Quand j’avais 3 ans mes parents m’ont
inscrite avec ma sœur à un cours de danse rythmique une fois par semaine.
J’adorais cela d’abord car j’aimais beaucoup ce que l’ont y faisait et ensuite
par ce qu’étant la plus petite j’avais toujours un rôle particulier. Il y avait
une fois par an un spectacle pour les parents et j’y remportais mon petit
succès. Je me voyais donc danseuse, j’avais l’agilité la grâce et j’étais toute
menue. Cela a duré jusque vers la puberté, à ce moment là pour me faire plaisir,
mon parrain m’a emmenée voir plusieurs spectacles de danse moderne et j’ai
découvert un aspect auquel je n’avais pas pensé. Il fallait travailler très dur
pour obtenir le succès, un documentaire sur les petits rats de l’opéra a fini
par détruire mes illusions. Je n’imaginais pas mon corps torturé à ce point et
puis je ne correspondais pas aux critères pour être recrutée. Trop petite, les
cheveux très courts eh oui ! Le chignon et j’avais déjà de la poitrine.
Alors j’ai abandonné cette idée tout en me contentant de mon cours de danse
dans lequel je m’éclatais vraiment. Le rêve n’a pas duré longtemps mais je n’en
ai pas pour autant été triste. Très vite un autre rêve a pris place ;
sage-femme mais là c’est une autre histoire qui touche à mon passé.
Fabienne
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Aujourd’hui, mes petites filles sont venues
nous voir et nous discutons à bâtons rompus.
"Qu'est que tu voudrais faire quand tu
seras grande ?" demandai-je à ma petite-fille.
A ma grande surprise, elle me
répondit : - « officier de marine ! »
-Et pourquoi donc dans la marine ?
-Parce que j’aime la mer et je veux
voyager, faire le tour du monde dans le bateau école.
- Mais ne crains-tu pas de monter dans les
vergues et d’amarrer les voiles ?
- Non, je n’ai pas le vertige et j’aime
grimper partout.
- Grimper dans la montagne ou sur les
rochers qui ne bougent pas, c’est une chose mais le faire au-dessus de la mer
c’est un sport très différent.
- Oui, mais je me sens attirer par ce
compagnonnage qui règne sur un navire et cette franche camaraderie.
- Comment le sais-tu ?
- Je suis souvent allée à Rochefort et j’ai plusieurs copains de classe qui
pensent aussi faire une initiation dans la marine pour pouvoir s’inscrire après
le bac. Je vais me joindre à eux.
- Oui, de plus, je suis allée à la journée
« portes ouvertes » et j’ai pu discuter avec un officier. Il m’a
donné plein de renseignements et de dépliants. C’est là que je me suis inscrite
pour le stage d’initiation.
- Et comment se déroule-t-il ?
- Il y a d’abord une formation théorique,
certains week-ends de l’année scolaire, puis un embarquement de huit jours
pendant la période des petites vacances et si je réussis toutes les épreuves
physiques et théoriques, je pourrai alors m’inscrire pour celui d’un mois sur
un plus grand navire après le bac.
- Je vois que tu es bien renseignée et que
tu as déjà plein de projets.
- Oui, et je dois aussi beaucoup travailler car sans le bac, je ne pourrai pas réaliser
mon rêve.
- Et toi, dis-je à sa sœur aînée, que
voulais-tu faire quand tu étais plus jeune ?
- Moi, je voulais garder les chèvres ?
- Pour une fille de la grande ville, ce
n’est pas très commun.
- Oui mais je suis souvent allée à la
campagne et aussi, au château de Versailles, où j’ai visité la ferme pédagogique du Hameau de la Reine au
Petit Trianon
- Ah oui, c’est vrai. Tu y as même fait un stage à la fin de l’hiver.
- Et j’avais assisté et aidé à la mise au
monde de petits chevreaux ! Il faisait très froid cette année-là.
- Tu continues à vouloir élever des
chèvres ?
- Non, après plusieurs stages dans
différentes fermes de plaine et de montagne, je me suis rendue compte qu’il
fallait être en couple pour pouvoir faire face aux différents travaux.
-Alors que penses-tu faire
maintenant ?
- Peut-être me spécialiser dans la fabrication du fromage de chèvre ou
m’installer dans un petit commerce bio mais pour cela, je dois continuer mes
études.
- C’est bien, je vois que toutes les deux
vous êtes pleines d’enthousiasme et de projets pour votre avenir. Alors bon
courage sur le chemin de vos réalisations, dis-je en les embrassant.
