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Un coffre en bois massif - Se dépouiller de tous ses
biens - Le Président d’une association caritative - Au sommet d’une montagne
enneigée
En ce jour d’hiver illuminé d’un rayon de soleil, Aimé Donadieu, le Président d’une association
caritative, bien connue «un bol à chacun», part randonner en hors-piste avec
son ami, Désiré Painblanc. Ils vont grimper jusqu’au sommet d’une montagne
enneigée qu’ils connaissent bien, celui de « la dent de Crolles».
Tout en marchant joyeusement sur le sol crissant sous leurs après-ski, ils
discutent de leurs réalisations futures pour aider les sans-abris du quartier
défavorisé du « marais hanté ». Ils évoquent également les bénévoles
qui concoctent la soupe chaude ou récoltent au supermarché, les vivres de
première nécessité.
Après plusieurs heures de montée, ils traversent une
nappe de brouillard et accèdent à l’endroit appelé «au regard du diable ».
Ils s’arrêtent un long moment pour admirer le paysage qui se dévoile à leur
vue. Le ciel jusqu’alors clément, se couvre, perdant son gris souris pour prendre
une couleur d’acier puis celle de la suie. Sans plus attendre, ils décident de
renoncer à leur projet et de redescendre au plus vite. La neige qui a commencé à tomber en de légers
flocons de cristaux, se densifie. Dès
qu’ils le peuvent, ils décrochent leurs skis qu’ils portaient sur leur dos et glissent
sur la pente devenue maintenant d’un blanc immaculé.
A mi-chemin,
ils entendent un grondement sourd. Là-haut, tout là-haut, une avalanche s’est
déclenchée. Bientôt, elle déboule et s’élargit, heureusement, sans les
atteindre. Ils l’ont échappé belle ! Préoccupés, ils ne pensent plus qu’à
arriver le plus vite possible et prêtent moins d’attention au sol, maintenant
recouvert d’un épais manteau. Mais ils
ne sont plus qu’à quelques mètres de la première piste et aperçoivent déjà
quelques arbres.
Brutalement, Aimé heurte une grosse racine cachée sous la neige
et s’étale de tout son long. A leur grand ébahissement, apparait, déterré par sa
chute, un coin de coffre en bois massif.
Que fait-il là en pleine nature ? Intrigués, tous deux se demandent ce qu’il peut bien contenir. Aimé le soulève
et s’étonne de son poids compte tenu de son faible volume. Il le tourne et le retourne sans pouvoir
l’ouvrir. Il se résout alors à l’emporter et le charge dans son sac à dos.
De retour au chalet, il l’examine avec circonspection.
C’est seulement en glissant une lame sous le couvercle qu’il parvient à faire
céder le petit ressort. Il découvre
alors quelques cailloux :
feldspath, quartz, ferrite et même une petite améthyste logée dans une
enveloppe toute défraichie et jaunie accompagnée d’un papier plié en quatre. Il
s’en saisit. Quelques lettres sont encore lisibles ainsi qu’un numéro presque
effacé à l’en-tête de Maitre Devin
Adolphe, notaire. Le prénom l’interpelle car celui qu’il connait bien, se
prénomme Gérard. Dès le lendemain, il se rend à l’étude pour s’informer
et lui montrer la lettre. Son ami se moque de lui. Que m’apportes-tu là ?
Une lettre de mon grand-père ! Et Aimé de lui raconter sa trouvaille.
Gérard lui promet de plonger dans ses archives. Grâce au numéro, il lui apprend
que Madame Camille Donadieu, célibataire, s’était dépouillé de tous ses biens en sa faveur. Une de
mes arrière grand ’tantes s’exclame
Aimé, Pourtant le dossier avait été clos très rapidement, une avalanche avait
emporté sa maison peu de temps après son décès. Gérard lui dit en riant : « Tu
n’as pas tout perdu ! En guise d’héritage, il te reste le coffre et ses
cailloux! »
Marie-Thérèse
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Une médaille miraculeuse
- se promener sans but- un nourrisson couvert d’eczéma - au cœur d’une
clairière.
