mardi 2 juillet 2013

VOYAGE EN TRAIN




Vitesse des trains

Récit d’un voyage de Lyon à Saint-Etienne par deux jeunes gens : Lazare et Frédéric accompagnés de leur oncle Hyppolite, vers 1850 – 1855.
Devant le spectacle grouillant des employés préparant le convoi et des voyageurs montant dans les compartiments, l’oncle Hyppolite ne put s’empêcher de laisser paraître son admiration. Mais il se reprit bien vite et s’écria : « Quelle agitation de fous ! Les gestes désordonnés de tout ce monde montre qu’il y a de l’exaspération collective qui amènera la plupart de ces gens tout droit à l’asile d’aliénés ! »
Les employés chargeaient les bagages, fermaient les portières. Beaucoup de passagers faisaient encore leur cour à sa majesté Locomotive lorsque la cloche sonna. C’était celle du départ. Instant unique. Ce fut la ruée vers les voitures, puis des commandements furent faits au sifflet de marine. Tout le monde se taisait un peu inquiet.
Lazare et Frédéric étaient comme en extase. Penchés à la portière, il s regardaient vers la tête du train afin de voir du mieux possible la machine dont on entendait toujours le souffle syncopé. Lorsqu’ils eurent vu les premiers jets de vapeur s’échapper des soupapes, la vitesse devint telle qu’il leur fut impossible de rester penchés au-dehors, ils s’assirent donc, sans quitter des yeux le paysage, qui dans le cadre de la fenêtre défilait à une vitesse vertigineuse.
-          Pensez qu’étant partis de Lyon à 6 h 30, nous arriverons à Saint6etienne à 9 h ! dit Lazare.
-          Oui, reprit Frédéric, avant le chemin de fer, on payait plus cher et on mettait 5 heures de plus en été et 6 heures en hiver.
Les jeunes gens comptaient les signaux, les ponts, les tunnels et admiraient tout cela comme des connaisseurs.
-          L’année prochaine, disait Frédéric, il y aura des voitures de 3ème classe et nous voyagerons plus souvent puisqu’on ne paiera plus que trois francs de Lyon à Saint-Etienne.
L’oncle soupira :
-          Maintenant on ne pense plus qu’à voyager, les vertus domestiques vont s’effriter ! ah ! je ne donnerai pas cher des hommes de 1960 et j’ose à peine imaginer quel sera leur sort… s’il en reste !
Mais oui, il en reste, cher oncle Hyppolite et ils songent à aller plus vite, toujours plus vite, jusqu’à ce qu’à la fin des années 60 la SNCF songe au TGV. L’idée est de construire un engin du type turbotrain grâce à un moteur à turbine à gaz fiable. Ces machines étaient capables d’atteindre les 170 km/heure et étaient présentées sur Paris-Caen-Cherbourg. La ligne qui sera privilégiée sera Paris-Lyon, cet itinéraire étant le plus fréquenté par les avions de lignes intérieures avec qui la concurrence était un argument majeur.
Depuis les TGV sont conçus pour aller encore plus vite, toujours plus vite… Vitesse, je te salue !

