vendredi 6 juillet 2018

UN PERSONNAGE, UN LIEU, UNE ACTION

Ecrire un texte après avoir tirer au hasard : un personnage, un lieu et une action
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Un dentiste psychopathe - accueillir à bras ouverts - sur l’île de Pâques 

C'était un dentiste dont on aurait pu dire qu'il avait la bougeotte. Après s'être d'abord fixé dans une petite bourgade des Alpes pour exercer sa profession, il avait rapidement mis la clef sous la porte et décidé d'aller proposer ses services ailleurs. On pouvait donc se demander s'il allait enfin se fixer, quand il arriva dans ce village du Tarn où les habitants l'accueillirent à bras ouverts. Son arrivée avait fait grand bruit  dans ce désert médical et tous se réjouissaient d'avoir enfin un dentiste, ils n'allaient plus être obligés de faire des dizaines de kilomètres pour se faire soigner, ni devoir attendre en souffrant pour obtenir un rendez-vous. S'ils avaient su....
Ce dentiste avait déjà sévi auprès de ses précédents patients mais sa réputation ne l'avait pas précédé, ni même encore suivi. Une fois installé, il eut bien vite une assez bonne clientèle devant sa porte. Il procédait de façon immuable, après avoir reçu fort aimablement ses clients dans son cabinet dentaire, c'était ensuite en vrai bourreau qu'il agissait pour leur prodiguer les soins dont ils avaient besoin. Par exemple, il se pensait tout à fait apte à juger du degré de résistance à la douleur des individus, et c'est donc sans anesthésie qu'il forait leurs dents. Un simple détartrage virait au cauchemar, les dents étaient ensuite méconnaissables, les dégâts étaient irrémédiables. Et que dire des plombages où son travail se révélait des plus fantaisistes.
Mais c'était compter sans ses précédentes victimes qui, bien entendu, avaient déposé moult plaintes auprès des autorités, lesquelles recherchaient donc activement cet individu qui, en profitant de sa profession, prenait un si malin plaisir à faire souffrir les gens. On aura compris que ce soi-disant dentiste était bien évidemment lui-même très malade et que ce n'était pas des dents dont il souffrait, c'était un véritable psychopathe. C'était beaucoup plus grave et aussi moins facile à soigner.
Les plaintes déposées étaient si nombreuses que c'est tout naturellement qu'il fit un jour la une des journaux locaux dans les Alpes, où il devint tristement célèbre sous le nom de « dentiste de l'horreur ». Sans doute conscient de ses méfaits, il se tenait sur ses gardes, et quand il vit sa notoriété prendre une telle importance, il prit de nouveau la poudre d'escampette.
Cette fois il partit très loin, sur l'île de Pâques, au beau milieu du Pacifique, là où pensait-il personne ne viendrait le chercher. Là-bas les Moaïs pouvaient être tranquilles, à eux il ne pourrait causer aucun tort. Et qui sait, peut-être qu'un jour il sera finalement arrêté pour le plus grand soulagement de ses victimes, ainsi la morale sera sauve.

Paulette
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Un étudiant habitué à mener grand train – un motel miteux à Chicago – s’attribuer la paternité d’une fabuleuse découverte

Elie devait être habitué à mener grand train tant il évoluait avec un plaisir évident et beaucoup d’aisance auprès de tous ceux qui constituaient les hautes sphères de la société. Étudiant américain inscrit en sciences économiques, il était en stage dans l’un des meilleurs instituts français ; introduit et parfaitement bilingue, il ne manquait aucune occasion de compléter ou de parfaire son carnet d’adresses… Ce soir-là, il était curieux et impatient de rencontrer la fine fleur de nos laboratoires pharmaceutiques, d’autant plus que la paternité d’une fabuleuse découverte venait de lui être attribuée par son pays.
Je n’en sus jamais plus sur lui et ses travaux, et le perdis de vue.
Trente ans plus tard, la crise avait durement sévi sur l’industrie américaine, notamment à Chicago. Le hasard d’un voyage au Canada m’offrit l’occasion de faire une courte incursion dans cet ancien centre industriel. Le soir venu, nous eûmes du mal à nous trouver un gîte pour la nuit, et nous dûmes nous rabattre sur un motel miteux. Étrangement, le tenancier me disait vaguement quelque chose… mais quoi ? et qui ? Lui ne semblait pas troublé. Puis, les souvenirs épars finirent par reconstituer la figure d’Elie. Comment était-ce possible ? Que lui était-il arrivé ? Le doute aussi fort que la certitude, finit par l’emporter : rien ne se produisit !

