samedi 19 novembre 2016

LOGORALLYE GEANT

Ecrire un texte contenant obligatoirement les mots : fusionner, internet, galet, culture, soudain, croûte, congeler, porte-clés, translucide, cambouis, éleveur, raboter, indubitablement, rose, épaule, cigogne, tranchée, élire, buée, humanitaire, fratrie, ombrelle, de fil en aiguille
Vous les introduirez dans votre texte selon l'ordre qui vous convient; vous pouvez accorder les noms en genre et en nombre et conjuguer les verbes.
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C’est une rude matinée d’hiver bien glaciale, le cambouis de la route disparait sous une épaisse couche de neige. Des hommes chaudement vêtus montent allégrement la pente, sacs au dos et pic à l’épaule, tapant de leurs  chaussures cloutées la croûte durcie. De la buée s’échappe de leur bouche entrouverte. Le paysage n’est que blancheur et les arbres deviennent fantomatiques.   Ils se dirigent vers le plateau des Verneys. Soudain ! A un tournant, le sol redevient plat. Ils cessent de grimper et même d’avancer. Devant eux s’ouvre l’espace où pendant trois jours et une partie de la nuit, ils vont tailler et raboter les blocs de glace que les éleveurs de la région ont congelés à  leur intention.  En passant devant Paul, chacun reçoit  un numéro inscrit sur un gros galet qu’il fiche sur un petit poteau prévu à cet effet. Ainsi, de fil en aiguille tous ces hommes s’installent dans  le secteur attribué pour participer au concours annuel de sculptures sur glace. Après le réconfort d’un café bien chaud et d’un bon sandwich, tous se mettent au travail pour fabriquer leur future œuvre.  Hans, le suédois, dégrossit rapidement la glace et déjà la silhouette d’un grand oiseau en haut d’une colonne se profile. C’est une cigogne, ailes à demi-repliées dont le nid est posé en haut d’une tour, celle de son village.  Il s’active, cisèle la glace  pour la rendre plus translucide et ainsi   lui donner une forme plus aérienne. A ses côtés, Pierre l’autrichien découpe avec amour une jeune femme à l’ombrelle, faisant un pas en avant, devant une fontaine d’où s’écoule un filet d’eau. Quel travail et quelle précision !  Ryan, l’écossais, fait apparaitre derrière une grille, un gosse accroupi  gardé par un grotesque geôlier. A sa ceinture pend un énorme porte-clefs. Plus loin, une fratrie islandaise est en compétition et s’évertue en face à face. Pétris tous
deux de culture viking, ils ne peuvent  fusionner leurs efforts dans ce concours individuel. Aussi, Dyri crée-t-il une scène de pêche. De son embarcation, debout, un pêcheur brandit un lompe ou grosse poule de mer. Ses nageoires brilleront sous les reflets du pâle soleil levant. Elfar, plus combatif, met en scène un guerrier tenant dans son bras droit, son bouclier percé de plusieurs flèches. De l’autre, il lève son épée contre les assaillants. Pour sa part, Pierre, le Français, reproduit une scène d’amour. Un angelot tend une magnifique rose à semi-ouverte, à une jeune fille assise sur un banc, lisant. Quant à John, l’Américain, il sculpte avec ardeur un match de hockey sur glace tandis que Guillaume, le Suisse, taille dans son bloc, une chaîne de montagne. Il perce dans son flanc, une tranchée évoquant les ravins. Un vaillant grimpeur s’accroche à la pente vertigineuse. Concourant pour une association humanitaire, il espère bien être le vainqueur que les juges éliront après avoir parcouru les différents lots. Un groupe de journalistes suit et prend des notes. Plus tard, ils commenteront ces nouvelles créations et publieront indubitablement les résultats sur internet. À la nuit tombée, pour clore cet événement, un feu d’artifice illuminera les sculptures que les photographes immortaliseront.

Marie-Thérèse
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Au travers de la buée couvrant la vitre, d’habitude translucide, l’éleveur, repoussant le rideau rose de ses doigts congelés et tachés de croûtes de cambouis, vit dans le ciel un dernier envol de cigognes. Il reposa son porte-clefs et se dit qu’indubitablement ce n’était pas un jour à sortir en ombrelle, c’était son humour, pas plus qu’à continuer sa tranchée, raboter la porte d’entrée ou s’occuper de ses cultures. De plus son épaule le faisait souffrir, mal récurrent dans sa fratrie. Ses bêtes étaient tranquilles à l’étable, alors il s’installa confortablement devant son ordinateur et alluma internet. Dans ses mails une association humanitaire à laquelle il participait le sollicitait pour élire un des membres du bureau. Il fit le ménage dans les autres mails et de fil en aiguille commença à trier des photos, fusionna des dossiers quand soudain il tomba sur une photo de galets bretons qu’il avait prise lors d’un court voyage. Il aimait beaucoup cette photo et se prit à rêver…

Fabienne
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Depuis des mois qu’ils communiquaient sur internet, ils s’étaient attachés l’un à l’autre, ayant fait de l’humanitaire dans des pays étrangers. Ils se faisaient beaucoup de confidences : leur présence et leur participation aux creusements de tranchées pour la création de nouveaux puits qui permettraient aux éleveurs de faire boire leurs troupeaux.
Indubitablement, leurs différentes cultures auraient pu être un obstacle à leurs projets de fusionnement.
Soudain, tout devint clair : de fil en aiguille, la lucidité se fit, dispersant la buée qui obstruait leurs cerveaux. Tout devint translucide. Il fallait qu’ils se rencontrent et envisagent quelque chose ensemble. Lui n’avait pas peur de mettre les mains dans le cambouis lorsqu’il réparait les voitures de sa fratrie. Elle rabotait, polissait des objets dont des galets, qu’elle décorait pour les vendre dans sa boutique de souvenirs.
Un soir, il l’invita à casser la croûte chez lui. Il prépara un délicieux dîner avec des produits congelés de marque renommée. Elle le trouva pas mal de sa personne, plutôt à son goût avec ses bras et ses épaules musclés. Ils allèrent se promener sur les quais de la Seine. Il lui offrit une rose. En retour, elle lui donna un porte-clefs sur lequel était représentée une jeune fille avec son ombrelle de dentelle.

Rentrée chez elle, elle pensa à l’élire en tête de ses prétendants. Si tout allait bien pour eux, plus tard elle envisagerait la gentille cigogne qui viendrait déposer dans la cheminée le fruit de leur amour.

Mireille
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Si tu pouvais faire fusionner ton compte Facebook et ton compte Twitter en deux coups de cuillère à pot, ce serait du deux en un sur Internet. Oui, pourquoi pas !
Si sur l’un tu peux parler de culture et de profil, de fil en aiguille, tu glisses et tu tombes sur la crise du lait en poudre, en boîte, en tonnes à écouler pour les éleveurs. Et c’est la pâtée pour la plupart d’entre eux, non ! Pas du pâté en croûte ! Toutes les routes mènent à Rome, ici elles mènent à Bruxelles.
Mais reparlons de ces blogs, si l’un est plus politisé, l’autre n’en est pas pour autant humanitaire… S’il faut en croire le ramdam et le raz-de-marée ayant précédé et suivi l’élection chez les grands électeurs du vainqueur vers la Maison Blanche. La médiatisation du phénomène s’est révélée telle que l’on reprochait presque implicitement à Facebook d’avoir voulu amener les internautes à voter pour le seul représentant masculin, arborant une mèche à la Roquet à la houppe. On en aurait presque oublié que précédemment, les sondages donnaient plus de voix à madame Clinton dans la course vers la présidence. Ils se sont avérés encore une fois fort peu fiables. Alors comment pourrait-on encore leur faire confiance pour les élections prochaines devant se dérouler dans notre cher pays de France ?  Nous avons des hommes pouvant se regrouper en fratries tant leurs conceptions politiques se retrouvent. Seuls varient les faciès et quelque peu leur façon de discourir, la manière de chercher à nous charmer et nous convaincre, le choix de la couleur de leurs tenues vestimentaires pour participer au grand challenge vers l’Élysée. Un vrai crêpage de chignon, de nœud de cravate pour élire son président. Quel poids sur leurs épaules de devoir respecter leurs engagements pré et post électoraux. Avant de distribuer des porte-clés rappelant leur programme qui ponctueraient leur ascension au trône pour servir la République. Alors pour dissiper les brumes et égayer le paysage plutôt sombre de ces costumes sur-mesure donnant dans l’austérité, je préfère glisser vers un autre sujet, ô combien plus joli et avenant loin du goudron et du cambouis, des pavés de nos villes aux vitres couvertes de buée au matin venu. J’aimerais pouvoir m’assoir sur les galets d’Étretat, un matin au lever du soleil. Contempler la mer entre les pattes de l’éléphant et mourir sur la plage. J’aimerais sentir la fraîcheur d’une douce brise sur mes cheveux et mes lèvres. Je souhaiterais contempler ces jolies ombrelles du XIXème siècle qui en de gracieux mouvements évoluaient habilement entre les crinolines et chapeaux à plumes d’une époque révolue. La Belle Époque, tel était son nom ! voyaient-elles la vie en rose, croyaient-elles au Père Noel, aux cigognes qui amènent les enfants ou à l’arche de Noé ? Les modes ne sont qu’éternels remaniements et les bottines laissent place aux boots lacés ou zippés. Et du haut de leurs talons aiguille ou carrés, le résultat est indubitablement le même, les belles d’aujourd’hui se tordent les pieds dans quelque excavation pouvant se transformer en véritable tranchée suite au retrait de l’eau salée entre deux galets. De là à faire une mauvaise chute et se raboter le genou, il n’y à pas de mer à boire. Il ne reste qu’à se faire congeler un pack de gel translucide dans le congélateur pour minimiser les conséquences d’une telle chute.

Claudine
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Les cultures s'étendent à perte de vue en dessinant une mosaïque de couleurs où ne manque que du rose pour compléter la palette. Soudain, en me tournant pour regarder par-dessus mon épaule, une cigogne apparaît dans le paysage. Au milieu de sa fratrie, elle est juchée entre deux sillons de verdure qui forment comme une tranchée.
Une ferme se distingue plus loin, sans doute celle de cet éleveur très occupé sur son tracteur, les mains couvertes de cambouis. Indubitablement, il a bien du mal à réparer l'engin.
Je poursuis ma promenade, protégée du soleil par l'ombrelle dont j'ai eu la sagesse de me munir.
Qu'il fait chaud aujourd'hui dans ce pays lointain... Je me prends à rêver de froid, d'un sol recouvert d'une croûte de glace translucide. Ou bien encore d'une plage de galets bordant une mer fraîche où je pourrais me baigner. La chaleur finissant par m'indisposer, je décide de me réfugier chez moi.
Arrivée devant le seuil de la porte, je prends mon porte-clefs, j'y cherche la bonne clef pour ouvrir et j'entre vite dans un intérieur bien frais. La climatisation fait son effet, la différence de température avec l'extérieur apporte une  légère buée sur la vitre près de la porte ouverte.
Puisque je suis  de retour, je décide sans plus attendre de m'atteler à tout ce que j'ai décidé de faire aujourd'hui, comme congeler la viande achetée ce matin par exemple, elle ne sera pas mangée aujourd'hui, elle se conservera donc mieux ainsi.
De fil en aiguille le temps passe, je fais une pause et m'installe devant l'ordinateur. J'effectue tout d'abord quelques recherches dont j'ai besoin sur Internet. Ensuite j'effectue un travail lié à  ma fonction qui consiste à œuvrer dans l'humanitaire.  Quelle idée aussi de s'être fait élire à ce poste !
Pour l'heure il s'agit d'adresser un courrier à un certain nombre de personnes. Pour me faciliter la tâche, j'ai d'abord rédigé ma lettre et j'ai ensuite créé le fichier des destinataires, il suffira juste de fusionner les deux documents afin d'obtenir un courrier personnalisé pour chaque personne. Mais avant cela, je relis une dernière fois ma lettre, je l'ai maniée, remaniée, j'ai même raboté sans hésiter quelques lignes qui ne présentaient à mes yeux aucun intérêt.
Je la regarde une dernière fois et je vois que le texte décousu n'est en fait qu'un simple logo-rallye !

Paulette
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Un rêve étrange, indubitablement. Je ne rêve pas souvent mais ce matin-là, c’est sous l’effet d’un choc que je m’éveillai : impuissante, j’assistai à l’effondrement de mes espoirs nocturnes.
La veille au soir, j’avais suivi diverses émissions de télévision : le monde et mon pays n’allaient pas bien… Je finis pourtant par m’assoupir devant l’écran. D’une sorte de brouillard médiatique, deux mots émergeaient et virevoltaient à présent : « fusionner » et « élire ». Mais quoi ? Comment ? Aucune voix ne me le précisait. Bientôt, « fratrie » et « humanitaire » les accompagnèrent, timidement d’abord, puis passionnément. Il y avait donc encore de l’espoir ! L’espoir du pain et des roses, l’espoir d’avoir du temps à consacrer aux loisirs et à la culture, et surtout aux amours – on en avait tellement besoin !
Les visages n’avaient pas de traits particuliers, seulement des silhouettes pétries d’humanité, échappées de la « Danse » de matisse ou d’un tableau de Claude Monet : « Femme à l’ombrelle » traversant un champ incandescent de coquelicots sous le soleil d’été, ou bien tournée vers une plage de galets de Normandie. Un temps « d’épaule nue » semblait s’être répandu sur la terre. Les flashes joyeux et colorés se succédaient frénétiquement, dans une beauté et des lumières extraordinaires. Une sorte d’aurore boréale… Qui détenait le porte-clés magique ? Peut-être ceux-là même qui dansaient et chantaient à perdre haleine.
Soudain le vent fraîchit, les couleurs changèrent. L’hiver de blanc et de noir vêtu s’installa brutalement à la place des derniers feux de l’automne. Sous un ciel bas, des corbeaux survolaient les sommets enneigés des Vosges  et du Jura, ajoutant de l’inquiétude à celle des sombres forêts de résineux devenues silencieuses. Pourtant, on était encore dans la beauté des choses : les premiers glaçons se balançaient à l’extrémité des branches de sapins en lançant sous la caresse du vent des éclairs cristallins. Une épaisse croûte translucide recouvrait peu à peu les lacs, au grand bonheur des skieurs et des patineurs qui glissaient en riant, accompagnant leur effort d’un nuage de buée vite transformé en givre. Au fond des tranchées et des vallons étroits, le froid redressait de superbes flocons de neige qui brillaient alors de mille éclats. La descente des skieurs s’accélérait maintenant tandis que montait l’air du concerto de Vivaldi « L’Hiver ». De fil en aiguille, n’allaient-ils pas finir congelés ?
Puis ce fut le choc violent : une brusque rupture de pente, mal négociée, précipita les skieurs dans une collision inévitable d’autant plus qu’ils heurtèrent une dameuse abandonnée près de la piste. L’éleveur de cigognes qui la pilotait fournit les premiers secours, rabotant les skis, éloignant les blessés du cambouis et du fuel qui s’étaient répandus partout. C’était grave et il appela les secours au plus vite. Naturellement l’Internet local ne manqua pas de relater l’accident.
L’effet du choc m’avait réveillée : 5 heures de ce petit matin gris.
J’étais glacée et toujours sur ma banquette, devant l’écran. Le temps d’émerger, je rejoignis vite mon lit pour me réchauffer et me réconforter. Mais plus tard, et toute la matinée, je restée impressionnée par ce rêve si beau et si terrible. Serait-il prémonitoire ?

Françoise
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Internet est indubitablement  une vaste avenue, au sujet de laquelle on pourrait détailler un inventaire à la Prévert. J’y consulte Wikipédia, plus particulièrement les rubriques agricoles dédiées aux éleveurs de la race ovine et à la culture des primeurs. Je suis également intéressée par l’ornithologie ne me lassant pas de regarder des images de cigognes, vues à Salamanque où elles transitent au cours de leur pérégrinations : elles claquettent encore dans mon souvenir, moins fort que les éoliennes, mais tout de même !
Loin du virtuel, pendant ce temps, dans son lointain garage de banlieue aux vitres translucides, un lointain cousin, les mains dans le cambouis, s’évertue à réparer la fuite du carburateur de son utilitaire fatigué. Dans le pavillon voisin, son beau-frère, le menuisier rabote des planches, à la varlope, pour construire des clapiers.
Pendant ce temps-là, suite à un vol de sac à main à l’arrachée, j’attends le serrurier : il va changer la serrure et me remettre un trousseau avec porte-clés.
Réinstallée dans mes pénates, j’aurai tout loisir pour faire un pâté en croûte, dont les invités se lécheront les babines ; je congèlerai par la même occasion une épaule de mouton tranchée en parts équitables.
Soudain, je repense à un cadeau utile pour le bébé de ma voisine : je vais lui offrir une ombrelle pour la poussette de son fils ; elle va le promener tous les jours vers la mare où les enfants jettent des galets pour faire des ricochets.
Bon an mal an, de fil en aiguille, nous arrivons en décembre : on va élire Miss France : la finaliste apparaît dans une buée de bonheur télévisuel. Cette gracieuse et généreuse jeune personne, issue d’une nombreuse fratrie a des projets humanitaires : de quoi voir la vie en rose par ces temps moroses.
Après les effusions, les bonnes volontés n’ont qu’à fusionner !

Marie-Christine

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