Un poil, un crin, un tout
Un couvre chef ou un rien...
Eh ! vous, mes cheveux
Je vous bénis et maudis
Des heures rien que pour vous...
Ah mes chers cheveux
Lorsque le vent vient
Entre vous, il joue, et vous noue...
Sur ma tête pleine de cheveux
D'un coup la mise en plis
Chez le coiffeur a un coût...
De grâce mes cheveux
Quand je suis dans mon lit
Ne venez pas autour de mon cou...
Oh, mes beaux cheveux
Le temps passe vite
Et devenez gris d'un coup...
Et toi mon unique cheveu
Tu es resté en vie
Les autres en avaient fait des jaloux...
Valérie
.......................................................
Elle s’était achetée
avec sa tirelire un bubble-gum rose appelé aussi malabar. Son frère, de trois
ans plus jeune qu’elle, assis en face d’elle, la regardait curieusement. Il
avait quémandé un morceau du bubble-gum mais elle avait refusé. Elle commençait
à mastiquer avec délectation, le chewing-gum, dur au départ, délivrait
maintenant tout son suc en se ramollissant. Elle regardait le morceau de
papier entourant le malabar, c’était un tatouage qu’elle s’imprimerait plus
tard sur le dos de la main. Ca y était, la consistance était idéale, elle
allait pouvoir faire des bulles de chewing-gum. C’était tout un art. Il fallait
laisser sortir un peu de matière entre les lèvres et souffler de façon
régulière pour que la bulle soit la plus grosse possible avant d’exploser. Ses
premiers essais ne s’étaient pas révélés très fructueux, mais elle en
maîtrisait maintenant la technique. Son frère apparemment toujours impassible
la regardait en coin et elle prenait un malin plaisir à faire devant lui les
bulles les plus grosses possibles, en un mot elle le narguait. Elle était très
concentrée sur une bulle, quand, tout à coup, son frère bondit, attrapa le
morceau de chewing-gum qui dépassait et
fit presque le tour de sa tête ! La matière chaude et collante se plaqua
immédiatement sur ses cheveux ! Elle était estomaquée et lui partit en
courant et en rigolant. Il devait y avoir eu un bruit ou une sorte de cri
étouffé car leur mère apparut, venant de la cuisine. Elle constata les dégâts et
commença à les admonester tous les deux en s’approchant de sa fille. Le
malabar, ou ce qui l’en restait, était figé sur les cheveux courts et ne se
décollait pas aisément. Elle essaya avec un glaçon passé dessus de retirer le
plus gros mais il s’avéra nécessaire de prendre les ciseaux et de couper là ou
c’était trop collé. Du coin de l’œil, la fillette vit son frère approcher, elle
rageait intérieurement contre lui mais au fond d’elle, elle savait qu’elle
l’avait un peu mérité !
Fabienne
...................................................
Dans les hameaux très isolés de montagne, les
paysannes, sans revenus n'avaient ni le temps ni les moyens de se payer le
coiffeur ; elles portaient toutes le chignon, plus ou moins solidement arrimé,
coiffure jamais vue chez la fillette montagnarde.
Le shampoing non plus n'était pas utilisé, les
bigoudis inconnus. Les soins capillaires n'étaient pas prioritaires, on allait
chercher l'eau à la fontaine avec des seaux, les logis étaient exigus,
dépourvus de salle de bains et de sanitaires : on vivait dans la promiscuité.
Pratiquement, rares étaient ceux qui allaient chez le
coiffeur : Denise avait droit à la coupe au bol deux fois l'an ; l'unique
garçonnet et les hommes étaient coiffés par un ancien caporal du hameau voisin
: il possédait des ciseaux et une tondeuse.
Quelques femmes sombrant dans le dénuement et la
mélancolie ne se coiffaient plus depuis longtemps : Denise, un jour, fut
invitée à découper aux ciseaux des boules de cheveux agglomérés depuis des
décennies.
Rares étaient les femmes qui une fois l'an allaient
chez le coiffeur, à une vingtaine de kilomètres pour se faire faire la
permanente dans le salon de coiffure d'un réfugié espagnol. De retour au foyer,
l'épouse était battue, victime de scènes épouvantables, accusée de dilapider
l'argent vital pour satisfaire les saouleries du conjoint.
