dimanche 1 mai 2016

SANS LE "I"

La proposition du jour est un lipogramme ; il s'agira d'écrire un texte qui ne comporte pas la lettre "i"

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Ah ! Laurence.... tu pars en vacances quelques jours et tu nous lâches, apparemment sans regret ! Nous allons donc nous retrouver seuls et ces séances où nous nous rencontrons toujours avec contentement vont beaucoup nous manquer ; et, personnellement, cela va créer un beau creux dans le déroulé de mes journées monotones.

Malgré tout, tu n'as pas tort de prendre un peu de repos, tu nous auras concocté de beaux sujets pendant ce temps. Tu vas quand même occuper tes vacances autrement, les passer auprès de tes proches, nous le comprenons et serons sans rancune à ton retour, nous serons même encore plus heureux de te retrouver après cette absence.
Et forcément, tu ne nous abandonnes pas sans nous demander quelque chose pour la rentrée et, comme de coutume, nous devons remuer notre cerveau en tous sens pour trouver le bon texte à t'apporter. Et là tu nous as gâtés : composer un texte dont aucun mot ne comportera une lettre que je ne peux répéter. Non, non, tu ne me feras pas déjà tomber dans le traquenard que tu nous tends. Seulement, ôter une lettre de l'alphabet, c'est toujours un peu ardu et nous nous devons d'être sans arrêt en alerte. Et même en déployant beaucoup de zèle, sans s'en rendre compte nous pouvons quand même tomber dans l'embûche.
Ces séances que nous partageons nous procurent de très bons moments. Nous donnons lecture de notre ouvrage les uns après les autres, on commente, on échange des remarques à chaque nouvelle lecture, et d'une de ces remarques une autre en découle. Nous partons alors dans de grands débats, et c'est ça le but également, cela nous apporte toujours plus, je pense que chacun apprend un peu de l'autre. Quand nous repartons et que nous nous séparons, nous sommes donc encore un peu plus calés.
Pour nous permettre de garder le souffle tout au long de ces séances, avouons-le, tu nous dorlotes. Tu nous verses un bon café et nous présente un paquet de gâteaux où nous plongeons tous avec bonheur. Ce court moment, c'est le sel de nos rencontres.
Je n'en peux plus, je veux coucher sur cette page un mot résumant le mal que je ressens à exécuter ma tâche pour te contenter à la rentrée, seulement je ne le peux pas car ce mot comporte cette fameuse lettre, pour nous défendue. Que c'est dur la culture !
Ce sera donc plus bref que voulu et malgré tout ma prouesse est achevée. Et sans faute je l'espère!

Paulette
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Vue sur la mer
Neuf heures ! Après une longue journée de labeur, comme toujours, Suzanne avant de
rentrer, s’est promenée une bonne heure près de la forêt. En ce moment, les arbres sont en fleur. Leur parfum embaume l’atmosphère. Elle en hume leur odeur. Elle la sent se répandre à travers tout son corps. Peu à peu, elle se relaxe. Alors, c’est le retour !
Elle pénètre alors sur le balcon, un plateau chargé de son repas. Tout est obscur ! Brusquement la lune sort d’un gros nuage, sa face goguenarde regardant la mer. Sa pâle lueur marque la crête des vagues d’une couleur vert pâle sur le bleu sombre de son étendue. Un léger vent les soulève et crée un doux mouvement ensorcelant que Suzanne peut entendre.
Tout à coup, une cloche sonne. Elle annonce le retour du bac. L’embouchure du fleuve traversée, le bateau déverse son flot de passagers attardés, sous les réverbères glauques. Près du port, elle repère la masse sombre des hôtels du bord de mer, encore peu bondés. Cet été, les voyageurs se délasseront sur leurs terrasses. Tout à côté, amarrés par de longs câbles, des petites barques flottent sur l’eau sale de la rade.
Là-bas, tout au fond, comme sur une tenture, émerge une forme allongée tel un rocher dressé, sur le paysage très sombre. Le phare, cerbère protecteur des matelots, se projette, majestueux. Sa torche s’allume et forme un halo argenté sur la surface de l’eau. Autour, la mer, couleur charbon,  semble encore plus menaçante, prête à avaler les casse-cou.
Plus près, en bord de mer, quelques rochers posés là par l’homme, défendent la rue du sable de la plage. A cette heure avancée, peu de passants sur la promenade. Tout est calme. Pas de son perçant ! Seul le murmure des flots berce Suzanne. Elle savoure encore un moment ce tableau enchanteur que l’heure rend plus reposant. Elle se lève et retrouve l’éclat cru de l’ampoule de la salle. Elle ferme un peu les yeux et les rouvre. Elle va ranger son plateau et regarder son album de photos avant de se coucher un peu plus tard. 

