vendredi 2 septembre 2011

D'APRES "BLOTTER" DE PETER DOIG




Écrire un texte d'après cette œuvre du peintre Peter Doig.
S'inspirer du tableau, sans s'y enfermer mais au contraire en ouvrant toutes les portes qu'il peut ouvrir.

Partir de l'atmosphère générale du tableau, du personnage, de ce qui se cache derrière la forêt, d'un détail, une couleur, une branche couverte de glace...









Une forêt, que dire, une suite ininterrompue de bouleaux, de pins, d'érables, de chênes jeunes qui, droits comme des i, nus comme des vers, s'élèvent pareils à des spectres dans les sphères d'une blancheur à faire peur !
Ce ciel ! Cotonneux, comme de la ouate, absorbe tous les bruits ou presque. Celui des branches qui tombent. Celui de cet écureuil vif comme l'éclair qui se fraie un chemin et parcourt quelques mètres sur le tronc d'un mélèze. Celui des pas d’un homme seul qui enfonce ses pieds dans la neige fraîche, tombée de cette nuit.
Elle crisse sous les pieds. Il soulève avec toujours un peu plus de peine chacune de ses chaussures. La semelle dessine des carrés égaux dans ce tapis d'une blancheur légèrement scintillante, sous le halo de lumière qui se glisse imperceptiblement dans ce sous-bois ombragé.
Il marche lentement en regardant ses pieds. Pas à pas, il se dirige vers cette étendue brillante qui semble l'attirer comme un diamant.
Il ne pense pas à regarder derrière lui, tout son corps et ses muscles se tendent en avant. Il ne semble pas ressentir la morsure du froid en ce petit matin de janvier.
 La chapka bien enfoncée sur les yeux, quelques cheveux apparaissent, ses mains dans de grandes moufles, pendent sur le côté.  Il ne souffre pas du froid, il résiste de toute son âme, son blouson lui couvre tout le torse et la gorge.
Il avance, il progresse, il lutte de toutes ses forces. Son esprit est préoccupé, il n'a qu'une envie : aller là-bas ! Là où ça brille !
Ça y est ! Il arrive ! Surprise ! Ses pieds ne s’enfoncent pas dans cet élément semi-liquide.
Il joue même. Il fait des ricochets avec des pommes de pins, il râpe le fond verglacé du lac en projetant de l'eau devant lui.

Il s'amuse à provoquer des remous, des minivagues et trouble l'onde qui forme de larges cercles concentriques autour de lui emprisonnant sa propre ombre. IL ADMIRE LE REFLET DES ARBRES SUR L’ONDE.
 Il se joue de la température en-dessous de zéro. Il semble insensible à la morsure du vent qui vient de se lever et déplace la neige et les rubans de glace collés aux arbres en guirlandes aux mille faisceaux lumineux.
Il semble apprécier cette solitude, cette immensité, ce calme presque parfait.
Il le voulait, le désirait au plus profond de son être. Il en avait besoin pour faire corps avec cette nature sauvage, pour sublimer, pour tout oublier , pour faire le vide parfait dans son esprit brouillé et parasité.
Oublier ! OUBLIER. Jusqu'au froid qui commence à racler sa gorge et rougir ses yeux et son nez.
Oublier ce manque d'amour. La chaleur humaine que sa propre famille lui distille au compte-goutte !
Oublier cette vie qui lui semble morne et sans attrait.
Oublier enfin tous ses amis qui oublient jusqu'à son existence !
Soudainement, il se met à tourner sur lui-même, comme un derviche-tourneur. Les bras tendus, les mains en cuillère, le visage tendu vers le ciel, comme s'il voulait absorber tous les jolis flocons qui en tombent, légers comme des plumes, petits diamants blancs et transparents, purs comme des enfants.
 Ses larmes se cristallisent sur ses joues, se mêlent aux froids cristaux.
Il sourit cet homme, il se libère, il hurle comme les loups !
Il chante d'abord lentement, sourdement, puis à perdre haleine. Il avale des flocons de neige et, de ses moufles, retire le surplus sur son visage. Il regarde autour de lui. Le lac brille comme un joyau ! Il est enfin heureux cet homme ! Loin de tout ! Loin de cette civilisation qui le délaisse.  C'est un hymne à la liberté.