Marie-Thérèse
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Quel
enfant n’a pas été sommé de répondre à cette question ? Question
embarrassante pour lui, car même à 7 ans, l’âge de raison, on n’a pas forcément
d’avis arrêté sur le sujet : alors on cherche… et on trouve. C’est ce qui
arriva à mon petit frère.
À l’époque,
c’était le « doudou » de notre fratrie, le garçon espéré et attendu
après la venue de deux filles. Mes parents étaient donc curieux de savoir
quel(s) métier (s) lui faisai(en)t envie.
Il ne
répondit pas tout de suite à la question… puis il se décida :
campeur !
Le mot
fut lâché en même temps qu’un beau sourire envahissait son visage, ce qui
semblait vouloir dire qu’il avait bien réfléchi. Nous fûmes étonnés, également
amusés : il était encore bien jeune et il avait le temps de changer
d’avis… Ce qu’il fit, mais pas tant que cela : à vous d’en juger.
Il
grandit après une scolarité honnête, plutôt matheux que littéraire. Il aimait
le football, démonter ses jouets et les reconstruire et devint ainsi un bon
bricoleur. Mais, être dehors en pleine nature, observer les petites bêtes et se
remplir ses poches, le ravissait. Plus tard, il voyagea grâce à une voiture d’occasion
révisée, tout en faisant du… camping. La montagne devint son terrain de jeux.
Entre temps, il avait choisi un métier : professeur de mathématiques.
L’été, il devenait moniteur de colonies de vacances, puis directeur de camps
d’adolescents, durant une trentaine d’années. Aujourd’hui l’heure de la
retraite venue, il partage son temps entre bricolage, jardinage et entretien de
sentiers de randonnées après chaque hiver montagnard. Quelques sorties plus
sportives pour la forme et le plaisir.
À
présent, quand je lui rends visite, je l’observe et j’en profite pour marcher
avec lui… je repense alors à sa déclaration initiale, enfantine.
Il peut
être judicieux d’être à l’écoute des enfants.
Françoise
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« Qu’est-ce
que tu voudrais faire quand tu seras grand ?
- Je
voudrais être ingénieur comme mon Tonton !
Depuis
mes deux ans, je suis attiré irrésistiblement vers tout ce qui comporte écran
technicolor, boutons, manettes, clavier puis plus tard du digital. Tout ce qui est
audiovisuel attire mon regard. J’aime le bruit. Il m’entoure et flatte
allègrement mes ouïes. Je suis un actif bruyant et détonnant. Je cherche et je
recherche l’expérience en permanence. Tout ce qui peut se démonter, se
juxtaposer, s’emmêler, se froisser, se tordre, se briser et se réintégrer me
capte et m’aimante. Je suis un mélange subtil entre décodeur et dé connecteur
de câble au secteur. Les boutons de la cuisinière en ont fait les frais. De
tourner leurs boutons m’obsède au point de vouloir squatter le coin cuisine
quand maman a le dos tourné.
Très tôt
mes mains et mes premiers pas m’ont mené vers la lumière bleue des game boys,
des Play Station et évidemment du petit écran à l’ordinateur en passant par la
tablette actuellement. Il me fallait appuyer sut toutes les touches au risque
d’éteindre l’écran et d’envoyer le matériel chez le réparateur. J’ai su les
manœuvrer à ma guise avant même de savoir lacer mes lacets. Heureusement les
scratchs sont apparus assez tôt pour me permettre de ne point perdre mes
baskets.
Il en
fallait des tonnes de céréales de muesli et de Lion engloutis au petit déjeuner
pour entretenir la Duracel qui du matin
au soir me tenait tonique et alerte sur mes deux pieds bien campés sur le lino.
Il en fallait de l’énergie. A la limite du court circuit. Ce n’est pas pour
rien que l’on m’appelait M. 100 000 Volts. Ca ne vous rappelle rien ? M.
