J’aurais tellement aimé vous
parler de nouveau de ce jardin que j’appréciais tant mais j’éprouve une si
grande nostalgie quand je l’évoque lui et la maison que je préfère limiter la
douleur. J’aurais voulu vous dire combien il était intime et pourtant si près
du RER, combien d’heures j’ai passé à prendre soin de lui, à arracher les mauvaises
herbes, arroser les tulipes, l’azalée, les glaïeuls, les framboisiers bien sur,
dont j’avais rapporté des pieds de chez mes parents et dont les fruits me
régalaient. J’en mettais même au congélateur pour pouvoir les déguster en
hiver. Mais cela est fini depuis trois ans et pourtant le contact de sa terre
me manque, dans le fond du jardin j’avais fait du compost avec les épluchures
de légumes et les chutes d’herbe après avoir tondu. Je profitais du moment
présent sans penser à l’avenir et maintenant c’est du passé !
Fabienne
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Je vais encore vous parler de
Marrakech, j'y ai découvert tant de choses au cours de mon premier voyage.
C'est là que se trouve le jardin Majorelle, une visite à ne pas manquer quand
on séjourne dans cette ville.
Par une journée ensoleillée et
très chaude, nous avons pris un taxi pour nous y rendre. Je ne sais pas si les
choses ont changé depuis, mais à l'époque les tarifs n'étaient vraiment pas
élevés, il suffisait juste de les discuter, là-bas tout doit se négocier au
préalable, c'est une véritable institution. Il ne faut pas craindre non plus la
conduite des chauffeurs qui ne sont pas regardants, ni avec les autres
véhicules, ni avec les piétons.
Dans un pays si chaud et plutôt
sec, on est surpris dès l'entrée par la luxuriance des lieux. Ce jardin
botanique est un véritable écrin de verdure, où pousse une multitude d'arbres,
de plantes et de fleurs. Il y a là des palmiers, des cocotiers, des bananiers,
des cyprès, des agaves mais aussi des bougainvillées, des jasmins, des rosiers,
des lauriers roses, des daturas, et tant d'autres espèces encore dont j'ai
oublié le nom. Quant aux innombrables cactus qu'on y voit un peu partout, ils
sont d'une taille assez impressionnantes, et en fleurs pour certains.
L’eau est également présente en
ce lieu, c'est ainsi qu'à l'entrée on découvre un bassin où vivent poissons
rouges, grenouilles et tortues ; plus
loin, se trouve un autre bassin avec une fontaine en son centre. Le bassin le
plus important occupe une position plus au moins centrale dans le jardin, dans
sa partie la plus large, l'eau y est couverte de nénuphars en fleurs. De là, le
bassin continue plus étroit, l'eau coule à travers tout l'espace, bien
canalisée cependant, une forêt de bambous pousse sur ses bords.
Pour aller d'un endroit à
l'autre du jardin, on passe parfois sous des pergolas couvertes de plantes et
de végétation nous procurant une agréable fraîcheur, parfois on emprunte des
allées ornées de jarres bleues ou jaunes. On traverse une véritable forêt de
cactus, de variétés et de formes différentes, certains plutôt ronds ou plats
s'étalent sur une large surface au sol, d'autres s'élèvent à une hauteur
vertigineuse.
On est ici loin du bruit et de
l'agitation de la ville, de nombreux oiseaux trouvent tout naturellement leur
bonheur dans ce havre de paix. En plus des moineaux et des merles que nous
connaissons bien, on y rencontre des tourterelles, des bergeronnettes, des gobemouches, et bien d'autres encore.
Au milieu de ce petit paradis
se dresse une villa, d'un style à la fois mauresque et moderne, qui attire le
regard et le retient. La bâtisse est peinte en bleu, d'un bleu outremer mais
intense, clair, très vif et lumineux, on est subjugué. Ce bleu a été voulu
ainsi et il est bien particulier, c'est évidemment le bleu Majorelle.
Quelques années plus tard je
suis retournée à Marrakech, et c'est avec le même plaisir que j'ai revu ce
jardin où j'ai toutefois noté un changement. Yves-Saint-Laurent, propriétaire
des lieux avec son compagnon, est décédé l'année précédente. Un mémorial a été érigé à son souvenir dans un
coin du jardin, une simple colonne romaine ; ses cendres elles, ont été
dispersées dans la roseraie. Il nous est simplement demandé de respecter le
silence en passant.