Françoise
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Un professeur idéaliste et dépressif - organiser un dîner - un bistrot malfamé

Monsieur Léopold Revenu, au demeurant excellent professeur de philosophie, idéaliste en diable, n'avait pas plus les pieds sur terre que Socrate dans la pièce Les nuées  d'Aristophane, vivant dans un panier aérien.
Monsieur Léopold avait une personnalité à facettes, un vrai kaléidoscope, cachant des penchants hédonistes : mal lui en prit : à la suite de certaines déconvenues, de déceptions cuisantes, le philosophe sombra dans une profonde dépression dont il ne voyait jamais le bout du tunnel. Il fut interné deux années durant dans un service spécialisé, plus précisément dans une cellule capitonnée. Éros et Thanatos ne sont pas étrangers l'un à l'autre.
Il émergea cahin caha, sortit, fit de nouvelles rencontres, renoua avec certains plaisirs de l'existence.
Pour fêter sa convalescence, le pire étant derrière lui, il lança des invitations, pour conjurer le mauvais sort, revoir le soleil, il organisa à grand coups de trompe un dîner dans un bistrot mal famé, aux lumières tamisées, à la musique aussi suggestive que lancinante ; on ne pouvait rater les portemanteaux membrus de l'entrée.
Un ancien élève du professeur émérite se trouvait en ces lieux : il colporta sans retard cette rencontre inespérée sur la vaste avenue des réseaux sociaux.
L'enseignant replongea derechef dans la vaste toile d'araignée de la dépression.

Marie-Christine
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Un éleveur aux pratiques douteuses – au Mont de Piété - se lier d'amitié

Un éleveur de chiens de race aux pratiques douteuses fût arrêté après une longue enquête de la gendarmerie. En effet pour se débarrasser des corps des chiens en toute tranquillité, il avait fait ami avec le responsable de l’usine de charcuterie voisine qui le payait en argent frais. Il utilisait ce stratagème chaque fois qu’il en avait besoin. Réussir un élevage de chiens de race est difficile, les chiots ne correspondaient pas toujours à ses attentes mais ce n’était pas grave, il les laissait grandir et quand ils avaient atteint un poids suffisamment gros, il les tuait et faisait appel à son ami de l’usine de charcuterie. Les affaires tournaient donc bien, cependant une voisine intriguée par ce manège qui se faisait à la nuit tombée : l’éleveur se rendait à l’usine les bras chargés et revenait les mains vides mais avec un mauvais sourire sur sa face patibulaire. Ayant constaté cela à plusieurs reprises, elle se confia à la gendarmerie qui pris le relais de la surveillance. Finalement l’éleveur et son triste ami furent arrêtés. Tout  fût révéler aux médias et cela fit un énorme scandale. L’amende pour l’éleveur était si forte qu’il dut vendre tout ses biens mais avant d’être emprisonné il se rendit déposer ses bijoux au Mont de Piété.