Gilbert Bécaud. J’en suis sa photocopie. Mon hyperactivité et mon entêtement
fatiguent tout le monde sauf moi. De jour comme de nuit, je balaye le lino de
mon 25 aux 45 fillettes jusqu’à ce que le sol brille comme un sous neuf. A
l’heure actuelle, l’heure de la sieste n’a pas encore sonnée pour que je ferme
mes paupières et que je repose mon cerveau survolté. Quelques heures de sommeil
suffisent pour recharger mes batteries et continuer sur ma lancée Jusqu’à
friser l’overdose. Et me voilà de nouveau debout, des cernes sous les yeux,
mais les yeux plongés dans un bain informatique à en créer un de toutes
pièces. Mon espace virtuel s’éclaire
d’une lumière bleuâtre digne d’un « retour vers le futur » et un
drôle de bruit retentit. C’est l’heure de quitter la planète terre et de
rentrer en connexion avec la planète Mars et ses martiens. Encore quelques
manipulations, ma matière grise est à rude épreuve et toutes mes terminaisons
nerveuses irradient vers de nouvelles expériences fluorescentes. Je suis têtu,
voir entêté comme mes parents d’ailleurs. Les chiens ne font pas de chats. Et
limite perfectionniste. Impossible à vivre moi ? Nouveau petit
Einstein ? Rien ne me détourne de mon objectif et je ne me laisse pas
influencer. Comme on dit « Parle toujours, tu m’intéresses. ». On m’a
toujours dit qu’il fallait se montrer curieux dans la vie. Et j’obéis. Vous me
trouvez excessif ? Alors qu’en
pensez-vous ?
Claudine
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Sur leur
fiche de renseignements, dans le secondaire, les élèves remplissent cette
rubrique : certains ne savent pas, ou ne veulent pas répondre, de plus, en
cours de scolarité, ils revoient leurs ambitions, à la hausse ou à la baisse,
selon leurs résultats.
Les souhaits
varient au fil des décennies : dans les années soixante-dix, les jeunes garçons
voulaient être pompiers ou mécaniciens, les fillettes maîtresse d'école.
La
concrétisation des vœux se profile avec le cursus, le niveau, les compétences,
mais pas seulement...
Les
encouragements des parents et des enseignants entrent également en ligne de
compte et même leurs oppositions !
Telle élève
voulait être médecin : le milieu familial ne prenait pas position, n'y croyait
pas, tandis que le chef d'établissement s'y opposait, au motif que l'élève
était atteinte de poliomyélite !
Heureusement,
*Hélène a été soutenue farouchement par son professeur de SVT; elle est médecin.
Elle a échappé à la double peine, en quelque sorte.
*Arnaud
était un élève très travailleur ; quand il a demandé à me voir plusieurs années
plus tard, il m'a dit qu'il lisait très consciencieusement toutes mes listes de
livres (heureusement que j'avais préalablement tout lu !). Il savait ce qu'il
ferait plus tard mais ne le dévoilait pas : sa motivation était enracinée au
plus profond de lui : épris de liberté et de justice, il m'a honorée de sa
visite, à la salle des professeurs où étaient exposés les parchemins de mes
élèves ; sortant de l'école de magistrature de Bordeaux pour effectuer son
stage au palais de justice de Paris, il m'expliquait que son arrière-grand-mère
maternelle, ouvrière dans l'industrie amenait son fils âgé de sept ans, sur le
lieu de travail et devait l'entraver au pied de l'établi pour le maintenir
immobile !!! Cette situation avait marqué à tout jamais le jeune magistrat qui m'en
parlait avec émotion !
* Dominique
n'avait ni projet ni motivation, ses seules passions : attendre la sonnerie,
parfois la devancer, commettre des incivilités, aller casser des carreaux en
ville, vider des bombes de mousse à raser sur la porte à tambour du centre
commercial, imiter la signature parentale, cacher ses évaluations sous la
moquette de sa chambre, jusqu'au jour où la porte résistait et où le pot aux
roses fut découvert ! Il devint prestidigitateur.
*Hervé était
ans une classe dont une bonne moitié prépara par la suite les grandes écoles.
Son professeur de mathématiques estimait qu'il avait de sérieux problèmes, à
quoi je répondais, sans être entendue, qu'avec son niveau, il pouvait sauter
deux classes, qu'il avait fini ses évaluations quand les autres les
commençaient à peine, que nous avions de la chance qu'il ne dissipe pas la
classe. Il n'affichait pas de projet particulier ; il est sorti premier à
Polytectnique et à créé une vaste entreprise ; il a demandé à me revoir et m'a
montré ses albums photographiques, notamment ceux de son service militaire.
* Benoit
n'affichait pas de motivation avouée mais travaillait d'arrache-pied, il ne se
mettait jamais en avant ; tout en préparant le bac G, il est devenu polyglotte,
puis a fait le droit, a passé des concours : il est titulaire de plusieurs
masters, y compris de philosophie. Il est revenu nous voir : il est ambassadeur
de France à Boston et a épousé une belle américaine.
*Paul était
un fort en maths, il était excellent partout, voulait être pilote de courses
automobile : il est devenu pilote de ligne à Air France, après un cursus
irréprochable.