Aujourd'hui encore je serais
heureuse de revoir ce jardin, je ne m'en lasserai jamais je crois.
Paulette
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Une cour intérieure
rectangulaire d’immeuble, fermée sur un côté par un mur d’enceinte surmonté
d’un grillage : cela pourrait être triste. Mais de l’absence de bâtiment accolé se dégage au
contraire une impression de profondeur et d’espace ouvert. Elle me permet de
contempler la beauté du ciel qu’il soit brumeux ou ensoleillé. Tout le long, le
paysagiste a fait courir une petite bande de gazon légèrement pentue. Cinq arbres
à la frondaison abondante la plupart de
l’année, viennent l’agrémenter.
Le matin, dès que je me lève, j’ouvre les volets de la salle à
manger sur ce rideau de verdure. Deux de ces arbres ont plutôt été plantés vers
les extrémités de la cour et bien qu’ils aient leur charme propre, je ne les
vois que si je suis debout à ma fenêtre. Par contre, assise à ma table, juste
devant moi, les autres sont regroupés formant un énorme bouquet aux tons vert d’eau, émeraude et sinople. Le cerisier du
japon, pas très haut s’étale avec volupté, devant un autre un peu plus élevé dont
les feuilles ressemblent à des petits plumets inversés tels des minuscules
parasols. Et sur sa gauche, un troisième s’épanouit comme à l’abri de ses
dernières branches.
Leurs tons se nuancent
en fonction des heures. Le soleil joue dans leur feuillage créant des contrastes
entre leurs faites éclairés et leur
partie inférieure couverte d’un voile un peu plus sombre qui va se
déchirant peu à peu à mesure que la
lumière s’intensifie. Ils se détachent alors sur un ciel changeant, d’un gris
pommelé ou d’azur. A la tombée de la nuit, ils s’enveloppent de nouveau, se teintant d’un vert légèrement bleuté. Les
jours de pluie, comme moi, ils font grise mine et attendent avec impatience de
meilleurs moments.
Ils ne sont jamais tout
à fait les mêmes et j’aime admirer les mutations dont ils se parent selon les saisons.
J’observe à l’extrémité des branches dénudées, l’apparition de minuscules
points bruns et leur transformation en
bourgeons avant que n’éclosent les fleurs. Et lorsque l’arbre n’est plus
qu’un immense bouquet d’un rose pâle ou soutenu, surgit le vert tendre des
feuilles qui peu à peu, vont les
remplacer. A l’automne, les rouges carmin se mêleront au jaune puis au roux
avant de disparaitre à leur tour.
Ce petit coin de verdure est pour moi comme un
tableau qui se renouvelle chaque jour et qui, de plus, me donne l’impression de ne pas être en ville
mais au calme dans la nature.
Marie-Thérèse
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Denise est attachée au jardin communautaire malgré
moult péripéties : en effet cet espace vert arboré, d'une superficie d'environ
deux ares, a traversé maintes vicissitudes, défiguré par les ronces, les orties
et les dépôts d'ordures. Ni Denise ni sa fille n'y avaient accès, sauf pour un
sommaire entretien : tonte et ramassage des feuilles. En le faisant passer pour
privatif, les occupants du rez-de- chaussée augmentaient la valeur locative de
leur bien. La petite Maya n'avait pas le droit d'y jouer, les enfants n'étant
pas les bienvenus.
Malgré tout, Denise s'est attachée à ce coin de
verdure, elle a entièrement réhabilité le tapis végétal dégradé, planté des
crocus, qui à la fin de l'hiver revêtent cet espace d'un manteau bleu, tombé du
ciel.
Denise a gâché du ciment pour boucher les trous du mur
du jardin squattés par des nids de guêpes et révisé les deux rangées de cent
dix tuiles centenaires : leur délabrement et leur défaut d'étanchéité laissait
les eaux pluviales infiltrer le mur.