Cette victime avait connu à dix ans, l'abandon de la
mère, la déportation de son père, les poux, la gale, les engelures : elle n'a
jamais pu prendre de revanche, de façon à avoir une belle chevelure rehaussant
l'estime de soi : elle a fait partie des invisibles au profil bas.
Au moment où elle écrit, Denise se trouve chez un
coloriste capillaire pour des essais.
Marie-Christine
..................................................
..................................................
C'est avec patience qu'Igor
écouta Antoine, son ami et associé,
l'informant d'une situation qu'il jugeait alarmante et qui de son point de vue réclamait
leur présence à tous deux.
Après avoir entendu l'histoire tirée
par les cheveux que lui débita Antoine, Igor, qui ne s'en laissait pas
conter aussi facilement, partit à l'heure habituelle et laissa son ami seul,
libre de se faire des cheveux blancs si bon lui semblait.
Igor n'en voulu pas à Antoine
de son intervention, il le connaissait depuis longtemps et c'était un garçon
fort dévoué. Son seul défaut, si on exceptait son cheveu sur la langue,
était de vouloir sans cesse couper les cheveux en quatre. Mais au nom de
leur belle amitié, jamais ils ne s'étaient pris par les cheveux pour
autant.
C'est ainsi qu'Igor saisit
par les cheveux l'occasion de répondre à une invitation qu'il avait reçue.
Il constata cependant que les explications d'Antoine l'avait tout de même bien
retardé et en voyant l'heure, il en eut les cheveux dressés sur la tête.
Igor dont les cheveux
frisaient à plat, pressa donc l'allure au risque de finir pour une fois le
cheveu en bataille. Pendant tout le trajet il marcha cheveux au vent,
le tout étant pour lui d'arriver à cette réception, autrement que comme un
cheveu tombant sur la soupe.
Mais au lendemain de cette
soirée bien arrosée, le réveil fut des plus difficiles pour Igor qui avait bien
mal aux cheveux. En repensant à la demande de son ami Antoine la veille,
il se dit que sa présence à ces agapes s'était pourtant bien jouée à un
cheveu. N'était-ce pas un signe du destin lui conseillant de prendre
exemple sur la sagesse d'Antoine...
Pour le moment Igor avait trop
mal à la tête pour s'arracher les cheveux à réfléchir d'avantage, il
aviserait se dit-il le moment venu.
Paulette
.................................................
Ceci
n’est pas une histoire tirée par les cheveux mais c’est celle de Carine. Du
haut de ses six ans, elle pérorait à tout va, parlant de sa beauté et
s’admirant sans cesse. Il faut dire que bien des personnes louaient ses
traits fins et ses cheveux frisant
naturellement qui encadraient son joli visage. Elles ne manquaient pas de
s’exclamer : « Cet enfant ressemble au tableau d’Auguste Renoir »
dont la reproduction - Sur la terrasse- était accrochée au mur. Carine
n’en était pas peu fière.
Elle
se regardait souvent dans la glace et depuis toute petite aimait se passer le
peigne dans les cheveux, même si parfois c’était maladroitement. Aussi ses
parents lui avaient ils offert une magnifique poupée dotée d’une longue et belle
chevelure blonde et frisée qu’elle aimait coiffer : queue de cheval,
nattes, chignon sur la tête, sur le cou ou au contraire rouler des mèches sur
son doigt pour en faire des anglaises. C’était une vraie occupation qui la
rendait bien sage et c’était un tel trésor pour elle. Il n’était pas question
de se crêper le chignon avec d’autres enfants qui auraient voulu la lui
emprunter pour jouer, ne serait-ce qu’un petit moment. Aussi la gardait-elle
précieusement à la maison. Elle ne voulait la prêter à personne
Un jour, sur un journal posé sur le
guéridon, elle vit le portrait d’un
mannequin. Une idée lui traversa l’esprit. Sans trop réfléchir, elle saisit l’occasion
aux cheveux et les ciseaux également. Il aurait mieux fallu à ce moment-là
qu’elle ne touchât point un cheveu de sa tête car elle décida d’arranger la
chevelure de sa poupée comme sur le journal. « Cette frange, voyons ! » pensa-t-elle, lui
tombait trop sur les yeux. Bien que très mal coupée, ce n’était que moindre
mal.
