Tournés
vers le passé dont on se souvient et qui nous a marqués, ils sont d’une extrême
variété : collectifs ou intimes, bons ou mauvais, fêtés ou pas, ils
jalonnent le présent de notre vie.
Longtemps
j’ai cru que les anniversaires n’étaient synonymes que de fêtes et de joies.
Ainsi, tous les printemps de mon enfance portèrent longtemps la marque du cocon
familial : le parfum et les couleurs délicates de la potée de jacinthes
déposée par ma mère dans ma chambre pour mon anniversaire. Un an de plus !
Quelle joie !
Plus tard
vint la découverte des souvenirs malheureux, célébrés dans l’intimité
familiale : la mort d’un oncle jeune encore et qui avait été mon premier compagnon de jeu. Ma grand-mère
entretenait son souvenir en noyant sa tombe sous un déluge de fleurs estivales
blanches, que cultivait mon grand-père. Vinrent ensuite les anniversaires
collectifs, officiels, célébrés au cours de cérémonies autour des monuments aux
morts des deux guerres. Champenois, nous vivions sur une terre traditionnelle
de combats, portant les stigmates des récents conflits : cimetières
militaires immenses faits de la multitude des petites tombes blanches,
pyramides d’obus au bord des champs cultivés, lieux d’exécutions (« butte
des fusillés »), échafaudages autour de la cathédrale de Reims 50 ans
encore après les bombardements.
Mais les
discours d’après les libérations exprimaient aussi la joie d’avoir retrouvé la
paix et la vigilance nécessaire pour la maintenir.
Avec les
années de la maturité, vinrent les anniversaires bons et mauvais de la vie
quotidienne (mariage, naissance, réussites professionnelles, sociales,
personnelles de tous les membres de ma famille). Heureusement les bons
souvenirs sont ceux qui sont les plus fêtés.
Pour
finir, les anniversaires sont divers et sont ceux que l’on souhaite conserver…
donc à l’image de la vie présente.
Ainsi le
dernier que je fête est multiforme, complexe, malheureux et heureux : je
ne pensais pas qu’un bonheur pouvait naître un 11 novembre. Ce jour-là
maintenant, je fête mes deux anniversaires en même temps.
Françoise
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Je me
souviens de Marilyn Monroe chantant le 19 mai 1962 « Happy birthday Mister
Président », pour célébrer le quarante-cinquième anniversaire de JF
Kennedy, au Madison square Garden, dix jours avant la date exacte. Je n’oublierai
pas la prestation de l’actrice moulée dans un fourreau rose, deux mois avant sa
mort le 5 août 1962 à Los Angeles ; cette prestation me parut surréaliste.
Le président perdit la vie à Dallas le 10 juin 1963 à quarante-six ans ;
son épouse était aussi vêtue de rose.
Je n'oublierai pas le mariage d'Edith Piaf ( Gassion)
avec Théo Sarapo ( " je t'aime" en grec ) Lamboukas, le 9 Octobre
1962, de vingt ans son cadet ; elle rentra dans son éternité dans la nuit du 9
au 10 Octobre 1963, soit un an après son mariage, jour pour jour. Elle devait
aller chanter à la Maison Blanche pour JFK, peut-être La vie en rose : malheureusement,
l'homme propose, le destin dispose.
En 2019, nous fêtons les cent trente ans d'une grande
dame de poids, pesant dix mille tonnes et ne prenant pas l'ombre d'une ride :
la tour Eiffel, qui a reçu deux cent cinquante millions de visiteurs depuis son
inauguration lors de l'Exposition universelle de 1889.
Déjà trente ans se sont écoulés depuis l'effondrement
du mur de Berlin en 1989 : ce fut l'un des évènements majeurs du vingtième
siècle.
Les anniversaires de connaissances ou même d'amis sont
notifiés sur la page Facebook grâce à un gâteau surmonté d'une bougie : les
commentaires sont généralement enthousiastes.
Enfin, si
le cercle familial est restreint, croisant ma fille rarement depuis son
éloignement géographique, les retrouvailles n’en sont pas moins chaleureuses :
nous regroupons nos anniversaires que nous fêtons avec beaucoup d’amour filial
et maternel.
Marie-Christine
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La famille était
nombreuse et se voyait rarement. Pensez donc ! Les descendants de onze
enfants maintenant plus que majeurs et leurs propres enfants, jeunes adultes
avec leur progéniture, allaient se réunir pour fêter l’anniversaire du dernier
patriarche. Certes, il n’était pas encore centenaire mais 90 ans, c’était déjà
pas mal ! Et sans aucun doute une date à
marquer.
Les cousins
s’activèrent, s’envoyant des courriers, s’appelant au téléphone ou se
rencontrant. L’un offrit son jardin assez grand pour contenir à l’aise une
bonne cinquantaine de personnes accompagnée d’une vingtaine d’enfants de tout
âge. L’autre se chargea du ravitaillement en boissons. Un troisième des
logements pour ceux qui arriveraient la veille car le site choisi se trouvait
dans la campagne. D’autres encore, préparèrent des badges pour que chacun se
reconnaissent. Pour certains, il y avait si longtemps que l’on en les avait
vus ! Tous s’y mirent pour organiser un anniversaire inoubliable, avec des
sketches et des jeux.