Marie-Thérèse
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L’Égypte des pharaons
L’ère des pharaons débute par la soudure, en un seul bloc, des deux royaumes se jouxtant de Haute-Égypte (au sud) et de Basse-Égypte (au nord). Dorénavant, les pharaons se succédant
sur le trône, arboreront une double couronne.
Un pharaon se donnant le nom d’Akhenaton, se heurte à Thèbes, à la prépondérance d’une caste de prêtres arrogants et rapaces. Sur un coup de colère, Akhenaton, adapte d’un céleste monopole (comme, plus tard, les Hébreux), abandonne le trône à Thèbes et s’en va fonder un nouvel emplacement, en aval, pour y achever son règne.
Au décès d’Akhenaton, accède au trône son successeur nommé Toutankhamon, réputé de nos jours pour les trésors accumulés dans son tombeau, dont un lourd sarcophage en or aux yeux de jade. Le règne de Toutankhamon fut court et terne.
Par contre, le règne – près de cent ans plus tard – de Ramsès II fut long et flamboyant.
L’ère des pharaons, se succédant sur le trône d’Égypte, s’achève avec les Ptolémée, après la conquête du pays par Alexandre le Grand. Le règne des Ptolémée s’achève à son tour avec la célèbre Cléopâtre, laquelle éprouva l’amour de Jules César – dont elle eut un enfant – avant de se donner la mort pour ne pas tomber sous le joug d’octave (futur empereur Auguste), lequel va subordonner l’Égypte à Rome.

Emmanuel
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Le temps se met au beau, les jours rallongent, on va vers l’été.
De la fenêtre de ma chambre, mon regard se porte vers les espaces verts. Au centre, l’érable monumental drape majestueusement son écran végétal, masquant de plus en plus les tours élancées d’en face, à mesure que ses ramures se revêtent et se parent de vert jade, rehaussé d’émeraude.
L’herbe est déjà haute : je descends tondre la pelouse, constellée de pâquerettes et de renoncules âcres.
Je passe la tondeuse, branchée sur le secteur, ramasse le gazon avec le râteau, le mets dans des sacs déposés dans la poubelle. Je remets chaque chose à sa place.
En arrachant les herbes folles des plates-bandes, j’entends les merles jaseurs, peu farouches, à la recherche de vers de terre.
Les arbres dans leur verdeur, ornementés de grappes et de bouquets, embaument cette vesprée, donnant l’aubade sur tous les tons : du céladon à l’amande.
Je tresse les drageons, à la base des troncs desséchés, pour assurer la relève.
Les boutons de rose entrouvrent leurs corselets, les corètes du Japon ajustent une armada de houppettes d’or.
Pendant qu’au bout du pré, le métro rame sans cesse, dans les deux sens, là-haut, les nuages roses de bonheur, sur leur balancelle nébuleuse, poussent leur barcarolle aux portes du couchant embrasé.

