lundi 3 avril 2017

OURS



L’enfant tend l’ourson
À la Grande Ourse sidérée :
« Maman ! Viens me voir ! »



Dans mon Couserans natal, plus précisément dans la vallée du Garbet, entre Aulus et Oust, le village d’Ercé est réputé pour son authentique école des ours et son musée restitue l’histoire des oursalhèrs : les montreurs d’ours.
Près de deux cents familles élevaient des ours dans cette vallée, cette activité remontant au moyen-âge. Les oursalhèrs se rendaient dans les tanières des ursidés pour capturer les oursons âgés de trois mois. Ultérieurement, l’ours se raréfiant, on les fera venir du Caucase, via Marseille : oursons de trois mois, élevés au coin de l’âtre, pour leur apprendre à marcher sur les deux pattes arrière, à mimer un corps à corps ou l’attaque d’un troupeau, au terme d’un dressage long et ardu.
Ils donnaient des représentations sur les foires et les marchés, des deux côtés de la frontière. « Que l’ours danse ! » criait-on pour encourager les artistes itinérants. L’ours se mettait debout sur ses pattes arrière, dansait au rythme des tambourins, adoptait des attitudes presque humaines ; quelques pièces de monnaie récompensaient le duo.
S’ensuivit l’extraordinaire épopée des paysans saltimbanques de la vallée d’Aulus, de 1850 à 1914, parcourant le monde avec un solide bâton ferré, le maître conduisait un compagnon dûment enchaîné, cet animal mythique qui a bercé notre enfance mêlant la peur des bergers et la peluche des jouets.
Ces animaux parcouraient avec leurs maîtres toute l’Europe, la Grande-Bretagne ; les aïeux de mes voisins étaient allés en Russie ! d’autres gagnèrent le Canada, les États-Unis et l’Amérique du Sud.
Ces montreurs d’ours se produisaient dans les plus grands cirques des États-Unis. Peu à peu, le flux migratoire s’organisa dans cette vallée perdue, ce fut le cas pour quatre-vingt pour cent de ma famille, à partir des années 1860.
À Central Park, on peut voir le « roc d’Ercé », témoignant de leur passage et lieu de rendez-vous obligé pour leurs descendants ariégeois et tous les émigrés du Garbet.
Plus tard, le déclin des grands cirques les conduisit à travailler dans la restauration et l’hôtellerie. Il se trouve dans le quartier de Manhattan une quinzaine de restos ariégeois, comme La Pergola des artistes, Le Rivage, Le Tunnel, Les Pyrénées : certains sont classés parmi les dix meilleurs restaurants du New York. Pour couronner le tout, un film, La vallée des montreurs d’ours, est sorti le 14 mai 1997 à l’occasion des journées du patrimoine. Dans la chapelle du calvaire d’Ercé, point de départ de nombreux candidats au voyage transatlantique, ce film de Francis Fourcou fut projeté.