Clémence se promenait sans but dans la campagne
bretonne, il faisait doux presque chaud en ce début d’automne et dans le landau
qu’elle poussait on pouvait voir, bras et jambes nus, un nourrisson couvert d’eczéma. Le pauvre enfançon poussait de
petits cris plaintifs tant les démangeaisons le faisaient souffrir. Jusqu’à ce
jour ni le médecin, ni le pharmacien, ni le rebouteux, ni le curé, pas plus que
la demi-sorcière du village qui avait invoqué les korrigans n’avaient réussi à
améliorer son état malgré les pommades et
onguents qu’on lui avait étalé sur le corps, les tisanes d’herbes variées aux noms poétiques qu’on
lui avait fait absorber au biberon, pas plus que les prières et psalmodies de
toutes sortes qu’on lui avait susurré à l’oreille, rien n’avait eu le moindre
effet sur le petit malheureux.
Faut dire qu’il était plutôt laid à regarder avec ses lésions de grattage qui formaient des croutes peu appétissantes ou de longues trainées rougeâtres sur ses membres. De plus comme il pleurait il avait les yeux gonflés, on aurait dit un batracien, son nez laissait s’écouler la morve comme s’il était en plus atteint d’une fièvre catarrhale. Bref les bonnes fées ne s’étaient pas penchées sur son berceau. Pourtant Clémence était joliette, mais elle avait cédé aux avances de ce soldat qui portait beau sans rien connaître de ses antécédents personnels ! Tout en laissant divaguer son esprit elle avait traversé une forêt qu’elle ne connaissait pas, peut-être celle de Brocéliande et la voici maintenant arrivée au cœur d’une clairière. Jusque là le soleil avait réussi plus ou moins à traverser les frondaisons luxuriantes mais là il inondait la clairière au centre de laquelle elle vit, assis sur un petit rocher, un gnome. Oui, oui un gnome pas un lutin ! Il était bien évidemment petit, très laid lui aussi, chauve avec une grosse moustache et une longue barbe touffue qui trainait par terre. Un long et énorme nez, de grandes oreilles en pointes et de gros orteils qui dépassaient de ses sandales de cuir. Clémence s’arrêta net, étonnée et un peu inquiète. C’était quand même la première fois qu’elle rencontrait un gnome voyez-vous. Le gnome la regardait de ses yeux fendus en souriant. « Bonjour ma belle » l’interpella-t-il. Clémence méfiante le salua avec beaucoup de distance et qu’elle ne fût pas sa surprise quand le gnome, après s’être approché du landau, fit un pas de recul après avoir vu le nourrisson qui geignait toujours. « Ah oui !» dit-il « quand même !». Clémence habituée à son enfant n’avait pas l’air de comprendre à quoi il faisait allusion. « Bon, j’ai un marché à te proposer » enchaîna-t-il « j’ai avec moi une médaille miraculeuse que je suis prêt à te donner mais… » « Mais quoi ? » répondit la belle enfant. « Ben, comment dire, enfin, voilà…. il faudrait que tu sois très gentille avec moi » « Vieux saligaud je vois bien ou tu veux en venir » « c’est toi qui vois, réfléchis bien, qu’à tu vraiment à perdre ? ». La petite se gratta le menton, pesa le pour et le contre et finalement accepta le marché du gnome. Elle exigea seulement qu’il lui donna la médaille avant de faire son affaire. Elle regarda le soleil lumineux et le ciel bleu sur lequel passaient quelques petits nuages blancs pendant qu’il la troussait. Et voilà fin de l’histoire, personne n’a jamais su si la médaille était vraiment miraculeuse et personne non plus ne revit jamais le gnome. Il n’y a vraiment pas de morale sur terre !
Faut dire qu’il était plutôt laid à regarder avec ses lésions de grattage qui formaient des croutes peu appétissantes ou de longues trainées rougeâtres sur ses membres. De plus comme il pleurait il avait les yeux gonflés, on aurait dit un batracien, son nez laissait s’écouler la morve comme s’il était en plus atteint d’une fièvre catarrhale. Bref les bonnes fées ne s’étaient pas penchées sur son berceau. Pourtant Clémence était joliette, mais elle avait cédé aux avances de ce soldat qui portait beau sans rien connaître de ses antécédents personnels ! Tout en laissant divaguer son esprit elle avait traversé une forêt qu’elle ne connaissait pas, peut-être celle de Brocéliande et la voici maintenant arrivée au cœur d’une clairière. Jusque là le soleil avait réussi plus ou moins à traverser les frondaisons luxuriantes mais là il inondait la clairière au centre de laquelle elle vit, assis sur un petit rocher, un gnome. Oui, oui un gnome pas un lutin ! Il était bien évidemment petit, très laid lui aussi, chauve avec une grosse moustache et une longue barbe touffue qui trainait par terre. Un long et énorme nez, de grandes oreilles en pointes et de gros orteils qui dépassaient de ses sandales de cuir. Clémence s’arrêta net, étonnée et un peu inquiète. C’était quand même la première fois qu’elle rencontrait un gnome voyez-vous. Le gnome la regardait de ses yeux fendus en souriant. « Bonjour ma belle » l’interpella-t-il. Clémence méfiante le salua avec beaucoup de distance et qu’elle ne fût pas sa surprise quand le gnome, après s’être approché du landau, fit un pas de recul après avoir vu le nourrisson qui geignait toujours. « Ah oui !» dit-il « quand même !». Clémence habituée à son enfant n’avait pas l’air de comprendre à quoi il faisait allusion. « Bon, j’ai un marché à te proposer » enchaîna-t-il « j’ai avec moi une médaille miraculeuse que je suis prêt à te donner mais… » « Mais quoi ? » répondit la belle enfant. « Ben, comment dire, enfin, voilà…. il faudrait que tu sois très gentille avec moi » « Vieux saligaud je vois bien ou tu veux en venir » « c’est toi qui vois, réfléchis bien, qu’à tu vraiment à perdre ? ». La petite se gratta le menton, pesa le pour et le contre et finalement accepta le marché du gnome. Elle exigea seulement qu’il lui donna la médaille avant de faire son affaire. Elle regarda le soleil lumineux et le ciel bleu sur lequel passaient quelques petits nuages blancs pendant qu’il la troussait. Et voilà fin de l’histoire, personne n’a jamais su si la médaille était vraiment miraculeuse et personne non plus ne revit jamais le gnome. Il n’y a vraiment pas de morale sur terre !
Fabienne
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Une communiante boudeuse –
revisiter la recette du bœuf bourguignon – un
diffuseur de parfum – derrière les barreaux d'une prison.
Dimanche Isabelle fera sa
première communion et Laura, sa mère, commence donc à sérieusement réfléchir,
car elle recevra 30 personnes pour le déjeuner. Mais que choisir en menu, elle
se creuse donc la tête et remue en tous sens les recettes qu'elle réussit
particulièrement bien. Elle recherche surtout un plat qu’elle pourra préparer à
l'avance, il n'est pas question de s'affairer en cuisine le jour dit, alors que
la cérémonie se terminera déjà tard. Une idée lui vient enfin, c'est décidé,
elle fera un bœuf bourguignon, la saison est encore fraîche, il sera
certainement apprécié par les convives. Une fois sa décision prise, Laura court
en informer Isabelle, il lui semble normal d'associer la vedette du jour.
C'est ainsi que Laura explique
à Isabelle que pour ce jour exceptionnel, elle compte rendre ce plat plus
festif. Elle lui fait donc part de son idée d'ajouter au vin de la sauce, du
chocolat et du jus d'orange, ainsi que des feuilles de menthe fraîche qui
remplaceront le thym habituel, ces parfums se mariant bien au chocolat.
Isabelle écoute sa mère, de plus en plus effarée au fur et à mesure que Laura
détaille sa nouvelle recette. Laura enfonce d'avantage le clou, en ajoutant
qu'elle saupoudrera ce plat de noix de coco râpée au moment de le servir.
Isabelle proteste, elle ne veut pas que les convives soient traités en cobayes,
avec ce plat qui n'a jamais été testé auparavant, surtout un tel jour. Mais
Laura est persuadée que son idée est excellente et n'en démord pas, à ses yeux
elle trouve au contraire qu'elle se donne beaucoup de mal, et juge qu’Isabelle
se montre vraiment ingrate. Laura s'entêtant dans son idée, Isabelle se met à
bouder et quitte la pièce, voilà une journée qui a bien commencé et qui vire au
cauchemar.
La veille du grand jour, Laura
est donc en cuisine et s'active à préparer son plat qui prend forme. Des odeurs
un peu étranges envahissent la cuisine, tant et si bien qu’Isabelle venue à
l'improviste voir sa mère, se dépêche d'aller chercher le diffuseur de parfum
qui pour une fois va avoir toute son utilité, et pas dans la pièce à laquelle
il était normalement destiné. Laura proteste, juge qu'Isabelle en fait vraiment
trop, tandis qu’Isabelle dans son coin continue à bouder, quelle ambiance
décidément. La maison est en effervescence, les caractères bien trempés
s'affrontent, et pourtant ce n'est pas fini.
Laura a un jeune frère issu du
remariage de sa mère, Ludovic, un jeune homme des plus turbulents qui enchaîne
bêtise sur bêtise. Les punitions ne semblent pas avoir prise sur lui et les
faux-pas se multiplient, de plus en plus graves de surcroît. En cette veille de
communion, Laura est au téléphone avec sa mère qui lui raconte le dernier
méfait de Ludovic, et qui n'est pas des moindres. C'est ainsi que Laura apprend
que cette fois, Ludovic a purement et
simplement volé une voiture. Laura est aussi effondrée que sa mère quand
celle-ci lui annonce que compte tenu de son passé déjà chargé, et bien connu
des autorités, Ludovic a été incarcéré sur le champ. C'en est trop pour Laura qui
s'efforce de faire de la communion d’Isabelle un jour inoubliable. Sans plus
réfléchir elle s'empresse de courir au commissariat du quartier, elle veut
parlementer, c'est trop bête que tout cela arrive juste la veille d'une journée
aussi importante. Mais Laura a beau dire et beau faire, vu les antécédents
plutôt sulfureux de son demi-frère, il n'est pas question que celui-ci quitte
sa cellule, ne serait-ce que pour quelques heures. Finalement, devant sa mine
éplorée le commissaire la prend en pitié, et réfléchit à une solution
acceptable. En conclusion, il l'autorise à venir rendre visite à Ludovic le
lendemain en compagnie d'Isabelle, à titre exceptionnel elle pourra même lui
apporter sa part du repas de fête.
C'est ainsi que la mémorable
recette de Laura fut en partie dégustée derrière les barreaux d'une prison,
l'histoire ne dit pas si ce fut une réussite. Inutile de préciser qu’Isabelle
n'a fait que bouder de plus belle, de son entrée dans l'église toute de blanc
vêtue, jusqu'à sa sortie dans le carillonnement des cloches.
Paulette
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Une gare de
triage - Un éleveur de chevaux de courses - un stylo quatre-couleurs - apprendre
à tout âge
Il y a bien des
années de cela, Oriana était une jeune fille de 17 ans à la silhouette frêle et
petite pour son âge. Son oncle, un éleveur de chevaux de courses, l'avait pris
sous son aile car la jeune fille voulait devenir jockey ou éleveuse. Grand
projet et il fallait qu'elle s'accroche dans ce milieu masculin.
Une grande
course, d'importance internationale, devait se tenir à plus de 2100 km du ranch
et pour y parvenir ils devraient traverser plusieurs états, Arkansas, Kansas,
Colorado, Wyoming pour atteindre leur destination à Livingston au nord du parc
de Yellowstone. Ce voyage était une véritable aventure pour Oriana qui n'était
jamais partie du Missouri.
