revanche, comme trois générations, pour
différentes raisons, survivaient petitement, dans une ancienne grange exigue,
j'ai connu ma grand-mère maternelle, issue d'une vaste fratrie, dont la plupart
a été inspirée de partir à New-York :les terres arides, ne pouvant nourrir
cette surpopulation qui se serait étripée.
Marie-Joséphine, née en 1884 , mariée en
1906, est décédée le 14 Mars 1973.
Elle mesurait, comme mon père, 1.77
mètres, tandis que son frère jumeau se contentait de 1.60 m : j'ai fait la
connaissance de ce dernier après ses quarante ans passés en Amérique.
J'ignore dans quelles circonstances ma
grand-mère est devenue veuve. Elle confectionnait elle-même son corsage et sa
jupe noire qui lui tombait aux pieds. Je l'ai toujours vue inactive, morose,
geignant devant le feu, dénigrant ma mère, ne pouvant la tolérer, délaissant sa
propre fille à son triste sort, tandis qu'elle avait emprunté pour que mon père
puisse s'acheter de l'alcool pendant son service militaire. Elle m'ignorait
généralement, me nommant "la petite servante", ne s'inquiétant de
rien ni de personne. Bien plus tard, je lui ai, à sa demande coupé ses longs
cheveux, jamais entretenus : des touffes de nœuds! Ce fut le seul sourire reçu
dans l'austérité de cette existence !
Un jour que mes parents s'activaient à la
fenaison, j'avais trois ans, elle était censée me surveiller, pendant la sieste
: au plus fort de la chaleur, j'ai fugué vers les bois, espérant rejoindre mes
parents : j'ai été retrouvée, tard dans la nuit, grâce à une battue : je
bramais au pied d'un arbre. A mon tour, je l'avais gardée quand elle a été
mordue par un aspic : elle marchait souvent pieds nus ; alitée, elle vomissait
à gros bouillons : je redoutais le pire, d'autant plus que je remarquais que
chaque malheur nous appauvrissait encore un peu plus.
La dernière fois que je l'ai vue vivante,
c'est à l'occasion des obsèques de ma tante : prévenue par télégramme, j'étais
venue de Pau, avec une couronne de fleurs artificielles ; elle ne m'a pas
reconnue : devenue grabataire, malvoyante, sourde : ma mère l'a accompagnée
sans aide ni reconnaissance.jusqu'au bout ;elle est partie l'année suivante :
j'étais à Bordeaux, préparant le concours de l'agrégation, ma mère m'a écrit
après les obsèques, n'ayant pas jugé bon de me déplacer, d'autant plus que
j'aurais dû faire du stop jusqu'au fond de l'Ariège.
Du côté maternel, je n'ai jamais vu ma
grand-mère : née en 1911, mariée en 1928, elle est décédée en 1994 à Toulouse :
chemin des "Trois cocus", qui a donné son nom à une station de métro
de la ville rose. Elle était très proche de mon père Clémentine a dénoncé son
époux, causant sa déportation en Allemagne ; quand mon grand-père est revenu,
épuisé comme on peut l'imaginer, dûment tatoué avec son numéro de stalag, elle
avait vidé la maison de son mari, faisant la vie chez un copain ; ma mère, née
en 1930 était couverte de poux et d'engelures : elle était seule avec sa
grand-mère que j'ai connue : elles vivaient en-dessous du seuil de pauvreté.
Mon grand-père a chassé cette créature que mon père allait voir une fois l'an à
Toulouse, sans fournir de détails : elle ne prenait pas de nouvelles de sa
fille, encore moins de moi.
Mon grand-père paternel, né en 1902,
habitait dans le hameau abritant l'école primaire de montagne, où je suis allée
jusqu'à la fermeture à la fin du CM1 : nous n'étions plus que trois élèves .
Le midi, je déjeunais parfois chez lui, ou à l'école ou bien , je retournais chez moi quand la situation était explosive entre le gendre et le beau-père : inutile d'en rajoute !
Le midi, je déjeunais parfois chez lui, ou à l'école ou bien , je retournais chez moi quand la situation était explosive entre le gendre et le beau-père : inutile d'en rajoute !
Mon grand-père maternel m'a aidée :il me
fabriquait des sabots en bois, mettait des rustines à mes bottes en caoutchouc
; quand j'ai été placée, nous nous écrivions, je revenais le voir ; ma mère l'a
soigné jusqu'à la fin, en 1988.
