Ecrire un texte dont la première phrase sera : Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'un nouvel élève...
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Après le
chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de
nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra,
accompagné d'un nouvel élève, ce qui eut
pour effet immédiat de nous déconnecter de l’arithmétique et de scruter le
nouveau venu.
Diverses réflexions viennent se bousculer dans mon
esprit. En voici un échantillon :
Joue-t-il bien au football, au point de renforcer
notre équipe lors des matchs à venir ou bien s’avérera-t-il, au contraire, un
poids mort ? Deviendra-t-il le nouveau chouchou du prof ?
Lors des examens va-t-il se placer dans le peloton de
tête ou dans celui de queue ?
Mais ces divagations ont un terme et il faut se
replonger illico dans les maths. Peu après sans aucune logique discernable et
en toute spontanéité, de solides liens de camaraderie, voire d’amitié, se
tisseront entre nous, devenant l’un pour l’autre des copains, dans l’univers
extra-scolaire, notamment chez les scouts ou plus précisément, vu l’âge, chez
les louveteaux.
Emmanuel
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Après
le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions
de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra,
accompagné d’une nouvelle élève d’une huitaine d’années. Elle n’avait pas de
blouse comme le règlement l’imposait mais était vêtue d’un pantalon avec un
pull un peu grand.
On
nous la présenta sous le prénom de : Violetta. Elle était parmi nous le
temps que le cirque qui s’était installé sur la petite place de notre ville,
achève ses représentations et reparte vers d’autres horizons.
Elle faisait partie de cette grande famille de nomades qui vont de de ville en ville tout au long de l’année, vivant dans des roulottes, répétant leurs numéros de cirque qui leur assuraient l’argent du quotidien. Elle avait des cheveux bruns, frisés, demi-longs, un air de titi parisien qui toisait les autres de ses grands yeux d’effrontée. A la récréation, je me rapprochais d’elle avec des camarades. Elle nous parla de sa famille, des numéros joués dont elle-même assurait un petit rôle pour l’instant. Elle voulait étudier, suivre des cours dans les écoles dès que c’était possible dans les villages visités. Je lui posais des tas de questions auxquelles elle répondait spontanément. J’appris qu’elle mangeait des oiseaux divers qui s’offraient à eux : des pots au feu, des ragoûts de corbeaux entre autres, des chouettes, hérons, hérissons qui faisaient de bons repas en plus des aliments achetés en magasin ou dans les fermes.
Elle faisait partie de cette grande famille de nomades qui vont de de ville en ville tout au long de l’année, vivant dans des roulottes, répétant leurs numéros de cirque qui leur assuraient l’argent du quotidien. Elle avait des cheveux bruns, frisés, demi-longs, un air de titi parisien qui toisait les autres de ses grands yeux d’effrontée. A la récréation, je me rapprochais d’elle avec des camarades. Elle nous parla de sa famille, des numéros joués dont elle-même assurait un petit rôle pour l’instant. Elle voulait étudier, suivre des cours dans les écoles dès que c’était possible dans les villages visités. Je lui posais des tas de questions auxquelles elle répondait spontanément. J’appris qu’elle mangeait des oiseaux divers qui s’offraient à eux : des pots au feu, des ragoûts de corbeaux entre autres, des chouettes, hérons, hérissons qui faisaient de bons repas en plus des aliments achetés en magasin ou dans les fermes.
Le
courant passa entre nous. J’aimais les pistolets à amorces depuis ma plus
tendre enfance, les arcs à flèches, les sarbacanes, les petits couteaux pour
jouer à la pichenette. Violetta me dit qu’elle aimait jouer à ces jeux et pour
ses huit ans, son père l’initia au tir à la carabine ainsi qu’au lancer de
couteaux et fléchettes. Il fallait beaucoup d’adresse et de prudence afin d’en
faire un numéro plus tard mais à la moindre erreur, elle devrait attendre ses
neuf ans pour bénéficier de ce privilège.
