lundi 3 juin 2019

UN COIN DE VERDURE

J’aurais tellement aimé vous parler de nouveau de ce jardin que j’appréciais tant mais j’éprouve une si grande nostalgie quand je l’évoque lui et la maison que je préfère limiter la douleur. J’aurais voulu vous dire combien il était intime et pourtant si près du RER, combien d’heures j’ai passé à prendre soin de lui, à arracher les mauvaises herbes, arroser les tulipes, l’azalée, les glaïeuls, les framboisiers bien sur, dont j’avais rapporté des pieds de chez mes parents et dont les fruits me régalaient. J’en mettais même au congélateur pour pouvoir les déguster en hiver. Mais cela est fini depuis trois ans et pourtant le contact de sa terre me manque, dans le fond du jardin j’avais fait du compost avec les épluchures de légumes et les chutes d’herbe après avoir tondu. Je profitais du moment présent sans penser à l’avenir et maintenant c’est du passé !

Fabienne
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Je vais encore vous parler de Marrakech, j'y ai découvert tant de choses au cours de mon premier voyage. C'est là que se trouve le jardin Majorelle, une visite à ne pas manquer quand on séjourne dans cette ville.
Par une journée ensoleillée et très chaude, nous avons pris un taxi pour nous y rendre. Je ne sais pas si les choses ont changé depuis, mais à l'époque les tarifs n'étaient vraiment pas élevés, il suffisait juste de les discuter, là-bas tout doit se négocier au préalable, c'est une véritable institution. Il ne faut pas craindre non plus la conduite des chauffeurs qui ne sont pas regardants, ni avec les autres véhicules, ni avec les piétons.
Dans un pays si chaud et plutôt sec, on est surpris dès l'entrée par la luxuriance des lieux. Ce jardin botanique est un véritable écrin de verdure, où pousse une multitude d'arbres, de plantes et de fleurs. Il y a là des palmiers, des cocotiers, des bananiers, des cyprès, des agaves mais aussi des bougainvillées, des jasmins, des rosiers, des lauriers roses, des daturas, et tant d'autres espèces encore dont j'ai oublié le nom. Quant aux innombrables cactus qu'on y voit un peu partout, ils sont d'une taille assez impressionnantes, et en fleurs pour certains.
L’eau est également présente en ce lieu, c'est ainsi qu'à l'entrée on découvre un bassin où vivent poissons rouges, grenouilles et tortues ;  plus loin, se trouve un autre bassin avec une fontaine en son centre. Le bassin le plus important occupe une position plus au moins centrale dans le jardin, dans sa partie la plus large, l'eau y est couverte de nénuphars en fleurs. De là, le bassin continue plus étroit, l'eau coule à travers tout l'espace, bien canalisée cependant, une forêt de bambous pousse sur ses bords.
Pour aller d'un endroit à l'autre du jardin, on passe parfois sous des pergolas couvertes de plantes et de végétation nous procurant une agréable fraîcheur, parfois on emprunte des allées ornées de jarres bleues ou jaunes. On traverse une véritable forêt de cactus, de variétés et de formes différentes, certains plutôt ronds ou plats s'étalent sur une large surface au sol, d'autres s'élèvent à une hauteur vertigineuse.
On est ici loin du bruit et de l'agitation de la ville, de nombreux oiseaux trouvent tout naturellement leur bonheur dans ce havre de paix. En plus des moineaux et des merles que nous connaissons bien, on y rencontre des tourterelles, des bergeronnettes,  des gobemouches, et bien d'autres encore.
Au milieu de ce petit paradis se dresse une villa, d'un style à la fois mauresque et moderne, qui attire le regard et le retient. La bâtisse est peinte en bleu, d'un bleu outremer mais intense, clair, très vif et lumineux, on est subjugué. Ce bleu a été voulu ainsi et il est bien particulier, c'est évidemment le bleu Majorelle.
Quelques années plus tard je suis retournée à Marrakech, et c'est avec le même plaisir que j'ai revu ce jardin où j'ai toutefois noté un changement. Yves-Saint-Laurent, propriétaire des lieux avec son compagnon, est décédé l'année précédente. Un  mémorial a été érigé à son souvenir dans un coin du jardin, une simple colonne romaine ; ses cendres elles, ont été dispersées dans la roseraie. Il nous est simplement demandé de respecter le silence en passant.
Aujourd'hui encore je serais heureuse de revoir ce jardin, je ne m'en lasserai jamais je crois.


