samedi 7 avril 2018

UN HABIT DU DIMANCHE

Habit du dimanche, habit des grandes occasions, qui nous accompagne au fil des ans. Racontez un peu de sa vie à la première personne
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J'ai été acheté dans un magasin de prêt-à-porter ayant pignon sur rue. Je suis un tailleur bleu marine, jupe droite, doublé de soie, très doux au toucher, confectionné en pure laine vierge, très chic. J'ai été étrenné pour le mariage de ma maîtresse, ensuite pour le baptême de ses enfants, les noces, les enterrements. J'ai connu des périodes de mise au placard, emballé dans du papier de soie, protégé par l'antimite. J'allais aussi au bureau de vote, pour les élections : j'entendais des compliments à mon sujet car je portais beau. J'étais au premier rang pour tous les événements familiaux, religieux, locaux… J'en ai vu du monde : j'étais inséparable de ma maîtresse : debout, assise, quelle constance pour la servir aussi fidèlement! Hélas ! au fil des ans, des maternités, j'avais beau souffrir pour rester chic, malgré mes efforts, je ne pouvais plus contenir Ginette. La fermeture éclair aurait craqué! Dire que j'étais destiné à l'accompagner à sa dernière demeure !
Ginette m'a entièrement décousu : j'ai souffert en silence; elle m'a retaillé, d'après un patron : elle a fait un costume de marin pour son fils Félix qui me porte à merveille, pour les grandes occasions  Je suis toujours aussi , indémodable, économique, mais le garnement est turbulent et peu soigneux : j'enrage chez le teinturier lorsque je subis les traitements au perchloroéthylène !

Marie-Christine
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Eh oui, en ce dimanche matin de printemps, je suis de sortie.  Quitter l’ombre pour la lumière  et revoir enfin le soleil est ma plus grande joie.  J’aime briller aux yeux des autres et m’attirer les compliments. Mes jolies couleurs par ci, mes brides travaillées par là. Tout le monde m’admire et ma petite maîtresse bombant le torse n’en est pas peu fière. Mais  j’étais inquiète, j’avais si peur qu’elle ne puisse plus me mettre car elle avait grandi. Je redoutais aussi qu’elle ne me refuse n’étant peut-être plus à la mode. Eh bien non !  Toutes mes craintes se sont évanouies quand quelques jours avant, elle m’a pris dans ses bras en s’écriant :
 «- Oh, ma jolie robe de printemps ! »
Et c’est avec un grand sourire qu’elle m’enfila et se regarda dans la glace, tournant et virevoltant, soulevant mes plis.
«- Eh bien dimanche, c’est toi que je porterai » s’écria-t-elle en me reposant sur son lit.
Un brin de lavage, un petit coup de fer,  mes couleurs ravivées, et me voilà fin prête pour la promenade dominicale. J’entends déjà les exclamations qui vont fuser :
« -Oh, tu as vu comme elle est ravissante avec sa robe aux tons pastel ! »
« -Comme j’aime  ce bleu si tendre et ce vert amande, » déclarera une autre,
«-  Et ce galon si délicat qui entoure son décolleté »  s’écriera une troisième,
Et j’écouterai bien d’autres louanges encore qui me feront frissonner de plaisir. 

Marie-Thérèse

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