Brusquement
comme un cheveu sur la soupe, l’idée lui vint qu’elle pouvait se l’appliquer à
elle-même. Elle monta alors sur une chaise devant le lavabo et se mit à se couper
les cheveux. Etait-elle avant-gardiste, comme on le voit actuellement sur les
revues ou sur l’écran, elle choisit une coiffure asymétrique et pour
cause ! Elle taillada comme elle le pouvait mais que d’un seul côté !
Un vrai massacre ! Quand sa maman la découvrit, elle poussa des cris d’horreur et ses cheveux s’ en dressèrent sur la tête.
Il
fallut remédier à un tel désastre. Les beaux cheveux soyeux tombèrent sur le
sol et seule une coiffure à la garçonne lui
redonna une allure un peu décente. La nouvelle coupe terminée, Carine se
regarda dans le miroir. Hélas ! L’apparence de son visage était
transformée et sa beauté en avait pris un coup. En pleurs, elle qui n’avait pas la
langue dans sa poche, se mit à bredouiller et comme si un cheveu lui était
resté sur la langue, elle zozota : « - Mes cheveux vont-ils vite
repousser ? » « Il te faudra attendre, lui répondit sa
maman. » Elle en fut alors fort
dépitée !
Marie-Thérèse
....................................................
....................................................
Dès que
l’automne arrive avec la chute des feuilles et le changement de saison…Alors
que les jours déclinent, la perte de cheveux s’accentue et le processus cède
quand l’hiver enfin laisse sa place aux premiers rayons de soleil du printemps.
Mes cheveux sont
en mal de kératine et se livrent les écailles ouvertes: offertes aux mauvais
traitements, aux intempéries, à la fatigue résurgente et aux soucis. Une
véritable masse capillaire issue des générations antérieures qui n'en fait qu'a
sa tête.
Alors pendant
de nombreux mois : Je n'en peux plus de devoir ramasser tous ces cheveux
qui collent à mes doigts, se défilent dans les plis de la taie d'oreiller, dans
les draps au coucher…Puis à l’heure du petit déjeuner : ils s’invitent
sur la table, serpentent entre la baguette de pain et finissent par tomber dans
le breuvage, pour terminer leur pèlerinage en s'incrustant dans les poils de la
carpette. Ils glissent sous la table comme des couleuvres et s'insinuent
partout selon leur bon vouloir. Ca me fait dresser les cheveux sur la
tête.
J'en ai assez
de devoir batailler sans relâche et me prendre par les cheveux pour les déloger
de leurs cachettes multiples et variées. Et dans la salle de bain : c’est
épique. Je lutte entre le lavabo et la baignoire, bousculant le tapis au
passage pour les déloger. Mais sur l’émail blanc : ils sont plus faciles à
trouver. Le shampoing, l’après shampoing, le masque capillaire « Ultra
Doux » pouvant contenir des huiles essentielles (argan, onagre, sésame
entre autre) quelques soient la marque et autres fruits aux pouvoirs nutritifs,
enrichissant s’avèrent des fois, souvent,
insuffisants. Alors retour aux compositions bio et fait maison ? Et
un brossage pourtant méthodique afin d’estomper tout dépôt de produits souvent
très chimiques donne lieu à une bonne collecte pileuse. Un fond de sac en
plastique se voit affublé d’une bonne touffe de cheveux morts au combat. Mais
il y a toujours des petits malins qui obstruent et bouche le siphon. Alors les
doigts aguerris en forme de serres sont de rigueur pour les extirper. Un petit
coup de spray démêlant donne un effet lustré à mon ex crinière de lionne
m’évitant de ressembler à Cindy Lauper avec sa coiffure de punkette ébouriffée.
Cette chanteuse anglo-saxonne survoltée qui balançait ses quatre membres et sa
touffe capillaire à la volée a encore ses fans à l’heure actuelle. Elle
ressemblait à un York et là : je sens que je vais me faire crêper le
chignon par les protecteurs et protectrices de la race canine…Alors je vais
vendre la mèche et je me permets de l’allumer : il apparaîtrait que Cindy
dans les potins de Gala ou de Voici Voilà que Cindy n’a pas utilisé la laque
castratrice de nos mères et grand-mères des années 50 : Cadonnet. Et avec
son « casqués, guindés ! » le slogan me fait encore bien
rire actuellement.