Paulette
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Une cour intérieure rectangulaire d’immeuble, fermée sur un côté par un mur d’enceinte surmonté d’un grillage : cela pourrait être triste. Mais de  l’absence de bâtiment accolé se dégage au contraire une impression de profondeur et d’espace ouvert. Elle me permet de contempler la beauté du ciel qu’il soit brumeux ou ensoleillé. Tout le long, le paysagiste a fait courir une petite  bande de gazon légèrement pentue. Cinq arbres à la frondaison abondante  la plupart de l’année, viennent l’agrémenter.
Le matin, dès que  je me lève, j’ouvre les volets de la salle à manger sur ce rideau de verdure. Deux de ces arbres ont plutôt été plantés vers les extrémités de la cour et bien qu’ils aient leur charme propre, je ne les vois que si je suis debout à ma fenêtre. Par contre, assise à ma table, juste devant moi, les autres sont regroupés formant un énorme bouquet aux tons vert  d’eau, émeraude et sinople. Le cerisier du japon, pas très haut s’étale avec volupté, devant un autre un peu plus élevé dont les feuilles ressemblent à des petits plumets inversés tels des minuscules parasols. Et sur sa gauche, un troisième s’épanouit comme à l’abri de ses dernières branches.
Leurs tons se nuancent en fonction des heures. Le soleil joue dans leur feuillage créant des contrastes entre leurs faites éclairés et leur  partie inférieure couverte d’un voile un peu plus sombre qui va se déchirant peu à peu  à mesure que la lumière s’intensifie. Ils se détachent alors sur un ciel changeant, d’un gris pommelé ou d’azur. A la tombée de la nuit, ils s’enveloppent de nouveau, se  teintant d’un vert légèrement bleuté. Les jours de pluie, comme moi, ils font grise mine et attendent avec impatience de meilleurs moments.
Ils ne sont jamais tout à fait les mêmes et j’aime admirer les mutations dont ils se parent selon les saisons. J’observe à l’extrémité des branches dénudées, l’apparition de minuscules points bruns et leur transformation en  bourgeons avant que n’éclosent les fleurs. Et lorsque l’arbre n’est plus qu’un immense bouquet d’un rose pâle ou soutenu, surgit le vert tendre des feuilles qui peu à peu,  vont les remplacer. A l’automne, les rouges carmin se mêleront au jaune puis au roux avant de disparaitre à leur tour.
Ce petit coin de verdure est pour moi comme un tableau qui se renouvelle chaque jour et qui, de plus,  me donne l’impression de ne pas être en ville mais au calme dans la  nature. 