Christiane

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Un voyage mouvementé

Ce matin, Ilda se lève tôt. Elle part en vacances dans une petite cité balnéaire du Sud-Ouest. Elle regarde sa montre et vérifie ses bagages. Elle a bien son billet et sa réservation. Un dernier tour de l’appartement : Elle éteint les lumières, coupe l’eau, empoigne son sac et sa valise et ferme tranquillement la porte. Elle descend dans le métro et arrive à la gare Montparnasse.
« Oh !aujourd’hui, j’ai une bonne demi-heure d’avance. Ilda prend fréquemment cette ligne et se dirige d’un pas ferme vers le quai numéro 1. Mais le  haut-parleur annonce : « Attention, Attention ! Messieurs les voyageurs sont informés que le train en partance pour Bordeaux se formera sur le quai… ». Dans le brouhaha de la gare, Ilda n’a pas compris. La gare est bondée ce jour-là. Elle regarde le panneau d’affichage. Bousculée par un voyageur pressé, elle voit quai 9. Elle sort son billet, le consulte puis le composte. Wagon 19, elle se dirige vers le quai et comme d’habitude, le remonte. Tiens ! le train s’y trouve déjà ! Ilda est un peu surprise mais n’y prend pas garde. Voilà le wagon !
Elle y monte et s’installe. Voyons, quelle heure est-il ? Encore vingt minutes. Ilda pose ses affaires et redescend sur le quai. Un peu plus loin, un jeune homme vend des journaux sur un petit chariot. « J’ai du temps » se dit-elle « je peux aller en acheter un ! ». Elle revient vers son wagon et retourne à sa place. Elle constate que ses affaires ont été déplacées et qu’une mère de famille et sa petite fille sont assises sur le siège qu’elle croit avoir réservé. Elle demande : «Pardon madame, je crois que vous vous êtes trompée, ceci est ma place, voyez mon billet, wagon 19, place 55 !» La voyageuse, sûre d’elle, regarde le billet d’Ilda. Elle s’exclame : « Mais vous êtes dans le train en partance pour Quimper, et vous allez à Bordeaux ! » Ilda confuse, s’excuse et récupère précipitamment sa valise. Elle court le long du quai pour retourner vers la tête du train et pouvoir changer de quai. Mais où est donc son train ? Le haut parleur semble lui répondre : « Le train à destination de Bordeaux partira dans deux minutes au quai 3 ! Attention à la fermeture des portières… » Il continue à délivrer son message et Ilda court, court. Elle n’est plus en avance ! Elle va rater son train ! Essoufflée, elle arrive à la tête du quai 3 pour voir le train s’ébranler doucement. Elle est furieuse après elle. Vite, un agent SNCF ! « Monsieur, s’il vous plait je cherche un train pour Bordeaux » « Là, Mademoiselle, quai 5, le départ, dans 3 minutes ! » Sans réfléchir davantage, Ilda se précipite et monte. « Ouf ! J’ai quand même de la chance, »pense-t-elle «  A Poitiers, je vais changer et ainsi retrouver le TER que je dois prendre. Heureusement, il ne part qu’une demi-heure plus tard ! ». Elle s’installe sur un siège resté libre et regarde défiler le paysage. « Tiens, le train s’arrête à Saint Pierre des Corps ! Pourvu qu’il reparte vite ! » Peu de voyageurs, le wagon reste à moitié vide. Cela commence à la préoccuper. Elle regarde à nouveau sa montre. Et le train démarre lentement, lentement !
Ilda voudrait bien voir le contrôleur pour l’interroger mais, pour une fois, il ne vient pas. Un agent passe. Elle veut lui poser la question des horaires pour le changement à Poitiers : « Monsieur, s’il vous plait à quelle… » mais l’homme s’éloigne en lui lançant : «  je reviens de suite !» Elle ne le reverra pas. Le train roule mais il semble ne pas avancer et elle se morfond. Elle voudrait déjà être à Poitiers ! Pour une fois, elle trouve le temps long. Elle est un peu anxieuse. Elle scrute le paysage qu’elle connait bien. Cela la rassure. « Voilà, selon mes calculs, je devrais bientôt arriver en gare. Elle ne doit plus être très loin ! Quelques minutes seulement !» Elle se lève, saisit sa valise, va se placer près de la portière pour descendre plus rapidement et, en attendant, s’assoit sur le strapontin. C’est curieux, aucun voyageur ne se lève et tous la regardent bizarrement. Mais que se passe-t-il ? Ilda reconnait bien les maisons troglodytes dans les rochers à l’entrée de Poitiers mais le train ne ralentit pas. Ne va-t-il pas s’arrêter ? Non, il ne s’arrêtera pas, il traverse la gare avec fracas et continue sa route.
A ce moment apparait un jeune contrôleur. « Billet, s’il vous plait !» Ilda, interloquée, le lui tend, tout en l’interrogeant : « Le train  ne s’arrête-t-il pas à Poitiers ?» « Non, Madame, c’était le précédent, celui qui correspond à votre billet ! Le prochain arrêt est Angoulême. Vous pouvez y descendre ! » - « S’il vous plait, aurai-je une correspondance ? » -«  Oui, Madame, mais vous avez une heure trente d’attente, bonne soirée, Madame » lui dit-il à demi-goguenard en lui rendant son billet. Ilda est catastrophée. Elle n’arrivera jamais à l’heure à destination pour prendre la navette du camping ! Et comment prévenir ? Elle s’en veut de sa distraction mais que peut-elle faire maintenant ! Attendre Angoulême. C’est vrai avec plus d’une heure à quai, elle aura largement de temps de téléphoner au centre ! Elle finira bien par s’y rendre ! Ilda se jure bien de mieux contrôler la destination du train avant de monter !surtout si elle est en avance !...