Marie-Christine

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Margot et son corsage, dans la chanson de Brassens : ces mots résonnent encore dans mon cerveau comme les clochettes que l’on pend au cou des chevrettes (non pas les cloches pendues à ceux des vaches, restons romanesque).
Manon, une sauvageonne, escaladant les pans montagneux. Margot comme Manon des Sources : deux personnes aux comportements opposés. L’une, agréable et généreuse, l’autre, pure et sauvage. Une façon de ne pas mettre tous ses œufs dans la même auge. L’une réputée pour le don de son corps aux soldats demandeurs, la seconde fuyant l’homme quémandeur. De relever son jupon peut choquer et outrer le tout-venant. L’honneur pour Manon étant de garder sa pudeur.
Margot ne se pose pas en modèle, elle écoute son corps. Sa jambe effleure la gamelle. Les soldats plongent un regard gourmand dans son corsage. Ronds et fermes comme des melons. Margot joue de son succès et de ses charmes. Forte de sa jeunesse et de sa beauté, elle se redresse comme un arc.
Manon passe au-dessus de tout cela, elle ne s’embarrasse pas avec les falbalas. De rochers en rochers, elle court, légère comme une plume dans le vent. Son amoureux peut toujours espérer, elle s’en moque éperdument. Compte et recompte ses chevrettes et dans un bond sort de la sphère de l’opportun. Le malheureux contemple ses phalanges et son regard meurt en peu plus chaque jour. Fou d’amour, espérant qu’un jour elle s’abandonne, l’homme lâche du lest et attente à ses jours.
Alors, femme fatale notre Manon des Sources ? Un peu comme Carmen ? Femme détachée de tout et de tous. Nullement effarouchée et n’entendant pas être bernée. Esméralda ? Une femme au caractère posé, amoureuse d’un ladre scélérat, de plus coureur de jupons. Un homme en robe sombre, obsédé par le projet de la posséder, commettra le meurtre pour ses beaux yeux. Une Esméralda désespérée, sauvée par un être de cœur, de bonté et d’amour : le Bossu de Notre-Dame.
Adorer : que de DRAMES.


Claudine
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De repos ce jour, je me prépare pour une balade en forêt se trouvant près du hameau où je demeure. Chaussures de marche, veste, et je m’élance vers l’orée où m’attendent chênes, bouleaux et quelques mélèzes.
Les arbres forment une voûte rassurante et chaleureuse. Le vert est tendre dans les branchages et le chant du vent en haut, vers leur sommet, est charmant.
La promenade pendant plus d’une heure m’amène en des places où mousses et fleurs se battent pour la clarté. Les clochettes du muguet se gonflent et celles toute bleu d’une autre fleur dont je ne me rappelle plus le nom forment des étendues superbes entre les arbres majestueux. Je vous parle et raconte le doux parfum des fleurs et de l’humus m’entourant et m’accompagnant jusqu’à mon retour dans mon antre.
Des heures plus tard, je peux fermer les yeux et je ressens tous ces bonheurs reçus pendant la promenade…
J’espère que vous avez tous et toutes eu un jour ce contentement de bonheur, grâce au cadeau offert par Dame nature…

Valérie
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Sur l’autre face de la terre
Les parents de Marc demeure en France ; ceux de Nora à Melbourne, sur l’autre face de la terre. Grâce aux moyens modernes, les uns et les autres peuvent échanger fréquemment.
Le temps est partagé de la même façon dans les deux pays, cependant les journées sont vécues à l’envers. Par exemple, quand Marc se lève, Nora s’apprête à aller se coucher. De même pour le temps chaud et l’époque où règnent les gelées et le verglas.
Pendant les grandes vacances, Marc et ses camarades se préparent à des jeux de plage, c’est l’été ! Nora, elle, s’exerce aux courses de luge sur la poudreuse.
Les fêtes de Noel et du Jour de l’An, chez Nora, se passent dans les rues et dans les parcs ; pendant ce temps, la maman de Marc allume des feux dans l’âtre et le chauffage central donne une température agréable dans l’appartement. Cependant, en France et à Melbourne : Marc et Nora font les mêmes études et comptent le nombre de fuseaux tracés par les savants pour calculer le temps séparant les deux pays l’un de l’autre.


Christiane
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C’est le renouveau
Le parc est devenu un champ de verdure, tacheté de pâquerettes blanches, et de corolles jaunes.
Des bosquets odorants explosant, des pétales envolés, jonchent le sol.
Des touffes d’herbe émergent des structures de métal et ondulent sous le vent.
Des nuages floconneux flottent dans l’azur.
Des odeurs légères sont la promesse de futurs beaux jours.
Un vent léger caresse ma chevelure.
La douceur du temps amène des badauds à s’allonger sur l’herbe tendre.
Le murmure des enfants jouant est ponctué par le rebond d’un ballon, son sourd et constant, comme un battement de cœur.
La nature sort de sa dormance, l’été approche.


