lundi 9 mai 2016

UNE PEUR BLEUE

Peur bleue, grosse frayeur, hantise, phobie... 
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J'ai peur de l'eau..... Les grandes surfaces d'eau avec une certaine profondeur me font peur et même quand je suis en avion,  dès qu'on survole la mer, cette immensité m'inquiète.

A la naissance, un enfant  ne connait pas le monde, il n'a donc peur de rien car il ignore le danger. Ce sont aux adultes de lui appréhende de quoi il aura à se  méfier, et de façon intelligente, en lui expliquant. Je me souviens par exemple avoir réussi à me contrôler devant ma fille encore très jeune, quand un orage grondait au dehors. Et je reprenais ma belle-mère qui ne savait parfois pas retenir un cri quand le bruit du tonnerre se faisait plus puissant, c'est ainsi qu'on communique sa peur. Et depuis, même si ça n'a rien de très agréable, je ne suis plus  inquiète d'un orage. Enfant, qui m'avait communiqué cette peur... ma mère peut-être, elle n'était pas très fière pendant un orage. Et comme j'avais très peur, encore plus la nuit, qu'elle me savait enfouie sous drap et couverture, elle venait me chercher et me couchait entre elle et mon père, le temps que l'orage passe.

En ce qui concerne l'eau, là je me souviens fort bien l'origine de cette peur. J'avais environ 10 ans, je ne savais pas encore nager, qui m'aurait appris, mon père avait lui-même peur de l'eau, je ne l'ai jamais vu mettre ne serait-ce qu'un pied dans l'eau quand nous étions en bord de mer.

Un jour, nous étions en vacances en famille, nous étions à la plage, il faisait beau et la mer s'étendait à perte de vue devant moi, immense. Deux membres de la famille m'ont dit de les accompagner au large. Bien entendu j'ai refusé, j'avais bien trop peur pour les suivre, je ne savais pas nager comme eux. Alors ils m'ont dit qu'avec eux je ne risquais rien, qu'ils seraient près de moi, qu'ils me tiendraient. Comme beaucoup d'enfants sans doute qui sont encore naïfs, je leur ai fait confiance et je me suis accrochée à eux, chacun me tenant d'un côté. Et ils ont avancé dans la mer, plus loin, toujours plus loin. Et ils me disaient « Tu vois ? Tu n'as plus pied à présent ». Mais j'étais bien accrochée, je ne risquais rien, j'ai trouvé ça amusant, j'étais contente et rassurée. Et d'un coup, pour me faire une plaisanterie, ils m'ont lâchée et comme on dit, j'ai pris la tasse. Bien sûr ils m'ont rattrapée mais c'était fini, le mal était fait, plus jamais je n'irais si loin, là où je ne pouvais plus toucher le sol de mes pieds. J'ai su plus tard que mon père avait lui aussi eu peur en étant jeune, ce qui expliquait que jamais il n'entrait dans l'eau.
Les années ont passé et je ne savais toujours pas nager. C'est vers l'âge de 15 ans que
je me suis liée avec une jeune fille de mon âge, au camping où nous séjournions pour de nouvelles vacances. Son père lui, savait fort bien nager et il a entrepris de m'apprendre, comme il avait sans doute du le faire avec sa propre fille. Avec beaucoup de patience, il m'a appris les mouvements à faire avec les bras et les jambes. Il se tenait très près de moi et me tenait le menton hors de l'eau, me rassurait, et d'un coup je me voyais avancer dans l'eau. Et toujours avec patience, petit à petit il me tenait moins mais il prenait toujours soin de me prévenir, d'expliquer. Finalement, un jour il m'a dit « je vais lâcher ton menton, il ne faut pas avoir peur, tu continues à nager, je reste là, il ne peut rien t'arriver ». Cet homme avait gagné ma confiance, j'ai continué seule, je restais en surface, je savais nager !
Au retour de ces vacances, j'ai voulu continuer à me perfectionner, j'avais pris goût à la natation. Avec des amies, nous allions donc à la piscine. Mais je n'étais pas encore très à l'aise et je restais dans le petit bain, j'étais seule à présent. Un jour, un jeune homme s'est approché de moi et m'a dit qu'il me regardait faire depuis un moment mais que dans le petit bain, avec tous les jeunes enfants autour de moi, jamais je n'arriverais à nager. Et il est vrai que je ne pouvais faire que 2 brasses avant de rencontrer un enfant sur mon chemin. Je lui ai expliqué que je ne nageais que depuis peu et que j'avais peur d'aller plus loin. Il m'a alors proposé d'aller nager dans le grand bain en me promettant de me surveiller, que ce serait plus facile pour moi et qu'au moindre problème, il interviendrait. Là encore je ne sais pourquoi, ce jeune homme a su gagner ma confiance. J'ai donc fait ce qu'il me demandait et c'est vrai que je me sentais bien dans cette eau plus profonde, la nage me semblait plus facile, je me sentais mieux portée.
Pour commencer, j'avais entrepris de traverser le grand bain dans le sens de la largeur, c'était moins long pour une débutante. Hélas ! Je suis passée sous le plongeoir et l'imbécile qui était dessus n'a pas essayé d'attendre, il a plongé. Peut-être l'a t-il fait sciemment d'ailleurs, il m'est tombé dessus, j'ai coulé. Et là, j'ai franchement paniqué. Je me revois me débattre, je ne remontais pas du fond, je suffoquais. Mais le jeune est arrivé comme promis et m'a sortie de ce mauvais pas.
Sur le bord de la piscine, assise sur un banc, je toussais et je reprenais mes esprits en même temps que ma respiration. J'écoutais les paroles rassurantes de mon sauveur. Et quand la panique fût passée, il m'a expliqué que je devais retourner de suite à l'eau car sinon, plus jamais je n'oserais le faire. Il m'a donc prise par la main et m'a entraînée de nouveau dans le grand bain. Nous sommes entrés dans l'eau en descendant l'échelle et nous sommes restés sur le bord pour commencer, là où je pouvais m'accrocher. Puis il m'a dit que quand j'allais reprendre un peu confiance, il me faudrait retourner nager. Mais à un moment, il est parti. Après tout, il avait déjà fait beaucoup pour moi et peut-être  aussi que pour lui, l'heure était venue de quitter la piscine. Toujours est-il que  j'ai profité de son départ pour ressortir en vitesse de l'eau ! Quand j'y pense, ce jeune homme a vraiment été d'une grande gentillesse, il aurait pu profiter de son temps  autrement au lieu de s'occuper d'une gamine en détresse.
Et c'est vrai que depuis j'ai une peur bleue de l'eau, plus jamais je n'ai été où je n'avais pas pied.
C'est bien triste mais voilà la conséquence de la bêtise humaine....
  Paulette

