samedi 15 février 2014

LOGORALLYE 6

Double contrainte pour ce logorallye : votre texte aura pour cadre le désert et devra comporter obligatoirement les mots 
muet, onduler, silhouette, mâchonner, cordelette, légende, frisson, rire et médaillon.

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Rouler muet dans le désert, lançant un regard furtif sur la légende d’une carte géographique est très éprouvant, surtout quand, avec frisson, on a perdu la piste. On ne peut alors que s’en remettre au médaillon-fétiche suspendu par une cordelette derrière le pare-brise et se rire du danger, quitte à mâchonner du kif en regardant onduler la silhouette des dunes.

Emmanuel

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Un autre désert ?

Muet ! Je n’avais jamais imaginé que mon corps puis l’être devant un tel silence au milieu
d’une forêt : est-ce un autre type de désert ?
Un frisson me parcourt en ce petit matin qui se lève sur la forêt de Bélouve encore toute ennuagée. La cordelette de mon sac à dos bat contre ma poitrine et me rappelle qu’un petit café chaud accompagnerait bien un médaillon aux céréales à mâchonner. Pause-miracle : soudain, furtif, un minuscule oiseau, le tec-tec, vient se poser à l’extrémité d’une graminée qui se met à onduler dans l’air frais… Il est si inattendu, tellement bienvenu, que j’éclate de rire et pousse un « ouf » de soulagement. Ma compagne réunionnaise sourit à son tour et ajoute : « Oui, il reste encore un peu de vie animale sur notre île. La légende actuelle veut que l’on appelle cet oiseau l’oiseau du randonneur ».
La pause est terminée et nos deux silhouettes glissent à nouveau sur le sentier.

Françoise

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Désert à deux pas…

Les gens de ma rue ne connaissent plus les arbres ni la fraîcheur des nuits d’été. Ils sont muets devant leur poste de télévision. Ils n’entendent plus les rires ni les cris d’une dizaine de jeunes qui jouent au foot sur le terrain vague situé à 300 mètres à peine. Il ne voit  plus la silhouette furtive de la voisine qui rentre chez elle après une journée de travail harassante. Ils n’ont que des murs, des murs, partout, à vous donner le frisson.
Les gens de ma rue vivent dans un désert de ciment et de briques. Ils ne se saluent pas, s’ignorent totalement, se croisent tout en mâchonnant du chewing-gum. Ces murs qui les isolent ne sont que mensonges, ils ne les protègent pas, au contraire ils les rendent suspects et plus vulnérables.
Il suffirait d’un homme ou d’une femme assez audacieux pour tresser une fine cordelette qui les réunirait pour une petite fête à l’occasion d’un événement tout simple et les rassemblerait autour d’un pot de l’amitié. À la première rencontre, il n’y aurait peut-être que quatre ou cinq personnes mais, si l’on ne baisse pas les bras et si l’on recommence, petit à petit, le groupe augmentera et enfin les voisins se parleront et ne resteront plus figés comme des figures dans des médaillons.
Il suffirait d’un peu d’enthousiasme pour que s’évanouisse la légende maudite qui plane au-dessus de ces barres ondulant à la périphérie de nos grandes villes, pour que ces déserts deviennent des lieux où il fait bon vivre.

Christiane

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Muet comme une tombe, signes annonciateurs du grand frisson, tes yeux exorbités fixent
la cordelette sur laquelle une mygale joue l'équilibriste. Sa silhouette trapue et velue se dessine en ombres chinoises sur le mur mitoyen lépreux de cette pièce en torchis, formant un médaillon de lumière tamisée et furtive, qui semble onduler sous les bourrasques. Le danger passé, un fou-rire nerveux te prend au point d'avaler le chewing-gum que tu mâchonnais  inlassablement. La légende dédramatiserait l’apparition de la mygale, venue rendre visite aux humains dans ces sites désertiques comme un signe d'espoir et de bienvenue. Elle l'apparenterait ainsi au chant des cigales nous berçant aux approches des nuitées étoilées du bassin méditerranéen.

Claudine
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Ce jour-là, mon amie Marie-Antoinette et moi, quittons Lima pour nous rendre à Arequipa à bord d’un vieil  autobus brinquebalant assurant néanmoins, régulièrement la liaison entre ces deux villes. Dans le brouillard matinal de ce quinze février, le chauffeur vient de charger sur la galerie, de nombreux sacs de marchandises aux formes hétéroclites, arrimés par de fines cordelettes de coton tressé. Des paysans endimanchés, venus faire quelques démarches ou emplettes dans la capitale, prennent place à bord, au fond du véhicule, suivis des femmes aux vêtements colorés. Souvent, elles portent sur leur dos, leur dernier né et tiennent à la main quelque volatile. Enfin quelques touristes de passage embarquent à leur tour. Nous montons à bord. Le chauffeur et son acolyte se hissent sur leurs sièges quelque peu défoncés et nous voilà partis !  De longues heures de route nous attendent, presque quatorze heures pour ces 765 kms !

Dans le brouhaha ininterrompu de l’avenue Abancay, des klaxons de bus et de camions, des cris des conducteurs réclamant le passage, nous laissons derrière nous, l’agitation de la capitale. Très vite, disparaissent de notre vue, les immeubles puis les maisons de briques et de nattes accrochées aux flancs de la montagne tout proche. Leurs silhouettes éphémères se sont perdues dans la brume. Seul le noir serpent de l’asphalte met une note de couleur sombre entre les collines grisâtres et les dunes de sable ocre. Pas un seul arbre à l’horizon, pas un brin de végétation, pas de village visible non plus ! Le soleil perce à peine le gris du ciel. Rien à l’horizon ne vient arrêter le regard sur ce paysage qui semble figé là, depuis la nuit des temps. Comme si une baguette magique les avait endormies pour toujours, les roches pétrifiées défilent sous nos yeux créant une sensation d’oppression. Elles ne sont pas là, si près mais, si soudain elles s’animaient et venaient à nous écraser, tels des géants maléfiques ! Un silence pesant règne dans le car. Seul, à peine audible, le bruit discret de quelques hommes mâchonnant leurs feuilles de coca, vient troubler le ronflement ininterrompu du moteur. Tous sont muets. Beaucoup ont commencé à s’endormir n’ayant cure d’un paysage monotone. Sous les soubresauts du véhicule et de la fatigue qui m’envahit, la terre, vaste et grise, ondule et  s’étend à perte de vue, un peu plus ocre à droite, un peu plus foncé à gauche. Voilà déjà plus d’heure que nous roulons sans voir âme qui vive dans ce décor d’un autre temps

Soudain, jaillit comme dans un éclair, le soleil levant. Il éclabousse de rayons tout cet environnement et lui donne vie. Le sable brille et l’asphalte rutile. Les roches s’animent montrant leurs parures veinées. Au même moment,  le car s’engage sur la falaise, une secousse un peu plus forte et tous les passagers sont réveillés. Brusquement, l’océan surgit devant nos yeux  médusés. Éblouis par la beauté du décor, nous sommes subjuguées par la vision de son immensité. Pas un bateau en vue ! Au loin, sur le bleu profond de ce désert liquide, les vagues courent en gros rouleaux. Seule, par endroits,  l’écume des crêtes met une note de couleur blanche. Comme dans un spectacle, les touristes applaudissent ressentant un frisson  d’émotion devant un panorama si prenant. Devant cet à-pic, quelques rires nerveux éclatent également. Un touriste réclame une photo souvenir. Condescendant,  le chauffeur ne s’arrête que quelques minutes car la route est encore longue et le désert de Nazca nous attend.
L’Océan Pacifique nous accompagne encore pendant plusieurs kilomètres au gré du tracé de la route, apparaissant ou disparaissant tour à tour. Parfois, furtif, un rayon de soleil pose une touche rouge brique sur quelques rochers de la falaise, ou au contraire, l’ombre teint certains d’un bleu gris comme celui posé tel un médaillon au pied de quelques maisons de pisé. « Cerro Azul, puerto de los Ensuenos »  «Montagne bleue, port des Songes ». C’est là que nous l’abandonnons pour nous enfoncer dans les terres.
Nous roulons maintenant dans un décor rocail­leux, sec et aride, voire lunaire. Encore une heure peut-être ou deux, ici le temps ne compte plus, nous entrons dans la légende et dans
l’éternité. Nous voici enfin arrivés au célèbre désert de Nazca où extra-terrestres et ovnis sont, parait-il, venus peupler ce coin du Pérou, dessinant mystérieusement sur le sol des symboles d’animaux ou d’objets dont personne à ce jour ne connait le secret.

Marie-Thérèse

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Arrête de blatérer sale bête, tu m'empêches de réfléchir et tu me gâches mon plaisir ! Je vais te fermer le clapet en deux-trois tours de cordelettes..." déblatère ce chamelier pas très sympathique ! Il doit être nouveau dans le métier ! Rien qu'à l'idée, de te rendre muet, j'en ai le grand frisson..., reprend-t-il. Quel chameau, ce chamelier-là ! On se demande qui a le plus mauvais caractère... : son chameau en rut ? Ou ce chamelier en mal de femme ?... Sa dernière conquête ayant pris la poudre d'escampette en découvrant celui qui aurait dû être son mari pour la vie! A force de mâchonner inlassablement son bâton de réglisse, il en a les dents toutes jaunies semblables en tout point à sa monture. Celle-ci mastique la cordelette et
bientôt en vient à bout ! D'un coup d’œil furtif, entre ces cils broussailleux, elle reluque le médaillon de son propriétaire. Prestement, elle s'en empare et le mâchouille allègrement. Les autres chameliers, occupés à entraver les sabots de leur propre véhicule bosselé se retournent en entendant les jurons et les marques de mauvaise humeur du chamelier débutant. Cela déclenche l'hystérie chez l'intéressé et l'hilarité aux alentours. Ils éclatent de rire.
La grande silhouette du berbère, vexé, se détache dans un halo de soleil couchant. Dans un décor de sable soulevé au gré du siroco, elle semble onduler entre les tentes du bivouac. L'homme tente de se maintenir droit, luttant contre le vent. Entre deux dunes, les tentes bien maintenues par des cordelettes résistent  envers et contre tous  les aléas et le temps qui passe inexorablement. Elles restent dignes près de la piste qui disparait en partie comme cet apprenti-chamelier pas franchement doué pour le métier.
La légende dit qu'il ne faut jamais contrarier son chameau, car il vous le fera payer ! Vous connaissiez le mal de mer, celui de la terre et de l'air, maintenant, vous avez-vous connaissance de celui du chameau… ?

Claudine

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J’étais partie pour un voyage humanitaire dans un lointain pays, accompagnée d’un petit groupe aussi motivé que moi.
Mais, victime d’intempéries notre avion fut obligé d’atterrir dans un endroit inconnu.
Par je ne sais quel hasard,  je me retrouvais seule marchant dans le désert sous un soleil de plomb, sur un sable brûlant.
Soudain une silhouette se dessina au loin, fière sur sa monture. C’est à ce moment-là que je poussai un cri, en voyant passer une vipère des sables qui avançait en ondulant.
Le cavalier se rapprocha de moi avec un rire moqueur devant ma peur du serpent. Il jeta un regard furtif sur le reptile qui s’éloignait rapidement.
Je constatais qu’il ressemblait à un personnage de légende, beau comme le prince des mille et une nuits.
Il me demanda ce que je faisais seule au milieu du désert ? Je lui expliquai en quelques mots mon incroyable aventure, il m’invita à partager sa monture. Il faisait partie d’une caravane qui avait installé un campement pour la nuit.
La fraîcheur du soir me fit frissonner. Aussi il m’offrit de partager un thé bien chaud sous sa tente. Je le regardais mâchonner les rafraîchissantes feuilles de menthe ; il avait dénoué la cordelette qui retenait son long manteau, découvrant un médaillon qui ornait sa poitrine.
Je ne pouvais qu’admirer ses magnifiques yeux bleus au regard profond, son beau corps d’athlète. Étonné de ma façon de le dévisager, il était devenu muet et le silence se fit.
Puis, nous avons parlé une bonne partie de la nuit. La suite ne fut qu’un beau rêve éveillé. Le bonheur se savoure mais ne se raconte pas ! Il fit le nécessaire pour que je puisse rentrer dans mon pays.
Aujourd’hui encore, je me souviens ravie de ce voyage où j’ai joué le rôle d’une princesse des mille et une nuits.

Mireille



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