Nous
parlions aussi des chansons de notre idole « Luis Mariano ». Elle
connaissait toutes les chansons actuelles. Elle chantait d’une voix d’adulte
parfaitement bien. Tous les jours, dans la cour, pendant la récréation, elle
nous chantait ces beaux refrains.
Je
ne me souviens plus si elle m’a fait ses adieux au bout de trois semaines. Elle
disparut de notre vie ainsi que le cirque avec ses animaux savants. J’en fus un
peu attristée. Je l’aimais cette petite Violetta.
Je
l’avais oubliée, cachée au fond de ma mémoire. Mais voici qu’aujourd’hui, je
m’en souviens encore au bout de soixante ans afin d’alimenter un sujet proposé
pour un atelier d’écriture.
Mireille
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Après le
chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de
nous concentrer sur un exercice d'arithmétique quand le proviseur entra,
accompagné d'une nouvelle élève. Et ce fut la stupeur ! Tous les
regards convergèrent alors sur l'être bizarre : cette silhouette longiligne et
presque désossée, habillée de guenilles et de vêtements déparés. Ainsi en un
instant, elle se transforma en courant d'air que des yeux transperçaient de
toutes parts.
Après un court moment d'effroi, un
fou rire inextinguible s'empara de la plupart de cette petite clique, se tenant
droit à coté de leur chaise respective, presque au garde-à-vous face au
proviseur ! Janon : l'objet en question de cette hilarité collective, n'en
pouvant plus de triturer nerveusement l'étoffe rêche et mal taillée de cette
jupe cloche qui formait un cercle avachi autour de ses jambes trop maigres,
tremblait comme les feuilles à l'automne sous un vent trop violent. De suite,
le surnom "sac de pomme de terre" lui fut affublé ! Le rose pivoine
de ses joues flamboyait et on voyait déjà poindre des larmes en ses yeux
gonflés. Elle recula ainsi vers le chambranle de la porte de la classe et
soudain s'enfuit dans le couloir menant vers les classes des plus grands,
laissant de petits traces boueuses sur le carrelage. Pendant que le proviseur,
d'un éclat de voix aussi puissant que le tonnerre s'affairait à essayer de
calmer tous ces "petits blancs-becs irrespectueux", l'instituteur
prenant ses jambes à son coup en une belle détente, s’attela à rejoindre la
petite Janon qui de ses 11 ans sonnants et de ses frêles membres inférieurs, le
distançait largement et avait pris de nombreux mètres d'avance. Ses croquenots
sales et boueux collaient comme des gants à ses pieds agiles en grinçant et
expulsant de l'air par ses aérations sûrement dues aux altérations du temps.
Puis elle aperçut une petite
excavation en retrait juste bonne à contenir son corps de petit oiseau blessé.
La haute silhouette de l'instituteur apparut au bout du couloir juste au moment
où le mollet menu de l'enfant disparaissait sous les vestiaires des pupilles de
la nation ! Elle tremblait toujours et son visage reflétait une pâleur
cadavérique. M. Merlin retrouva ce petit moineau abandonné recroquevillé en
chien assis. Il entreprit de se rapprocher doucement en lui tendant la main
comme on approche un animal terrifié afin de s'en faire adopter. L’idée lui vint
de lui offrir un quignon de pain qu'il gardait en sa poche pour combler une
petite faim entre deux cours, pendant la récréation. Les yeux de la petite
l’observaient et sa petite main s'ouvrit involontairement poussée par cette
famine qui vous ferait sortir n'importe quel animal de sa tanière malgré le
danger ! Il ne percevait plus les rires stridents et discordants de tous les petits
oiseaux de mauvais augure. La porte avait claqué derrière ses pas et c'est en
tenant la main de Janon que M. Merlin fit son apparition dans ce lieu de
perdition pour les petits passereaux tombés du nid bien trop tôt où dès à
présent régnait un silence de mort maintenu sous une chape de plomb par M. le
proviseur, debout, raide comme une statue qui d'un port de tête altier et noble
balayait du regard cette assemblée désobligeante.