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A l’âge de six ans, je me rendis en Picardie faire la connaissance de mes Grands-Parents. Je découvris la campagne avec ses fleurs des champs, ses prés et leurs chevaux, les vaches, les chèvres, les moutons et les cochons.

Un dimanche après-midi, nous nous promenions dans des petits chemins de terre qui longeaient les champs sous un ciel bleu azur. Je montai sur un talus  où un grand champ déserté était clôturé de fils barbelés. Je m’introduisis dans la pâture, suivant fièrement ma famille longeant la clôture. J’avais une jolie robe rouge. Des rubans de la même couleur ornaient mes longues boucles blondes. J’étais gaie.

Je sautais en chantant heureuse de cette promenade avec cette famille retrouvée lorsque dans le lointain surgit de nulle part, un monstre noir cornu, bavant, soufflant, faisant jaillir de la terre de la fumée causée par  ses fortes ruades ; de l’écume sortait de ses naseaux.
Je ne réalisais pas le danger quand mon Grand-Père me somma d’enjamber les barbelés pour les retrouver et fuir la colère de cette bête furieuse. Je mis un pied sur la clôture et mon Grand-Père me souleva rapidement si bien qu’une partie de ma robe se déchira et resta accrochée aux barbelés. Enfin sur le chemin, je retrouvai ma Grand’Mère  et Maman chavirées par cet incident. Mon Grand-Père me dit que c’était la couleur de mes vêtements qui l’avait excité.
Depuis ce temps lointain, je ne supportais plus la vue des vaches à mes côtés. J’étais paniquée lorsque dans les petits chemins de campagne au volant de ma voiture, des vaches s’échappaient du troupeau venant entourer mon véhicule. Le vacher accourait avec son bâton pour les reconduire dans leurs champs. Mais j’avais toujours gardé une méfiance vis-à-vis de ces bêtes cornues.
Un jour, chez ma petite fille en Bourgogne, en avisant la fenêtre de la cuisine, je découvris un grand champ peuplé de vaches laitières. Deux s’approchèrent passant leur tête vers moi. Elles étaient calmes et douces. Je surmontai ma peur en leur caressant la tête puis je leur proposai des légumes, du sel dans ma main que je leur tendis, qu’elles léchèrent de leur langue rugueuse. Une page était tournée. Ma peur des vaches avait cessé.
Je ne parlerai pas des villes du Pays Basque, ni d’Arles dans lesquelles je me suis retrouvée sous un soleil torride, des jours de fête où les taureaux étaient lâchés.