Fabienne
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Une apprentie coiffeuse superstitieuse - Réparer un pneu crevé - Au Tribunal de Grande Instance

D’une apparence un peu garçonne, Camille avait toujours eu un tempérament bien trempé et ne craignait pas de se mêler au milieu très masculin de la mécanique. Elle aimait se retrouver avec son oncle dans son atelier où les clients venaient lui confier leur véhicule, souvent une bicyclette ou un vélomoteur mais aussi des vieilles guimbardes qui n’en pouvant plus, ne demandaient qu’à se laisser choir dans un coin. Pourtant l’oncle Jacob patiemment les requinquait et les remettait sur pied ou plutôt sur pneus. Après de laborieux efforts et de nombreux tours de vis ou de soudure, la voiture reprenait la route pour le plus grand bonheur de son propriétaire. Dès qu’elle le pouvait, Camille  accourait au garage et l’aidait. Bientôt elle fut à même de changer un pneu crevé ou une courroie de transmission et même sur les vélos, le pédalier.
Elle grandissait et aurait voulu passer ses journées auprès de son oncle. La vie scolaire lui pesait. Ne voulant pas continuer les études, ses parents allaient l’orienter vers un apprentissage. La réparation automobile lui aurait bien plu mais contre toute attente, ils décrétèrent que c’était impossible pour une fille. Et un matin, au retour du collège, elle croisa le petit rouquin qui s’amusait à lui faire peur dans la ruelle. Très taquin,  il lui sautait dessus, tout en poussant des cris d’orfraie. Sa chevelure flamboyait dans la lumière du soleil et paraissait en feu. Elle avait reculé et s’était retrouvé sous l’échelle du maçon écrasant presque le chat noir de Madame Moon qui passait furtivement. Elle eut beau croiser les doigts avant de rentrer chez elle. Elle ne put conjurer le mauvais sort. Ses parents l’attendaient pour lui  annoncer qu’elle était inscrite pour la coiffure et qu’ils lui avaient déjà trouvé le salon où elle irait prochainement. Quelle déception ! Ils eurent beau lui expliquer que c’était plus raisonnable et plus féminin. C’était d’ailleurs un métier manuel qui demandait de l’observation et de la patience et qu’avec un peu de bonne volonté elle y réussirait sûrement. Elle pourrait ainsi se faire une bonne paie car les pourboires y sont fréquents. Leur ton ferme lui indiqua que la décision était prise et qu’elle n’avait pas son mot à dire. D’ailleurs, sa mauvaise rencontre lui avait fait pressentir cette mauvaise nouvelle. Finie les salopettes un peu crasseuses et les mains dans le cambouis, finis les allures viriles  et les cheveux trop courts !
Maintenant, sans grand enthousiasme, elle prenait le chemin inverse pour aller au salon, accueillir les clients, ranger le vestiaire ou les produits ou faire les shampooings. Elle ne rencontrait plus le petit rouquin mais elle regardait toujours le ciel pour y découvrir un signe, celui qui lui prédirait une journée  tranquille. Hélas, la coiffure ne l’intéressait guère et elle lorgnait souvent à travers la vitrine vers les véhicules en stationnement car presque en face, un peu sur la gauche se trouvait un garage. Perdue dans ses pensées, elle se faisait alors rabrouer par la patronne qui la trouvait peu attentive.
«- Regarde au moins comment je travaille lui disait-elle, cela te servira pour l’année prochaine ! »
 Mais Camille ne s’en souciait guère.
Un vendredi 13, alors qu’elle pénétrait dans la ruelle, elle vit le vélomoteur de son jeune voisin retenu au tronc de l’arbre, par  une chaîne et lui,  penché en avant, essayant maladroitement avec des outils de fortune, d’en démonter le pneu crevé.  Il l’interpela : 
«-  Camille,  toi qui sais enlever une roue, peux-tu m’aider ? »
 Elle n’hésita pas une seconde et elle s’accroupit pour l’aider.
L’opération était quasi terminée quand un policier vint à passer par là. Il crut immédiatement avoir  affaire à des voleurs  car depuis quelques semaines,  plusieurs deux-roues avaient disparu. Sans leur laisser le temps de s’expliquer, il les emmena derechef au tribunal de grande instance pour comparaître  en flagrant délit. L’interrogatoire des deux présumés délinquants, révéla au juge la méprise du policier. Après une brève admonestation, ils furent rendus à Leurs parents qui, avertis, étaient venus les rechercher. L’incident fut clos. Pourtant Camille dans son for intérieur pensa qu’elle aurait bien dû se méfier du vendredi 13 !

Marie-Thérèse

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