dimanche 7 juin 2015

INCIPIT 2


Ecrire un texte dont la première phrase sera : Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'un nouvel élève...
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'un nouvel élève, ce qui eut pour effet immédiat de nous déconnecter de l’arithmétique et de scruter le nouveau venu.
Diverses réflexions viennent se bousculer dans mon esprit. En voici un échantillon :
Joue-t-il bien au football, au point de renforcer notre équipe lors des matchs à venir ou bien s’avérera-t-il, au contraire, un poids mort ? Deviendra-t-il le nouveau chouchou du prof ?
Lors des examens va-t-il se placer dans le peloton de tête ou dans celui de queue ?
Mais ces divagations ont un terme et il faut se replonger illico dans les maths. Peu après sans aucune logique discernable et en toute spontanéité, de solides liens de camaraderie, voire d’amitié, se tisseront entre nous, devenant l’un pour l’autre des copains, dans l’univers extra-scolaire, notamment chez les scouts ou plus précisément, vu l’âge, chez les louveteaux.

Emmanuel
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d’une nouvelle élève d’une huitaine d’années. Elle n’avait pas de blouse comme le règlement l’imposait mais était vêtue d’un pantalon avec un pull un peu grand.
On nous la présenta sous le prénom de : Violetta. Elle était parmi nous le temps que le cirque qui s’était installé sur la petite place de notre ville, achève ses représentations et reparte vers d’autres horizons.
Elle faisait partie de cette grande famille de nomades qui vont de de ville en ville tout au long de l’année, vivant dans des roulottes, répétant leurs numéros de cirque qui leur assuraient l’argent du quotidien. Elle avait des cheveux bruns, frisés, demi-longs, un air de titi parisien qui toisait les autres de ses grands yeux d’effrontée. A la récréation, je me rapprochais d’elle avec des camarades. Elle nous parla de sa famille, des numéros joués dont elle-même assurait un petit rôle pour l’instant. Elle voulait étudier, suivre des cours dans les écoles dès que c’était possible dans les villages visités. Je lui posais des tas de questions auxquelles elle répondait spontanément. J’appris qu’elle mangeait des oiseaux divers qui s’offraient à eux : des pots au feu, des ragoûts de corbeaux entre autres, des chouettes, hérons, hérissons qui faisaient de bons repas en plus des aliments achetés en magasin ou dans les fermes.
Le courant passa entre nous. J’aimais les pistolets à amorces depuis ma plus tendre enfance, les arcs à flèches, les sarbacanes, les petits couteaux pour jouer à la pichenette. Violetta me dit qu’elle aimait jouer à ces jeux et pour ses huit ans, son père l’initia au tir à la carabine ainsi qu’au lancer de couteaux et fléchettes. Il fallait beaucoup d’adresse et de prudence afin d’en faire un numéro plus tard mais à la moindre erreur, elle devrait attendre ses neuf ans pour bénéficier de ce privilège.
Nous parlions aussi des chansons de notre idole « Luis Mariano ». Elle connaissait toutes les chansons actuelles. Elle chantait d’une voix d’adulte parfaitement bien. Tous les jours, dans la cour, pendant la récréation, elle nous chantait ces beaux refrains.
Je ne me souviens plus si elle m’a fait ses adieux au bout de trois semaines. Elle disparut de notre vie ainsi que le cirque avec ses animaux savants. J’en fus un peu attristée. Je l’aimais cette petite Violetta.
Je l’avais oubliée, cachée au fond de ma mémoire. Mais voici qu’aujourd’hui, je m’en souviens encore au bout de soixante ans afin d’alimenter un sujet proposé pour un atelier d’écriture.