Mireille 
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Je tombe, je n’en finis plus de tomber. Mon pied a glissé entre deux grosses pierres que la pluie a mouillées. J’ai bien essayé de me rattraper en agrippant au passage quelques touffes d’herbe desséchée, qui dans mes mains maintenant chatouillent mes poignets… La pente défile à la vitesse de la lumière qui pénètre mes paupières fermées. Je ne distingue qu’un horizon coloré de flashs et d’un arc-en-ciel qui m’éblouis par sa beauté. Ma bouche est desséchée. Ouf, j’ai eu le temps d’ouvrir mon parachute. La terre se rapproche dangereusement. L’instant d’avant, le nez dans les nuages, je sentais encore l’humidité me pénétrer. J’en garde encore quelques flocons dans ma combinaison. J’y installe ma paume pour m’assurer que c’est vrai. je plane, je plane. Ma respiration s’arrête face  tant de beauté. Mon cœur n’est qu’un gong qui sur les cordes sensibles de mes terminaisons nerveuses joue au yoyo tant je suis angoissée. Mon corps n’est que rigidité. Il faut se détendre, il faut se détendre. Mes yeux sont comme des boules de loto. J’appréhende… j’appréhende… la chute sera fatale. Ma peur du vide et le vertige m’étreignent et me privent de tout plaisir. Je suis oppressée. Mes pieds sont en demande de retrouver le sol mère, censé me réconforter. La descente lumière est à la fois spectaculaire de rapidité et si longue que mes sens sont en ébullition. J’ai comme l’impression que je caracole entre deux courants d’air, entre le vent et Éole qui s’amusent avec moi follement. Je divague certainement. Le mal de l’altitude assurément. Je commence à me démantibuler, mes os craquent, mon gosier est retourné. Le sol… Le sol… Enfin ! J’y pose mes pieds. Mon parachute me jette à terre. Il me coiffe d’une façon originale. Si on me prenait en photo, je gagnerais certainement le prix de l’hilarité. J’ai réussi. Rien de cassé. Merci Éole de m’avoir protégée.

Claudine 
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Il fait bien gris en ce jour. Et le bâtiment de l’autre côté de la cour empêche le pâle soleil d‘hiver d’éclairer la pièce. Tout est calme. Seul le moteur de l’usine ronronne comme à son habitude, au-dessus de nos têtes. Je remplis tranquillement des dossiers, assise sur une chaise haute devant mon bureau, simple mais longue table à la surface mélaminée grise. A ma gauche, à portée de main, sur son support métallique, le téléphone à cadran circulaire. Face à moi, devant une table semblable à la mienne, Guy, mon collègue se penche sur des livres de comptes. C’est la routine.

Soudain du brouhaha, des appels, des bruits de voiture. Une grille métallique qui, en s’ouvrant,  grince un peu sur ses petites roues ! Inutile de regarder la pendule ! Il est quatre heures de l’après-midi. Sous nos fenêtres, les ouvriers du matin débauchent joyeusement en s’interpellant.  Puis  de nouveau,  c’est le silence. Non ! Pas tout à fait, quelques cris inhabituels dans la cour. Quelques attardés sans doute qui réclament quelque chose ! Nous n’y prenons pas garde.

Subitement, quelqu’un pousse violemment la porte du premier bureau qui tape contre le mur en se refermant. L’espace d’une seconde, à travers la paroi vitrée qui nous en sépare, j’aperçois une haute silhouette cagoulée qui brandit ce que je prends tout d’abord pour un long bâton mais qui se révèle être un fusil. Pas le temps de penser ! Derrière moi, sous l’effet d’un coup de pied énergique, la porte cède brutalement et se referme en claquant. Je n’entends qu’un hurlement «couchez-vous !»  Instantanément, j’ai peur ;  je ne peux ni ne veux tourner la tête. Je sens la présence terrifiante d’un homme dans mon dos. Je n’ai qu’une pensée : « mes enfants ». Je ne bouge plus. Brusquement, j’ai très froid. Je tremble.

