samedi 13 octobre 2018

BELLE-FAMILLE

Là-bas sous les tropiques, c’était un bel été -                       
Depuis quelques heures déjà la nuit était tombée               
Non loin de là, bien que Pacifique
L’océan  mugissait                                                                   
Nous entrâmes dans une maisonnette
Entourée d’un jardinet.
Une femme y vaquait
« Ma mère » dit laconiquement mon ami.
«  Mon amie « ajouta-t-il
Elle me regarda et me sourit
Intuitive, ma future belle-mère comprit
Elle nous bénit. Nous partîmes
Je ne la revis jamais
Ce fut là, notre seule et  unique  rencontre.

Marie-Thérèse
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La famille… la belle-famille… tout un programme
Une espèce en voie de disparition… à protéger ou à éviter ?
Un proverbe dit : pour être heureux… il faudrait laver son linge sale en famille
Un autre que pour vivre heures il faudrait vivre cachés.
On pourrait tant en citer, il n’y a que l’embarras du choix…
Avec le fait de bien balayer devant sa porte
Ou encore de tourner dix fois sa langue dans sa bouche …
Et les donneurs de leçons ne sont pas les meilleurs payeurs…
Quand on sait que les cordonniers sont les plus mal chaussés
Et que qui se ressemble s’assemble
Alors le ridicule ne tue plus.
Et l’on voit certains membres de ladite famille
« Marcher à côté de ses pompes ! »
Ou encore « nous cirer les pompes ! »
Certains vous passent la main dans le dos…
Vous agite le miroir aux alouettes
Vous font prendre des vessies pour des lanternes
Vous font avaler des grenouilles…

Ah, famille et belle-famille
Quand tu nous tiens par le bout du nez…
Quand à vos yeux, les autres ne sont qu’andouilles
Blaireaux, vaches et veaux, cocottes et poulettes
En passant par le coq de la basse-cour
Le dindon de la farce
Et les oies blanches
Si bêtes, mais bêtes…
À avaler du foin…
Que de serins juste bons à nous seriner à longueur de journée
À  nous habiller pour l’automne, l’hiver, le printemps, et l’été
À nous faire un blanc manteau, à  nous enterrer six pieds sous terre…
On y laisserait ses feux de plancher…

À quand tata Susu
Tonton Moumou
Et j’en passe et des meilleurs
Vous prennent la tête
Vous cassent les pieds
Vous font tourner comme une girouette
Quand ils et elles s’imaginent sortir de la cuisse de Jupiter
Et même Dieu le Père…
Alors il vaut mieux parfois faire l’anguille
Ou bien l’autruche
Ou l’âne
Et pourquoi pas le singe ?
Et dormir comme un paresseux
Ou un loir ?
Regarder passer les trains
Être une belle fleur ou une vilaine vache
Prendre le taureau par les cornes.
C’est mieux que d’avoir une haleine de cheval,
De sentir le fennec ou encore la hyène…

Et quand on découvre que moins on a de culture…
Et oui, c’est comme la confiture.
Moins on connaît le sujet
Plus on étale sa science et ses méconnaissances…
Alors, au final, c’est un régal ou juste une fringale ?
On pourrait dire à l’opportuniste :
Tu vois tu as encore raté une occasion de fermer ta boîte à camembert…
Et de rester discret, mais néanmoins avenant, vous hisse directement
Au paradis blanc
Celui des gens heureux, de ceux qui n’ont pas les chevilles qui enflent par manque de modestie…
Et de tous ceux qui ne font pas preuve d’hypocrisie.

Et savoir garder ses distances
Se mêler de ses oignons
Vaut tous les proverbes
Pour être moins grognon !
Des fois, il vaut mieux vivre seul

Que d’être mal accompagné !

Claudine
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Assis dans son fauteuil, les yeux à demi-fermés
Elle s’assoupissait.
Les enfants autour d’elle jouaient et s’amusaient
Ne parlez pas si fort, vous allez réveiller
La Reine-mère ! murmura sa belle-fille.
C’est vrai qu’elle dirigeait d’une main de maitre
Toute la maisonnée.
Mais son ouïe fine avait perçu
Ce qu’elle ressentit comme une insulte.
De l’avoir surnommée Reine-Mère,
Jamais ne lui fut pardonné.
Et c’est ainsi qu’un simple mot mal interprété
Brisa à tout jamais leur entente  

Marie-Thérèse 
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Dans le monde de l'humble paysannerie des montagnes pyrénéennes ou même ailleurs, Désirée note la reproduction, sauf exception du schéma familial, sur plusieurs générations.
Sa grand-mère paternelle, ses frères et sœurs, partis à New York, avait quitté son hameau natal, pour prendre époux et s'installer chez lui : elle se retrouva veuve de guerre, son fils pupille de la nation ; suite à de gros problèmes et faute de bras, l'exploitation ne prospéra jamais.
Du côté du grand-père maternel, l'épouse débarqua d'un lointain hameau, chez une belle-mère effacée et ignora sa fille. Cette créature fit des frasques défrayant la chronique régionale tandis que son mari était prisonnier en Allemagne. Quand Joseph revint de Germanie, fort démuni et en piteux état, il prit son courage à deux mains pour nettoyer les écuries d'Augias.
Le père de la mégère avait pris le large, rompu les amarres pour devenir citoyen américain. Il refit souche à New York : son arrière petit-fils est un artiste de renom.
Désirée constate que ces familles sont isolées, éclatées, démunies, dispersées.
Plus tard, la mère de Désirée se maria, s'installa chez son époux, dans la colline d'en face : elle vécut sous un modeste toit exigu, abritant trois générations explosives et aux revenus inexistants. Elle connut le labeur, l'exploitation, les deuils, la maltraitance.
Quant à Désirée, elle se maria, habita chez son mari, avec sa belle-mère qui avait déjà naufragé un premier ménage. Elle prit le large avec son bébé afin de survivre et de se refaire une santé.

Marie-Christine
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Elle les avait prévenus et ses parents l’attendaient  Mi-curieux et mi-circconspects.
La rencontre était prévue ; 15 /16 heures tout au plus
Mais la pendule tournait   Et personne ne venait.
Il est vrai qu’Il habitait à 500 bornes Et qu’un 30 août sur les routes
 Avec sa vieille dodoche, tout pouvait arriver.
Que s’était-il passé ?  Rien ni  personne ne le savait   
Ce n’était pas l’époque des portables 
Les heures s’écoulaient
A 20 heures, il fallut se résigner. On dînerait sans lui.  Il ne viendrait plus à cette heure-ci !
Quand soudain, au milieu du repas, un coup de sonnette.
Serait-ce lui ? Est-ce bien raisonnable à cette heure trop tardive !
Mais oui,  c’est bien lui ! Mis sur son trente-et-un   Hélas déjà fort taché,
Suant, soufflant  De cambouis,  ses mains maculées.
Elle était consternée et lui, honteux certes.
Avant toute présentation, il  voulait se laver.  Il se confondait en excuses.
Une mauvaise ornière, un pneu crevé, une autre pièce abîmée. Il fallut réparer.
Le diner reprit  Et  c’est ainsi qu’il entra chez sa belle-famille.

Marie-Thérèse

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