lundi 14 septembre 2015

LA FILEUSE


La fileuse, Manuel Zapata Orihuela
Elle n’est plus elle-même, les yeux écarquillés, les doigts déformés, à force de fixer son regard sur son rouet, les mains manipulant sa quenouille, elle voit des mètres de laine. Combien de pelotes a-t-elle confectionnées ? Combien de pulls, de couvertures ont vu le jour par son savoir-faire ? Les moutons bêlent autour d’elle mais elle n’y prête plus attention. Elle est hypnotisée par leurs toisons. Et pendant ce temps, le temps file entre ses doigts et demain, il sera trop tard, pour filer autre part.

Mireille

File la laine ma fille
Surtout celle de Lama
File la laine de la plaine
Surtout celle d’Alpaga
Transforme les fleurs de coton
En étoffes aux superbes éclats
Tes grands yeux au regard profond
Ne quittent l’écheveau
Bien loin de nos civilisations ici-bas
Que pour créer le renouveau
Sous le soleil Péruvien tout là-bas
Au pays des rustiques agriculteurs
Et bien sûr, n’oublions pas
De courageux éleveurs
Sous des altitudes défiant Eole et le froid
Tableau peint avec romance et chaleur
Par le mari de notre amie Marie-Thérèse Zapata.

Claudine

Le soleil adoré des Incas, mélange de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, baigne la fileuse, trônant au milieu de nulle part, assise au premier plan, contre une volumineuse structure cubique, grisâtre, aux arrêtes froides, nues, impersonnelles.
La fileuse aux mains surdimensionnées, étire de la main gauche la laine blanche de lama ou de vigogne, fait tourner de la droite le fuseau pour tordre le brin blanc : selon la légende, l’arc-en-ciel Kuychi, mécontent des habitants de Taquile leur aurait enlevé les couleurs, les laissant dans un univers de blancs et de bruns ; c’est en apprenant à tisser que les Indiens auraient « recouvré » la couleur
Le fil, métaphore de la vie, traverse les temps, identique à lui-même !
Dans les lointains, trois arbres marron, étoilés par le béton, semblent lancer un appel muet, vain et dérisoire, uniques vestiges de la nature déforestée.
La descendante des Incas, nous regarde sidérée, nous délivrant un message implicite concernant l’avenir des règnes animal, végétal et humain : nous lisons une épouvante indicible dans ses pupilles dilatées, couleur d’obsidienne.
Malgré l’insoutenable horreur des génocides, des bouleversements climatiques, l’essentiel est de vivre !
Quand la croûte terrestre continue à s’assombrir, le soleil brille pour tous.

Sous l’astre du jour
Au milieu de nulle part
Sidérée, elle file !

Marie-Christine


Les yeux grands ouverts
Elle file la laine de mouton
Du matin au soir

Emmanuel

Femme au visage étincelant de lumière, aux grands yeux ouverts sur le monde, tu essaies de relier les fils qui habillent tes blanches quenouilles. Chez toi, c’est toujours le printemps, il y a toujours du soleil, c’est toujours le pays des merveilles !
Si tu cherches les jours de douleur
Un ami pour sécher tes pleurs
Va chez la fileuse, va chez la fileuse
Il y a toujours la clé sur la porte
Tu rentres, on te réconforte
Il y a toujours au coin du fourneau
De la soupe et du café chaud
Chez la fileuse, va chez la fileuse
Il y a toujours un feu bien nourri
Une chambre, un lit pour la nuit
Il y a toujours des amis qu’on aime
On partage leurs joies, leurs problèmes
Chez la fileuse, va chez la fileuse
Il y a toujours un air de guitare
Et l’on chante nos joies, nos vies simples, nos espoirs surtout

Christiane

File la laine entre ses mains,
Il faut avancer le travail,
Le finaliser méticuleusement,
Enchainer les gestes pour ce faire,
User la peau de ses doigts,
Sans répit, il faut avancer,
Et viendra enfin le produit terminé.

Paulette

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