Son oncle avait
pris les dispositions pour faire voyager ses chevaux, au nombre de trois, dans
un wagon spécialement aménagé pour accueillir les animaux dans les meilleures
conditions possibles et pour accueillir également les deux palefreniers qui
resteraient à leur côté.
Deux places en
seconde classe avec couchettes, pour les 48 heures que durerait le périple,
avaient été réservées pour l'homme et sa nièce.
Le jour du
départ, les chevaux montés dans un van, les selles, mors, rennes, couvertures
et surtout les certificats vérifiés pour ne rien oublier, foin, paille et eau
attendant dans le wagon, sacs de voyage pour les trois cow boys et l'apprenti
jockey, l'excitation était à son comble. Ils prirent le chemin de la gare de
triage avec une certaine angoisse de ne pas trouver le bon train.
Mais tout ce
passa sans problème. Les chevaux étaient bien installés ainsi que leurs
accompagnateurs, Oriana et son oncle avaient trouvé leur voiture et
compartiment.
La demoiselle
avait, pour elle seule, une couchette confortable. Pour ne rien oublier de ce
premier voyage, elle avait pris le soin de mettre dans ses affaires un carnet
et un stylo quatre couleurs. Ainsi, elle commença à tracer sur les pages
blanches le début de l'aventure : le réveil juste avant l'aube, les chevaux
piaffant d'impatience, le trajet jusqu'au départ du train. Elle agrémentait ses
phrases de petits dessins grâce aux quatre couleurs du stylo.
Le voyage se
déroula sans problème et l'arrivée à Livingston fut une délivrance pour les
animaux.
L'éleveur
tenait à ce que la jeune femme observa tout, participe. Elle n'avait pas assez
d'yeux et d'oreilles pour tout enregistrer, mais son oncle lui avait assuré
qu'on apprend à tout âge, et qu'il en apprenait encore.
De la course,
qu'aucun des trois chevaux n'avaient gagné, Oriana n'en gardait pas un grand
souvenir. C'était bien plus le voyage, l'ambiance, les chevaux, le partage qui
l'avait marqué.
Plusieurs
années sont passées depuis... Elle est devenue une éleveuse de chevaux de
courses reconnue et elle n'a jamais oublié cette première fois, ni le fait
d'apprendre tous les jours et à tout âge.
Valérie
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Marie-Christine
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Dans un quartier malfamé – une étudiante dilettante
et déjà trentenaire – un lot de pinces à linge – chercher quelqu’un à qui faire
des confidences
À noël,
par une nuit sombre et désolée, sous le hurlement lugubre et intermittent de la
bise glaciale, un lot de pinces à linge, oublié sur sa corde, au fond du
jardin, d’un air pincé, faisait le bilan annuel, évoquant la diversité des
hardes et autres haillons pincés dans leurs mâchoires toute au long de l’année.
Sur ces
entrefaites, au trente-sixième dessous, Denise, au fond de la dépression,
agitée par un cauchemar récurrent, se réveilla, toute pantelante : il s’agissait
de réaliser des costumes pour vêtir la lune, mais dès que l’un était achevé, l’astre
nocturne avait changé de quartier : c’était la quadrature du cercle,
Denise se trouvait toujours en décalage.
Exaspérée
et épuisée, elle se leva, se rendit à pied dans un quartier malfamé de la
capitale, dont une rue très célèbre portait pourtant le nom d’un saint martyr. Elle
alla directement à l’adresse d’une copine, cherchant quelqu’un à qui faire des
confidences, et débarqua dans un hôtel borgne où se croisaient fugitivement des
couples de passage. Donc, Denise y retrouva Natacha, une étudiante dilettante,
jeune fille prolongée et déjà trentenaire, vivant d’expédients et de l’air du
temps.