En moins d’une fraction de seconde, je vois Guy esquisser un mouvement vers son téléphone, se raviser et, comme monté sur un ressort, sauter de sa chaise, se précipiter, à côté, dans le bureau du chef. Je suis tétanisée mais l’homme hurle : « Couchez-vous, couchez-vous ou je tire ». J’obtempère immédiatement et m’allonge très rapidement sur le ciment gris du sol, près de la porte. Aussitôt, l’idée de la mort m’effleure. Ma dernière heure est-elle venue ? En réchapperai-je ou serai-je seulement blessée? A la vitesse de l’éclair, les pensées se bousculent dans mon cerveau. Pas le temps de réfléchir ! L’homme, d’une voix gutturale, d’un ton rude presque glapissant, m’ordonne de me pousser plus loin, dans le coin, vers les armoires.  Je me traine et rampe.

 J’ose à peine lever les yeux pour apercevoir la blouse blanche du chef sortant de son bureau. Sagement, le fusil dans les reins, il avance, obéissant à un ton bref et impératif, et se couche tout près de moi, Guy collé à son côté. Je ne vois pas grand-chose. De son godillot clouté, le troisième homme lui hurle d’une voix suraiguë : « plus loin, pousse-toi, plus loin» tout en lui décochant un coup de pied dans les côtes pour l’éloigner de la porte. Je l’entends aboyer à plusieurs reprises : « Ne bougez pas, ne bougez pas ou je tire ! » La position est bien inconfortable mais le canon des fusils braqués sur nous  ne nous permettent pas d’en changer. Ne rien faire, ne rien dire, pas même avaler sa salive ou renifler. Ce n’est pas le moment de s’effondrer en pleurs ! N’ébaucher aucun geste soit-il infime, qui puisse susciter l’énervement palpable de ces deux intrus ! Je sens tout mon corps s’ankyloser et se pétrifier. Le temps parait interminable et pourtant, quelques minutes seulement viennent de s’écouler. Se concentrer, essayer de comprendre ce qui se passe de l’autre côté de la pièce pour oublier la crampe qui s’installe. 

De brefs échanges entre l’homme à la voix rauque et Joseph, le comptable. Je l’entends dire « non, non » mais pourquoi répond-il « non » ? Un tiroir qui s’ouvre et se referme bruyamment. Un bruit de clefs qui tombe sur le sol. Une porte d’armoire métallique qui gémit et grince sous le choc de poings rageurs. Ne pas bouger, ni même respirer ! Le fusil est toujours braqué sur nos têtes. Qu’importe ce qui se passe à côté ! Nous n’y pouvons rien.

Tout à coup, une bordée de jurons s’envolent jusqu’au plafond accompagnée de furieux coups de pieds dans les portes métalliques. Pan, pan, deux coups ont été tirés ! Un cri de douleur de Joseph ! Puis tout va très vite. L’homme qui nous surveille, franchit la porte et s’enfuit, non sans nous lancer un «au-revoir et merci » assez ironique. Son complice a déjà disparu par celle du bureau du chef. L’interlocuteur de Joseph a détalé sans demander son reste. Tous trois s’évanouissent dans la nature malgré la grille du portail d’entrée fermée.

Le chef lève doucement la tête puis ne voyant plus rien d’effrayant, redresse le buste à la recherche d’indices et enfin se relève tout en se tenant les côtes. Son visage grimace. Il a mal ! Je me remets sur pied. Guy est déjà debout et accourt auprès de Joseph! Il a reçu un coup de crosse sur le crâne et il saigne mais heureusement, sa blessure n’est que  superficielle. Dans le silence revenu, une sonnerie retentit. C’est l’alarme. Dix minutes à peine viennent de s’écouler

Quelques instants plus tard, la police arrive à grand renfort de klaxons. Je ne peux m’empêcher de m’interroger : « Que se serait-il passé si elle était venue plus tôt, en leur présence ?» Je n’ose y penser. J’ai du mal à rassembler mes idées. J’en frémis encore. Je viens de vivre la plus grande peur de ma vie.

Et au-dessus de nous, rassurant, imperturbable, le moteur de l’usine ronronne.