Marie-Thérèse

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J’arrive sur le quai de la gare, il est 9 h 25, le train part à 9 h 30. Il faut que je me dépêche avant que les portes ne se referment. Je saute de justesse dans le train corail. Il est prêt à partir, j’ouvre la porte du compartiment qui m’est réservé. Un voyageur s’est déjà installé, il me décroche un sourire. Je m’installe en vis-à-vis de lui, après un salut de politesse mon interlocuteur me demande où je vais : en Auvergne, à Clermont-Ferrand plus précisément.
-          Il y a cinq heures avant d’arriver à destination.
-          En effet, le train entre en gare à 14 h 30 et vous, vous allez où ?
-          A Orléans, j’arrive à destination à 11 h 30, mon voyage s’avère plus court que le vôtre.
-          Peu importe, j’ai l’habitude des longs trajets, j’ai apporté un livre qui m’intéresse pour me faire passer le temps ainsi que des mots croisés à résoudre.
Il m’énervait avec ses questions à deux sous, je n’avais pas envie de converser.
-          Quel livre lisez-vous, sans être indiscret.
-          « Dans mes yeux »
-          De quel auteur ?
-          C’est la vie de Johnny Halliday par Armanda Sthers paru en février 2013.
-          Que raconte-t-il ?
-          Il remet les pendules à l’heure, en expliquant tout ce qui lui est arrivé depuis ces dernières années : ses opérations, ses divorces, ses faux amis, sa famille, son enfance, sa jeunesse. Il règle ses comptes.
-          Il a eu une belle vie, l’argent, le succès, il se la joue ! Sylvie Vartan, elle, c’est une femme bien, elle est en colère contre lui pour ce qu’il a dit sur leur fils David, vous trouvez ça bien vous ?
-          A première vue non, mais avec du recul et des explications, il lui reproche simplement de ne pas exploiter mieux son talent de musicien et de chanteur car il trouve que son fils est un extraordinaire musicien
-          Il a écrit une chanson sur son père, quel en était le titre ?
-          « Sang pour sang », c’est l’un des disques de Johnny qui a obtenu l’une des meilleures ventes.
-          Son concert pour ses 70 ans était formidable, son fils et sa fille sont venus l’embrasser. David a même chanté avec lui, ça prouve bien qu’il ne faut pas prendre au sérieux tout ce que disent les journaux.
-          Je l’écoute souvent en ce moment, j’aime bien.
-          Vous avez aiguisé ma curiosité, je vais sûrement acheter le livre et le CD. Ma femme sera ravie, elle l’aime bien.
La conversation continua sur les chanteurs, la musique, le cinéma. Je n’ai pas vu les deux heures passer, le sujet m’intéressait tellement.
Mon compagnon de voyage étant arrivé à destination, il m’a dit au revoir puis a disparu sur le quai parmi les voyageurs pressés. Une femme monta avec deux gamins et s’installa à mes côtés, après avoir échangé quelques politesses de rigueur, je me concentrais sur ma grille de mots fléchés jusqu’à mon arrivée.

Mireille

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-" Mesdames et Messieurs, bienvenue dans le train au départ de la gare de l'Est en direction de Troyes. Attention à la fermeture des portes : départ imminent dans quelques minutes à 10h42. Vous êtes priés de regagner votre place rapidement et de ne pas fumer dans l'enceinte des compartiments ainsi que dans les communautés et espaces publics dans les wagons face aux porte-bagages. Je vous rappelle de bien vouloir utiliser vos téléphones portables dans les espaces libres afin de ne pas gêner les autres voyageurs et d'écouter de la musique en vous servant d'un casque. Veiller à identifier vos bagages et dans le cadre de l'opération Vigi- Pirate, veuillez nous signaler tout bagage vous paraissant suspect. La SNCF vous remercie et vous souhaite un excellent voyage".
La bande annonce prodigue les éternelles recommandations d'usage à l'attention des voyageurs inattentifs qui oublieraient jusqu'à leurs bonnes manières, faute d'avoir suffisamment la tête sur les épaules dans ces voyages ferroviaires. En effet, certaines "têtes en l'air" voulant à la hâte retrouver leurs bagages oubliés malencontreusement lors d'un voyage d'affaire ou de complaisance, n'hésitent pas à se conduire comme des sagouins et des mal-embouchés indélicats : Ils sont prêt à vous marcher sur les pieds et à vous bousculer allègrement pour retrouver rapidement leurs paquets et bagages égarés. Ils n'hésitent pas à vous agresser verbalement comme si vous étiez responsable de leur manque d'attention !!!!
Mais il paraît que les chiens aboient et que la caravane passe, alors le train arrive en gare de Romily Sur Seine C'est le rush vers la sortie.
Nos jeunes voisins ainsi que les deux couples de quadragénaires nous quittent les yeux brillants tournés vers la porte où sur le quai les attendent très certainement leur famille ou quelques amis.
Je jette un coup d’œil par la vitre. Ah ! Mon basketteur de fils s est endormi la tête reposant à moitié sur son bras, coincée contre la fenêtre ! Un coup d œil sur le "5 majeur" un magazine sportif et le sympathique Le Bron James le capitaine de l’équipe de Miami semble s'amuser de la situation : se moquerait-il de nous voir bloqués là sur ce siège à regarder ce va et vient de passagers, comme les vaches regarderaient passer les trains ?
Le train repart : j'observe maintenant le paysage, de grandes étendues herbeuses alternent avec des bocages entrecoupés de clairières et de champs. Que c’est bon de sentir que l'urbanisation galopante n'a pas encore grignoté toute la végétation. Dans un instant nous arrivons aux abords de Troyes.
Cette fois-ci, c'est une voix féminine qui nous rappelle à l'ordre :
- "Nous vous demandons de bien vouloir regrouper vos bagages afin de ne rien oublier dans le train. Nous vous êtes prions de bien vouloir attendre l'arrêt complet des voitures afin de vous assurer les conditions de sécurité les meilleures lors de votre descente sur le quai."
Lors du voyage de retour : c'est un TER de deux-trois voitures qui regroupent tout ce petit monde recherchant ardemment un emplacement où loger ses abatis entre les tables rabattues, les couples allongés de tout leur long et occupant tous l'espace et des sièges peu confortables où chacun entant garder le maximum d'indépendance.
Tiens ! Un pantalon jaune se dirige vers les toilettes, mais fait demi-tour presque immédiatement dans l'autre sens ! C'est au tour d'un des rappeurs assis sur des marches sans doute dérangé par cette affluence soudaine près de ses quartiers, de se lever pour essayer d'ouvrir la porte des communautés. Son copain, totalement absorbé par Booba, ne se rend compte de rien, mais l'homme aux yeux bleus assis en face de moi ne tarde pas à se lever pour demander à l'indécent de baisser le volume sonore de son lecteur MP4 Ipod ou d'utiliser un casque. Puis il regagne son siège. Mais peine perdue. Maintenant : La fouine tient la dragée haute à Booba!
Un autre homme prend le relai, et secoue maintenant la poignée de la porte dans tous les sens. Il jette un œil inquiet dans la direction d'une personne assise en fauteuil roulant non loin de là. La porte reste bloquée ! Il fulmine.
Chacun essaye à sa manière de débloquer la porte qui ne coulisse toujours pas. A chacun sa technique et sa petite réplique !
Une ultime annonce : "Mesdames et messieurs, nous arrivons aux abords de la garde de l'Est : Vous êtes priés de... et de vous diriger vers la sortie ! En espérant que vous avez fait un bon voyage !"
Le conducteur de train se dirige vers la sortie trainant son sac-valise sur roulette derrière lui. Il est aussitôt happé par l'éducateur encadrant la personne handicapée. Deux grands gaillards musclés sont venus récupérer les bagages lors de la descente sur le quai du duo. Si le conducteur était pressé de rentrer chez lui... c'est plutôt mal parti pour lui. Je dirais qu'il a maille à partir avec ce double duo plus choc que chic !