Denise dans les années quatre-vingt-dix par un jour de
Janvier monta sur le platane centenaire afin de l'élaguer avec une égoïne
durant toute une journée, puis débita les branches jonchant le sol, avant de
s'en débarrasser. Cette rude tâche fut perturbée par la violente irruption du
voisin du second qui essayait de saisir ses pieds pour lui taper la tête contre
le tronc.alléguant que si elle faisait périr l'arbre elle devrait le remplacer
à l'identique ; à cet instant toutes les persiennes de l'immeuble se fermèrent
simultanément au cas où il adviendrait un accident.
Denise a planté des forsythias le long de la haie en
amont de la marquise du RER ; des rosiers ont disparu, l'oranger du Mexique a
dû retourner dans son pays par une nuit d'été, les dahlias nains qui ne donnaient
pas signe de vie le long du mur ont fleuri quelques temps plus tard dans les
balconnières du second.
Les lilas demandent des soins, il ne faut pas oublier
de couper les sommités défleuries avec le sécateur tant pour l'esthétique que
pour assurer la prochaine floraison de plus les vieux arbres morts une fois débités
laissent place aux repousses qu'il faut entrelacer pour reconstituer un arbre,
adossé à un tuteur.
Denise guette la fin de l'hiver avec l'apparition des
perce-neige des pervenches des violettes du jasmin étoilé qui feront patienter
jusqu'à l'arrivée des iris et du muguet.
Les saisons sont rythmées par les tontes du gazon,
puis , à l'automne le ratissage d'une quinzaine de grands sacs de feuilles
mortes.
Denise pour la plus grande joie de son petit voisin
sème avec lui des tubercules de pommes de terre et de topinambours qui seront
récoltés en automne tandis que sa maman plante des kiwis, des mûriers et des
framboisiers. Le garçonnet apprécie fort d'arroser, de faire un bonhomme de
neige au fond du jardin, affublé d'une carotte en guise de nez. Il apprécie
aussi d'y installer sa tente et de jouer au foot : je lui renvoie parfois le
ballon.
Denise a mis à disposition du mobilier de jardin où
tous peuvent se détendre se restaurer.
Elle a beaucoup de plaisir à regarder depuis sa
fenêtre toute cette verdure apaisante. Elle aime manier sécateur, bêche, râteau
: les outils simplifient son travail : dans ses jeunes années, les champs de
blé étaient souvent désherbés à la main. Au fil des saisons, elle voit et
entend quelques oiseaux : des pies, quelques moineaux en voie de raréfaction, à
la recherche d'insectes et de lombrics.
Plaisir de voir le produit de son travail, d'en faire
profiter autrui, de créer un peu de beauté et de bien-être, même éphémère, au
fil des saisons.
Marie-Christine
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"Mon nez dans ma jungle" me rappelle au
combien j'aimais me promener au parc Picasso. Merveilleux don pour la ville de
Gentilly et petit écrin de verdure cher à mon cœur a permis il y a déjà presque
trente années de cela a permis d'accueillir les premiers pas de mes petits et
de bien d'autres enfants devenus grands. Autant j'ai pu le fuir une fois
ceux-ci ayant rompu les amarres pour vivre leur propre vie dans un autre
continent. Mais surtout il y a plusieurs années de cela alors que l'humeur
était rustique et que le responsable en chef des espaces verts ainsi que l'un
de ses gardiens étaient très proches du monde rural avaient introduit une mini
ferme en plein centre-ville. Cela ne pouvait que ravir la population citadine
et le monde de la petite enfance. Nos amis les bêtes représentés par un monde à
plumes dont mon copain le jars flanqué de son oie cendrée ne se quittaient pas
d'une aile. Ils ont découvert les moindres recoins de cet espace vert lors de
leurs vertes années. Puis un jour ils sont partis en un aller sans retour vers
une ferme picarde ou normande. Il était épique. Il fonçait du fond du parc vers
l'entrée toutes ailes ouvertes à bâbord comme à tribord vers sa pitance
préférée : du pain sec au fond des poches ou d'un sac en plastique. Une
vraie personnalité. Il trompétait fort tout bec ouvert et le cou en avant : ses
deux pattes palmées touchant à peine le sol en de grandes enjambées. Il avalait
littéralement les mètres le séparant des ourlets, boutons, fermetures
éclairs, sacs en bandoulière qu'il piquetait allègrement de son bec quémandeur.