Marie-Christine
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Comment l’ours entra dans notre univers familial…
C’était dans les années 60-70, et comme beaucoup de jeunes mamans j’étais souvent mêlée aux préoccupations de mes deux enfants, fille et garçon, que cinq ans séparaient.
À l’occasion d’un séjour en Allemagne, ils furent séduits par les grands magasins de jouets qui devinrent bientôt le but de nos promenades, et le lieu de leurs envies : maisons de poupées au mobilier miniature, peluches diverses et variées, adorables vaisselles en porcelaine pour la dinette, instruments de musique, métiers à tisser, patins à roulettes, marionnettes et castelets où nous nous essayons tous, petits et grands… Le rayon des ours était particulièrement bien fourni ; certains grands et débonnaires encore garnis de son crissant sous les petits doigts impatients, penchaient leur tête vers les enfants tout en leur tendant les bras… les miens furent donc séduits par ces bons gros nounours d’outre-Rhin ! « Teddy Bär », ce fut son nom, entra chez nous avec la varicelle qui tenait ma fille recluse à la maison. C’était l’occasion rêvée d’offrir à la malade l’ours tant désiré. Le soir convenu, alors que je me pressais sur le chemin du retour
tout en serrant contre moi mon gros paquet, je voyais grossir deux petites têtes qui brûlaient d’impatience derrière les carreaux. La porte ouverte, l’ours fut vite déballé et adopté : le prendre dans ses bras était un plaisir suprême… Jamais un ours de cette taille n’était entré dans notre famille. Mes enfants connaissaient bien nounours, le marchand de sable de la télévision française souhaitant bonne nuit à Nicolas et Pimprenelle, mais là, Teddy Bär était presque un ours véritable. Alors tous les jeux se réorganisèrent autour de lui ; il devint, à tour de rôle, le compagnon de chacun, mais ma fille en restait propriétaire. L’école qu’elle fréquentait lui inspira quelques journées de classe qu’elle dirigeait fermement dans le couloir, tandis que son petit frère écoutait sagement avec les poupées et peluches, sous la douce protection de Tedy Bär. Le jeu de la dinette marchait bien : il était l’occasion de sortir des placards de cuisine les derniers petits pots de bébé, le chariot de bois qui avait servi à promener mes enfants avait repris du service, telle une arche de Noé, il servait maintenant à sortir Teddy Bär et sa nombreuse famille : poupées, peluches, baigneurs blancs et noirs, etc. L’appartement résonnait de leurs rires et nous devions alors zigzaguer entre les déballages… Puis le calme revenait, les enfants s’installaient devant la table basse dans le séjour et, tout en chaussant mes lunettes, lisaient des histoires à Teddy Bär bien sûr.
Aujourd’hui Teddy Bär se repose sur mon armoire de chambre. Il a passé son bras autour de la dernière poupée de ma fille ; ils ont maintenant deux enfants : un petit Teddy Bär et une petite poupée blonde.
Les rires se sont tus, mais les souvenirs de cette belle histoire d’ours se bousculent chaque fois que j’ouvre la porte de mon armoire.

Françoise
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L'ours est un animal imposant par sa taille et plutôt  méchant à ce qu'il paraît. Pourquoi alors a-t-on  pris cet animal en modèle pour créer des ours en peluche destinés aux jeunes enfants, cet  ours plus communément appelé « nounours ».
Le mien, je m'en souviens encore, était en peluche rase, de couleur brune, très classique. Des boules de verre figuraient ses yeux, les avait-il encore après avoir tant servi... je pense qu'il devait bien en manquer au moins une.  Ma mère qui ne faisait pas de sentiment, a décidé un jour de se débarrasser de l'animal en mauvais état, je ne me souviens plus quand exactement, mais je ne crois pas en avoir  été traumatisée.
Ma fille a  également eu un nounours, bien plus moderne et tellement plus facile à entretenir. Il l'a suivie partout, il a veillé sur son sommeil, a souffert sous ses mains, il a été maintes fois sali mais un tour dans la machine à laver et il ressortait propre, comme neuf. De moins en moins neuf quand même. A la longue il est devenu plus mou évidemment mais il était encore intact. Ce nounours était blanc, sur le ventre se trouvait une petite poche où était placé un tout petit carré de tissu bleu marine à pois blancs, un mouchoir peut-être. Je n'en ai jamais compris l'utilité mais il lui a été offert ainsi. Les doudous qu'on offre à présent aux nouveaux nés existaient-ils à l'époque, je ne me souviens pas en avoir vus pour ma part, c'est donc le nounours qui faisait office. Je me souviens que quand ma fille a commencé à articuler quelques sons, elle disait « Néné » pour désigner son nounours, c'est donc tout naturellement devenu son nom. Quand elle a quitté la maison pour faire sa vie, elle a fait le tri dans sa chambre, et le vide aussi, il y en avait grand besoin. Mais ce nounours fait partie de ce qu'elle a voulu conserver, je pense qu'elle l'a toujours aujourd'hui.
Quand j'ai rencontré mon mari, j'ai également fait la connaissance de son nounours qu'il conservait  précieusement. En y repensant, je me dis que je n'ai jamais posé de questions, qui le lui avait offert, pourquoi le gardait-il ainsi... C'était un nounours qui avait lui aussi bien souffert. La couleur avait du être une sorte de rouge, le bout des pattes et le nez avait une couleur plus pâle qui contrastait. Il avait perdu ses yeux dans la bataille et son cou déchiré laissait voir la paille qui le garnissait. J'étais encore plus surprise qu'on puisse conserver un objet dans un pareil état mais, malgré tous nos déménagements, il a toujours
trouvé sa place chez nous, soigneusement emballé dans un sac en plastique. La seule chose que mon mari m'ait confiée à son sujet, c'était qu'il voulait  partir avec son ours en peluche, entre autres. Des  paroles qui n'ont fait que m'effleurer le jour où il me les a dites, je n'avais pas l'esprit à penser à ce moment que j'espérais lointain. Je me suis souvenue malgré tout de ce souhait le jour venu et ce qui fut dit, fut fait, le nounours avec lui est parti en fumée.
Tout ça n'est pas très gai et il existe tellement d'autres sortes de nounours. À présent mes préférés sont ceux faits de guimauve et enrobés de chocolat ! C''est si bon avec un café, à la fin d'une journée bien remplie, quand on les grignote en compagnie d'une  amie, nous sommes alors de nouveaux des enfants.

Paulette
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C’était un vieil ours en peluche qui trônait derrière la caisse de la ressourcerie. Non il n’était plus à vendre, sa vie était ici maintenant, tranquille à observer de son œil les allants et les venants. Mais il avait eu une longue vie. D’abord, alors qu’il était pimpant avec sa belle fourrure, ses yeux de verre et sa langue de feutrine, il avait été offert pour Noël à Clara, une gentille petite fille qui l’avait adopté comme son confident elle l’avait appelé Pitou. Elle le choyait comme son bébé, lui parlait, lui faisait la dînette, le couchait dans un lit de poupée avec des draps frais et colorés. Quand elle le faisait tomber, elle le relevait et le berçait cherchant où il avait bien pu se faire mal. Elle lui parlait doucement et il passait ses nuits bien au chaud avec elle après qu’elle lui eut fait mille caresses. Elle l’emmenait partout et en hiver lui passait un manteau de feutrine et un joli cache-nez que sa maman lui avait tricoté. Bref il était très heureux ! Cependant en grandissant Clara jouait de moins en moins avec lui et oubliait même de le prendre avec elle pour dormir. Elle avait eu plein d’autres cadeaux qui captaient son attention. Et un beau jour sa maman lui suggéra de faire le tri de ses jouets pour la prochaine foire au troc et Pitou après moult hésitation fit partie du lot. Il fût placé dans un grand sac plastique avec ses vêtements. Le jour de la foire il fût posé sur l’étalage au milieu des autres jouets. Une petite fille arriva et tendit le doigt vers lui, les parents discutèrent ensemble et il se retrouva dans les bras de Bettina. Mais Bettina n’était pas Clara, dès la foire au troc il fût baladé par la patte arrière sans aucun ménagement. De retour à la maison elle le jeta par terre pour aller prendre son goûter mais ce n’était que le début de ses malheurs, Pitou était pour elle son défouloir et son terrain d’expérience, elle lui marchait dessus et le balançait à travers toute sa chambre. Un jour qu’elle était très en colère elle lui arracha un œil, la maman essaya de cacher le dégât en lui cousant à la place un bouton mais il n’était pas de la même couleur. Une autre fois  elle lui arracha la langue de feutrine au cas où il aurait été en capacité de rapporter à ses parents toutes ses bêtises ; Une fois de plus la maman remplaça la langue par un triangle de tricot rouge. Il ne se sentait plus le même et regrettait tant Clara que s’il avait pu pleurer il l’aurait fait. Bettina tenta de savoir ce qu’il avait dans le ventre en y creusant un petit trou avec ses ciseaux ronds, elle lui enfilait des crayons dans les oreilles, il vivait les pires outrages. Comme Clara, Bettina grandit et fit le tri de ses jouets, Pitou trop gros ne rentrait pas dans la poubelle c’est ainsi qu’il fût placé dessus et que le responsable de la ressourcerie le vit avec son air souffreteux et pitoyable. Il allait au travail, il l’attrapa en lui disant « allez viens avec moi mon vieux » et c’est ainsi qu’il se retrouva tranquille derrière la caisse, les parents souriaient et les enfants s’exclamaient « oh regarde le vieil ours » mais de façon très gentille.

Fabienne
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C’est l’heure de la classe de français dans ce CE1 péruvien particulièrement agité ce matin. Une des petites élèves vient de recevoir un beau livre de contes en espagnol et le regarde, cachée sous son bureau. Les voisins se penchent et tentent de voir les illustrations. Je m’en aperçois et confisque le livre tout en apercevant l’image d’un gros ours hibernant et un petit écureuil. Je décide donc de calmer la classe en racontant l’histoire. Je ne me rappelle plus du titre mais nous l’appellerons : « Le petit écureuil et maman ourse ». Sous le regard étonné des enfants qui me voient lire l’histoire en français, je commençais :
« Il était une fois un petit écureuil gris épris de liberté, curieux comme pas un et très joueur. Il faisait très beau dans la grande plaine couverte de bouleaux et de résineux. Pourtant sa maman pensait déjà à l’hiver et s’activait pour engranger dans le creux de leur arbre force chatons et graines. Petit écureuil quant à lui, n’en avait cure. Il  n’aidait pas sa maman et préférait s’amuser sautant de branche en branche ou se balançant, très fier de sa belle queue en panache. Elle le grondait et lui disait de ne pas s’éloigner. Il ne l’écoutait que d’une oreille distraite, s’échappant souvent pour réapparaître après lui avoir fait peur. Petit écureuil n’était vraiment pas sage. Il ne voyait pas le temps passer ni les feuilles qui tombaient annonçant la venue de l’hiver proche. Il n’en faisait qu’à sa tête.
Mais un jour, il s’éloigna plus que de coutume et ne vit plus sa maman. Il ne retrouva plus son arbre car il avait changé de visage. Il se perdit dans la grande forêt. Heureux de sa liberté, il continua son chemin grignotant par-ci, les graines d’un cône, ou par-là l’aubier d’une branche de bouleau tombée au sol. Bientôt le vent souffla de plus en plus fort et Petit écureuil se réfugia tout en haut d’un mélèze, collant son dos à l’écorce pour s’en protéger mais il avait faim. Il redescendit de l’arbre, or la nourriture était chaque jour plus difficile à trouver. Et l’hiver arriva avec le blizzard et le gel. Il commença à frissonner de plus en plus mais ne savait où s’abriter. Les bouleaux n’avaient plus de feuilles et les aiguilles des résineux étaient si glacés que Petit écureuil ne pouvait plus sauter de branche en branche. Il ne savait plus non plus comment se nourrir. Alors, il regretta le nid douillet de son arbre où sa maman l’attendait. Seul et tremblant de froid, il allait errant, maigrissant à vue d’œil jusqu’au jour où il trouva une grotte qui pour le moins le protégerait. Il vit une grande roche brune où il pensa se glisser. Mais, en s’approchant, il s’aperçut que la roche était douce et chaude car c’était une ourse qui, recroquevillée sur elle-même, hivernait déjà dans sa tanière. Petit écureuil se pelotonna entre ses grosses pattes et hibernant à son tour, passa la mauvaise saison au chaud.
Au printemps, maman ourse se réveilla, étira ses grosses pattes et se secoua, grogna et envoya Petit écureuil promener contre la paroi de la tanière. Tout abasourdi, il roula sur le sol et se mit alors à pousser des khrou rou rou de peur puis des duk duk de colère. Il s’était fiat mal, très mal et se frottait les côtes.
Maman ourse l’aperçut et rugit :
-         Que fais-tu là, petit effronté ? Qui t’a permis d’entrer, là, dans ma tanière ?
Et de sa grosse patte griffue, elle le bouscula jusqu’à l’entrée, lui demandant :
-         Ne devrais-tu pas être dans ton arbre ?
Tout apeuré par le grognement de l’imposant animal, il bredouilla :
-         Je n’ai pas écouté ma maman et j’ai perdu mon arbre. L’hiver m’a pris en chemin et j’avais si froid.
Maman ourse grogna de nouveau :
-         Tu n’as pas été sage. Mais maintenant je vais te dévorer.
Et elle s’avança d’un pas. Petit écureuil recula de peur.
-         Ou plutôt te chasser.
Alors, il la supplia :
-         S’il vous plaît madame l’Ourse, ne me mangez pas, ne me chassez pas non plus. Il fait encore si froid dehors. Le vent est glacial. Le printemps n’est pas encore là. Je suis si triste et j’ai perdu maman.
Alors, l’ourse émue grogna :
-         Tu as eu de la chance. Tu m’as trouvée et je dormais. Tu aurais mérité que je te chasse ou que je te dévore mais..., continua-t-elle en le prenant délicatement dans sa grosse patte, promets-moi d’être bien sage et de bien m’écouter dorénavant.
-         Oui, madame l’Ourse, je vous le promets.
-         C’est bien, viens plus près de moi te réchauffer ! Tu peux rester jusqu’aux premiers bourgeons.
-         Oh, merci, madame l’Ourse !
Et c’est ainsi que Petit écureuil apprit à ses dépens qu’il faut toujours écouter sa maman.
La classe reste un instant silencieuse, et je reprends la leçon. Chaque enfant doit maintenant sur son cahier, tenter de résumer l’histoire puis l’illustrer d’un beau dessin : la masse sombre de maman ourse protégeant le petit écureuil gris.

J’avais rendu le livre à l’élève sans prendre la peine de noter le nom de l’auteur. Et à mon tour, je l’ai bien regretté car je n’ai jamais retrouvé le conte de ce petit écureuil étourdi et de cette maman ours généreuse.

Marie-Thérèse
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L’était-elle bien ou mal léchée cette ourse abattue au sortir de son enclos ? Ne pouvait-on pas endormir ce spécimen mi ours bun mis ours polaire née depuis une dizaine d’année dans le zoo d’Osnabrück au nord de l’Allemagne? Mais c’est le fusil de chasse qui a été utilisé plutôt que le pistolet tranquillisant. Le sédatif au dire du directeur commercial du zoo et de l’équipe chargée de la sécurité aurait mis une vingtaine de  minutes à agir. Ce qui représentait un danger bien trop grand pour les visiteurs admirant les flamants roses non loin de là. Tips, c’était son nom a laissé son frère Taps du même âge : orphelin, seul et désemparé dans son enclos, alors qu’ils »formaient un duo ». Rien ne sera plus jamais pareil depuis  le 12 mars où Tips ivre de liberté, voulait certainement visiter les lieux aux cotés des touristes venus nombreux. Ceux-ci se souviendront longtemps de cette ourse au pelage caramel capable de glisser et de se déplacer sur la glace, ainsi de monter sur les arbres « avec l’aisance des  ours polaires ». Ses soigneurs et le personnel du zoo et peut-être je  l’espère  les gardiens de  l’établissement restent encore sous le choc et restent très attachés à son souvenir. On ne côtoie pas ce genre de plantigrade dont on s’occupe pendant une dizaine d’année sans s’attacher profondément à lui d’autant plus qu’il est considéré comme un hybride tout comme les « bigs »au Canada. Et pour la petite histoire : on l'appelle le « pizzly », si le père est un ours polaire, ou un « grolar » si le père est un grizzly. Les Inuits parlent d'un nanurlak, c'est le résultat d'un croisement entre deux espèces génétiquement proches. Il faut savoir que suite au réchauffement planétaire entrainant des réductions des glaces dans le pole sud et une augmentation du CO2, les ours blancs ont tendance à descendre de plus en plus fréquemment vers le nord du Canada, des Grizzly vivant dans les forêts de la Colombie Britannique remontent vers le nord. Les ours fuiraient-ils aussi leur principal prédateur : l’homme et entre autre les communautés autochtones  qui réalisent des profits sur leur dos ? Mais ne tirons pas de conclusions  hâtives avant d’avoir tué la peau de l’ours avec un harpon ou une carabine… « Leur classification en espèce menacée d'extinction rendrait illégale la vente de leurs peaux à l'international »  « Les chefs des Premières nations estiment que ces peaux sont une source de revenus non négligeable pour les communautés pauvres de l'Arctique. »
Servheen, pense que les hybrides ne sont pas une bonne nouvelle pour les ours suffisamment proches pour avoir une descendance fertile. Mais il ne croit pas à l'émergence d'une nouvelle espèce. « Cette hybridation n'est pas une bonne chose pour le futur des ours polaires, et cela ne va pas donner une sorte de nouvel ours qui survivra avec succès en Arctique. »
Je tirerais bien la révérence à ces « dompteurs d’ours »qui avec une poigne de fer dans une main de velours arrivent à faire « amis-amis » avec ces énormes spécimens qui prennent un peu de place sur le canapé et sont encore considérés comme de  gros bébés. Je pense à cet ours blanc élevé depuis ses premières dents de lait par un homme assez corpulent et prenant certainement « son maître » pour son « papa » en partageant ainsi des activités communes sans agressivité aucune, en se câlinant mutuellement. J’admets aisément que cette relation peut comporter de réels risques, mais peut se conclure dans une communion totale de chaque instant. Mais je continue de penser et je suis pratiquement certaine que ces grands plantigrades après avoir vu le film « L’Ours » n’aspirent qu’à vivre leur vie de grands nounours en pleine nature. Je rendrai bien la liberté à tous ces ours en captivité.

Claudine
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Mon ours

Dans le berceau l'ours en peluche attend patiemment
Le nouveau-né tout petit sorti de son œuf.
Son cri si puissant est surprenant,
Et les yeux d'un brun doré tout neuf
Semblent observer celui qui deviendra,
Pour le meilleur et pour le pire,
Son ami, son confident dans les rires,
Son compagnon de bêtises quand il marchera.

Mais pour l'instant, dans son coin 
Il parait veiller sur le petit enfant
Qui, endormi gentiment,
Sent la rosée des baisers
De l'amour de ses parents partagé.
Dans son âme de peluche, il est le témoin
Et sera le souvenir de la prime enfance
Qui bientôt s'en ira avec complaisance.

Les années ont passé maintenant,
Le bébé est devenu grand.
Entre ses doigts entrelacés
L'ours en peluche est de toutes les tournées.
Il a vu tant de contrées 
A été, par d'autres enfants, trituré 
Tiré et malmené parfois
Mais toujours aimé comme autrefois.

Aujourd'hui le voilà assis et oublié
Dans la chambre sombre sur l'étagère.
Seule la compagnie de la poussière
Le tient encore en vie.
Les étoiles qui brillaient dans les pupilles
Depuis longtemps sont parties.
Mais... qu'arrive-t-il ?
Un bain, un brossage et un sourire !

La petite fille est devenue maman!
Et de son nouveau-né en cadeau
Le vieil ours confident 
A été déposé dans le berceau.
Son parfum de savon embaume
Il est roi en son royaume
Heureux de n'être point rejeté

Et d'être ainsi de nouveau aimé ....

Valérie
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L’an passé, j’étais invitée chez ma fille : je lui ai annoncé que j’avais retrouvé un amour d’enfance ! Quelle ne fut pas sa stupéfaction et, pour tout dire, sa gêne devant son cher et tendre ! Je lui tendis un paquet contenant son premier ours en peluche, son préféré, son adoré : elle fut très heureuse de rajouter Cajolin à sa collection : cet ourson bleu ciel, assez plat avait un tablier ornementé de fleurettes. Il fut son confident pendant de longues années.

Marie-Christine
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C’est un bel ours brun de 2m30 de hauteur, de grandes griffes, un regard phosphorescent qui jette des éclairs dans le noir. Pourtant, malgré son imposante personne, il accomplit le travail dans un numéro spectaculaire dans un cirque de renom dont il est la vedette. Doux et docile, il est le chouchou des artistes du cirque qui parcourt la France entière, même au-delà des frontières.
Ce matin de printemps alors qu’il se prélassait au côté de sa compagne dans leur confortable cage, il s’aperçut que la porte  n’était pas refermée correctement. Un rayon de soleil brillait au-dessus des caravanes invitant notre ami au voyage. Des odeurs fruitées et de capiteuses fleurs finirent par le convaincre de franchir le pas vers la liberté, malgré le regard triste de sa compagne, le suppliant de ne pas partir. Comme dans la chanson de J.J. Goldman « Là-bas ». Mais il partit quand même. Après avoir marché des heures à travers bois, margé quelques baies succulentes, il entra dans la forêt profonde. A chaque pas, des sauterelles s’enfuyaient, les papillons multicolores s’envolaient, les grenouilles, les crapauds sautaient, affolés afin de se cacher loin de ce géant aux grands pieds. Fatigué, égratigné par les ronces, il s’accorda un peu de repos en s’adossant à un chêne. Il se sentait perdu. Il  prit sa tête entre ses pattes pour réfléchir.
C’est alors qu’une voix mélodieuse se fit entendre. Il regarda la créature qui n’était qu’une louve à la robe grise, aux grands yeux de biche. Elle se rapprocha de lui caressant sa fourrure. Ses pattes étaient douces. Elles sentaient bon la fougère mélangée à la menthe sauvage. Elle prit place à ses côtés. Ils se racontèrent leurs vies avec le train-train quotidien. Elle lui dit que son loup était parti courir le guilledou. Le printemps lui aurait fait perdre la tête alors qu’ils avaient prévu de concrétiser leur relation par de gentils louveteaux.
L’ours la consola en la serrant sur son imposant poitrail velu. Le soir tombait assombrissant le ciel, c’est alors qu’un bruissement d’ailes se fit entendre discrètement. C’était Cupidon qui leur tirait une flèche en plein cœur puis repartit content. Il n’en fallut pas plus pour qu’un ours brun partage sa couche avec une louve en mal d’aimer. Des jours passèrent remplis de tendresse et d’amour.
Un soir, à la nuit tombante du haut de la colline, à l’ombre de la lune, se découpait la silhouette d’un grand loup gris qui hurlait désespérément pour appeler sa belle qui avait quitté le nid. Dans ses cris déchirant le ciel, il disait ses regrets implorant sa compagne, lui demandant de revenir au logis. La belle pardonna, courut retrouver son loup adoré oubliant ses infidélités, laissant l’ours triste et désemparé.
C’est depuis cette histoire que naquirent les loups garous, semant la peur dans les villages : Ce sont de grands loups de 2 m environ avec d’énormes griffes et qui peuvent marcher debout. Ils aiment les baies, le miel mais la viande aussi.
Quant à notre ours, il reprit le chemin du cirque. Il se fit humble et reprit son numéro. Il ne fut pas puni pour son escapade. Sa belle lui pardonna ; il lui en prodigua de la reconnaissance en la traitant avec amour et respect.
Tout est bien qui finit bien. Il devint le papa de  deux adorables oursons : un garçon et une fille, sosies de leurs parents. La famille oursons est en joie.

Mireille
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En 2016, j’ai eu la chance d’être invitée à l’École des Loisirs, reu de Sèvres, pour rencontrer des écrivains qui présentaient leurs ouvrages de rentrée, parmi eux : Xavier-Laurent Petit, avec son passionnant roman, Le fils de l’Ursari, nominé Prix Sorcières 2017, dans la catégorie Romans ados.
Les Ursari sont des Roms. Capables de dresser des ours, ils se produisent sur les places de villages de l’Europe de l’Est. L’auteur nous fait découvrir la famille Ciprian : son père combat les ours et sa fierté remonte jusqu’aux lettres de protection délivrées par l’empereur Sigismond, au quinzième siècle. Cette famille sillonne les routes, harcelée, traquée, abandonne les ours, arrive à Paris où l’argent passe pour couler à flots. La vie dans le bidonville est précaire, le romancier dénonce les conditions de survie des Roms. Nous passons d’un monde oublié à la cruelle réalité de la misère et du trafic d’êtres humains.
Pour Ciprian, c’est au jardin du Luxembourg que sa vie va se transformer en découvrant un jeu étrange, avec des pièces noires et blanches. Ciprian est capable de rejouer chaque partie dans sa tête ; c’est pour lui et sa famille le début d’une nouvelle vie…


Marie-Christine

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