Marie-Thérèse
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Denise est attachée au jardin communautaire malgré moult péripéties : en effet cet espace vert arboré, d'une superficie d'environ deux ares, a traversé maintes vicissitudes, défiguré par les ronces, les orties et les dépôts d'ordures. Ni Denise ni sa fille n'y avaient accès, sauf pour un sommaire entretien : tonte et ramassage des feuilles. En le faisant passer pour privatif, les occupants du rez-de- chaussée augmentaient la valeur locative de leur bien. La petite Maya n'avait pas le droit d'y jouer, les enfants n'étant pas les bienvenus.
Malgré tout, Denise s'est attachée à ce coin de verdure, elle a entièrement réhabilité le tapis végétal dégradé, planté des crocus, qui à la fin de l'hiver revêtent cet espace d'un manteau bleu, tombé du ciel.
Denise a gâché du ciment pour boucher les trous du mur du jardin squattés par des nids de guêpes et révisé les deux rangées de cent dix tuiles centenaires : leur délabrement et leur défaut d'étanchéité laissait les eaux pluviales infiltrer le mur.
Denise dans les années quatre-vingt-dix par un jour de Janvier monta sur le platane centenaire afin de l'élaguer avec une égoïne durant toute une journée, puis débita les branches jonchant le sol, avant de s'en débarrasser. Cette rude tâche fut perturbée par la violente irruption du voisin du second qui essayait de saisir ses pieds pour lui taper la tête contre le tronc.alléguant que si elle faisait périr l'arbre elle devrait le remplacer à l'identique ; à cet instant toutes les persiennes de l'immeuble se fermèrent simultanément au cas où il adviendrait un accident.
Denise a planté des forsythias le long de la haie en amont de la marquise du RER ; des rosiers ont disparu, l'oranger du Mexique a dû retourner dans son pays par une nuit d'été, les dahlias nains qui ne donnaient pas signe de vie le long du mur ont fleuri quelques temps plus tard dans les balconnières du second.
Les lilas demandent des soins, il ne faut pas oublier de couper les sommités défleuries avec le sécateur tant pour l'esthétique que pour assurer la prochaine floraison de plus les vieux arbres morts une fois débités laissent place aux repousses qu'il faut entrelacer pour reconstituer un arbre, adossé à un tuteur.
Denise guette la fin de l'hiver avec l'apparition des perce-neige des pervenches des violettes du jasmin étoilé qui feront patienter jusqu'à l'arrivée des iris et du muguet.
Les saisons sont rythmées par les tontes du gazon, puis , à l'automne le ratissage d'une quinzaine de grands sacs de feuilles mortes.
Denise pour la plus grande joie de son petit voisin sème avec lui des tubercules de pommes de terre et de topinambours qui seront récoltés en automne tandis que sa maman plante des kiwis, des mûriers et des framboisiers. Le garçonnet apprécie fort d'arroser, de faire un bonhomme de neige au fond du jardin, affublé d'une carotte en guise de nez. Il apprécie aussi d'y installer sa tente et de jouer au foot : je lui renvoie parfois le ballon.
Denise a mis à disposition du mobilier de jardin où tous peuvent se détendre se restaurer.
Elle a beaucoup de plaisir à regarder depuis sa fenêtre toute cette verdure apaisante. Elle aime manier sécateur, bêche, râteau : les outils simplifient son travail : dans ses jeunes années, les champs de blé étaient souvent désherbés à la main. Au fil des saisons, elle voit et entend quelques oiseaux : des pies, quelques moineaux en voie de raréfaction, à la recherche d'insectes et de lombrics.
Plaisir de voir le produit de son travail, d'en faire profiter autrui, de créer un peu de beauté et de bien-être, même éphémère, au fil des saisons.