Elles échangèrent
les vœux de circonstances ; les sujets de conversation furent vite
épuisés, si bien que Denise, pensive, regagna ses pénates dès potron-minet,
plus déboussolée et désabusée que jamais.Marie-Christine
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Un
célibataire endurci – à la proue d’un navire – une boîte à pilules – se rincer
joyeusement le gosier
Il arrive
à chacun d’entre nous de travers des moments difficiles… mais, chose curieuse,
il se produit souvent un petit événement qui nous prend par la main et nous
aide à sortir d’un trou noir.
Maman
venait de nous quitter après une longue maladie qui avait mobilisé tous ses
enfants ; nous étions à présent en deuil et fatigués. Mon médecin venait
de me prescrire quelques remontants, et ma sœur trouva alors judicieux de
m’offrir une jolie boîte à pilules, gorgée de bleu, de soleil et de mer,
exotique à souhait et fleurant bon les tropiques. Ce geste attentionné me
plongea dans un rêve éveillé, qui bientôt chasse progressivement la tristesse.
Chaque fois que j’ouvrais la merveilleuse petite boîte, je me voyais à la proue
d’un navire, en route pour les tropiques… La vie à bord n’était pas triste en
cette fin de XIXème siècle, car le voyage était long : un mois !
Toute une faune humaine y avait ses habitudes, de puis le célibataire endurci
qui se rinçait joyeusement le gosier de rhum jusqu’aux riches colons de l’île
dont la progéniture étudiante revenait de la métropole pour les vacances… À
présent que les moments douloureux de notre vie familiale sont bien éloignés,
je vois que cette petite boîte magique m’accompagne souvent lors de mes
déplacements importants. A-t-elle eu aussi sa part de responsabilité quand ma
généreuse donatrice me fit faire un délicieux voyage à La Réunion ?
Françoise
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Un boxeur reconverti – une galerie d’art
désaffectée – une binette – s’en remettre au hasard
S’il
fallait s’en remettre au hasard : que faisait ce boxeur reconverti en gilet
jaune ce samedi sur ce pont, à cette heure de la journée, à jouer des poings,
donnant des uppercuts à ébranler un taureau ? à voir sa binette, affichant
une intense colère doublée de cette révolte instinctive et viscérale que seuls
les sentiments d’injustice et d’incompréhension peuvent susciter… De sa stature
de géant vert de rage, il dépassait allégrement les gilets jaunes t les
vareuses noires avoisinantes. On ne pouvait douter de sa puissance
destructrice. Une détermination farouche à défendre les causes perdues, nobles
ou pas selon le camp que l’in choisit. Défendre le citoyen lambda contre la
gente casquée et armée… surtout quand il s’agit d’une fluette femme à la
retraite. Un monde indéfendable et obsolète ? Cet démonstration de force
lui a coûté cher, financièrement tout d’abord, en frais de justice, alors qu’il
ne roulait pas sur l’or. Une cagnotte a été engrangée dans une banque privée,
qui finalement ne lui a pas profité. Sous la pression, elle a dû cesser d’être
approvisionnée. Elle était réservée pour payer les frais de ce justiciable
comme un autre et a rempli les poches d’un autre monde. En lui dressant un
portrait imparfait, compte tenu de ses antécédents de sportif de haut niveau en
« arts martiaux » à la retraite, cela ne lui a valu que des reproches
en haut lieu. Très peu de quotidiens ont pris en compte son statut de chef de
famille respectable et rangé : il avait perdu sa respectabilité et sa
crédibilité. D’apparaitre ainsi comme un héros pour les gilets jaunes ne lui a
pas valu que des éloges. Le monde de la presse persistait à le présenter comme
une brute épaisse. On lui a volé sa liberté de penser, de déambuler, de
manifester, de défendre l’opprimé, de pouvoir assurer le confort, l’hygiène et
la sécurité physique et morale de sa famille groupée autour de lui. Il ne s’est
pas enfui dans une galerie d’art désaffectée, il s’est rendu dignement et a
même expier ses « péchés ». Il a fait des excuses publiques relatées
dans les journaux. Un homme de devoir et de principe malgré les apparences. Il a
bravé les interdits dans un moment de folie passagère. Il a su se montrer
humble et repentant, et c’est l’important.
Claudine
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