Marie-Thérèse 
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Une petite fille mal accueillie dans sa famille ne trouve la tranquillité que seule et isolée. C’est pourquoi elle a investi une mansarde dans la maison de ses parents. Là, c’est son monde à elle, avec ses poupées, son baigneur et un vieux gramophone à pavillon. Elle se sent bien là-haut. Elle doit rejoindre sa famille pour les repas. Elle ouvre la porte donnant sur le grenier et, dans la pénombre, elle voit devant elle deux yeux jaunes qui la regardent. Affolée, terrorisée, elle se précipite vers la sortie et descend les marches quatre à quatre au risque de tomber. Elle hurle : « Il y a une bête dans le grenier ! » Son père, avec la sagesse des gens de la campagne dit : « je vais voir ce qui se passe là-haut ». Avec une lampe électrique, il va inspecter les fagots de bois empilés à l’endroit où la petite a vu la « bête ». Et il trouve le monstre ! Ce sont deux vers luisants qui, proche l’un de l’autre, donne l’illusion à une imagination anxieuse qu’il y a un animal malfaisant.

« Le pire n’est jamais certain »

Josiane 
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Être dans le noir m’a toujours causé une peur viscérale : je ne sais plus où je suis, ni où je vais. Avancer ou reculer, me diriger sur ma gauche ou sur ma droite ? Autant de problèmes qui me clouent sur place !

Un été, il y a fort longtemps, après une journée particulièrement pluvieuse où la bande de cousins et cousines avait été obligée de se réfugier dans l’ancienne grange transformée en salle de jeux, avec bancs, tables, chaises, baby-foot, ping-pong… Après le dîner, nous n’allions quand même pas aller nous coucher à 20 h 30. C’est alors que Jean-Louis, l’aîné de la proposa de jouer au scrabble et me demanda, puisque j’étais une fervente adapte de c jeu, d’aller chercher la boîte restée sur la grande table au fond de la grange. Certainement, répondis-je avec assurance. Courageusement, je me levais et sortis. À quelques mètres de la maison, les persiennes fermées laissaient filtrer un peu de lumière, cela me donna un certain courage. Mais après un tournant du chemin, on ne voyait plus la clarté. Saisie de peur, je courus devant moi et me heurtai violemment au mur de la grange. Mais où se trouvait donc la porte. En tâtant le mur, je cherchai à droite, à gauche. À ce moment une branche d’arbre craqua et tomba à terre. Affolée, je crus que quelqu’un était là. J’écoutai, rien ne bougeait. La panique me prit et je fis volte-face, courus dans la direction opposée à la grange. À travers les feuillages, j’aperçus une pâle lueur. Sauvée  C’était la maison dont je me rapprochais. Dans la cour, je m’arrêtai et entendis rire aux éclats. À ce moment-là, une colère intérieure bouillonna en moi. En toute hâte, je fis pour la deuxième fois le chemin vers la grange. Je réussis à trouver la porte, l’ouvris et me dirigeai sur ma droite, vers le fond de la pièce, non sans renverse chaises, table, tabourets… J’atteignis la grande table du fond, glissai avec rapidité mes mains et sentis la boîte de jeu. Je la pris sous le bras et, en renversant encore quelques objets, je quittai les lieux. J’arrivais dans la salle de la maison, suffocante, haletante mais triomphante et déposai le jeu de scrabble sur la table.

J’étais heureuse d’avoir pour une fois vaincu ma peur du noir… mais peur vaincue par ne autre peur : celle du ridicule !

Christiane
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À la place du grand méchant loup des forêts européennes fait place la phobie d’un petit insecte venimeux des déserts africains : le scorpion.

En effet, celui-ci s’est vu doté, par la nature, d’un épiderme de camouflage dans la caillasse environnante. La phobie des scorpions éprouvée par l’homme s’explique par la détestable propension de cet insecte à s’infiltrer notamment dans les chaussures, les sacs de couchage, etc.

À cette phobie des scorpions dans le désert africain vient, de nos jours, s’en greffer une autre : celle des mines – par essence invisibles – posées par les belligérants lors de la
dernière guerre mondiale et dont sont truffées les pistes.

Dans le cadre de cette guerre du désert, et plus précisément chez certains militaires appartenant à l’intendance, s’est implantée une phobie très particulière : la hantise de se voir affecté à un convoi. Comme le narre un sous-officier d’intendance : « Imaginez-vous roulant en convoi dans le désert, à faible allure constante, sous un soleil de plomb, pendant des heures et des heures, avec pour seul panorama, à travers un nuage de poussière, l’arrière du camion qui vous précède ».

Bref, le désert a de toujours introduit chez l’homme qui s’y aventurait la phobie de mourir de soif.

Emmanuel 

 

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