vendredi 7 décembre 2018

SI C'ETAIT A REFAIRE

« Si c’était à refaire, dit  Emmeline à son amie Vanda, je m’y prendrai bien autrement. »
 Et de lui raconter comment voulant prendre un oreiller placé un peu trop loin  sur la plus haute étagère de son armoire,  elle a joué l’équilibriste.
«  Bien mal m’en a pris et je m’en mords les doigts.
Comme tu le sais je suis assez petite. J’ai donc pris l’escabeau, celui qui  n’a que trois marches et je suis montée un peu insouciante. J’ai tendu le bras mais je me suis aperçue que j’étais trop loin. Je n’arrivai même pas à l’effleurer. Au lieu de redescendre de mon perchoir et de me repositionner, j’ai pensé qu’en faisant un effort, j’y arriverais. Juchée sur la pointe des pieds, je tendis davantage la main,  m’étirai encore plus tout, en me hissant et enfin  je réussissais à le saisir entre quelques doigts seulement. L’oreiller se souleva et glissant de la planche, s’envola en me déstabilisant. Je fis un demi-tour involontaire et me retrouvai très vite par terre à côté de l’oreiller. Résultat : en décoration, une minerve autour du cou et une cheville plâtrée pour cause de mauvaise  fracture. Tu vois Vanda, c’est tout de même bête de mettre sa vie en péril  pour un peu de paresse. Tout ça pour attraper un oreiller !
Si c’était à refaire, je me garderais bien de me prendre pour une trapéziste ou une écuyère sur son cheval. Je prendrais le temps de réfléchir avant de me lancer ainsi dans le vide. J’aurais pu ainsi réaliser mon voyage en Norvège  que j’ai dû annuler, à quinze jours du départ. Adieu Fjords, forêts et lacs, paysages merveilleux  et soleil de  minuit ! Adieu à cette croisière dont j’ai tant rêvée qui devait me permettre de voir le glacier de Briksdalsbreen et le parc national de Jotunheimen. J’aurais déambulé dans la ville de Trondheim, visité son vieux centre avec ses ruelles commerçantes, admiré sa Cathédrale et ses musées et je serais repartie sous les rayons du soleil rasant la mer, éclairant de ses feux toutes ces petites maisons de bois aux couleurs vives.
 Adieu aussi au projet de voyage aux iles Comores cet été pour rejoindre un lointain cousin que j’ai retrouvé par hasard sur internet. Il m’avait invité et nous avions projeté de longues randonnées à travers ce paysage fabuleux fait de montagnes volcaniques verdoyantes. Nous aurions parcouru leurs pentes escarpées surplombant l’océan. Nous serions redescendus vers une plage pour nous y reposer avant de plonger dans ses fonds marins où l’eau est à la fois si bleue et si transparente. Peut-être aurions-nous aperçu quelque  tortue verte flottant dans le courant ou quelque raie-manta, ses ailes déployées.
Et tout cela pour un oreiller. Ah ! Si c’était à refaire…

Marie-Thérèse
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Plus jeune, Denise était coquette : elle avait une garde-robe de prix. Hélas, elle n’eut pas de grandes occasions de sortir, la mode changea, le poids de Denise aussi. Récemment, elle a fait don de manteaux en vison et en astrakan, de l’ensemble de dentelle noire, rehaussé de précieuses broderies, à une association caritative ; il arrive un jour où il faut vider ses armoires.

Si c’était à refaire, Denise n’aurait pas accepté de prendre l’écrasante charge de syndic bénévole ! Au cours d’une assemblée tumultueuse chez un syndic professionnel le passage à un administrateur judiciaire paraissait inéluctable : une copropriétaire désigna Denise, qui depuis une vingtaine d’années a fait réaliser de grands travaux, assurant une gestion irréprochable, mais écrasée sous le poids des responsabilités, des menaces, du harcèlement, trouvant à son retour des post-it collés sur sa porte par deux pervers particulièrement retors…

Marie-Christine
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Et le fait de naître sous x a scellé définitivement le destin de Jacqueline : une jeune femme présentant un déficit mental ? Et si ses parents, sa mère ou son père, sa grand-mère avait envisagé de la garder ? Et si la laisser vivre sa vie de nouveau-né, de nourrisson et d’enfant comblé psychiquement parlant en lui permettant de mener une vie d’adolescente qui s’éveille à la vie de nouvel adulte plus ou moins consciente de sa chance, avait pu faire changer le court du temps et des préjugés ? Peut-on imaginer une seule seconde que le psychisme d’un enfant entourée comme il se doit peut être à des milliers de bornes de celui qui ne l’est pas ?
Et pour revenir à Jacqueline qui respire la gentillesse et la joie de vivre est vibrante de sincérité et d’honnêteté. Elle a une façon bien à elle d’aller vers les autres et de faire son bonhomme de chemin. Elle est attendrissante : généreuse et disposant de cette sociabilité et de cet allant qui manque à tant et tant…On en oublierait pour autant son handicap. Et si au lieu de vivre dans un foyer comme à l’heure actuelle, elle s’était retrouvée dans une famille qui lui aurait donné d’autres valeurs, d’autres concepts et cette indifférence tant de fois cités dans les problèmes sociétaires actuels?  Et si au contraire, des parents conscient de son potentiel l’avait poussée vers un métier de sociabilité ou délicatesse et diplomatie sont intimement liés ? Et si un jour : elle rencontrait le grand amour ou encore vivait au jour le jour une amitié solide et sensée….Elle le mériterait grandement. De ses mains potelées et de sa voix de malentendante elle s’exprime d’une façon simple et néanmoins précise. Elle n’en veut point à sa famille de l’avoir laissée tomber. Elle accepte son état et va même jusqu’à se présenter comme handicapée. « C’est la vie ! » Assène t’elle-même si on ne lui a rien demandé. Son sourire et cette bonhommie inscrite dans ses yeux et sur les lignes lisses de son visage poupon en disent long sur sa personnalité. Elle est loin de se passer la rate au cours bouillon et par le aisément de ses conditions de vie qui inquiéteraient peut-être d’autres sujets…Mais pas elle. Elle le vit bien, sans contrefaçon, avec détermination. Elle aime s’adresser à ses interlocuteurs en leurs demandant leur nom. C’est une jolie façon de faire connaissance. Une mise en lien très affective et  non indécente. Elle s’inquiète pour ses prochains et leurs demande comment ils vont ! » C’est mignon. Elle est courageuse et volontaire. Elle fournit beaucoup d’efforts envers et contre tout. Avec son entourage propre, plus ou moins proche. Après le reste de sa vie : est un mystère. Je ne connais pas tout.
Son courage et sa témérité m’ont marqués. Jamais une plainte, ni un regret. Que des pensées positives et de la disponibilité. On pourrait dire qu’elle est « on » dans le jargon  franco-américain.
Et s’il fallait par citer d’autres exemples au quotidien : je parlerais bien de cette gymnase d’une vie qui j’imagine n’aurait pas imaginé une minute de ne pas ou plus s’entrainer en demi pointe sur le cheval d’arçon. Un entrainement de chaque seconde qui nécessite beaucoup d’aplomb et de ténacité tout ‘au long des années. Elle a près de quatre vingt printemps et dispose d’un corps sculpté comme une liane. Et si au cours de sa vie, elle avait abandonné sa passion : que serait-elle devenue sur le plan physique et psychique ? La gymnastique a mené ses pas sur les tatamis et dans les anneaux de la vie.

Claudine 

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