M. Merlin installa Janon à côté de
Marie-Victoire de la Roche de Beauvoir qui dans son petit col Claudine et sa
jupette d'organdi découvrant des jambes non épilées faisait elle aussi la risée
de toute l'assemblée. Mais la jeune fille n'en avait cure et possédait déjà un
bon sens de l'humour et de ces réparties partant comme des boulets de canon qui
remettaient en ordre bon nombre de jeunes frimousses goguenardes et de
tignasses hirsutes balayées par des vents mauvais qui n'en réclamaient guère
plus pour déguerpir avant que Marie-Victoire entreprît de s'essayer à une
course à l’échalote en s'emparant de leurs bretelles. Ainsi les jeunes filles
firent connaissances et réussirent à appréhender leurs différences, faisant
front face à cette horde de petites pies en folie tournoyant autour d'elles au
moment de la récréation en leur rabattant assurément leur caquet.
Post-scriptum : le sujet
d’arithmétique du jour fut de calculer en combien de temps et le nombre de
mètres que Janon parcourut lors de sa fugue, sachant que le couloir dessert
deux blocs formant des rectangles de 10 mètres sur 10 et ceci entre le temps où
M. le Proviseur apparut dans la classe et M. Merlin en franchit le seuil en
ramenant Janon ! Il s'agit aussi de calculer le temps d'enseignement perdu !
Alors, à bon entendeur, salut, aurais-je envie de dire ?
Claudine
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions
retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice
d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d’une nouvelle élève. Notre institutrice se leva
immédiatement et nous fîmes de même, nous tenant debout près de nos pupitres.
Nous regardâmes la fillette qui se trouvait à ses côtés et attendîmes le signal
du proviseur qui ne se fit pas attendre. « Asseyez-vous, mes enfants, nous
dit-il, Je vous amène Isolde, qui sera
désormais votre compagne. Je compte sur vous pour bien l’accueillir. » D’une
voix basse et en chœur, nous répondîmes un «Oui, Monsieur» tout en nous
rasseyant sans bruit. Personne ne parla, nous n’aurions pas osé ! Mais
chacune avait à l’esprit la même question : « Pourquoi arrivait-elle
si tard, après la rentrée ? et
surtout Pourquoi ne portait-elle pas l’uniforme ?, en usage à cette
époque.» Au lieu du chemisier blanc de rigueur, du pull-over gris foncé arborant
l’écusson de l’école et de la jupe à
bretelles de même couleur, elle était vêtue d’une robe blanche légère à volants
et portait sur ses cheveux blonds soyeux, un bandeau blanc orné d’une fleur
rose en tissu. Elle avait le teint pâle qui détonnait sur celui très bronzé des
élèves et semblait apeurée, regardant discrètement à droite et à gauche. Monsieur le
Proviseur se retira immédiatement. Madame Dubard lui prit la main, demanda à
Elise de laisser sa place au premier rang et d’aller s’asseoir à côté de
Catherine qu’elle détestait. Elle ne pouvait refuser mais elle était furieuse
de ne plus être près de Marie, sa meilleure amie. Dès cet instant, Elise prit
la nouvelle venue, en grippe, car, tête de classe, elle n’admettait pas être
délogée aussi brutalement. Elle pensait que l’institutrice aurait dû changer
Jeanne qui passait son temps à rêver. Isolde s’assit sagement et reçut un
cahier, un crayon et l’énoncé de l’exercice. Sans plus de commentaires, Madame
Dubard nous enjoignit de nous replonger dans le travail et pour en contrôler
l’avancement, continua comme à son accoutumée, à circuler entre les rangs.
Isolde avait penché la tête et tenait le crayon dans sa main mais elle
n’écrivait pas. Des coups d’œil furtifs l’observaient et nous étions
distraites. Au bout de dix minutes, Monique fut appelée au tableau. En passant,
elle regarda Isolde, ne fit pas attention à la marche de l’estrade et s’étala
de tout son long, heureusement sans se faire de mal. Des rires fusèrent de
toutes parts. Ils détendirent l’atmosphère. Monique se releva et fit
brillamment la correction de l’exercice. Puis nous passâmes à la leçon de
dessin. Madame Dubar posa sur son bureau un soliflore dans lequel
s’épanouissait une tulipe rouge et remit à Isolde une boite de crayons de
couleur. Elle se mit à crayonner avec ardeur, ombrant et donnant vie à un si
beau dessin que notre institutrice la félicita vivement et l’accrocha
immédiatement au mur de la classe avec quelques autres. L’après-midi, à
la récréation, des petits groupes se formèrent. Quelques-unes d’entre nous
peut-être, un peu plus curieuses, entourèrent la nouvelle venue tandis qu’Elise
se réfugiait à l’autre bout de la cour avec Marie, son amie de toujours. Aux
questions que nous lui posâmes, d’abord effarouchée, elle répondit par
monosyllabes mais sentant sans doute que nous n’avions pas d’acrimonie contre
elle, elle commença à se détendre et à sourire. La cloche sonna, coupant court
à toute conversation et nous dûmes attendre la sortie pour échanger de brèves
paroles d’au-revoir. Le lendemain,
Isolde revint. Elle avait troqué sa robe blanche contre une plus sombre et
portait un sac contenant un cahier et des crayons de couleur. Nous nous mîmes
en rang pour pénétrer dans la classe mais Isolde resta un peu à l’écart. Elle
entra cependant la dernière et attendit que Madame Dubar la conduisit à sa
place. Comme chaque matin notre institutrice écrivit au tableau, la morale de
la journée. Chacune la copia sur son cahier mais Isolde se contenta de
regarder. Madame Dubar s’approcha d’elle
et lui montra le cahier de Marie afin qu’elle fît de même. Isolde lui lança un
regard désolé et se mit lentement à la tâche. Pendant ce temps, le cours
continua jusqu’à la récréation. Nous l’entourâmes et de nouveau, nous la
questionnâmes. Nous comprîmes très vite que cette nouvelle venue arrivait d’un
autre pays et qu’elle ne connaissait que quelques bribes de notre langue.
Au bout de
quelques mois, Isolde n’eut plus aucune difficulté pour bavarder avec nous et
devint notre amie.
Marie-Thérèse
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Après le chahut de la cour de récréation,
nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice
d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d’une nouvelle élève. Bien sûr, ce n’était pas vraiment une
surprise, notre professeur principal nous avait informés de cette arrivée en
cours d’année scolaire. Mais l’entrée du proviseur et de la jeune fille qui
l’accompagnait, nous fit évidemment lever la tête de notre copie. Adieu
l’arithmétique, du moins pour le moment ! Le proviseur nous expliqua que
cette jeune fille arrivait en cours d’année parce que ses parents déménageaient
pour raisons professionnelles. Il nous
demanda de lui réserver le meilleur accueil au sein de la classe, la confia au
professeur et repartit vers son bureau. Le professeur donna une explication
globale de la classe et en expliqua le fonctionnement. Il plaça la nouvelle venue à proximité de son bureau, lui
demanda de se présenter à ses nouveaux camarades de classe. Elle se nommait
Aurélie et nous parla en quelques mots de ses centres d’intérêt : lecture,
musique et sport.
Le
professeur nous demanda ensuite de nous présenter également afin de la
familiariser avec son nouvel entourage. Chacun le fit, de plus ou moins bonne
grâce, selon son caractère et sa nature. Certains étaient très ouverts,
d’autres beaucoup moins et même sur la défensive, craintifs, se demandant
comment serait Aurélie, quelle serait son influence sur la classe et les
groupes d’amis déjà formés.
Après
notre présentation, Aurélie nous remercia de ce premier accueil. Le professeur
lui donna à faire le devoir en cours et nous nous replongeâmes dans
l’arithmétique.
Le devoir
terminé, le professeur ramassa les copies, l’heure de la sortie avait sonné.
Aurélie ne semblait pas trop perturbée en rassemblant ses affaires, mais
évidemment, elle était seule. À la sortie, elle sourit à un groupe en grande
discussion, quelques mots s’échangèrent et la voilà admise dans le groupe. On
commenta bien sûr la solution qu’il fallait trouver pour le devoir en classe.
Aurélie intervint et expliqua son propre raisonnement. La bonne réponse était
forcément là mais qui avait raison. Les
notes du professeur qui rendrait les copies au prochain cours achèveraient de
départager les positions des uns et des autres.
Mais cette
première journée était terminée, c’était le cœur plus léger qu’Aurélie reprit
le chemin qui la conduisait chez elle. La voilà rassurée, elle savait que
demain le fossé diminuerait encore, elle serait encore moins isolée.
Il suffit
de peu parfois pour intégrer un groupe, savoir rester naturel, à l’écoute des
autres, c’est souvent la clef de la réussite.
Aurélie
était déjà certaine, au vu de cette première journée, que son année scolaire
serait riche, tant au niveau de l’enseignement que de l’amitié, tout le monde
ayant réussi à la mettre à l’aise, et c’est tellement important !
Paulette
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions
retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice
d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'une nouvelle élève.
Notre
instituteur nous présenta celle qui allait devenir membre à part entière de la
classe. Elle se prénommait Lucie, avait neuf ans. Elle avait de magnifiques
cheveux blonds très longs, et de beaux yeux bleus, mais une grande tristesse
s'y lisait. Pourquoi ?
Je me
souviens m’être dit que c'était sans doute dû à son arrivée dans une école
inconnue. Le maître continuait la présentation, et précisait qu'il fallait être
gentils et prévenants avec elle, car elle venait de perdre ses deux parents
dans un terrible accident de voiture.
Ce dernier
accompagna Lucie jusqu'à sa place, et l'installa à côté de moi. Sa démarche
pour
s'y rendre était ...bizarre. Assise bien droite sur la chaise, elle sortit de son cartable une trousse rose pâle. Le maître lui donna un cahier et l'invita à faire l'exercice mis au tableau. Je m'évertuais à me concentrer sur ma page qui restait blanche, car j'étais intriguée par ma voisine, qui elle, noircissait de chiffres les lignes bleutées.... Elle posa son stylo au bout de quelques minutes, me laissant dans le désarroi devant ma page. Me recentrant sur le calcul, je réussis au bout d'un moment à faire les opérations demandées.
s'y rendre était ...bizarre. Assise bien droite sur la chaise, elle sortit de son cartable une trousse rose pâle. Le maître lui donna un cahier et l'invita à faire l'exercice mis au tableau. Je m'évertuais à me concentrer sur ma page qui restait blanche, car j'étais intriguée par ma voisine, qui elle, noircissait de chiffres les lignes bleutées.... Elle posa son stylo au bout de quelques minutes, me laissant dans le désarroi devant ma page. Me recentrant sur le calcul, je réussis au bout d'un moment à faire les opérations demandées.
L'exercice
corrigé me donna une belle surprise ! Ma voisine avait tout bon, alors que
j'avais des erreurs sur le mien. Pas un mot ne sortit de sa bouche lorsque le
maître vint la féliciter.
La classe se
poursuivit, enchaînant leçons de grammaire, d'histoire jusqu'à ce que la cloche
signifie la fin de la matinée et l'heure de la récréation avant le repas à la
cantine pour certains, dont je faisais partie.....
Nous
sortîmes en criant, riant et nous bousculant pour être dehors le plus vite
possible. Seule Lucie resta en arrière, muette et regardant tous ces enfants
courant en tous sens. La remarquant figée, je me retournai vers elle, revins
et, me présentant, l'invitai à nous suivre... Elle resta muette et ne me
répondit pas. Ne comprenant pas pourquoi ce silence, j'insistais beaucoup, ce
qui finit par la faire pleurer .... M. Larrivière, notre instituteur, arriva
près de nous deux, et avec des mots doux réussit à calmer les pleurs.