Mireille
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d'arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'une nouvelle élève. Et ce fut la stupeur ! Tous les regards convergèrent alors sur l'être bizarre : cette silhouette longiligne et presque désossée, habillée de guenilles et de vêtements déparés. Ainsi en un instant, elle se transforma en courant d'air que des yeux transperçaient de toutes parts.
Après un court moment d'effroi, un fou rire inextinguible s'empara de la plupart de cette petite clique, se tenant droit à coté de leur chaise respective, presque au garde-à-vous face au proviseur ! Janon : l'objet en question de cette hilarité collective, n'en pouvant plus de triturer nerveusement l'étoffe rêche et mal taillée de cette jupe cloche qui formait un cercle avachi autour de ses jambes trop maigres, tremblait comme les feuilles à l'automne sous un vent trop violent. De suite, le surnom "sac de pomme de terre" lui fut affublé ! Le rose pivoine de ses joues flamboyait et on voyait déjà poindre des larmes en ses yeux gonflés. Elle recula ainsi vers le chambranle de la porte de la classe et soudain s'enfuit dans le couloir menant vers les classes des plus grands, laissant de petits traces boueuses sur le carrelage. Pendant que le proviseur, d'un éclat de voix aussi puissant que le tonnerre s'affairait à essayer de calmer tous ces "petits blancs-becs irrespectueux", l'instituteur prenant ses jambes à son coup en une belle détente, s’attela à rejoindre la petite Janon qui de ses 11 ans sonnants et de ses frêles membres inférieurs, le distançait largement et avait pris de nombreux mètres d'avance. Ses croquenots sales et boueux collaient comme des gants à ses pieds agiles en grinçant et expulsant de l'air par ses aérations sûrement dues aux altérations du temps.
Puis elle aperçut une petite excavation en retrait juste bonne à contenir son corps de petit oiseau blessé. La haute silhouette de l'instituteur apparut au bout du couloir juste au moment où le mollet menu de l'enfant disparaissait sous les vestiaires des pupilles de la nation ! Elle tremblait toujours et son visage reflétait une pâleur cadavérique. M. Merlin retrouva ce petit moineau abandonné recroquevillé en chien assis. Il entreprit de se rapprocher doucement en lui tendant la main comme on approche un animal terrifié afin de s'en faire adopter. L’idée lui vint de lui offrir un quignon de pain qu'il gardait en sa poche pour combler une petite faim entre deux cours, pendant la récréation. Les yeux de la petite l’observaient et sa petite main s'ouvrit involontairement poussée par cette famine qui vous ferait sortir n'importe quel animal de sa tanière malgré le danger ! Il ne percevait plus les rires stridents et discordants de tous les petits oiseaux de mauvais augure. La porte avait claqué derrière ses pas et c'est en tenant la main de Janon que M. Merlin fit son apparition dans ce lieu de perdition pour les petits passereaux tombés du nid bien trop tôt où dès à présent régnait un silence de mort maintenu sous une chape de plomb par M. le proviseur, debout, raide comme une statue qui d'un port de tête altier et noble balayait du regard cette assemblée désobligeante.
M. Merlin installa Janon à côté de Marie-Victoire de la Roche de Beauvoir qui dans son petit col Claudine et sa jupette d'organdi découvrant des jambes non épilées faisait elle aussi la risée de toute l'assemblée. Mais la jeune fille n'en avait cure et possédait déjà un bon sens de l'humour et de ces réparties partant comme des boulets de canon qui remettaient en ordre bon nombre de jeunes frimousses goguenardes et de tignasses hirsutes balayées par des vents mauvais qui n'en réclamaient guère plus pour déguerpir avant que Marie-Victoire entreprît de s'essayer à une course à l’échalote en s'emparant de leurs bretelles. Ainsi les jeunes filles firent connaissances et réussirent à appréhender leurs différences, faisant front face à cette horde de petites pies en folie tournoyant autour d'elles au moment de la récréation en leur rabattant assurément leur caquet.
Post-scriptum : le sujet d’arithmétique du jour fut de calculer en combien de temps et le nombre de mètres que Janon parcourut lors de sa fugue, sachant que le couloir dessert deux blocs formant des rectangles de 10 mètres sur 10 et ceci entre le temps où M. le Proviseur apparut dans la classe et M. Merlin en franchit le seuil en ramenant Janon ! Il s'agit aussi de calculer le temps d'enseignement perdu ! Alors, à bon entendeur, salut, aurais-je envie de dire ?