Quand ma mère mineure "a fauté",
il s'est opposé au mariage qui finalement est antérieur à ma naissance : mon
grand-père avait dit qu'il garderait sa fille et son enfant, à une époque où
l'on enterrait les bébés dans le jardin, où on les laissait dépérir, ou bien
"on allait en Espagne".
Mon grand-père était très serviable,
exploité sa vie durant, malgré une santé précaire : il avait refait la toiture
en chaume d'une grange, avait reçu en récompense une morue séchée qu'il avait
dévorée sur place : il courait boire à la rivière pour étancher sa soif, cela
faisait rire les imbéciles !
Il était allé garder une personne âgée :
il était logé et nourri pour tout salaire par des riches.
Il avait été valet de ferme, n'ayant pu
amener son chien, il avait dû s'en débarrasser !
En coupant du bois, il s'était crevé un
œil et avait tardé avant de voir le spécialiste.
Il allait nuitamment aider le boulanger
dans son fournil : il gardait toujours une viennoiserie pour moi!
Il ramenait sur son dos les courses pour
ses voisins qui jamais ne lui en furent reconnaissants.
Mon grand-père Joseph cultivait quelques
champs de pommes de terre, des légumes, avait une modeste basse-cour, puis au
fil des ans il n'eut plus de cochon, il ne put garder ses deux vaches.
Je suis revenue le voir au début des
années 80 : j'ai traversé la France avec ma 2CV pour aller lui présenter sa petite-fille, ainsi qu'à mes parents.
Ils ont eu des
existences inhumaines où d'autres auraient
laissé la raison. Je les remercie de m'avoir
montré très tôt que l'apprentissage
de la résistance, la pugnacité, l'endurance ont du
bon pour devenir autonome.
Ceci pose le problème du
logement, du lien intergénérationnel, du travail, des aides sociales,
des droits de la femme et de l'enfant, des
violences conjugales et des addictions ;
heureusement parfois trouve-t-on un ange gardien !
Marie-Christine
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Marie-Christine
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C’est fou
le nombre d’écrivains, de poètes, de créateurs qui éprouvent autour de la
quarantaine, le besoin de produire et dire qu’ils ont puisé leur inspiration
auprès d’un ou plusieurs grands-parents. Je suis d’ailleurs toujours
impressionné de voir la présence affirmée, attentionnée et émue des
petits-enfants le jour où nous sommes réunis autour du cercueil pour un ultime
adieu. Il me semble que c’est le moment pour ceux qui restent, enfants et
petits-enfants, ont pleinement conscience de la transmission générationnelle.
Ainsi me
remontent à l’esprit quelques souvenirs de situations, d’échanges divers qui
ont émaillé notre vécu…
Mon petit
frère a alors sept ans, son maître vient de parler des Gaulois en leçon
d’histoire ; ce jour-là, c’est la grand-mère qui va l’attendre à la sortie
de l’école et tous les deux sont ravis de se retrouver… Sonnerie, retrouvailles
et les voilà qui prennent le temps d’un pause pour le goûter sur le bac d’un
square. Mais grand-mère trouve que son petit-fils a la tête ailleurs. Soudain,
fuse la question qui doit le libérer : « Dis mémé, tu les as bien
connus, toi, les Gaulois ? ». Grand-mère sourit et ne se dérobe pas,
elle explique que les Gaulois c’était bien avant elle…
Autres
circonstances, vingt ans plus tard, où il est question de ma fille alors âgée
de cinq ou six ans. Depuis plusieurs mois, elle a dû suivre ses parents à l’étranger,
pour raisons professionnelles. Elle a quitté tout l’univers de sa petite
enfance : sa ville, son école, sa maison et surtout tous ceux qui l’aiment
et l’entouraient, notamment ses papy et mamy chéris. Finis les jeudis passés à
courir dans la cour, à chanter avec les disques, à faire des crêpes pour
ensuite s’en régaler, les parties de cartes endiablées, celles de chevaux avec
mamy et les jouets fabriqués avec papy, les découvertes au jardin avec celui
qui les expliquait le jardinage, le cycle des graines, des floraisons, les
aléas de la météo…Quel plaisir de cueillir avec lui les poires, les pommes, et
les fraises cachées sous les larges feuilles dentelées. Les jolies fleurs,
c’était le domaine de mamy. Finis les après-midi au jardin, à jardiner et
cueillir, et à observer à travers le grillage le poulailler de la voisine.
Poulailler qui servait aussi d’infirmerie à tous les animaux éclopés que cette
dame recueillait, et à qui elle fabriquait de miraculeuses petites attelles.
