Cette
foule qui se presse agglutinée les uns aux autres, donne une impression de
bousculade pour fuir quelque chose qui vient d’arriver. Dans le haut de l’image,
quatre hommes semblent porter un madrier
comme pour renforcer une paroi qui s’effondre
et regardent vers le centre, des personnages ou un événement
que l’on ne voit pas. La majorité des regards sont tristes et inquiets
comme guettant quelque chose que l’on redoute. Les bras qui s’enlacent sont
plus protecteurs qu’affectueux, comme
pour empêcher d’être séparés dans la cohue. La grande majorité de ces personnes
semblent être asiatiques et leurs vêtements divers ne reflètent ni la
pauvreté ni la richesse. La scène pourrait
se passait dans un quartier populaire. Cette image symbolise peut-être
l’angoisse d’un destin inexorable.
M.-T.
C'est une
situation d'urgence, sous haute tension : des centaines d'hommes et de femmes,
bien vêtus sont entassés poussés sur un sol en ciment contre des boiseries : on
dirait qu'ils sortent d'une trappe ou qu'ils vont rentrer de force dans une
souricière. Cela se passe en Chine fin 1948 : les plus riches saisis par la
panique vont retirer l'or de la banque avant l'arrivée de Mao. Les temps ne
sont pas sûrs.
M.-C.
Je ne
comprends rien à cet enchevêtrement de personnes typées aux cheveux noirs et
lisses. Chacun s’acharnant pour être au premier plan ? Serait-ce une façon
de faire la queue-le-leu ? Serait-ce les prémices et la façon de se comporter
quand débutent les soldes made in Taiwan ? Ou encore les premiers bains de
foule lors de la réalisation du premier selfie des années 5 ? Seul
monsieur Cartier-Bresson pourrait nous l’expliquer. Une vraie ruée !
Cl.
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C’est un étrange
ressenti que j’éprouve à regarder cette photo et des questions me viennent tout
de suite à l’esprit ; Pourquoi ces enfants sont-ils si maigres alors
qu’ils ont de jolis vêtements et une patinette en jouet ? Pourquoi
sont-ils pieds nus ? Que cherche à faire cette adolescente qui s’accroche
au mur ? Qu’est-ce que ce mur d’enceinte avec des barbelés protège ou
cache, un ghetto ? Qui est du bon côté ? Y a-t-il un titre à cette
photo qui pourrait me donner des réponses ?
F.
Encore une
scène d’escalade ! Décidément, monsieur Cartier-Bresson devait aimer la varappe.
Les fillettes étaient encore en robe à volants qui tournent et les garçons en
salopette et chemisette à carreaux. Je me souviens en avoir acheté une à mon
petit garçonnet de petit-fils, ainsi qu’à ma petite-fille. Les modes tournent
et final sont indémodables. Seuls les barbelés donnent un goût amer à cette scène qui se veut ludique mais cache
un secret bien gardé pour des enfants ne voulant pas seulement jouer, mais
cherchant à s’évader.
Cl.
Quatre
enfants jouent dans la rue. En son centre et dans toute sa longueur, un mur
surmonté d’un grillage a été édifié pour éviter de traverser vers les immeubles
d’en face, sans doute à cause de travaux de longue durée. La partie du trottoir photographiée longe
leurs maisons. La noirceur du mur qui n’est pas dû seulement à l’ombre contraste
avec la luminosité des dalles du trottoir. Si les deux plus jeunes semblent
sages, l’interdit est tentant pour les deux plus grands. La fillette d’une
dizaine d’années s’accroche au mur, prête à grimper. Est-ce seulement pour voir
ce qui se passe de l’autre côté ? Et le garçonnet avec sa trottinette
semble prêt à faire de même. Mais ce mur n’est-il pas construit pour séparer
deux quartiers entre les plus cossus qui veulent ignorer les moins
favorisés ? On peut se poser la question.
M.-T.
Des
enfants livrés à eux-mêmes se distraient avec les moyens du bord sur la ligne
de démarcation, séparant Berlin est et ouest. La fillette essaie de se hisser
pour voir de l'autre côté des barbelés, ce qui se passe vers les immeubles plus
cossus. Le garçonnet vu de dos a la chance d'avoir une trottinette. Les tenues
vestimentaires des quatre enfants sont simples, classiques, correctes. Les
habitations sont aussi beaucoup plus modestes qu'en face
M.-C.
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Une terrasse de café, deux
femmes, deux générations. Et peut-être aussi deux personnalités très
différentes. L'une d’elle est jeune et absorbée par la lecture d'un journal
dont elle semble avoir sortie une page afin de se concentrer sur l'article qui
l'intéresse, rien ne la distrait de sa lecture. Elle est habillée de façon
simple et assez courte, cette photo aurait-elle été prise après la révolte estudiantine de Mai 1968,
qui a vu tant de bouleversements dans bien des domaines. Auquel cas on peut
supposer que le journal sur lequel est penchée avec autant d'intérêt cette
jeune femme, doit politiquement se situer plutôt à gauche. L'autre femme est
nettement plus âgée, tout diffère chez elle, elle semble être tout le contraire
de sa voisine en terrasse. Cette dame à l'air guindé est tirée à quatre
épingles, elle est sagement coiffée d'un chapeau, elle aussi tient un journal
et celui-ci est sans aucun doute bien ancré à droite, le titre en est bien
lisible. Elle a pour un instant abandonné sa lecture et fixe la jeune femme
avec insistance, et même un petit air de dédain pourrait-on dire. Peut-être
aussi avec une sorte de reproche dans le regard sur sa façon de s'habiller, qui
ne peut que la choquer à son âge. Elle est très
certainement issue d'un milieu plus aisé, son journal semble l'attester
car il n'est pas particulièrement prisé dans le monde modeste des ouvriers. Le
photographe aura certainement été frappé lui aussi par le contraste de ces deux
femmes que tout semble opposer et qui se côtoient pourtant dans la même
occupation, c'est sans doute ce qui nous aura valu ce cliché.
P.
Nous sommes
à la brasserie Lipp dans les beaux quartiers de Paris, en 1967. Une dame d'âge
mûr, style anglais, classique dûment chapeautée, collet monté, lit le Figaro
placé devant un quart d'eau minérale. En réalité elle regarde sa jeune voisine
, une adolescente assez dénudée, cheveux dissimulant le visage, en train de se
ronger les ongles, devant un journal prétexte pour se donner une contenance :
elle songe devant son soda vide. Les conflits de générations sont là ; Mai 68
arrive.
M.-C.
Oh,
shocking ! Apparemment cette jupe mini et m’as-tu-vu n’est pas au goût de
cette bourgeoise BCBG, bien sous tout rapport. Il ne lui manque que la parole. Le
regard est explicite. Mais la demoiselle n’en a cure. Une tenue que BB et les
Demoiselles de Rochefort auraient pu porter ! On sent que mai 68 n’est pas
très loin et que le Général de Gaulle va bientôt donner sa démission. Il y a un
vent de liberté dans l’air.
Cl.
Cette
photo où joue toujours le contraste entre le noir et le blanc montre, en
premier plan, une jeune fille triste ou
pour le moins pensive assise à la terrasse d’un café. Monge-t-elle un sandwich
ou tient-elle un mouchoir dans sa main droite. ? Deux tables plus loin, la
dame qui lit tranquillement son journal détourne un regard interrogateur vers
elle. Que fait là cette jeune fille seule ? Attend-elle quelqu’un qui
n’est pas venu ou a-t-elle appris une mauvaise nouvelle ? Nul ne le sait.
M.-T.
Je trouve que
Cartier-Bresson a su saisir l’instant ou le regard de cette vieille dame,
lisant son Figaro à la terrasse d’un café, exprime comme de la nostalgie devant
cette jeune femme dont les cheveux sont presque dans les yeux, vêtue d’une mini
jupe qui lit elle aussi le journal. Conflit de génération ? Ou regret du
temps passé ?
F.
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Prise
à l’intérieur d’une usine cette photo aux contrastes beaucoup plus nuancés, montre
un ouvrier plongé dans un ensemble de tuyaux. Il répare avec sérieux et
application, des circuits d’un gaz ou d’un liquide ou en contrôle le bon fonctionnement. C’est
l’image de l’homme conscient d’un travail
bien fait. Face à la complexité de tous ces réseaux plus ou moins automatisés, elle
est l’illustration que la place de l’homme est encore nécessaire.