Josiane
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Voulez-vous que je vous raconte notre escapade là-haut, vers le Pôle Nord.
Nous avons commencé par un vol de neuf heures. Après nous être posés dans un aéroport brut de décoffrage, sur un ruban goudronné plutôt genre tôle ondulée, un autocar est venu nous chercher et nous a emportés vers le port où nous trouvâmes un paquebot. Ouf ! C’est alors que notre escapade commença. En longeant la côte du Groenland, et en remontant vers le nord. Quant à nous, les passagers, sur le pont, nous avons regardé la côte. De là nous avons aperçu la terre couverte de glaces, lançant des reflets d’or et d’argent. Notre modeste paquebot a vogué dans ce monde composé de glace et d’eau. Là, sur un « glaçon » flottant au gré du courant, un ours affamé et efflanqué est passé en longeant notre coque. Nous avons abandonné la terre et sommes allé vers le large. Des montagnes de glace flottant autour de nous, blanches sur l’océan bleu. Cela dépasse notre découverte à la télé. Nous longeons des blocs de glace hauts comme des tours de neuf étages, au centre d’un grand nombre de bloc beaucoup plus bas. Brusquement, des cétacés nous accompagnent, sautant, nageant tantôt sur le côté de notre coque, tantôt devant. Cela fut bon et beau à regarder. En voguant sur l’océan au gré d’une tempête, nous fumes ballotés pendant quatre jours. Quand La Rochelle, notre escale se dressa là-bas devant nous, nous avons su que tout aller cessera là dans quelques heures. C’est avec regret que nous avons débarqué.


Colette
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Quel moment joyeux que ce doux chant ténébreux sous le regard médusé de la lune  étonnée par ce beau troubadour accompagné de sa mandole.
Elle tarda à se coucher malgré le jour venu, pour échanger sa place dans la voûte céleste avec l’astre majestueux rayonnant, réchauffant le monde terrestre.
Voyant le beau jeune homme avec son sac sur le dos rentrer vers ses pénates, Madame la lune alla se coucher tout en saluant son remplaçant, en échangeant un regard amusé,  se donnant rendez-vous dans quelques heures lorsque le jour ne sera plus là.
Est-ce que le troubadour sera là pour chanter la sérénade ?


Mireille
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Je m’approche de ton chapeau pour prendre la plume sur le côté. Alors d’un bref mouvement de tête, tu te tournes vers Maud, ma sœur. D’un  geste théâtral, tu ôtes la plume de ta parure et me la prête agréablement. Je la touche et je porte à mon nez ses barbes  douces comme du coton que  l’on carde. Je la hume. Elle porte ton parfum : mélange d’encens, de musc, de santal et de pomme verte. Les senteurs de l’appartement. Comme du velours sous mon nez, je toussote. Pas réellement une toux. Juste un éternuement. Je m’en caresse la joue, je la porte à la bouche, tu me regardes amusée : Maud ma sœur adorée. Tes yeux sont comme des chardons ardents. Tes lèvres s’entrouvrent et découvrent une belle rangée de dents nacrées.
Maman me regarde tendrement. Tu me jettes un regard étonnant tel le regard d’une mère vers son nouveau-né. Je reste toujours  ton enfant même dans trente, quarante ans du haut de mes sept ans. Tu seras toujours ma maman. Tu ne comptes pas ton temps passé près de nous à parler de tout sans état d’âme et surtout sans drame. Tu es calme, douce et posée. Tu  es mon doudou, l’épaule souple où je pose mes cheveux emmêlés et mes yeux battus de larmes. Tu m’as ouvert les yeux vers la nature et le bleu des temps nuageux. Tu souffles sur mes boucles comme je souffle sur la plume. Tenue entre le majeur et le pouce, légère et vaporeuse, elle s’envole au vent doux et chaud d’un temps d’été. Un bel  arc  aux tons pastel à travers les rayons de l’astre doré à la rencontre de la lune ? Elle tourne, passe en un coup de vent, nous dépasse, survolant le couchant de son arc charmant.
-« Maman ? Tu te rappelles de la plume ? »
-« Assurément !  C’est notre conte à nous. Allez… C’est l’heure de se coucher mon nounou. Pense à la plume et surnomme-la Morphée. Sur un rayon de lune, elle te donne toute sa tendresse. Elle t’embrasse là dans ta fossette. »
Les paroles de maman me touchent. Elles saupoudrent comme le marchand de sable, un nuage doré de repos sur mes yeux et ma bouche. Je voyage au pays de Morphée.


Claudine

Paulette

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