samedi 8 mars 2014

UNE SEMAINE SANS...

Une semaine sans... sans belle-mère, sans dormir, sans toi, sans cigarette, sans pluie, sans nouvelles, sans enfant, sans téléphone... 
.....................................................

C’était Lundi, un de ces lundis qui commence mal. Sans réveil, je n’avais pas senti l’heure s’écouler et blottie douillettement au fond de mon lit, j’y étais demeurée peu trop longtemps. J’étais en retard quand je posais le pied à terre sans précaution et, je ne sais pourquoi, juste à cet endroit, un faux pli du tapis me décocha une douleur intense au niveau de la cheville. En boitillant je me dirigeai vers la salle de bain sans voir la porte à demi-ouverte. Je me heurtai violemment le front contre l’arête. Sans pommade ni arnica, je voulus me passer un peu d’eau froide mais c’était sans compter avec l’adversité, car j’avais oublié que ce jour-là, nous nous trouvions sans eau : les ouvriers venaient réparer une fuite. Je dus me laver comme un petit chat, avec de l’eau minérale en bouteille sans laquelle je n’aurai pu faire ma toilette.
Tous ces incidents m’ayant fort retardée, je dus me rendre à mon travail sans bus et bien sûr, je n’arrivais point à l’heure. Ce fut sans les félicitations du patron que je fus accueillie. Il me menaça de sanctions. Rapidement, sans bruit, je me coulais derrière mon bureau oubliant au passage de saisir le dossier à étudier. Sans me décourager, je me relevai pour aller le chercher. Sans doute encore trop endormie, je ne le trouvais point. Je dus faire appel à une collègue qui me le remit sans complaisance.-  « Sans toi, je n’aurai rien pu faire » lui dis-je.- « As-tu passé une nuit sans sommeil pour ne pas le voir par toi-même », répliqua – t- elle d’un ton acerbe. Sans y prêter attention, je la remerciai à  nouveau et m’enfuis.
Ce lundi s’étira triste et long comme dit l’adage : «  tel un jour sans pain » et ce fut bien le cas. Dans ma précipitation matinale, je n’avais pas pris mon repas et c’est sans déjeuner que je poursuivis ma journée. Enfin l’heure de sortie arriva et c’est sans regret que je retournai à la maison. Ce lundi sans rêve inaugurait mal de la semaine.
Heureusement, le mardi semblait se dérouler sans problème. Joyeuse, je quittai mon domicile en claquant la porte. Je ne pensais guère à vérifier quoique ce soit. La journée se passa sans incident notoire. Ce n’est que le soir, que, oh stupeur ! Je découvris ma négligence : sans les clefs, je ne pouvais entrer. J’appelai mais en vain pour obtenir un serrurier. Sans cesser de pester contre le mauvais sort, je finis par sonner chez un voisin bricoleur qui, sans difficulté, fit céder la porte.
Le lendemain ne fut guère plus joyeux. J’attendais mes petits-enfants et j’avais tout préparé, cuisine activités mais voilà en dernière minute, une grève des transports rendit impossible leur venue. J’étais très désappointée et tournais en rond dans la maison. J’aurais pu profiter de ce moment de calme pour faire maintes et maintes choses que je laissais souvent de côté, faute de temps. Mais j’étais trop déçue. Je n’avais plus le cœur à l’ouvrage. Le jour s’étira lentement dans l’ennui et la frustration.
Les deux derniers jours de la semaine passèrent plus rapidement. Le temps s’étant mis de la partie, ce furent des journées sans pluie. Le petit rayon de soleil vint redonner de l’enthousiasme et de la vigueur à tous. Au bureau, sans le chef sur mon dos, j’avançais plus rapidement dans mon travail. Et son absence mit un peu d’animation dans le service, habituellement très silencieux. Nous nous quittâmes joyeusement mais dans ma  hâte de rentrer à la maison, je ne vis pas un pavé descellé. Je m’y pris le pied et me foulai la cheville. Ce qui inaugura bien mal du week-end.
La chance n’était pas de la partie et ce fut une semaine lamentable qui se termina sans regrets !...

Marie-Thérèse
....................................................................................

Une semaine sans atelier d’écriture

Je conserve le lointain souvenir d’un dicton en vogue dans les cours de récréation lors de la scolarité enfantine : « Ne jamais faire le jour-même ce qui peut être remis au lendemain ».
Je suis obligé de constater qu’à mon corps défendant, j’ai appliqué ce principe puéril à la présente rédaction, en transposant le rythme quotidien à l’hebdomadaire.
Ainsi s’écoulent, sans atelier d’écriture, une semaine… puis une autre… et me voici arrivant en troisième semaine les mains vides ou plutôt la page blanche, avec mes plus profonds regrets.

