lundi 2 février 2015

LOGORALLYE VISUEL 1




Ecrire un texte où seront intégrés des éléments de ces trois photos





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Depuis des années, Pierre est fou de marine. Il collectionne tout ce qu’il trouve à propos des paquebots : affiches, vaisselles, pavillons, bouées et autres objets insolites. Il a même installé dans son grand jardin telle une sculpture,  une magnifique ancre marine qu’il a fichée en terre et ornée de diverses bricoles. Il est aussi très féru de leurs histoires et dans sa bibliothèque, trônent différents livres sur les grandes compagnies maritimes : la Compagnie Générale Transatlantique dite « French Line », la « Holland America Line » ou la « Cunard Line » et sur leurs bâtiments. Il est intarissable quand il aborde ce sujet.
Depuis quelques temps, il s’est mis en tête de fabriquer lui-même leur maquette. Il a réalisé celle du « Washington » construit en 1861 et le premier « France » de 1864. Il fouine aussi dans les brocantes ou « aux puces ». Dernièrement, il a eu de la chance. Il est tombé sur un modèle réduit  du « Normandie ».  Mais il n’a rien ou presque rien du « France » Peut-être, ne pourrait-il au moins, à la grande Braderie de Lille,  dénicher un pavillon ou une affiche voire même un verre ou un couvert portant incrusté la marque du célèbre navire? Tant de brocanteurs y sont présents. Oui, mais il habite bien trop loin ! Vite un coup de fil à son amie de toujours.
«-  Marie, s’il te plait, toi qui vit sur place, ne pourrais-tu pas aller chiner pour moi et me trouver quelque souvenir du « France » ? Tu sais combien c’est ma marotte en ce moment.
- Bien sûr, Pierre. Je vais faire de mon mieux. Je te tiens au courant.»
Et voilà Marie partit déambuler à travers les stands et les étalages à même le sol. Elle connait particulièrement Jacques qui s’installe régulièrement à l’entrée de la Grande Avenue.
Quel bric-à-brac ! Des tasses, des pots, des jeux, un violon ou des vélos d’enfant mais Marie ne débusque aucun trésor !
«- Jacques, où pourrais-je découvrir un objet du « France » pour mon ami Pierre ?
-Ici, ce sera difficile, ce serait plutôt à l’Hôtel Drouot à Paris !  lui répond –il en riant.
- Mais ici, tu connais beaucoup de vendeurs. N’as-tu pas une idée ?
- Regarde, là-bas au prochain carrefour, tu verras Raymond, un marchand de cartes postales, de vieux livres et de pavillons. Tu y trouveras peut-être ton bonheur. Dis-lui que tu viens de ma part et il te donnera sûrement un bon tuyau. »
Marie le remercie et s’éloigne. La voici devant le vendeur et lui expose ce qu’elle recherche. Raymond tire alors de dessous son étal, une caisse contenant des livres d’occasion. Il regarde et en sort un, « France », un rêve de géant. Il date de 1996.
« Tenez, cela lui conviendra sans doute »
Marie est ravie. Elle s’empresse de l’acheter. Raymond, bon enfant, lui joint la chanson de Sardou
« Ne m’appelez plus jamais France ».
Dès son retour, Marie appelle Pierre au téléphone.
« Je crois que tu vas être content. Je t’ai trouvé un livre sur ton paquebot ! Je te l’envoie. » 
Et heureuse de lui faire plaisir, elle va emballer sa trouvaille !

Marie-Thérèse
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Marcel a perdu son emploi et après une grande crise morale, faite d’errance et de désespoir, n’ayant que peu de possibilités, il a décidé de survivre malgré tout.
Il s’est mis à ramasser tout ce qui trainait autour de lui, ce dont les gens se débarrassent ; et c’est au bord d’un trottoir, accompagné de sa vieille camionnette, qu’il nous propose ce qui a déjà servi à la vie des autres : jeux, chaises d’enfant, bicyclettes, vaisselle, cadres…
Résigné, il attend le chaland au milieu de son bric-à-brac hétéroclite.
Son couple est aussi en crise et sa jeune femme vient de le quitter. Elle pense que sans lui, les choses iront mieux. Elle a rencontré quelqu’un qui lui téléphone et elle se prend à rêver, les deux mains jointes sur le combiné ; on la sent déjà reliée à cet autre qui l’accapare.
Pendant ce temps, Marcel, au milieu de ses rebus à vendre, a le regard attiré par un cadre dans lequel flotte avec fierté le paquebot France. Il imagine un grand voyage vers un endroit où il ferait bon vivre. Partir !? Mais partir où ? Son paquebot imaginaire sera-t-il Exodus ou bien Titanic ?