Actuellement
le gel force 3 remplace allègrement son
ancêtre le Pento et « Vivelle Dop fixation béton » fait son office
chez les jeunes chaussant leurs skates, tout au long de leurs cheveux
structurés. Ils obtiennent ainsi des coiffures dans le vent. Et les murs en
béton armé s’en souviennent. C’est décoiffant de tonicité. Et à ce
jeu-là : je serai certainement coiffée sur le poteau.
En période de
froid : nul besoin de couper les cheveux en quatre
Alors ?
Faut-il que je me fasse raser cette masse de cheveux qui fut volumineuse, mais
actuellement tente à être crépue. Faut-il me tondre et me faire la boule à
zéro? Ou encore la coupe au bol ? Ça me hérisse le poil rien que d'y
penser. Pas de risque de passer la main à rebrousse poil. A moins que je me
face sculpter le cuir chevelu? Alors : zébrures? Zébras? Coiffure Okapi?
Ou que je fasse des fantaisies en les permanentant ou m’octroyant des rajouts
de cheveux asiatiques issus de femmes ayant vendu leur chevelure pour quelques
deniers ? Ou les boucler au fer pour obtenir des anglaises à l’Eugénie
Grandet? Plus tard dans les années 30 : Mistinguett, puis dans les années
après guerre : les meneuses de revue Zizi Zenmaire ou Lyne Renaud du« Ludo »
ou du « Moulin Rouge » ont arboré des coiffes de plumes d’autruche et
des tenues très seyantes avec force perles, dorures et autres agréments
plumetés.
Mais quittons
les années 1900 et revenons aux temps modernes avec les coiffures
afro-caribéennes copiées par les européennes. Alors gaufrage pour obtenir des
ondulations, fer à friser pour des frisottis ? Où défrisage au fer
aussi?
Il s’agit
d’être la plus jolie pendant les périodes de fête et de festivité. A Noël ou
lors des carnavals : il serait peut-être judicieux de parer ma chevelure
de paillettes ? Je laisse ma place à ma petite fille pour les nœuds en
dentelle, en tulle, en velours. Le diadème étant réservé de préférence pour les
reines de beauté pour récompenser la plus jolie des miss France ou du Monde. Et
peut-être chez les Catherinettes ?
Alors pour revenir à quelque chose de plus conventionnel : la raie
sur le coté ou au milieu ? Frange ou cheveux effilés ? Coiffure
courte et cheveux lissés au brushing baguette? Dégradé ou au carré ?
Coloré ou non ?!
Avec toutes
ces tergiversations : je vais finir par me faire des cheveux des cheveux
blancs. Il faut avouer que le poivre et sel donne du sérieux et du respectable
à beaucoup de messieurs-dames. Et actuellement il y a un grand retour au naturel
en essayant de déculpabilisant les femmes aux cheveux gris, aux cheveux blancs.
Mais bon nombre tiennent encore à garder leur beauté capillaire d’antan. Alors
entre l’auburn, le caramel, l’acajou, les reflets bruns et châtain doré, le
mèche à mèche et les cheveux décolorés oxygénés : il y a le choix.
Les cheveux
contribuent à tenir chaud en hiver, mais aussi de cacher les oreilles
malformées, éventuellement les visages trop carrés, les doubles et triples
mentons, les peaux flasques et fripées.
Avoir une
belle masse pileuse : c’est d’être assuré d’enjoliver et d’empaqueter
joliment la beauté cachée. Ce n'est pas pour rien que certains maîtres
capillaires créent des postiches et des perruques à des prix exorbitants. Et ce
afin de pourvoir et rassurer des femmes souhaitant changer d'apparence ou
retrouver un système pileux pouvant se montrer déficient pour des raisons
diverses et variées. Se retrouver chauve ou encore plus un poil sur le caillou
n’a rien d’attrayant. Ce sont souvent les aléas de certaines chimiothérapies ou
d’un choc psychique, d’antécédents génétiques qui mènent à la calvitie et à
l’alopécie. Une repousse post chimio peut apparaître peu satisfaisante.
Tout tenter
pour faire reculer le temps et s’affubler d’artifices jusqu’aux vertus bienfaisantes
de l’ail en onction et massages directement sur le crane. Les implants en
dernier lieu seraient de rigueur si les revenus financiers suivent.
Et de se sentir encore femme capable de
charmer au premier regard représente plus qu'un espoir, mais une raison de
vivre.
Claudine
Claudine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire