Objets doués de parole. Ecrire sur un ou des objets, en employant le première personne du singulier
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Si je voulais raconter l'histoire de mon existence, il faudrait remonter à la nuit des temps pratiquement. Pourquoi et comment ai-je été créé, et si différent d'un endroit à un autre sur le globe.
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Si je voulais raconter l'histoire de mon existence, il faudrait remonter à la nuit des temps pratiquement. Pourquoi et comment ai-je été créé, et si différent d'un endroit à un autre sur le globe.
Je peux être
de milles matières différentes, avoir des formes et tailles à nulle autre
pareil. Plus ou moins travaillé et fignolé, je peux être unique, mais aussi
produit à grande échelle. Mais pour celui qui me possède, c'est toujours un
lien unique qui nous unit.
Choisi avec
soin ou transmis en héritage, les émotions m'accompagnent toujours. L'histoire
s'écrit et peut se transmettre à travers moi, une histoire familiale mais
également l'histoire avec un grand H. Tout dépend à qui j'ai appartenu ou
appartient.
Mais lorsque
l'on m'offre, la plupart du temps une larme se dessine.
La main est
mon écrin, le doigt est mon ami pour la bague ou l'anneau que je suis.
Valérie
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Je suis un petit objet en bois, peint en bleu,
longiligne, enserrant dans ma gangue une longue mine grise de graphite. J'ai
été offert à ma propriétaire pour son entrée en CP, par un voisin.
Elle me serre dans sa main, de peur de me perdre, elle
est très fière de moi ; elle ne se lasse pas de s'extasier de mes prouesses, de
mes lignes droites, de mes arabesques, boucles et jambages.
J'obéis au doigt et à l'œil, serviteur silencieux, je
rétrécis au fil des jours, taillé avec un canif, mon corps s'amenuise, mes
copeaux partent à regret à la corbeille et finiront dans le poêle ; je souffre
en silence. En attendant, je poursuis mon périple sur les pages blanches ou
quadrillées : mes frises et dessins font la fierté de ma maîtresse.
Je suis le crayon bleu à la mine grise.
Marie-Christine
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Une chose est sûre : j'aime la couleur. La vie
est triste sans technicolor. Je peux me décliner dans toutes les couleurs
franches, en pastels, tons acidulés, toniques et flashs. Mon corps fuselé et
aérodynamique se glisse dans des tenues diverses et panachées, ainsi que dans
les interstices capables de m'accueillir. J'illumine les esprits, j'aime
honorer l'essence même de mon héritage pluriculturel français. Et dans le
respect de son intégrité, de ses différences et de son évolution au fil des
siècles : j'applique avec sollicitude et bienveillance l'ordonnance bien
ordonnée en chapelets de bons mots portant l'empreinte des civilisations.
Mes rêves, mes espoirs peuvent s'offrir ou s'assombrir
en un seul trait. Je m'en veux si j'en souille les caractères et que j'entache
la mémoire de mes ancêtres normands, celtes, francs, goths, sarrasins,
anglo-saxons en agrémentant l'orthographe de tant de termes aux racines venues
de mondes lointains.
Multiples connaissances qui se lovent, jouent,
jouxtent entre elles entre les pages de dictionnaires et d'encyclopédies
rédigés par des hommes érudits qui utilisaient à l'origine le bâtonnet, la
plume, le stylo à plume et autres machines
transcriptrices tentant de remplacer les transcriptions écrites à la
main.
Je bénis ces hommes de science qui nourrissent
et rédigent des lexiques et des parutions visitées et revisitées aux espaces,
mots et expressions bien répertoriées aux ramifications compatibles et
connectables au web. Oui à l'informatique qui tente de devenir transparent et
net aux transcriptions maintenant vérifiées aux cotés de Wikipédia ou de
wiki-media: avec des ramifications compatibles entre des milliards
d'internautes sur internet.
Grâce à tous ces procédés complémentaires: Je
clame mon bonheur et mon réconfort si je progresse en soignant lentement mais
sûrement ma signature, ma touche personnelle : mon impact avec ou sans
encouragement de ma maîtresse. L'important étant de croire en moi. Et de
m'aimer étant ô combien récurrent et devenant résurgent.
Je me fais docile. Je plie sous le joug. Je me
familiarise. Je m'identifie. Je me fais osmose et mimétisme. Je deviens lettré
et je travaille le culte du savoir.
Et puis je m'échappe soudainement. Je m'éclipse.
Je me fais désirer. Je teste la patience et l'addiction de ma propriétaire. Je
me sauve et me cache sous un tabouret, une table ou un fauteuil. J'attends
qu'elle me cherche, qu'elle me désire, qu'elle m'injurie en me traitant de tous
les noms d'oiseaux. J'entends créer le manque. Et j'éprouve une joie intense
quand elle fait travailler ses cellules grises pour me retrouver.
Je réalise alors que j'existe vraiment et que je
suis d'une grande utilité. Quant à dire que je suis affectivement indispensable?
Je pourrais éventuellement parler d'attachement....Je rends des services
éminents. Corvéable à merci...Toujours est-il que le fait de tester les
ressources et la réactivité de celle qui m'utilise me permet de renverser la
situation et de m'imaginer un instant que c'est elle qui serait mon esclave, ma
scribe, ma servante : oui droguée, dopée à l'encre de la vie, de la survie, de
la transmission, de la présence indispensable et de l'absence insupportable.
Vous avez trouvé ?
J'aime quand elle se prosterne à la pointe de
mon capuchon quand une fois elle le trouve bien caché : entre temps...je suis
presque à l'agonie! Elle me dirait presque merci.
Je trace sans relâche des pleins, des déliés,
des reliefs et je fais aussi des pâtés, mais je ne suis pas une tâche pour
autant. Je suis le roi des stylos à billes, à encre, à mines moyennes et fines.
Je suis malléable et je joue dans la cour des grands en toute impunité. Je
tiens bien en main. Je ne fuis pas en principe quelles que soient les
circonstances si mes jointures sont imperméables. Mon écriture file est fluide
et régulière. Je bénéficie d'une réputation et d'une notoriété indiscutées.
Quand on me jette, on me remplace certes mais on
peut me pleurer... Bientôt : nombre d'écoliers, de collégiens, d'étudiants,
d'enseignants, de petits et hauts fonctionnaires, utilisateurs indépendants
allant du personnel soignant aux employés administratifs et aux ouvriers allez
me regretter car ma maison mère a déménagé hors du territoire français. Au bleu
et au rouge se mêlera le blanc du drapeau tricolore expatrié!
Heureusement ma maîtresse a fait des frais et
m'a trouvé de la compagnie colorée. Je ne souffre plus de solitude et je
demeure discret en toute sérénité loin des yeux envieux, des emprunts, des
doigts agiles, des quenottes prêtes à me ronger.
Et je m'essaie en groupuscule à faire travailler
les petites cellules nerveuses de ma bienfaitrice en regroupant ses idées
égarées derrière ses lunettes noires en un lointain rappel de Nana Mouskouri
sérieuse, concentrée. Tout chuchotement, bavardage, ouverture de porte à la
volée, troublerait le calme des rencontres à l'atelier d'écriture de Laurence.
Et en des jeux spécifiques qui deviennent des
devoirs pour certaines. Les logorallyes, mots mêlés, petits bacs (baccalauréats),
définitions à l'envers et imaginaires, quizz, charades et devinettes
s'enchainent, s'emmêlent et se déchainent au rythme et au fil des séances. Ils
enchantent les neurones avertis d'autres participantes qui en arrivent à se reprocher leur manque de réactivité ou de
productivité et se félicitent quand elles ont tout réussi en redemandent encore
et encore des loggorallyes.
Alors Bac ou pas, je suis le stylo Bic qui fait
face aux difficultés et apprend à vivre en société.
Claudine
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J'aime caresser sa peau quand
j'entre en contact avec elle, alors je l'enveloppe autant que je le peux. Je la
sens revivre sous mon poids, elle se sent aussi à l'aise que dans un cocon.
Elle aussi aime me sentir tout contre elle, à ce moment-là elle retrouve
confiance, elle est certaine qu'ensemble la journée ne pourra qu'être agréable,
où qu’elle soit, elle n'a plus rien à craindre.
Mais elle n'est pas fidèle et
le soir elle me délaisse pour un autre. C'est alors à mon tour d'être mal à
l'aise, je suis abandonné, elle me quitte sans ménagement et part sans un seul
regard vers moi.
La nuit me semblera longue mais
peut-être que demain je serai autorisé à caresser de nouveau sa peau, cette
pensée me permet de tenir bon, pauvre pull en alpaga que je suis.
Paulette
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J’aime danser le long
des murs et aussi près des meubles que je caresse avec douceur. J’ai toujours
un ou plusieurs grains attachés à ma robe et je dois me secouer pour m’en
débarrasser. Dans le logis, je suis le compagnon fidèle de la fée mais je n’ai
pas pour autant de pouvoirs magiques. Souvent mis au placard, la ménagère sait
m’apprécier quand vient l’heure matinale. Ma belle robe de plumes colorées se
met alors à virevolter même dans les
moindres recoins. Dans certains pays, mes
plumes sont remplacées par des longues bandes de tissus de feutrine ou égayés
de carreaux, de points ou bien d’étoiles. J’étais très utile autrefois mais, de
plus en plus, je suis remplacé par un gros bouledogue qui vrombit. Ce
mastodonte se traine par terre et n’a guère ma légèreté. Aussi au fil du temps
a-t-il tenté de perdre du poids et de me remiser, moi, tout au fond du placard.
Certains m’utilisent encore comme accessoire de ménage et d’autres plus du tout. Je pense que vous m’avez reconnu. Je
suis le plumeau à poussières.
Marie-Thérèse
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Je suis celui sur lequel
certaines d’entre vous tapent quotidiennement sans m’infliger de souffrances.
Au début avec délicatesse et lenteur puis, en prenant de l’aisance, avec de
plus en plus de célérité. On se sert de moi pour adresser des nouvelles ou des
travaux à effectuer. Je me présente de la même façon depuis de nombreuses
années pourtant certains ignorent encore toutes mes possibilités. Sans aucune
discrimination, je suis noir ou bien gris sans être ivre. Je suis le clavier de
l’ordinateur.
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Nous existons depuis
plus d’un siècle et nombre d’entre vous nous recherchent au point de nous
classer dans des volumes. Plus nous sommes vieux et avons conservé nos dents,
plus vous nous appréciez. La façon dont on nous installait sur notre support
initial prenait alors un sens particulier, la tête en bas par exemple. Au début
on nous léchait le dos après nous avoir détachés, maintenant une simple
pression suffit à nous faire tenir.
Nous sommes les timbres
poste.
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Je glisse avec plus ou
moins de bonheur sur une surface pas toujours très plane. Autrefois mécanique
et composé d’un seul élément, je peux être
maintenant être électrique et composé de plusieurs éléments. Autrefois
essentiellement utilisé par la gente masculine je suis maintenant unisexe sans
forcément comprendre pourquoi, de même autrefois manipulé par le seul
chirurgien je le suis maintenant par mon ou ma propriétaire. De toute façon on
finit par me plonger la tête dans l’eau ou me souffler dessus. Je suis le
rasoir.
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Je suis blanc et rose et
placé aussi bien en haut qu’en bas. Je dors la nuit dans de l’eau, je suis
censé être frotté quotidiennement….. J’épouse la forme de mon support et suis
très utile à mon propriétaire. Nous sommes nombreux et comme les flocons de
neige, tous différents. Notre création a bouleversé la vie de notre
propriétaire. Parfois il est nécessaire de me réajuster pour ne pas blesser la
partie qui m’accueille. Je suis le dentier.