Josiane
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Françoise passait beaucoup de temps à téléphoner ces temps-ci. La jeune fille recherchait un établissement dans lequel elle améliorerait ses connaissances sur les meubles anciens et par la suite, leur restauration. Elle avait toujours aimé se promener dans les brocantes, achetant des objets de toutes sortes qu’elle entassait dans le hangar familial.
Ses parents tiennent une boutique d’objets variés, récoltés à droite et à gauche, beaucoup chez des particuliers qui désirent être débarrassés d’objets anciens. Les puces de Montreuil, de Saint Ouen leur étaient familières. Françoise suivait l’exemple en arpentant les vide-greniers des villes voisines.
Elle avait d’autre ambition que la brocante. Antiquaire était son projet.
Enfin, elle reçut une proposition de stage en Amérique. Elle hésita à partir dans un pays inconnu, loin des siens. Elle finit par accepter la proposition. Le cœur serré, elle embarqua sur un grand paquebot, agitant son mouchoir en direction de ses parents restés sur le quai.
Une nouvelle vie commença pour la jeune fille. Elle était douée pour le métier choisi. Après le stage, elle fut admise dans un établissement pour une année afin d’obtenir un diplôme dans la branche convoitée. Elle se trouve des petits jobs afin de payer sa chambre, une partie de ses cours et parer aux dépenses journalières. Ses parents l’aidaient en participant aux frais engagés.
Elle se lia d’amitié avec Gilbert, un camarade de classe, fils d’antiquaires, à Mâcon. Ils révisèrent ensemble. Gilbert lui apportait ses lumières sur les sujets qu’il connaissait depuis l’enfance. Leur séjour passa plus vite grâce à leur complicité. Ils réussirent leurs examens.
Françoise rentra à Paris. Elle trouva un travail chez un antiquaire dans sa ville. Gilbert retourna travailler avec ses parents à Mâcon. Ils gardèrent contact se donnant des nouvelles régulièrement. Ils se rendirent visite. Peut-être plus tard, ils tiendraient une boutique d’antiquités, tous les deux ? Mais ceci est une autre histoire.

Mireille
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Michèle n’a pas oublié ce jour de 1974 où un coup de téléphone, bref, lui apprit que le France allait être désarmé, et elle directement licenciée de la compagnie générale Transatlantique avec 2500 autres. Ce coup en plein cœur, elle le ressent encore. Ont suivi l’abattement, la tristesse : ils s’étaient bien battus pourtant pour conserver leur bateau, fleuron de la marine française de l’après-guerre, leur outil de travail dont ils étaient si fiers. 12 ans après son lancement, le plus beau et le plus gros des paquebots du monde allait quitter son port d’attache du Havre pour finir en 2009, à la découpe, sur un chantier indien.
Michèle n’a jamais oublié le France même si elle a dû continuer sa vie en région parisienne. Il lui reste les souvenirs, quelques photographies, le disque mémorable de Michel Sardou en 1975 gravé à 500 000 exemplaires vendus en deux semaines, et la sensibilité propre des gens des côtes, des ports et aéroports : une ouverture sur le large, l’autre et l’au-delà.
Ainsi cette photo du France qu’elle regarde souvent. Date-t-elle de son arrivée à New York le 2 février 1962, après sa première traversée transatlantique, du temps de son ancienne splendeur ? Ou bien montre-t-elle les derniers soubresauts du France bientôt rebaptisé Norway à l’occasion des deux croisières « à la française » de 1989 et 1990, imaginées par l’armateur norvégien ?
Hier, pour exemple, Michèle est passée Porte de Montreuil. Elle aime y flâner, regarder les objets anciens qui témoignent de nos vies et ces êtres humains qui se battent pour conserver leur autonomie et leur dignité en essayant de les revendre. Soudain, son attention se porte sur un homme, songeur au milieu d’un fatras hétéroclite déposé à la va-vite sur le trottoir. Il semble venir de loin. De gros abat-jour émergent à l’arrière-plan, un violon et même des haut-parleurs aux pieds de Michèle qui pense alors au démantèlement du Blue Lady, ex-France, en 2009.
Ainsi aurait péri l’ex-ambassadeur du goût français. Était-il né au bon moment ?

Françoise



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