Jamais rassasié le gosier dans les talons et offert à l'assemblée : il se
rengorgeait. Un joyeux fanfaron. Nullement statique comme le paon de Bagatelle.
Il avait sa cour d'admirateurs. Je l'adorais surtout quand il surgissait
de derrière un massif d'hortensia et en une charge soudaine traversait les
espaces herbus en direction des jeunes gens et enfants l'ayant certainement
provoqué. Hilarante cette course à l'échalote. Il ne faut surtout jamais
sous évaluer une charge d'oie blanche gorgée d'adrénaline. Son pincement fait
néanmoins beaucoup moins mal que celui des canes et canards de Barbarie qui
portent bien leur nom. Des volatiles qui vous labourent le terrain mieux
qu'une charrue avec comme engrais : leurs déjections. Suite à cela : une cabane
leurs à été réservées. Je préfère mes copines les poupoules dans leur
poulailler. Et entre autre il y avait la rousse. Une belle cocotte au
caquètement bien nuancé allant du gloussement à des interpellations brèves
jusqu'aux lamentations les plus expressives quand à ce jour maudit... Elle
s'est retrouvée loin de sa couvée enfermée dans une boîte avec ses congénères
dans un voyage à moyen cours vers une cour de ferme. Les enfants présents
accompagnés de leurs parents en avaient le cœur noué quand des bras
musclés les ont entassés dans des caisses de transport. Seuls leurs œufs ont
été distribué directement des nids dans les mains des badauds et des familles
présentes : de la main à la main. M. Le coq français en bon mâle responsable et
père averti ayant fait son devoir de bon géniteur sans qu'on ait à lui rappeler
: n'a pas fait de siennes en poussant son énième cocorico. Décidemment un coq
en ville ou à la campagne n'est pas vraiment plébiscité. Il a exacerbé les
nerfs des quelques riverains et compères. Mais a cependant gardé sa place
face au coq chinois.
Et quand tout ce petit monde à plumes caquetant et
piaillant est parti : un silence de mort s'est abattu sur ce bel espace.
Plus tard le
cheptel a été renouvelé.
Les lapins : les pampans ont continué de prospérer et
de procréer grâce aux bouquets de persil, de fanes de carottes et de
feuilles de laitue offerts gracieusement par la population proche de 50
millions d'animaux amoureuse de la faune et de la flore. Mais on n'avait plus
le droit à des cot cot codet qui amusaient toute la
galerie.
Je passais beaucoup du temps devant les grilles de
cette ancienne priorité privée et je laissais aller mon regard derrière les
grilles et les vrilles des fleurs de la passion qui déchaine la passion.
J'aime les arbres centenaires entre chênes, marronniers, frênes,
boulots, érables et autres essences...Certains ont mis les genoux et le tronc à
terre lors de cette terrible tempête de fin de siècle alors que les roseaux ont
juste fléchi. J'aimais les fleurs de lotus dans l'onde verte du bassin aux
colverts. C'était leur territoire de prédilection et une zone de guerre
acharnée pour imposer leur droit à la reproduction. La loi des plus forts. Les
femelles n'avaient plus la liberté de se promener tranquillement sans
être harcelés par des mâles submergés par leurs hormones. J'aimais la
période des naissances qui comportaient néanmoins certains risques lors de la
venue un jour d'un petit carnassier goulu (marte, loir ou
furet?) traînant ses guêtres autour de l'abreuvoir. La
cantine était bonne sans aucun doute. Mais il ne fallait pas
néanmoins douter des instincts maternels de la cane protégeant bec et pattes
palmées sa couvée nouvellement née. J'aimais voir tout ce petit monde
s'étoffer, se remplumer prendre de la graine puis devenir adulte et se vacciner
au fil des quatre saison. Ils prenaient leur envol vers d'autres parcs en
faisant leur vie les premiers frimas frappant au portail de notre beau
parc. Et je me dis que sans animaux : de beaux lieux
d'échanges fraternels ne seraient plus optimaux pour nous bipèdes et autres
gallinacés sans nos bêtes à plumes et à poils ravissant nos pupilles, nos
sens et nos vies.
Claudine
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