dimanche 26 mai 2019

6 PHOTOS DE CARTIER BRESSON


Cette foule qui se presse agglutinée les uns aux autres, donne une impression de bousculade pour fuir quelque chose qui vient d’arriver. Dans le haut de l’image,  quatre hommes semblent porter un madrier comme pour renforcer une paroi qui s’effondre  et regardent vers le centre, des personnages ou un  événement  que l’on ne voit pas. La majorité des regards sont tristes et inquiets comme guettant quelque chose que l’on redoute. Les bras qui s’enlacent sont plus protecteurs qu’affectueux,  comme pour empêcher d’être séparés dans la cohue. La grande majorité de ces personnes semblent être asiatiques et leurs vêtements divers ne reflètent ni la pauvreté  ni la richesse. La scène pourrait se passait dans un quartier populaire. Cette image symbolise peut-être l’angoisse d’un destin inexorable.
M.-T.

C'est une situation d'urgence, sous haute tension : des centaines d'hommes et de femmes, bien vêtus sont entassés poussés sur un sol en ciment contre des boiseries : on dirait qu'ils sortent d'une trappe ou qu'ils vont rentrer de force dans une souricière. Cela se passe en Chine fin 1948 : les plus riches saisis par la panique vont retirer l'or de la banque avant l'arrivée de Mao. Les temps ne sont pas sûrs.
M.-C.

Je ne comprends rien à cet enchevêtrement de personnes typées aux cheveux noirs et lisses. Chacun s’acharnant pour être au premier plan ? Serait-ce une façon de faire la queue-le-leu ? Serait-ce les prémices et la façon de se comporter quand débutent les soldes made in Taiwan ? Ou encore les premiers bains de foule lors de la réalisation du premier selfie des années 5 ? Seul monsieur Cartier-Bresson pourrait nous l’expliquer. Une vraie ruée !
Cl.
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C’est un étrange ressenti que j’éprouve à regarder cette photo et des questions me viennent tout de suite à l’esprit ; Pourquoi ces enfants sont-ils si maigres alors qu’ils ont de jolis vêtements et une patinette en jouet ? Pourquoi sont-ils pieds nus ? Que cherche à faire cette adolescente qui s’accroche au mur ? Qu’est-ce que ce mur d’enceinte avec des barbelés protège ou cache, un ghetto ? Qui est du bon côté ? Y a-t-il un titre à cette photo qui pourrait me donner des réponses ?
F.


Encore une scène d’escalade ! Décidément, monsieur Cartier-Bresson devait aimer la varappe. Les fillettes étaient encore en robe à volants qui tournent et les garçons en salopette et chemisette à carreaux. Je me souviens en avoir acheté une à mon petit garçonnet de petit-fils, ainsi qu’à ma petite-fille. Les modes tournent et final sont indémodables. Seuls les barbelés donnent un goût amer  à cette scène qui se veut ludique mais cache un secret bien gardé pour des enfants ne voulant pas seulement jouer, mais cherchant à s’évader.
Cl.


Quatre enfants jouent dans la rue. En son centre et dans toute sa longueur, un mur surmonté d’un grillage a été édifié pour éviter de traverser vers les immeubles d’en face, sans doute à cause de travaux de longue durée.  La partie du trottoir photographiée longe leurs maisons. La noirceur du mur qui n’est pas dû seulement à l’ombre contraste avec la luminosité des dalles du trottoir. Si les deux plus jeunes semblent sages, l’interdit est tentant pour les deux plus grands. La fillette d’une dizaine d’années s’accroche au mur, prête à grimper. Est-ce seulement pour voir ce qui se passe de l’autre côté ? Et le garçonnet avec sa trottinette semble prêt à faire de même. Mais ce mur n’est-il pas construit pour séparer deux quartiers entre les plus cossus qui veulent ignorer les moins favorisés ? On peut se poser la question.
M.-T.