Ce fut par un beau jour
d’été, dans un cadre verdoyant. Le long des murs de la maison, d’un âge tout à
fait respectable, des tables avaient été dressées et se chargeaient peu à peu
de victuailles. Les uns, les autres arrivaient et se congratulaient avec
maintes embrassades et cris de joie et chacun put s’asseoir à sa guise sur les
nombreux sièges. L’ancien fut installé comme il se doit dans un fauteuil très
confortable à l’ombre d’un gros tilleul.
Marc, le maitre de
cérémonie, demanda alors le silence. Il fit un bref discours faisant revivre
par quelques anecdotes amusantes, le lieu de naissance du récipiendaire et de sa
région, si chère au cœur des plus âgés. Des petits enfants vinrent tour à tour lui
offrir des cadeaux, lui rappelant les différentes étapes de sa vie : un
livret de chant, un sifflet, un calot militaire, un chapeau mais aussi des dessins entrecoupés
par les chants d’adultes tout aussi évocateurs. D’autres lui apportèrent des
petits bouquets de fleurs et ce fut l’apéritif suivi du repas-buffet, sur fond
musical. Tous, à la queue-leu-leu, allèrent se servir tout en chahutant ou
discutant sans se bousculer. Un énorme gâteau flanqué de quatre autres moins
hauts ornés de bougies allumées, furent
apportés sur une planche par quatre vigoureux jeunes. Tous applaudirent tandis que sautaient les
bouchons de champagne. Dans l’après-midi, quelques petites filles dansèrent et
des adolescents présentèrent quelques sketches puis, par petits groupes,
vinrent féliciter le nonagénaire tout heureux de se retrouver en si bonne
compagnie. Lui-même avait préparé un petit discours de remerciement qu’il
déclama en fin de journée, la larme à l’œil.
Puis il fallut se quitter heureux de cet
anniversaire mémorable !
Marie-Thérèse
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Fêter son anniversaire
rappellerait la date à laquelle on est né(e) et évidemment donnerait le nombre
d'années qui nous sépareraient de cet état de fait. Beaucoup de femmes allant
vers l'hiver de leur vie ne désirent pas révéler leur nombre de printemps.
D'après certains: «elles feraient leur coquette». Mais comment ne pas vouloir
respecter leur désir en ne dévoilant pas leur secret? Secret souvent de
polichinelle puisque dans certaines administrations des logiciels révèlent
patronyme et date de naissance. Politique de convivialité et de confidentialité
non respectées? Manque de discrétion de la part de l'employeur, des cadres et
des employés vis-à-vis de leurs collègues?
Dans certains pays, loin d'un bureau d'état
civil, ou en période de guerre lorsque le ou les registre(s) des naissances
(a-ont) été détruit(s) ou déplacé(s), il est difficile de connaître exactement
la date de la mise au monde de certains de nos anciens ou actuels natifs de
territoire reculés, à l'étranger.
A l'époque et encore maintenant
la législation qui protège l'enfance requiert un âge déterminé pour travailler.
Je pense aussi à tous les migrants qui arrive en France sans papier, aux
immigrés désirant refaire leurs papiers (leur pièce comme ils disent) aux SDF
qui ont perdu ou à qui on va voler leur identité et à tous ceux qui ont été
victime de la perte ou du vol de leur identité ou de leurs papier. Le plus
difficile étant de prouver qui ils sont réellement pour continuer d'exister
dans une société où les premières choses que l'on requiert pour obtenir une
pièce d'identité sont: nom de famille, prénom, adresse, date et lieu de
naissance. Encore faut-il prouver ses dires avec un acte de naissance intégral
ou partiel. Nos parents et la génération suivante possède un livret de famille;
Alors quand on est natif de contrées lointaines et obligé de se démener corps
et esprit auprès d'administrations pointilleuses et peu coopérantes: l'affaire
peut se révéler délicate et compliquée et le devenir de la personne en
recherche de papier peut s'avérer plus que fragile.
Ce fut le cas pour ma
grand-mère qui s'est fait enregistrer lors de son arrivée en France sous une
autre date de naissance que celle d'origine. Alors quand à connaître son âge
réel et celui qu'elle avait réellement lors de son décès? Ce fut un casse-tête
chinois.
Je ne me souviens pas avoir
souhaité l'anniversaire de ma grand-mère. Je crois qu'elle ne désirait pas s'en
souvenir. La guerre et les disparitions dans la famille de son mari ainsi que
dans la sienne ayant marqué sa mémoire. Elle se souvenait des noms de chacune
de ses sœurs, mais elle ne parlait pas de leur date d'anniversaire.