D'autres, de
gaité de cœur ou non, reprennent l'entreprise familiale ; un élève demanda
audience un jour, s'étonnant que je me fasse du souci pour ses résultats
alarmants : il me dit qu'il lui suffisait d'épouser une secrétaire sérieuse :
il m'affirmait que son père était le numéro un français de l'élevage de
l'asticot : depuis l'eau a coulé sous les ponts !
*Renaud
avait le projet de devenir architecte : malheureusement à la naissance du
quatrième enfant, sa mère développa une grave maladie et tout bascula autour de
lui : il me raconta cela l'an passé en venant chez moi, pour le contrat d'entretien
de ma chaudière.
En milieu
urbain, les enfants peuvent accéder plus facilement aux études ; dans les
hameaux de montagne c'était quasiment impensable à cause du manque de moyens,
de l'éloignement, de l'aide apportée par les enfants pour les travaux. Pour ma
part je n'avais pas de projet, je ne me voyais pas d'avenir :j'aurais dû être journalière
agricole ou travailler les lopins de terre familiaux, taillable et corvéable à
merci, sans oublier "les tuiles" qui pouvaient arriver à cette époque
à une adolescente délaissée.
Lors de mon
entrée en sixième, j'ai noté sur ma fiche de renseignements que je voulais être
hôtesse de l'air : le professeur principal était pris entre réprobation et
moquerie ; mais au fond de moi, je savais que c'était pour échapper à la voie
sans issue antérieure, quand je montais aux arbres pour voir les avions de plus
près et que je voulais aller à New-York, rejoindre mon parrain.
Marie-Christine
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Que veux-tu faire quand tu
seras grande ? Qui dans ses jeunes années n'a pas entendu cette question. Je me
rappelle que petite fille on me la posait régulièrement, et je me rappelle tout
autant que je répondais timidement « maîtresse d'école ». Là encore, je pense ne pas être la seule de
ma génération à avoir fait ce choix.
Enfant, pourquoi ce métier
m'attirait-il plus que tout autre, je ne sais plus trop. C'était peut-être le
seul que je connaissais bien à cet âge, au travers de l'enseignement que je
recevais. Il me fascinait peut-être aussi, à cette époque la maîtresse revêtait
une telle importance à nos yeux. On la craignait, on la respectait aussi. On
l'admirait devant l'étendue de ses connaissances, nous qui avions tout à
apprendre et qui découvrions tant de choses avec elle. Et pour tout ce qu'elle
nous apportait, on aimait aussi notre maîtresse d école. Elle représentait
l'autorité, on lui devait obéissance, toute la classe obtempérait sans
broncher.
A mes yeux, la maîtresse savait
commander, se faire obéir, punir s'il le fallait, est-ce cette sorte de
domination qui me plaisait dans ce
métier ? Avais-je envie un jour de pouvoir à mon tour dominer d'autres enfants
? A ce si jeune âge, je ne sais plus vraiment ce qui me motivait
mais je me souviens de connaissances qui, me regardant jouer avec
d'autres enfants, disaient à ma mère que j'avais l'étoffe d'un chef. Mais je
n'ai jamais joué au petit chef.
Plus tard au collège, il fallut
choisir une orientation et je voulais toujours me diriger vers l'enseignement.
A cette époque j'avais envie d'être professeur d'anglais, mes notes étaient
bonnes, la langue me plaisait. Je devais me débrouiller pour remplir les dossiers
et c'est alors que mon professeur principal me mit en garde contre une voie
sans débouché car trop encombrée. Tous les autres voulaient-ils faire la même
chose que moi ? A force de me faire peur en me disant que faute d'être retenue
par le lycée de mon choix, les études cesseraient pour moi et que je n'aurais
plus qu'à chercher du travail, j'ai cédé. Il était pour moi hors de question
d'aller travailler à cet âge, je voulais continuer à étudier coûte que coûte et
je n'ai donc pas fait ce que je voulais.
Après mes études au lycée, ma mère s'est chargée de me trouver un emploi, sans me demander mon avis. Mais qu'importe, je pense m'en être assez bien tirée quand même. J'ai passé des concours, une autre façon d'étudier, je voulais toujours aller plus loin.
Après mes études au lycée, ma mère s'est chargée de me trouver un emploi, sans me demander mon avis. Mais qu'importe, je pense m'en être assez bien tirée quand même. J'ai passé des concours, une autre façon d'étudier, je voulais toujours aller plus loin.
Paulette
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