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Jamais je
n’aurais pensé à lui si l’on ne m’avait demandé d’écrire sur mon héros.
Grand
lecteur et doté d’une mémoire prodigieuses, il sait faire part avec humilité de
ses connaissances à qui les lui demande. Ce n’est pas un personnage de fiction.
Il vit pleinement sa retraite dans un cottage normand qu’il a façonné de ses
mains avec goût. Lors de nos conversations, il me décrit, roses et jaunes, ses
rosiers parfumés qui croissent jusqu’à ses fenêtres. Son jardin est à son
image, généreux, plein de charme, foisonnant d’arbres d’essence s rares, de
plantes venues de loin et d’arbustes cous dans nos régions.
Il est
intarissable et pourrait parler des heures sur des sujets divers tels que
l’histoire, la géographie, la politique, la peinture, la littérature… Chaque
fois que je le peux, j’aime à le solliciter pour une information ou une autre.
C’est un
érudit, un homme brillant qui sait faire partager ses passions. Admiré par les
uns, jalousé par les autres, il adopte grâce à son intelligence aigüe une
position toujours pédagogique dont personne ne peut se plaindre.
Son
esprit curieux, inventif, créatif lui donne une aura bienveillante. Grâce à son
caractère pragmatique, il a su développer au contact des autres des facultés
relationnelles appréciables. C’est un homme chaleureux doué d’un sens
artistique indéniable.
C’est à
lui que je me suis consacrée de nombreuses années. Nous avons, lui et moi, le
bien le plus précieux qui soit : un fils.
Nadine
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La
frontière est souvent ténue entre la réalité et la fiction, entre la vie qu’on
mène réellement et le rêve. On peut ne pas être triste à l’annonce de la
disparition d’une personne ayant existé et pleurer la mort d’un personnage issu
de l’imagination d’un écrivain. Où et comment situer un héros ou une
héroïne ? Est-ce celui ou celle qui se distingue pas ses hauts faits ou au
contraire par ses failles et ses faiblesses ?
La
mienne, puisque c’est une femme, m’accompagne depuis fort longtemps. Elle a
essayé d’affronter le quotidien, puis trouvant celui-ci ennuyant et monotone, a
rêvé d’une existence faite d’amour absolu, celui que l’on rencontre dans les
livres. L’amour romantique, le grand lyrisme ! Mais elle n’a eu que des
amants de chair et de sang qui l’ont fait souffrir. Et, tout comme moi, elle a
été déçue, perdant petit à petit ses illusions, cherchant vainement le bonheur
qu’elle croit avoir trouvé par moments.
Elle est
devenue mon amie, fictive certes mais pourtant ô combien réelle ! Elle me
ressemble et me comprend c’est une héroïne qui se cogne aux pris rugueuses
d’une vie mélancolique et qui ne parvient pas à réaliser ses rêves.
Ses
rêves, qui ont tissé son malheur, mais grâce auxquels elle a vécu quelques
pages de bonheur intense. Voilà pourquoi je me suis tout naturellement
identifié à elle, mon double, mon miroir, mon éternelle jeunesse ! Comme
aurait dit son créateur : « Madame Bovary, c’est moi ».
Prénom : Emma.
Maria
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Je
pense à tous ces héros :
Les
inconnus qui ont aidé pendant les guerres, des évadés de prison ou des camps de
concentration à partir vers la liberté. Les blessés de guerre, les victimes
d’attentats ou de la vie de tous les jours que l’on a rassurés, soignés en
attendant les secours.
A
tous ceux qui ont su entendre la voix du désespoir de celui ou celle qui
voulait en finir de cette vie cruelle, qui s’est dérangé pour écouter,
réconforter, en évitant le pire.
Tous
ceux qui lors de l’attaque du 13 Novembre ont payé de leur vie en protégeant de
leur corps, des êtres chers à leur cœur ou tout simplement par un élan
humaniste. Ce petit garçon protégé par sa mère et sa grand’mère a pu avoir la
vie sauve. Ce jeune homme qui a péri en
protégeant sa fiancée : trois cas parmi des centaines d’autres