M.-T.
Cette photo
avait paru dans le journal Libération, concernant la modernité et tous les
problèmes qu'elle génère : cette image peut être une métaphore du progrès technologique
avec le revers de la médaille : catastrophes des centrales, tâches fastidieuses,
répétitives, mal rémunérées, laideur des friches post industrielles, coût,
impact sur la santé, l'environnement. L'être humain est dévalorisé : ici on ne
voit qu'un postérieur et des jambes : l'homme devient une machine à réparer ,
un technicien anonyme qui doit assurer le bon fonctionnement d'une usine
souvent dangereuse : c'est la rançon du progrès.
M.-C.
Là aussi beaucoup de
questions se posent à moi. Qui sont ces jeunes femmes et garçons ? Leur
plaisir se lit sur leurs visages mais où sont-ils en ce jour radieux
d’été ? Le repas a l’air d’être simple, je ne vois pas de couteau, tous
n’ont pas de verre pour boire mais des
tasses et un bol, de gros morceaux de pain sont posés sur la table. S’agit-il
d’un camp de vacances pour jeunes adultes ?
F.
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« Bateau-ciseaux…
la rivière, la rivière… va à l’eau ! » Scène festive. On se croirait
sur une barque ou en train de faire de l’aviron en cadence. Ces jeunes gens
torses nus et en maillot de bain ou tenue légère pour les filles seraient d’actualité
sous un chaud soleil estival. Ils sont hilares et ont l’air de sacrément s’amuser.
Une bonne partie de rigolade vaut un steak, dit-on. Alors, bon appétit !
Cl.
C'est un réfectoire, à la fin d'un modeste repas, dans la cantine d'un milieu très populaire, devant des assiettes quasiment vides. Il reste du pain, des pichets quelques tasses vides, des sportifs ou des ouvriers, tous jeunes et en pleine forme, jouent au train pour se détendre joyeusement. L'image montre que l'on peut être joyeux dans la simplicité.
M.-C.
Là aussi beaucoup de
questions se posent à moi. Qui sont ces jeunes femmes et garçons ? Leur
plaisir se lit sur leurs visages mais où sont-ils en ce jour radieux
d’été ? Le repas a l’air d’être simple, je ne vois pas de couteau, tous
n’ont pas de verre pour boire mais des
tasses et un bol, de gros morceaux de pain sont posés sur la table. S’agit-il
d’un camp de vacances pour jeunes adultes ?
F.
La
dernière photo où le blanc des assiettes et des vêtements éclate au milieu des
ombres plus ou moins foncées, pourrait symboliser la détente et la franche
rigolade. Tous les participants à ce repas pris en commun se laissent aller à
un vrai moment de plaisir.
M.-T.
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Qui n’a
pas tenté d’escalader puis de sauter au-dessus d’un tissu tendu à cette
intention. Alors, escalade ? Saut en hauteur et en longueur, cheveux au
vent pour la fillette et ce jeune garçon dans sa marinière qui se tient au
bastingage… Ne manque que la perche ou le cheval, qui sait ?
Cl.
Deux
petits enfants, un garçon et une fille jouent ensemble. Ils se donnent la main
et courent par une chaude après-midi d’été comme le montre l’ombre projetée au
sol. Traversent-ils une rue ou sont-ils dans la campagne ? Pas de
véhicules pas de murs et pas d’arbres ! Difficile de situer le lieu où la
photo est prise. Peut-être sur une plage, avec le sable mouillé et le sable sec
en avant de la photo. La petite fille
saute et cet élan soulève ses cheveux. Les enfants sont coquettement habillés
et respirent le bonheur. Ils sont l’image même de l’insouciance.
M.-T.
En plein
soleil, on ne sait où, deux fillettes heureuses, toniques et respirant la joie
de vivre portent une tenue estivale chic et soignée. En se tenant par la main,
elles se jettent du haut d'un mur en parpaing pour atterrir sur une plage.
Leur ombre
se projette sur la droite se qui donne une idée de l'emplacement du soleil et
du photographe. La fillette de gauche, garçon manqué, cheveux au vent, est plus
intrépide, l'autre, avec sa coiffure à la garçonne et à la robe à col marin,
hésite avant de faire le grand saut. Elles font le mur.
M.-C.
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