Claudine 
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d’une nouvelle élève. Notre institutrice se leva immédiatement et nous fîmes de même, nous tenant debout près de nos pupitres. Nous regardâmes la fillette qui se trouvait à ses côtés et attendîmes le signal du proviseur qui ne se fit pas attendre. « Asseyez-vous, mes enfants, nous dit-il,  Je vous amène Isolde, qui sera désormais votre compagne. Je compte sur vous pour bien l’accueillir. » D’une voix basse et en chœur, nous répondîmes un «Oui, Monsieur» tout en nous rasseyant sans bruit. Personne ne parla, nous n’aurions pas osé ! Mais chacune avait à l’esprit la même question : « Pourquoi arrivait-elle si tard, après la rentrée ?  et surtout Pourquoi ne portait-elle pas l’uniforme ?, en usage à cette époque.» Au lieu du chemisier blanc de rigueur, du pull-over gris foncé arborant l’écusson de l’école  et de la jupe à bretelles de même couleur, elle était vêtue d’une robe blanche légère à volants et portait sur ses cheveux blonds soyeux, un bandeau blanc orné d’une fleur rose en tissu. Elle avait le teint pâle qui détonnait sur celui très bronzé des élèves et semblait apeurée, regardant discrètement à droite et à gauche. Monsieur le Proviseur se retira immédiatement. Madame Dubard lui prit la main, demanda à Elise de laisser sa place au premier rang et d’aller s’asseoir à côté de Catherine qu’elle détestait. Elle ne pouvait refuser mais elle était furieuse de ne plus être près de Marie, sa meilleure amie. Dès cet instant, Elise prit la nouvelle venue, en grippe, car, tête de classe, elle n’admettait pas être délogée aussi brutalement. Elle pensait que l’institutrice aurait dû changer Jeanne qui passait son temps à rêver. Isolde s’assit sagement et reçut un cahier, un crayon et l’énoncé de l’exercice. Sans plus de commentaires, Madame Dubard nous enjoignit de nous replonger dans le travail et pour en contrôler l’avancement, continua comme à son accoutumée, à circuler entre les rangs. Isolde avait penché la tête et tenait le crayon dans sa main mais elle n’écrivait pas. Des coups d’œil furtifs l’observaient et nous étions distraites. Au bout de dix minutes, Monique fut appelée au tableau. En passant, elle regarda Isolde, ne fit pas attention à la marche de l’estrade et s’étala de tout son long, heureusement sans se faire de mal. Des rires fusèrent de toutes parts. Ils détendirent l’atmosphère. Monique se releva et fit brillamment la correction de l’exercice. Puis nous passâmes à la leçon de dessin. Madame Dubar posa sur son bureau un soliflore dans lequel s’épanouissait une tulipe rouge et remit à Isolde une boite de crayons de couleur. Elle se mit à crayonner avec ardeur, ombrant et donnant vie à un si beau dessin que notre institutrice la félicita vivement et l’accrocha immédiatement au mur de la classe avec quelques autres. L’après-midi, à la récréation, des petits groupes se formèrent. Quelques-unes d’entre nous peut-être, un peu plus curieuses, entourèrent la nouvelle venue tandis qu’Elise se réfugiait à l’autre bout de la cour avec Marie, son amie de toujours. Aux questions que nous lui posâmes, d’abord effarouchée, elle répondit par monosyllabes mais sentant sans doute que nous n’avions pas d’acrimonie contre elle, elle commença à se détendre et à sourire. La cloche sonna, coupant court à toute conversation et nous dûmes attendre la sortie pour échanger de brèves paroles d’au-revoir. Le lendemain, Isolde revint. Elle avait troqué sa robe blanche contre une plus sombre et portait un sac contenant un cahier et des crayons de couleur. Nous nous mîmes en rang pour pénétrer dans la classe mais Isolde resta un peu à l’écart. Elle entra cependant la dernière et attendit que Madame Dubar la conduisit à sa place. Comme chaque matin notre institutrice écrivit au tableau, la morale de la journée. Chacune la copia sur son cahier mais Isolde se contenta de regarder.  Madame Dubar s’approcha d’elle et lui montra le cahier de Marie afin qu’elle fît de même. Isolde lui lança un regard désolé et se mit lentement à la tâche. Pendant ce temps, le cours continua jusqu’à la récréation. Nous l’entourâmes et de nouveau, nous la questionnâmes. Nous comprîmes très vite que cette nouvelle venue arrivait d’un autre pays et qu’elle ne connaissait que quelques bribes de notre langue.

Au bout de quelques mois, Isolde n’eut plus aucune difficulté pour bavarder avec nous et devint notre amie.