Claudine


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La solitude, la neige, l'hiver. Je me trouve là parce que j'ai eu un grand moment d'orgueil. Je viens de m'aventurer dans ce lieu inconnu et ne sais pas où ce chemin me mène.
J'étais un homme heureux. Je ne le savais pas. J'avais toujours besoin d'autre chose... J'avais un travail, mais je ne voulais plus être commandé. J'ai monté une petite entreprise de peinture qui a eu du mal à démarrer. Ma femme, attentive, ma aidé. J'étais fier de moi...
À cette époque de ma vie, une femme très belle est arrivée. Elle avait disait-on toute une maison à rénover : la perspective de gros travaux me plaisait assez. Je suis allé chez elle présenter mes catalogues... je croyais me rendre dans la maison en question... non, c'était un studio, en attendant. Au fil de la discussion, elle se faisait de plus en plus proche, son regard, son parfum. Le choix des choses à faire est resté pour le lendemain... et chaque jour, j'avais un prétexte pour me rendre chez elle. Elle est devenue ma destructrice. Je n'étais bien qu'avec elle. Elle avait besoin d'argent pour lancer sa maison de couture. Je me suis démuni...
Jusqu'au moment où j'ai voulu la suivre dans ce pays inconnu, où nous avons fait escale dans cette ville inconnue. Enfin, j’ai senti que quelque chose n'allait pas. Qui était-elle en vérité ?
Alors qu'elle prenait sa douche, j'ai cherché et trouvé dans ses affaires : un pistolet, de l'argent de différents pays, deux cartes d'identité, deux noms, deux couleurs de cheveux... Une intrigante !
J'étais bouleversé, j'avais honte d'en être là. J'ai pris le révolver, j'ai piétiné sa photo et je suis sorti le plus vite possible... j'ai marché.
Le lieu où je me suis retrouvé est à l'orée de ce bois. C'est pourquoi je suis là, errant... Il est tombé de la neige les jours précédents. Le paysage est glacé. Les arbres sans feuilles. Un peu de bois mort jonche le sol. Je ne sais pas où je vais. Subitement, la route devant moi est comme un étang gelé qu'il faut traverser. Là où je pose mes pieds, le gel craque. J’ai très froid et je ne suis pas assez vêtu pour ce lieu.
Je suis las. Je ne peux m'assoir. Je médite. Mon regard va vers les jours passés, ce dont ce moment de folie m'a séparé. Je me sens nul.
La forêt, je la connaissais belle, sereine, avec des chants d'oiseaux, quelques lieux piétinés à la recherche du brin de muguet où l'on allait en chantant.
Je grelotte. Je veux en finir. Personne ne m'attend. Cette triste forêt ajoute à mon désespoir. Je n'attendrai pas la belle saison, le printemps. Personne ne m'attend.
C'est l'heure du révolver sans doute prévu pour moi. C'est le moment où je ne suis rien.
Dans la nuit, chaque étoile a pris sa place. Il y en a une qui m'accompagne au ciel.
C'en est fini.


Rose

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Un paysage presque lunaire, des arbres sans vie, un homme figé, fasciné semble-t-il par ses pieds baignant dans une  mare gelée. Sinistre que cette vision de l'hiver et de la solitude.
Je préfère voir l'envers du décor. Un bois aux arbres verts, couverts de fleurs avec des chants d'oiseaux. une mare où des grenouilles sautent de feuilles en feuilles. Une allée sablée où des hommes, des femmes, des enfants et aussi des chiens se baladent répandant la joie autour d'eux. Pour cela, il suffit, un seul instant, de fermer les yeux.

Monique

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