Est-ce pour cela que je
reproduis inconsciemment ce schéma? On parle de mémoire générationnelle
transmises par les gênes. La science génétique et transgénérationnelle feraient
leur part de travail? Toujours est-il
que les anniversaires se souhaitaient frileusement dans la famille. Il y avait
toujours des préliminaires: le moment où je me devais de choisir un vêtement ou
un modèle sur un catalogue de vente par correspondance ou de tricot. L'effet de
surprise en était estompé. Je ne me souviens pas des bougies sur lesquelles je
me devais de souffler, ni du gâteau préparé ou acheté pour l’événement car de
fête il n'y avait pas. J'en suis arrivée à penser que ma venue au monde n'était
ni souhaitée, ni désirée et encore moins souhaitable. Ma sœur aînée entendant
se le faire souhaiter sans rendre la réciprocité. Mon frère entend se le faire
souhaiter ni trop tôt en matinée, ni trop tard et surtout jamais le lendemain
ou le jour d'après. Et le même cadeau reconduit chaque année en un almanach
sportif offert par sa sœur aînée avait la faculté de le mettre hors de lui. Son
anniversaire devait se ponctuer de cadeaux de prix dans la sélectivité la plus
poussée au risque, si on détournait pour un peu cette «forte recommandation» de
recevoir les critiques négatives les plus extrêmes. Il en est de même pour ma
deuxième sœur: la marque et la course au prix comptant plus que tout. Il
fallait le meilleur et la marque tant qu'à faire pour essayer de tirer son
épingle du jeu.
Je pense que j'ai horreur des
fêtes depuis ma plus tendre enfance. Je préfère ne rien recevoir si cela est
fait dans un esprit négatif. Pour moi l'idée de l'anniversaire se devrait
d’être menée dans un vent d'authenticité, de clémence, de sérénité, de partage,
de joliesse, de beauté et de respect pour autrui.
Et je sais que Marie-Thérèse
possédant une bonne mémoire des dates ne rate pas une occasion de me le fêter.
Alors je la remercie d'avance pour cette charmante attention et intention. Ma
fille se glisse dans le même schéma alors qu'elle nous a gâché maintes et
maintes fois des fêtes d'anniversaire Et je laisse le plaisir à ma petite fille
de changer la donne. Elle qui se fait une joie plusieurs mois à l'avance de
fêter et de mettre une croix sur le catalogue des jouets si toutefois cela
rentre dans son budget de sa maman. Il n'y rien de plus beau que l’innocence et
la décence. Ce sont des moments magiques qu'il ne faut pas gâter.
Claudine
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Ce jour de décembre 2015 je me
lève avec une année de plus, c'est mon anniversaire. Ma fille et son compagnon
doivent venir me chercher en fin d'après-midi, je suis invitée à dîner chez eux
pour l'occasion.
Vers 17 h ils arrivent et nous
voilà partis, mais très vite je m'aperçois que nous ne prenons pas la direction
de leur domicile. En effet, nous arrivons à la Porte d'Italie, ils se garent et
nous descendons de voiture, on me tend un ticket de métro. Je suis surprise
mais je ne dis rien, je les suis, je me laisse guider.
La nuit est tombée quand nous
sortons du métro et je découvre devant moi les grands magasins illuminés, je me
souviens tout particulièrement du Printemps et des Galeries Lafayette. Les rues
scintillent sous les lumières, la foule se presse sur le trottoir devant les
vitrines décorées et animées, on sent que l'ambiance est à la fête, tout ceci
nous rappelle que Noël approche à grand pas.
Je suis en admiration devant ce
spectacle que je n'avais plus revu depuis fort longtemps, puisque nous étions
venus ici quand ma fille avait 4 ou 5 ans. Quel enfant n'a pas été émerveillé
devant les personnages qu'il connaît et qui se meuvent devant lui dans ces
vitrines. Ma fille m'explique alors avoir organisé cette sortie pour remplacer
celle que je n'avais pas pu faire. En effet, je m'étais inscrite avec une
ancienne voisine pour visiter Paris et ses illuminations mais peu avant la
date, la ville avait décidé d'annuler en raison des problèmes de sécurité que
posait l'attentat du Bataclan, encore bien présent dans tous les esprits. Il
suffisait d'ailleurs de regarder ce jour-là les policiers armés qui circulaient
au milieu de nous, et ceux postés à chaque coin de rue.
Plus tard, c'est avec des
images plein la tête que nous avons pris le chemin du retour, afin de dîner
ensemble comme prévu. Je me souviens que ma fille avait préparé des filets de
turbot avec une sauce dont mon mari avait le secret, et que je n'avais
personnellement jamais cuisinée. Ce jour-là, grâce à elle j'ai su comment
réaliser cette petite merveille, ce fut une autre surprise, en plus du cadeau
bien sûr !
Voilà un anniversaire très
original qui m'a ramenée loin en arrière, et si je n'ai pas pu voir toutes les
illuminations de Paris cette année-là, ces moments passés en compagnie de mes
enfants les valaient largement. Ce fut donc une très belle surprise, c'était le
but recherché je suppose. Je me souviens également avoir trouvé ma fille
particulièrement gaie et heureuse pendant toute cette soirée, d'une gaieté que
je ne lui connaissais pas, mais ceci est une autre belle histoire qui
commence...
Paulette
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