Marie-Thérèse 
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d’une nouvelle élève. Bien sûr, ce n’était pas vraiment une surprise, notre professeur principal nous avait informés de cette arrivée en cours d’année scolaire. Mais l’entrée du proviseur et de la jeune fille qui l’accompagnait, nous fit évidemment lever la tête de notre copie. Adieu l’arithmétique, du moins pour le moment ! Le proviseur nous expliqua que cette jeune fille arrivait en cours d’année parce que ses parents déménageaient pour raisons professionnelles.  Il nous demanda de lui réserver le meilleur accueil au sein de la classe, la confia au professeur et repartit vers son bureau. Le professeur donna une explication globale de la classe et en expliqua le fonctionnement. Il plaça la  nouvelle venue à proximité de son bureau, lui demanda de se présenter à ses nouveaux camarades de classe. Elle se nommait Aurélie et nous parla en quelques mots de ses centres d’intérêt : lecture, musique et sport.
Le professeur nous demanda ensuite de nous présenter également afin de la familiariser avec son nouvel entourage. Chacun le fit, de plus ou moins bonne grâce, selon son caractère et sa nature. Certains étaient très ouverts, d’autres beaucoup moins et même sur la défensive, craintifs, se demandant comment serait Aurélie, quelle serait son influence sur la classe et les groupes d’amis déjà formés.
Après notre présentation, Aurélie nous remercia de ce premier accueil. Le professeur lui donna à faire le devoir en cours et nous nous replongeâmes dans l’arithmétique.
Le devoir terminé, le professeur ramassa les copies, l’heure de la sortie avait sonné. Aurélie ne semblait pas trop perturbée en rassemblant ses affaires, mais évidemment, elle était seule. À la sortie, elle sourit à un groupe en grande discussion, quelques mots s’échangèrent et la voilà admise dans le groupe. On commenta bien sûr la solution qu’il fallait trouver pour le devoir en classe. Aurélie intervint et expliqua son propre raisonnement. La bonne réponse était forcément là mais qui avait raison.  Les notes du professeur qui rendrait les copies au prochain cours achèveraient de départager les positions des uns et des autres.
Mais cette première journée était terminée, c’était le cœur plus léger qu’Aurélie reprit le chemin qui la conduisait chez elle. La voilà rassurée, elle savait que demain le fossé diminuerait encore, elle serait encore moins isolée.
Il suffit de peu parfois pour intégrer un groupe, savoir rester naturel, à l’écoute des autres, c’est souvent la clef de la réussite.
Aurélie était déjà certaine, au vu de cette première journée, que son année scolaire serait riche, tant au niveau de l’enseignement que de l’amitié, tout le monde ayant réussi à la mettre à l’aise, et c’est tellement important !