Emmanuel

..................................................................................
"Accro !" Complètement accrochée jours et nuits...
A tous moment et en tous lieux, sur mon téléphone...
Il se et me transporte partout. C'est ma vie.
Une vraie addiction ! Une maladie.
Je le range demain, c'est promis.
Une minute après, je l'ai repris.
Il y en a qui boivent, fument, mangent, jouent, aiment
Sans compter, sans réfléchir, sans regret et sans haine.
Mais pour moi, c'est mon dada...
C'est même plus que cela...
CETTE MERVEILLE DE LA TECHNIQUE
Me joue ma vie en diapason et en technique.
Quand ce petit gadget bugge, beugle,
C'est mes nerfs qui parlent et répliquent.
Quand Il n'a plus de connexion
J'en perds la raison !
Désespérée la situation !?
Où je vis, sur quelle planète ?
Comme une experte
Je me plais à surfer...
Sur les vagues houleuses d'internet.
Faudrait-il envisager une cure de désintoxication ?????
Mais rien qu'à envisager un instant de me passer de ma passion...
Mon petit joujou frémissant, ma machine infernale,
J'en frémis d'avance et j'en perds ma décence.
Que d’éloquence...
Addiction ! Addiction ! 
Je joue avec mon joujou au diapason.
Il me réveille, me maintient sur le plan temporo-spatiale...
Il est spécial !
A tomber en pâmoison...
Devant ses chiffres et ses lettres...
Minuteur et chronomètre.
Il est au courant de chacune de mes activités.
Plats mijotés et jogging chronométré.
Je suis repérée. Satellite et GPS. Je suis cernée.
Et pourtant et pourtant, je n'aime que lui...
Je ne cesse de l'honorer de 0 h à minuit.
Il compte pour moi plus que mes amis !
Il fait partie de moi et est présent en cas de déprime.
Il peut se montrer disponible et plus fidèle qu'un ami.
C'est ma feuille de coca, mon doliprane, mon aspirine...
C'est mon somnifère, mon ciné de l'Olympia...
C'est une deuxième peau, un rempart contre la solitude.
Il ne regimbe pas, c'est une certitude.
Il me divertit, m'informe et m'intrigue.
Il m'en met plein la vue et j'en oublie jusqu'à mes rides.
Il est ma bouffée d’air, il est mon atmosphère.
Avec lui, je fais des rimes.
C'est un rite, ce n'est pas un crime.
Il trône sur la table de nuit.
AVEC LUI : JE PARLE, JE PLEURE, JE RIE, JE VIS.

Claudine

................................................................................
Une semaine sans travail

Il faut être vivant pour faire quelque chose ! Huit jours sans travail, chômage technique, paraît-il ! Mais cela annonce peut-être un chômage plus long et ce chômage-là, c’est la mort à petit feu.
Tenir une semaine ça suffit ! Il faut être vivant pur tenir debout et, hélas, le chômage c’est la mort par le vide, et le vide dans la tête et ça te serre comme un étau et ça fatigue de ne rien faire et ça te vide de la tête aux pieds et ça te donne le vertige du néant, le gouffre du lendemain à une rien faire encore à ton réveil dont personne n’a besoin.
Huit jours sans travail, c’est ne pas rencontrer les camarades habituels et il faut être debout pour se  rassembler. Le chômage, c’est parfois la solitude. Les autres, ils s’en fichent. S’ils te regardent c’est qu’ils te jugent. S’ils t’ignorent c’est qu’ils te jugent encore. Ça y est, ils vont dire que je suis un fainéant, que je prie le bon Dieu de ne rien trouver, que si je voulais, je pourrais, etc.
Alors tu te barricades dans ta solitude. Il faut être vivant pour lutter et pour cela, il faut être debout.
Cesse de ne voir que le négatif de cette semaine de chômage technique !
Au contraire, ces quelques jours vont te permettre de te reposer un peu, de flâner après tes repas, de te promener et de remarquer les crocus qui, déjà, pointent le bout de leur nez, que la vie sort de terre et s’éveille. Prends le temps d’écouter le vent à travers les volets, il t’entraîne avec lui à travers la vie.
Ces quelques jours passés dans le calme vont te permettre de te renouveler pour prendre un nouveau départ. Tu comprendras mieux qu’il faut être vivant pour faire de belles choses, pour tenir debout, pour lutter, pour se rassembler et surtout pour aimer davantage les petites choses de la vie quotidienne.

