jeudi 19 janvier 2012

VERITE ET MENSONGE

Après la lecture du texte d'une conférence d'un pédopsychiatre sur le thème "Faut-il dire la vérité aux enfants ?",  un débat passionné sur les notions de vérité et de mensonge a animé l'atelier d'écriture : qu'est-ce que la vérité ? est-elle utile, nécessaire, indispensable ? doit-on la dire en toutes circonstances ? pourquoi ment-on ? ...
L'exploration du thème se poursuit avec une plume et une feuille de papier, avec légèreté ou gravité.



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Un garçonnet de 8 ou 9 ans, recueilli par la Ddass, a été confié à la garde d’une famille d’accueil. Il s’agit d’une femme seule, un peu âgée, qui a accepté ce travail pour le salaire mais aussi pour donner un sens à sa solitude.

Tout s’est passé bien entre le petit garçon africain et sa mère d’accueil. Un lien puissant les attache l’un à l’autre.

Maintenant, je dois informer l’enfant qu’il a une famille d’origine qui n'a pu assumer son éducation mais qui existe.

Le jeune garçon écoute et comprend quand je lui explique qui sont ses parents et d’où ils viennent.

Un grand silence suit cette explication. Puis, d’un seul coup, il me dit : "Mais, je ne suis pas noir, regarde, l’intérieur de ma main est blanc ! "

Il était blanc de cœur et noir de peau.

Où est la vérité ?

Josiane

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-          C’est quoi cet argent ?

Jean-Luc a 8 ans, son argent de poche ne dure jamais plus de trois ou quatre jours et dans sa poche aujourd’hui il y a au moins 110 francs.

-          Je les ai trouvés sur le trottoir, dans la rue, en revenant de l’école avec Jean-Yves.

-          Qu’est-ce que c’est que cette histoire. Non, on peut trouver un billet, une pièce e cinq ou dix francs, mais pas toutes ces piécettes. J’attends ton explication.

-          Voilà, avec Jean-Yves, on a été chez les commerçants du quartier quêter pour les vieux qui n’ont rien, avec un sac et une petite boîte. On a été très polis, on a dit merci, les gens étaient contents et nous aussi. Certains ont donné des chocolats, d’autres de l’eau de Cologne mais surtout, ils sont mis des petites pièces dans la boîte. On a rien volé, c’est eux qui nous on tout donné ! Maman, c’est pas grave !

-          Mais enfin, tu te rends compte que tu as berné ces braves gens.

-          Maman, si tu veux je te donne le parfum. Avec Jean-Yves, on a mangé les chocolats et puis on a partagé les sous, si tu veux je te donne ma part.

Faut-il le punir ou sourire. Au départ c’était une bien gentille idée !

La punition : pas de sorties le jeudi avec le fameux Jean-Yves pendant un mois et surtout plus de quête chez les commerçants.


Monique

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MENTIR par OBLIGATION ET OMISSION
MENTIR PAR DISSIMULATION
MENTIR PAR PROTECTION



PERIODE DE NOEL
Décorations or et miel
Période de fête,
Retrouvailles, en famille
Ou en tête à tête,
Période de réjouissances,
Période de bombance,
Ou bien seuls devant votre foie gras,
Sur vos genoux : votre chat .




Que répondre à celle-là..
Celle qui assise, tranquille avec son fils,
Ne se doute pas un seul instant qu'elle vous fait mal,
En vous posant la question fatale :
- " Et toi, tu vas fêter en famille ?"
Vous avez envie de l'étriper, elle insiste :
-" De fêter avec les siens, c'est tout à fait normal !"

Oui, mais quand ils sont loin,
Pourrais-je lui répondre.
Mais je choisis de me taire, de partir, la fuite est un refuge
Et je suis lâche, je m'en excuse..
Mais les souvenirs sont insupportables,
Et l'air à ce moment irrespirable.
Alors : "bye, bye et bon appétit !"
Mme l'indélicate continue de déguster ses nems sans sourciller,
Tranquillement comme les vaches regardent les trains passer...

Claudine

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Dans sa chambre, une femme est allongée sur son lit. Elle est gravement malade.

La sœur soignante vient lui faire sa piqure journalière.

La malade est bien faible, la sœur lui parle doucement : « les piqures que je vous fais, c’est pour vous donner des forces, vous remonter et quand le traitement sera fini, vous serez plus solide et pourrez partir vous reposer dans le Midi. »

Quand la sœur quitte la maison, ma marraine me dit : « tu vois, après le traitement ton parrain va m’emmener au soleil, je pourrai voir la mer bleue et peut-être des mimosas s’ils sont en fleurs. »

Quelques semaines plus tard, elle n’était plus.