Paulette
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Après le chahut de la cour de récréation, nous étions retournés en classe et tentions de nous concentrer sur un exercice d’arithmétique quand le proviseur entra, accompagné d'une nouvelle élève.
Notre instituteur nous présenta celle qui allait devenir membre à part entière de la classe. Elle se prénommait Lucie, avait neuf ans. Elle avait de magnifiques cheveux blonds très longs, et de beaux yeux bleus, mais une grande tristesse s'y lisait. Pourquoi ?
Je me souviens m’être dit que c'était sans doute dû à son arrivée dans une école inconnue. Le maître continuait la présentation, et précisait qu'il fallait être gentils et prévenants avec elle, car elle venait de perdre ses deux parents dans un terrible accident de voiture.
Ce dernier accompagna Lucie jusqu'à sa place, et l'installa à côté de moi. Sa démarche pour
s'y rendre était ...bizarre. Assise bien droite sur la chaise, elle sortit de son cartable une trousse rose pâle. Le maître lui donna un cahier et l'invita à faire l'exercice mis au tableau. Je m'évertuais à me concentrer sur ma page qui restait blanche, car j'étais intriguée par ma voisine, qui elle, noircissait de chiffres les lignes bleutées.... Elle posa son stylo au bout de quelques minutes, me laissant dans le désarroi devant ma page. Me recentrant sur le calcul, je réussis au bout d'un moment à faire les opérations demandées.
L'exercice corrigé me donna une belle surprise ! Ma voisine avait tout bon, alors que j'avais des erreurs sur le mien. Pas un mot ne sortit de sa bouche lorsque le maître vint la féliciter.
La classe se poursuivit, enchaînant leçons de grammaire, d'histoire jusqu'à ce que la cloche signifie la fin de la matinée et l'heure de la récréation avant le repas à la cantine pour certains, dont je faisais partie.....
Nous sortîmes en criant, riant et nous bousculant pour être dehors le plus vite possible. Seule Lucie resta en arrière, muette et regardant tous ces enfants courant en tous sens. La remarquant figée, je me retournai vers elle, revins et, me présentant, l'invitai à nous suivre... Elle resta muette et ne me répondit pas. Ne comprenant pas pourquoi ce silence, j'insistais beaucoup, ce qui finit par la faire pleurer .... M. Larrivière, notre instituteur, arriva près de nous deux, et avec des mots doux réussit à calmer les pleurs.
Il m'expliqua que Lucie avait été touchée lors de l'accident, et ses jambes abîmées étaient appareillées ce qui contraignait la petite fille à marcher avec précaution. Le choc de la disparition de ses parents l'avait conduite à la perte de la parole. Je scrutais le visage triste de ma nouvelle amie pour découvrir une peine immense, mais cela ne me fit pas reculer, et la prenant par la main, je l’emmenais délicatement vers les autres enfants.
Arrivées auprès des camarades, je leur présentai la fillette, mais beaucoup se détournèrent et s’esclaffèrent, se moquant de sa démarche et de son mutisme... Pour moi, ils étaient que des idiots et je dis à mon amie de ne pas faire attention à eux...
La cantine se passa dans un brouhaha, puis l'heure des cours sonna. Dans la classe, les leçons et exercices se succédèrent. À chaque fois, Lucie fut celle qui termina la première. Elle m'impressionnait énormément !
L'heure de la sortie s'annonça et je l'aidais à porter son cartable. Devant la grille, ma mère m'attendait comme tous les jours avec un sourire pour m'accueillir et un petit gâteau pour mon goûter. Elle reçut Lucie avec douceur, un baiser sur sa joue et une caresse sur sa tête, et me dit connaître son histoire car ses grands-parents, chez qui elle vivrait désormais, étaient nos voisins les plus proches.
Super !!! Je pourrais voir Lucie tous les jours ! Un timide sourire se pointa sur ses lèvres, ce qui me confirma sa joie d'être ma copine !
Avec patience, pendant de longs mois mes paroles furent accueillies par son silence, mais petit à petit les mots passèrent la barrière de ses lèvres closes... Ses jambes appareillées restèrent handicapées, mais notre amitié née par hasard, elle, resta et continue à être très forte !

Valérie 
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Aujourd'hui,  lundi  3  novembre  2014,   notre proviseur,   monsieur Durand, a conduit dans notre classe de 6ème B, un "nouvel élève", à  8 heures. Quand la porte de la classe s'est ouverte, nous nous sommes tous levés, ainsi que notre professeur principal, madame Grangé. Après les salutations protocolaires, le principal nous a invités à nous asseoir et nous a présenté Aristide, en nous demandant de l'accueillir au mieux, dans un esprit de tolérance  et de bienveillance : il comptait   sur chacun de nous, sur le respect de tous et de chacun. Tout en remettant à Aristide sa pile de manuels scolaires, monsieur Durand a précisé qu'Aristide avait déjà quelques camarades dans la classe : pendant que le principal invitait Aristide à aller s'asseoir, tout  en lui désignant sa place, trois  camarades de sa cité lui ont fait un beau sourire et nous en avons fait immédiatement autant.

Aristide était accepté par le groupe, il était des nôtres! 
Plusieurs d'entre nous connaissaient son histoire : sa maman l'avait inscrit dans un établissement de 4000 élèves, loin de son domicile pour le rapprocher de son centre d'entraînement sportif. En effet, Aristide est un excellent joueur de hand et pourrait devenir un athlète de haut niveau. Seule ombre au tableau, dans son établissement, il  était tous les jours   humilié, maltraité, couvert de bleus, tant par des collégiens que des lycéens : comment faire face à huit bourreaux ? Cette bande maltraitait d'autres élèves. Après dépôt de plainte et conseil de discipline, ils ont été exclus de l'établissement.
Aristide a retrouvé  ses camarades, continue à parcourir de longues distances  pour le sport.
Il est un bon élève, apprécié de tous et poursuit maintenant sa scolarité sans problèmes.

Marie

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