Il
m'expliqua que Lucie avait été touchée lors de l'accident, et ses jambes
abîmées étaient appareillées ce qui contraignait la petite fille à marcher avec
précaution. Le choc de la disparition de ses parents l'avait conduite à la
perte de la parole. Je scrutais le visage triste de ma nouvelle amie pour
découvrir une peine immense, mais cela ne me fit pas reculer, et la prenant par
la main, je l’emmenais délicatement vers les autres enfants.
Arrivées
auprès des camarades, je leur présentai la fillette, mais beaucoup se
détournèrent et s’esclaffèrent, se moquant de sa démarche et de son mutisme... Pour
moi, ils étaient que des idiots et je dis à mon amie de ne pas faire attention
à eux...
La cantine
se passa dans un brouhaha, puis l'heure des cours sonna. Dans la classe, les
leçons et exercices se succédèrent. À chaque fois, Lucie fut celle qui termina
la première. Elle m'impressionnait énormément !
L'heure de
la sortie s'annonça et je l'aidais à porter son cartable. Devant la grille, ma
mère m'attendait comme tous les jours avec un sourire pour m'accueillir et un
petit gâteau pour mon goûter. Elle reçut Lucie avec douceur, un baiser sur sa
joue et une caresse sur sa tête, et me dit connaître son histoire car ses
grands-parents, chez qui elle vivrait désormais, étaient nos voisins les plus
proches.
Super !!! Je
pourrais voir Lucie tous les jours ! Un timide sourire se pointa sur ses
lèvres, ce qui me confirma sa joie d'être ma copine !
Avec patience,
pendant de longs mois mes paroles furent accueillies par son silence, mais
petit à petit les mots passèrent la barrière de ses lèvres closes... Ses jambes
appareillées restèrent handicapées, mais notre amitié née par hasard, elle,
resta et continue à être très forte !
Valérie
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Aujourd'hui, lundi 3 novembre 2014,
notre proviseur, monsieur Durand, a conduit dans notre
classe de 6ème B, un "nouvel élève", à 8 heures. Quand la porte de la classe s'est ouverte, nous
nous sommes tous levés, ainsi que notre professeur principal, madame Grangé. Après les salutations protocolaires,
le principal nous a invités à nous asseoir et nous a présenté Aristide, en
nous demandant de l'accueillir au mieux, dans un esprit de
tolérance et de bienveillance : il comptait sur chacun
de nous, sur le respect de tous et de chacun. Tout en remettant à Aristide sa pile
de manuels scolaires, monsieur Durand a précisé
qu'Aristide avait déjà quelques camarades dans la classe :
pendant que le principal invitait Aristide à aller
s'asseoir, tout en lui désignant sa place, trois camarades de
sa cité lui ont fait un beau sourire et nous en avons fait immédiatement
autant.
Aristide était accepté par le groupe, il
était des nôtres!
Plusieurs d'entre nous connaissaient son
histoire : sa maman l'avait inscrit dans un établissement de 4000 élèves,
loin de son domicile pour le rapprocher de son centre d'entraînement sportif. En
effet, Aristide est un excellent joueur de hand et pourrait devenir
un athlète de haut niveau. Seule ombre au tableau, dans son établissement,
il était tous les jours humilié, maltraité, couvert de
bleus, tant par des collégiens que des lycéens : comment faire face à
huit bourreaux ? Cette bande maltraitait d'autres élèves. Après dépôt de
plainte et conseil de discipline, ils ont été exclus de l'établissement.
Aristide a retrouvé ses
camarades, continue à parcourir de longues distances pour le sport.
Il est un bon élève, apprécié de tous et
poursuit maintenant sa scolarité sans problèmes.
Marie
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