Des enfants livrés à eux-mêmes se distraient avec les moyens du bord sur la ligne de démarcation, séparant Berlin est et ouest. La fillette essaie de se hisser pour voir de l'autre côté des barbelés, ce qui se passe vers les immeubles plus cossus. Le garçonnet vu de dos a la chance d'avoir une trottinette. Les tenues vestimentaires des quatre enfants sont simples, classiques, correctes. Les habitations sont aussi beaucoup plus modestes qu'en face
M.-C.
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Une terrasse de café, deux femmes, deux générations. Et peut-être aussi deux personnalités très différentes. L'une d’elle est jeune et absorbée par la lecture d'un journal dont elle semble avoir sortie une page afin de se concentrer sur l'article qui l'intéresse, rien ne la distrait de sa lecture. Elle est habillée de façon simple et assez courte, cette photo aurait-elle été prise  après la révolte estudiantine de Mai 1968, qui a vu tant de bouleversements dans bien des domaines. Auquel cas on peut supposer que le journal sur lequel est penchée avec autant d'intérêt cette jeune femme, doit politiquement se situer plutôt à gauche. L'autre femme est nettement plus âgée, tout diffère chez elle, elle semble être tout le contraire de sa voisine en terrasse. Cette dame à l'air guindé est tirée à quatre épingles, elle est sagement coiffée d'un chapeau, elle aussi tient un journal et celui-ci est sans aucun doute bien ancré à droite, le titre en est bien lisible. Elle a pour un instant abandonné sa lecture et fixe la jeune femme avec insistance, et même un petit air de dédain pourrait-on dire. Peut-être aussi avec une sorte de reproche dans le regard sur sa façon de s'habiller, qui ne peut que la choquer à son âge. Elle est très  certainement issue d'un milieu plus aisé, son journal semble l'attester car il n'est pas particulièrement prisé dans le monde modeste des ouvriers. Le photographe aura certainement été frappé lui aussi par le contraste de ces deux femmes que tout semble opposer et qui se côtoient pourtant dans la même occupation, c'est sans doute ce qui nous aura valu ce cliché.
P.

Nous sommes à la brasserie Lipp dans les beaux quartiers de Paris, en 1967. Une dame d'âge mûr, style anglais, classique dûment chapeautée, collet monté, lit le Figaro placé devant un quart d'eau minérale. En réalité elle regarde sa jeune voisine , une adolescente assez dénudée, cheveux dissimulant le visage, en train de se ronger les ongles, devant un journal prétexte pour se donner une contenance : elle songe devant son soda vide. Les conflits de générations sont là ; Mai 68 arrive.
M.-C.


Oh, shocking ! Apparemment cette jupe mini et m’as-tu-vu n’est pas au goût de cette bourgeoise BCBG, bien sous tout rapport. Il ne lui manque que la parole. Le regard est explicite. Mais la demoiselle n’en a cure. Une tenue que BB et les Demoiselles de Rochefort auraient pu porter ! On sent que mai 68 n’est pas très loin et que le Général de Gaulle va bientôt donner sa démission. Il y a un vent de liberté dans l’air.
Cl.

Cette photo où joue toujours le contraste entre le noir et le blanc montre, en premier plan,  une jeune fille triste ou pour le moins pensive assise à la terrasse d’un café. Monge-t-elle un sandwich ou tient-elle un mouchoir dans sa main droite. ? Deux tables plus loin, la dame qui lit tranquillement son journal détourne un regard interrogateur vers elle. Que fait là cette jeune fille seule ? Attend-elle quelqu’un qui n’est pas venu ou a-t-elle appris une mauvaise nouvelle ? Nul ne le sait.
M.-T. 

Je trouve que Cartier-Bresson a su saisir l’instant ou le regard de cette vieille dame, lisant son Figaro à la terrasse d’un café, exprime comme de la nostalgie devant cette jeune femme dont les cheveux sont presque dans les yeux, vêtue d’une mini jupe qui lit elle aussi le journal. Conflit de génération ? Ou regret du temps passé ?
F.
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Prise à l’intérieur d’une usine cette photo aux contrastes beaucoup plus nuancés, montre un ouvrier plongé dans un ensemble de tuyaux. Il répare avec sérieux et application, des circuits d’un gaz ou d’un liquide ou  en contrôle le bon fonctionnement. C’est l’image de l’homme conscient d’un  travail bien fait. Face à la complexité de tous ces réseaux plus ou moins automatisés, elle est l’illustration que la place de l’homme est encore nécessaire.
M.-T. 

Cette photo avait paru dans le journal Libération, concernant la modernité et tous les problèmes qu'elle génère : cette image peut être une métaphore du progrès technologique avec le revers de la médaille : catastrophes des centrales, tâches fastidieuses, répétitives, mal rémunérées, laideur des friches post industrielles, coût, impact sur la santé, l'environnement. L'être humain est dévalorisé : ici on ne voit qu'un postérieur et des jambes : l'homme devient une machine à réparer , un technicien anonyme qui doit assurer le bon fonctionnement d'une usine souvent dangereuse : c'est la rançon du progrès.
M.-C.

Là aussi beaucoup de questions se posent à moi. Qui sont ces jeunes femmes et garçons ? Leur plaisir se lit sur leurs visages mais où sont-ils en ce jour radieux d’été ? Le repas a l’air d’être simple, je ne vois pas de couteau, tous n’ont pas de verre  pour boire mais des tasses et un bol, de gros morceaux de pain sont posés sur la table. S’agit-il d’un camp de vacances pour jeunes adultes ?
F.
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« Bateau-ciseaux… la rivière, la rivière… va à l’eau ! » Scène festive. On se croirait sur une barque ou en train de faire de l’aviron en cadence. Ces jeunes gens torses nus et en maillot de bain ou tenue légère pour les filles seraient d’actualité sous un chaud soleil estival. Ils sont hilares et ont l’air de sacrément s’amuser. Une bonne partie de rigolade vaut un steak, dit-on. Alors, bon appétit !
Cl.

C'est un réfectoire, à la fin d'un modeste repas, dans la cantine d'un milieu très populaire, devant des assiettes quasiment vides. Il reste du pain, des pichets quelques tasses vides, des sportifs ou des ouvriers, tous jeunes et en pleine forme, jouent au train pour se détendre joyeusement. L'image montre que l'on peut être joyeux dans la simplicité.
M.-C.

Là aussi beaucoup de questions se posent à moi. Qui sont ces jeunes femmes et garçons ? Leur plaisir se lit sur leurs visages mais où sont-ils en ce jour radieux d’été ? Le repas a l’air d’être simple, je ne vois pas de couteau, tous n’ont pas de verre  pour boire mais des tasses et un bol, de gros morceaux de pain sont posés sur la table. S’agit-il d’un camp de vacances pour jeunes adultes ?
F.

La dernière photo où le blanc des assiettes et des vêtements éclate au milieu des ombres plus ou moins foncées, pourrait symboliser la détente et la franche rigolade. Tous les participants à ce repas pris en commun se laissent aller à un vrai moment de plaisir.
 M.-T.
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Qui n’a pas tenté d’escalader puis de sauter au-dessus d’un tissu tendu à cette intention. Alors, escalade ? Saut en hauteur et en longueur, cheveux au vent pour la fillette et ce jeune garçon dans sa marinière qui se tient au bastingage… Ne manque que la perche ou le cheval, qui sait ?
Cl.

Deux petits enfants, un garçon et une fille jouent ensemble. Ils se donnent la main et courent par une chaude après-midi d’été comme le montre l’ombre projetée au sol. Traversent-ils une rue  ou sont-ils dans la campagne ? Pas de véhicules pas de murs et pas d’arbres ! Difficile de situer le lieu où la photo est prise. Peut-être sur une plage, avec le sable mouillé et le sable sec en avant de la photo.  La petite fille saute et cet élan soulève ses cheveux. Les enfants sont coquettement habillés et respirent le bonheur. Ils sont l’image même de l’insouciance.
M.-T.

En plein soleil, on ne sait où, deux fillettes heureuses, toniques et respirant la joie de vivre portent une tenue estivale chic et soignée. En se tenant par la main, elles se jettent du haut d'un mur en parpaing pour atterrir sur une plage.
Leur ombre se projette sur la droite se qui donne une idée de l'emplacement du soleil et du photographe. La fillette de gauche, garçon manqué, cheveux au vent, est plus intrépide, l'autre, avec sa coiffure à la garçonne et à la robe à col marin, hésite avant de faire le grand saut. Elles font le mur.
M.-C.

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