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Nous bougons tout le temps et ne restons jamais en place tout en repassant toujours
par les mêmes endroits. On nous lit souvent subrepticement et l’une d’entre
nous fixant un point précis se signalera par un bruit particulier. Une autre de
nous cavale tout le temps sur le même circuit que ses consœurs. La nuit nous
sommes faites pour briller. Nous sommes les aiguilles d’un réveil.
Fabienne
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Depuis
longtemps les hommes, et les femmes également, m'utilisent. Enfin, si je puis
dire, je suis devenue…indispensable.
Non, non, je
n'ai pas la grosse tête. Sans moi, je ne sais pas ce que serait leur vie !
Tantôt grise, tantôt plutôt gaie et colorée, je joue quelquefois à cache-cache
avec les hommes. On m'aime indéfiniment, même s’il m'arrive de parfumer autour
de moi ou que l'on me retrouve dans des endroits improbables. Bon… C'est vrai
que dans des pays on ne me trouve pas ; là-bas je n'ai pas d'existence
pour les plus démunis.
Dans la
famille où j'habite, j'ai un endroit douillet bien à moi pour être facilement
trouvée le matin alors que les brumes du sommeil sont encore dans les yeux.
Alors, cela m'arrive de faire des blagues et mon propriétaire se retrouve un
peu désemparé et confus lorsque d'autres lui font une remarque sur moi. Enfin,
nous ! Car il nous arrive régulièrement d'être orphelines; une de nous happée,
avalée, volatilisée dans la machine à laver… Nous les chaussettes !
Valérie
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Je
somnole depuis pas mal de temps mais soudain je sens sa main qui s'accroche à
moi. C'est normal, on est dimanche et c'est donc jour de sortie, il me faut en
profiter.
Fini de s'étioler sans bouger dans mon coin, je vais pouvoir circuler partout, fureter dans tous les coins et recoins, la maison sera toute à moi. Je vais pouvoir me dépenser sans compter, avancer plus ou moins vite, reculer et même faire demi-tour, rien que d'y penser, je m'agite déjà, je m’impatiente.
Fini de s'étioler sans bouger dans mon coin, je vais pouvoir circuler partout, fureter dans tous les coins et recoins, la maison sera toute à moi. Je vais pouvoir me dépenser sans compter, avancer plus ou moins vite, reculer et même faire demi-tour, rien que d'y penser, je m'agite déjà, je m’impatiente.
Mais comme on le dit, les
bonnes choses ne durent qu'un temps, mon plaisir prend vite fin et me voilà de
nouveau isolé, caché. Mais qu’importe, je m'en suis donné à cœur joie
aujourd'hui, il me semble bien qu'elle aussi était satisfaite, tout le monde
est donc content, pas facile d'être un aspirateur.
Paulette
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D’abord fait d’une
matière noble produite par des insectes que vous admirez mais que vous redoutez
aussi, je suis née dans un moule. Au départ, bien droite et de couleur blanche,
j’avais un rôle protecteur. Je représentais celui qui me posait et j’étais le
signe de sa demande ou de son remerciement. Par la suite, j’ai grandi, grossi
m’encastrant dans des supports de céramique ou d’argent pour décorer par
exemple la cheminée d’un salon bourgeois. Plus tard, j’ai perdu en taille mais
j’ai pris des couleurs et même des petites décorations. Je me déguise en
personnage, m’affublant d’un numéro, je suis la joie des enfants mais aussi des
grands quand arrive l’heure de m’utiliser dans les moments festifs. Perchée sur un sommet ou
piquée sur une couche parfois glacée, je suis souvent accompagnée de mes
semblables. C’est alors que je brille de mille feux et ma lumière se reflète
dans les yeux rieurs de celui ou de ceux pour lesquels je suis allumée. Vous
savez qui je suis : la bougie.
Marie-Thérèse
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