Je vois
bien que tout cela n’est pas resté sans suite pour mes enfants. Le garçon a
puisé largement dans le corpus de lettres écrites par mon grand-père maternel
au cours de son passage sur le front vosgien en 1914 et 1915. Quant à la fille
qui aimait déjà les animaux, elle a pu se bâtir une vie conforme à sa passion,
largement inspirée de celle de ses grands-parents.
C’est
qu’il y a bien un art d’être grand-père ou grand-mère.
Françoise
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Garnements
ou petits anges
Rêveurs
ou hyperactifs
Avec
plaisir
Nous
les gardons et
Dorlotons
Super
grands-parents
Patience
indispensable
Amour
infatigable
Récréation
permanente
Nous
vous aimons
Tous
comme vous êtes
Seul
ou à plusieurs
Fabienne
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On l'appelait Bonne Maman,
j'ignore pourquoi ce nom avait été choisie mais c'est ainsi que je l'ai connue
et appelée. C'est sûr c'est qu'elle était très bonne et qu'elle était aussi une
maman. Elle était entièrement dévouée aux enfants que nous étions et rien
n'était trop bien pour ses petits-enfants.
Elle était bien sûr plus proche
de notre fille car c'était un bébé qu'elle voyait évoluer, les autres étaient
déjà bien grands, ils avaient été l'objet de la même attention par le passé.
Notre fille la comblait, elle qui avait tant souhaité avoir une fille et qui
avait donné naissance à un fils. Qui lui-même avait eu deux fils... J'étais donc contente d'avoir rempli mon
contrat puisque tout le monde voulait une fille, on m'avait bien mis la
pression.
Mais la vie n'est pas toujours
aussi simple qu'on le voudrait, un jour il fallut quitter la Belgique pour la
France dont j'étais moi-même partie quatre ans plus tôt. Bonne Maman eut le
cœur gros et notre fille, trop petite
encore, ne réalisait pas.
Très vite Bonne Maman vint
régulièrement passer quelques jours chez nous pendant les fêtes de fin d'année
ou les congés scolaires ; cela lui permettait de profiter au maximum de sa
petite-fille, ainsi la séparation était moins douloureuse pour tout le monde.
Notre fille était ravie de voir sa grand-mère arriver, il y avait toujours
quelque chose pour elle, des vêtements, un jouet, des friandises, et cela lui
évitait surtout la garderie qu'elle détestait.
Pendant ces congés Bonne Maman
gardait donc sa petite-fille, alors que de notre côté nous allions travailler.
Elle lui cédait tout, tant et si bien qu'un jour en rentrant du travail je
trouvai Bonne Maman allongée sur le sol dans la chambre de notre fille. J'étais
abasourdie car à son âge je l'imaginais mal se relever ensuite. Mais Bonne
Maman se mit à rire, elle m'expliqua qu'elles jouaient au docteur et qu'elle
était malade. Notre fille jouait son rôle vêtue de son costume d'infirmière,
dernier cadeau en date de sa grand-mère.
Parfois cependant, Bonne Maman
avait du mal à rester calme. Non pas que notre
fille ne fut pas sage avec elle mais Bonne Maman n'aimait pas perdre,
que ce soit aux petits chevaux ou encore au jeu de la bonne paye ! Notre fille
ne comprenait donc pas pourquoi sa grand-mère contestait toujours quand elle
gagnait et comme elle aimait bien gagner aussi, on aurait dit deux enfants.
Bonne Maman cédait beaucoup
trop à notre goût. Elle ne pouvait jamais dire non, donnait toujours raison à
notre fille, nous n'étions plus maîtres à bord.
Quand elle nous quittait, le pli était pris mais les parents ne peuvent
céder sur tout et notre fille comprenait mal pourquoi ce qui était permis il y
a quelques jours, ne l'était plus ensuite. Plusieurs fois j'ai tenté
d'expliquer cette situation à Bonne Maman, sans succès. Mais si elle trouvait
pénible de prendre le train pour venir, au bout de quelques jours elle n'avait
plus envie de repartir, de part et d'autre les cœurs étaient lourds.
Notre fille a pu profiter de sa
grand-mère pendant 20 ans, sa disparition lui a bien sûr causé beaucoup de
chagrin. Aujourd'hui je suis moi-même grand-mère et je me rends compte qu'il
est plus difficile de sévir qu'avec ses propres enfants. Mais si je suis plus
tolérante, je sais aussi dire stop quand je juge que les limites sont
dépassées. Je me surprends aussi à me coucher au sol pour me mettre à la
hauteur des jeux de mon petit-fils, je suis si heureuse de le voir rire et
s'amuser, cela me rappelle alors de si beaux souvenirs.
Paulette
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