Claudine

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Odile est très nerveuse. Depuis des semaines, elle prépare son voyage. Là voilà prête à partir pour plusieurs mois ! Impatiente, bagages au pied, elle piaffe. Elle attend que la charrette soit attelée pour la conduire à la petite gare de campagne voisine. Enfin, c’est le départ ! Un dernier regard d’adieu à la ferme et fouette cocher ! Le cheval trotte joyeusement entre les arbres du chemin pierreux. Bientôt à l’orée du bois, l’horizon s’ouvre sur une large bande de prairie bien verte. Alors, isolée, une maison en pierres meulières à deux étages apparait. Odile la reconnait de suite avec son toit de tuiles rouges et ses murs noircis par endroits. C’est la gare ! D’ailleurs, n’aperçoit-elle pas accolée  à l’un de ses côtés, l’abri également  en pierres et au toit rouge qui protège le poste d’aiguillage ! L’unique voie ferrée s’étire devant elle. La charrette s’arrête devant la porte du petit hall. Elle descend rapidement tandis que son père lui porte ses deux lourdes valises jusqu’au quai. Le chef de gare l’embrasse. C’est le village et tout le monde se connait ! Il la taquine  gentiment. «Alors, tu t’en vas loin ? Pour longtemps ?» Mais le signal annonce l’arrivée de la micheline, rouge et jaune. Casquette sur la tête et sifflet à la main, il surveille son entrée. L’autorail ralentit et s’arrête dans un grincement de freins serrés. Un dernier adieu, Odile, seule voyageuse, monte et s’assoit sur la banquette parmi les voyageurs déjà installés. Fatiguée de tant de préparatifs et d’excitation, elle s’endort et ne voit pas défiler le paysage verdoyant de la région. Ce n’est pas son premier voyage en train et elle connait bien le trajet jusqu’au changement. Elle ne voit pas non plus monter deux militaires espiègles qui s’installent en face d’elle. Le train roule et s’arrête, les gares défilent et Odile dort profondément. Une odeur de tabac se répand dans le wagon. La fumée gène sa respiration. Elle dort maintenant la bouche ouverte. Les deux militaires s’en amusent. Soudain, l’un d’eux a une idée ! Il sort de son sac, un petit pain au lait et le fourre délicatement dans la bouche d’Odile qui suffoque et se réveille. Elle ferme la bouche et mord dans le pain qui tombe sur ses genoux. Eberluée, elle s’exclame : « Mais d’où vient cette brioche ? » -« Vous aviez faim pour prendre mon petit pain ? » lui demande un des appelés, en riant. Odile est confuse et ne sait que répondre. Elle est toute rouge de honte mais le soldat la rassure. «Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, vous dormiez si bien et nous avions envie de nous amuser ! D’ailleurs nous voilà arriver au terminus !» Odile veut se saisir de ses valises mais le militaire, courtois et peut-être un peu penaud, lui demande : « Quelqu’un vous attend-il à la sortie ? » Odile, encore médusée, lui fait signe que « non » de la tête. « Vous continuez votre voyage alors ! Vous allez sans doute sur l’autre quai ! »Elle acquiesce. Pour se faire pardonner, il lui porte ses bagages et descend l’escalier. Dans son for intérieur, Odile n’est pas mécontente. Ses valises sont si lourdes ! Les voilà remontés de l’autre côté. Ouf !le train entre en gare ! Le militaire  l’aide à se hausser dans le compartiment et se sauve en riant.

Marie-Thérèse


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