Merci ma sœur que je ne connais pas de ce pieux mensonge qui a donné le sourire à une femme mourante.

Josiane

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Elle s’appelait Aurore… prénom que j’adorais. Il me faisait rêver à ces levers de soleil aperçus au bord  de la mer ou sur les cartes postales.

Oui, Aurore était ma meilleure amie. Petite brunette au type méditerranéen, elle était enjouée, rieuse, toujours prête à s’amuser bien que ce fût une très bonne élève. Depuis le CP, nous ne nous quittions plus. J’allais chez elle le jeudi ou bien elle venait à la maison car elle souffrait d’être fille unique tandis que j’avais une sœur de quatorze mois plus jeune.

Aurore ne ressemblait pas du tout à sa mère, une grande femme blonde et distinguée de type nordique qui en imposait par sa prestance. Toujours très élégante, elle tenait à ce que sa fille le fût aussi. Aurore portait toujours de jolies robes même s’il fallait les recouvrir de cette affreuse blouse noire qu’on imposait à tout le monde.

J’ai oublié de dire le nom de famille d’Aurore : elle s’appelait Wilkay. Sa maman nous avait expliqué qu’après l’armistice de 1918, son mari, lieutenant dans l’armée française, n’avait pas été démobilisé mais envoyé en Rhénanie pour encadrer l’armée d’occupation. Aurore avait dû naître en 23 ou 24, je ne me souviens plus. Hélas, son père était mort en Allemagne du typhus et elle ne l’avait jamais connu. Pour nous, à cette époque, c’était normal.

Alors se produisit un grand changement dans nos vies d’écolières. Nous étions en CM2 et préparions avec  sérieux notre examen d’entrée en 6ème ! Examen qui parfois devenait concours, seules les premières reçues entraient dans le lycée de leur choix.

Or, par un bel après-midi de mai, nous vîmes entrer dans la classe madame la directrice, sa secrétaire et un officier d’état civil portant l’écharpe tricolore. Que pouvait signifier une telle visite ?

Nous nous levâmes dans un silence de plomb, madame la directrice prit alors la parole : « Mesdemoiselles, M. X adjoint de monsieur le Maire vient pour annoncer à l’une d’entre vous une grande nouvelle. » Nos cœurs battaient d’émotion !

Ce monsieur déploya alors un rouleau de papier et lut d’une voix solennelle « A partir de ce jour, 2 mai 1935, mademoiselle Aurore Wilkay ne portera plus ce nom, car elle est la fille légitime de Monsieur le Comte de Marcheti Brisso, résidant à Parme. Celui-ci l’atteste par un acte de reconnaissance signé le 25 avril 1935. »

La foudre serait tombée sur la classe que ça n’aurait pas été pire !  Madame la directrice commença à applaudir et, bien sûr, nous aussi. Après avoir félicité la jeune comtesse, l’officier d’état civil nous quitta ainsi que la directrice et son adjointe. Toutes, nous nous sommes précipitées vers Aurore qui, effondrée sur son pupitre, pleurait à chaudes larmes. Parmi nous, beaucoup pleuraient aussi, d’autres disaient « Tu en as de la chance ! Comtesse, tu te rends compte, quelle vie tu vas avoir ! »

Notre maîtresse rétablit le calme en nous faisant chanter et en nous offrant des bonbons et des gâteaux. Ainsi s’acheva notre après-midi.

Que serait le lendemain ? Aurore reviendrait-elle ? J’étais triste, si triste ! Je sentais que je perdais ma meilleure amie.

Aurore réapparut quelques jours plus tard pour nous faire ses adieux. Mais elle nous regarda en vraie pimbêche et elle ne me sourit même pas.

Elle nous dit entre autres : « Pendant que vous vous fatiguerez à préparer votre examen, moi, je sillonnerai les routes du Piémont, j’aurai une institutrice particulière et j’entrerai sans examen en 6ème dans la plus renommée des Institutions piémontaises, comme « Les oiseaux » à Paris mais à Parme. »

Adieu, adieu, petite Aurore ! Tu n’étais pas la fille de ce lieutenant français mort en Allemagne mais la fille d’un comte italien qui t’emmènerait vers un avenir enchanteur.

Pourquoi t’avoir menti pendant dix ans ? Cette question je me la pose aujourd’hui encore.

Christiane

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