Marie-Christine
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"Mon nez dans ma jungle" me rappelle au combien j'aimais me promener au parc Picasso. Merveilleux don pour la ville de Gentilly et petit écrin de verdure cher à mon cœur a permis il y a déjà presque trente années de cela a permis d'accueillir les premiers pas de mes petits et de bien d'autres enfants devenus grands. Autant j'ai pu le fuir une fois ceux-ci ayant rompu les amarres  pour vivre leur propre vie dans un autre continent. Mais surtout il y a plusieurs années de cela alors que l'humeur était rustique et que le responsable en chef des espaces verts ainsi que l'un de ses gardiens étaient très proches du monde rural avaient introduit une mini ferme en plein centre-ville. Cela ne pouvait que ravir la population citadine et le monde de la petite enfance. Nos amis les bêtes représentés par un monde à plumes dont mon copain le jars flanqué de son oie cendrée ne se quittaient pas d'une aile. Ils ont découvert les moindres recoins de cet espace vert lors de leurs vertes années. Puis un jour ils sont partis en un aller sans retour vers une ferme picarde ou normande. Il était épique. Il fonçait du fond du parc vers l'entrée toutes ailes ouvertes à bâbord comme à tribord vers sa pitance préférée : du pain sec au fond des poches ou d'un sac en plastique. Une vraie personnalité. Il trompétait fort tout bec ouvert et le cou en avant : ses deux pattes palmées touchant à peine le sol en de grandes enjambées. Il avalait littéralement les mètres le séparant des ourlets, boutons, fermetures éclairs, sacs en bandoulière qu'il piquetait allègrement de son bec quémandeur. Jamais rassasié le gosier dans les talons et offert à l'assemblée : il se rengorgeait. Un joyeux fanfaron. Nullement statique comme le paon de Bagatelle. Il avait sa cour d'admirateurs. Je l'adorais surtout quand il surgissait de derrière un massif d'hortensia et en une charge soudaine traversait les espaces herbus en direction des jeunes gens et enfants l'ayant certainement provoqué. Hilarante cette course à l'échalote. Il ne faut surtout jamais sous évaluer une charge d'oie blanche gorgée d'adrénaline. Son pincement fait néanmoins beaucoup moins mal que celui des canes et canards de Barbarie qui portent bien leur nom. Des volatiles qui vous labourent le terrain mieux qu'une charrue avec comme engrais : leurs déjections. Suite à cela : une cabane leurs à été réservées. Je préfère mes copines les poupoules dans leur poulailler. Et entre autre il y avait la rousse. Une belle cocotte au caquètement bien nuancé allant du gloussement à des interpellations brèves jusqu'aux lamentations les plus expressives quand à ce jour maudit... Elle s'est retrouvée loin de sa couvée enfermée dans une boîte avec ses congénères dans un voyage à moyen cours vers une cour de ferme. Les enfants présents accompagnés de leurs parents en avaient le cœur noué quand des bras musclés les ont entassés dans des caisses de transport. Seuls leurs œufs ont été distribué directement des nids dans les mains des badauds et des familles présentes : de la main à la main. M. Le coq français en bon mâle responsable et père averti ayant fait son devoir de bon géniteur sans qu'on ait à lui rappeler : n'a pas fait de siennes en poussant son énième cocorico. Décidemment un coq en ville ou à la campagne n'est pas vraiment plébiscité. Il a exacerbé les nerfs des quelques riverains et compères. Mais a cependant gardé sa place face au coq chinois. 
Et quand tout ce petit monde à plumes caquetant et piaillant est parti : un silence de mort s'est abattu sur ce bel espace.
Plus tard le cheptel a été renouvelé. 
Les lapins : les pampans ont continué de prospérer et de procréer grâce aux bouquets de persil, de fanes de carottes et de feuilles de laitue offerts gracieusement par la population proche de 50 millions d'animaux amoureuse de la faune et de la flore. Mais on n'avait plus le droit à des cot cot codet qui amusaient toute la galerie. 
Je passais beaucoup du temps devant les grilles de cette ancienne priorité privée et je laissais aller mon regard derrière les grilles et les vrilles des fleurs de la passion qui déchaine la passion. J'aime les arbres centenaires entre chênes, marronniers, frênes, boulots, érables et autres essences...Certains ont mis les genoux et le tronc à terre lors de cette terrible tempête de fin de siècle alors que les roseaux ont juste fléchi. J'aimais les fleurs de lotus dans l'onde verte du bassin aux colverts. C'était leur territoire de prédilection et une zone de guerre acharnée pour imposer leur droit à la reproduction. La loi des plus forts. Les femelles n'avaient plus la liberté de se promener tranquillement sans être harcelés par des mâles submergés par leurs hormones. J'aimais la période des naissances qui comportaient néanmoins certains risques lors de la venue un jour d'un petit carnassier goulu (marte, loir ou furet?) traînant ses guêtres autour de l'abreuvoir. La cantine était bonne sans aucun doute. Mais il ne fallait pas néanmoins douter des instincts maternels de la cane protégeant bec et pattes palmées sa couvée nouvellement née. J'aimais voir tout ce petit monde s'étoffer, se remplumer prendre de la graine puis devenir adulte et se vacciner au fil des quatre saison. Ils prenaient leur envol vers d'autres parcs en faisant leur vie les premiers frimas frappant au portail de notre beau parc.  Et je me dis que sans animaux : de beaux lieux d'échanges fraternels ne seraient plus optimaux pour nous bipèdes et autres gallinacés sans nos bêtes à plumes et à poils ravissant nos pupilles, nos sens et nos vies. 

Claudine

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