Christiane
.................................................................................
Bénévole j’étais partie pleine d’ardeur. Par cette très chaude journée d’été, je me croyais attendue ! Eh bien, non. Pas du tout ! Je les embarrassais même, tel un paquet encombrant. Ils ne savaient que faire de moi ! En fin de journée, ils finirent par me caser, non sans mal, dans l’immeuble d’en-face, situé où ? Devinez !  « dans la Rue des Amertumes ». Tout un programme pour moi qui n’en avais guère ! Grosse déception ! Moi qui étais prête à franchir les montagnes, je me retrouvais là sans planning, ni directive, je devais attendre !  Colocataire inopinée et forcée de Marie-Antoinette qui n’avait pas prévu cette intrusion intempestive ! Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, elle ramassa quelques affaires et me fit une petite place dans cette chambre. Complètement désœuvrée dans cette ville inconnue, elle me prit sous son aile. En cette période de vacances, elle donnait des cours particuliers de français. Elle se chargea de m’emmener avec elle et de me faire visiter la ville à sa manière. Elle arrivait au domicile de son élève. Elle m’abandonnait alors pendant une heure, au coin d’une rue ou dans un parc puis elle me reprenait pour parcourir quelques mètres à pied ou sauter dans un taxi collectif afin de dispenser son savoir à un autre enfant. J’étais là, inactive, à attendre le temps qui passe tout en observant les rares passants à ces heures très chaudes de la journée. Parfois, j’admirais les façades coloniales de ces quartiers résidentiels et je faisais quelques pas, jamais très loin, de peur de me perdre !
Je n’avais pas pensé être ainsi isolée. Ce voyage avait été organisé et j’aurai dû rejoindre la forêt. Seuls mes bagages s’étaient envolés vers  ma destination future et je me retrouvais démunie, presque sans argent. Mais je découvrais ainsi la tranquillité de ces anciennes demeures seigneuriales ! Quel contraste avec la vie grouillante du centre où j’avais débarqué !
Le lendemain, Marie-Antoinette me proposa une nouvelle destination. « Ancon », la plage à la mode ! Cachée dans l’anfractuosité des rochers, elle s’ouvrait sur l’océan Pacifique et offrait son sable fin aux riches estivants de la capitale. Elle m’y déposa tôt le matin tout en me gratifiant d’un tube de crème solaire. « Ne vous découvrez pas » me dit-elle, « le soleil brûle très fort ! Je reviens dans trois heures». Et j’étais là, assise comme un extra-terrestre au bord de la plage, vêtue d’une robe d’été, certes, mais incongrue devant tous ces corps dénudés ! Ils se bronzaient au soleil ou revenaient d’un plongeon dans la mer, en se secouant tels des chiens mouillés, avant de s’enduire d’huile solaire. De maillot de bain, je n’en avais point ! Et d’ailleurs, ma peau blanche de fausse rousse ne m’aurait pas permis de m’exposer ainsi !
 A leur demande, des plagistes étendaient des nattes ou transportaient des chaises longues. Des enfants accouraient au moindre signe pour apporter boissons ou sandwiches, espérant quelques piécettes en retour. Les gens se connaissaient. Ils s’appelaient et s’interpelaient. Ils riaient et chahutaient, se racontant les derniers potins ou discutant entre eux de leur prochaines sorties. Rien de très sérieux ! Je ne pouvais que regarder, observer et patienter. Heureusement pour moi, je comprenais la langue. Malgré l’attente, je ne m’ennuyais pas. Je m’introduisais, incognito, dans leurs conversations et j’essayais d’imaginer leur monde.
Marie-Antoinette revint et nous reprîmes le taxi-collectif jusqu’à notre chambre plongée dans la semi-obscurité et la fraicheur. Elle donnait sur une cour intérieure où une vasque en céramique recueillait le jet d’eau continu qui jaillissait de son centre. « Demain, je ne pourrai pas vous emmener » me dit-elle « mais vous commencez à vous repérer dans la ville. Vous n’avez qu’à suivre les grandes artères ! » Je ne pouvais espérer aller dans un musée ou visiter un site payant aussi lui demandai-je : « L’accès de la bibliothèque est-il gratuit ?» -« Oui, c’est une excellente idée, je vous montrerai le chemin ». J’allais ensuite aux nouvelles. « Combien de temps allai-je rester ici ? Quel était mon devenir ? »  La réponse fut brève : « Vous tombez mal, j’attends un pli d’Ayaviri. Mais il n’arrive pas. Ce sont les vacances ! » Je m’en retournai un peu groggy par cette mauvaise nouvelle ! « Rue des Amertumes, n’oublie pas ! » me répétai-je.
Ce jeudi-là, Marie-Antoinette me fit don de quelques feuilles blanches, et nous partîmes en direction de l’Avenue Abancay. Elle me laissa sur  l’Avenue Cuzco. Je me dirigeai vers la Bibliothèque Nationale en pensant déjà à ce que j’allai rechercher. Là, le portier m’arrêta immédiatement : « Votre carte d’adhérent» me demanda-t-il courtoisement. « Je n’en ai pas, je viens d’arriver» « Passez par le bureau d’accueil, ils vont vous en donner une. » Munie de mon précieux sésame, j’y revins les jours suivants. Cette semaine de désœuvrée, sans perspective, me permit de regarder vivre un peuple et de mieux le connaitre et d’y apprendre la patience. 

Marie-Thérèse 



Aucun commentaire: