mardi 25 juin 2013

SILENCE

Silence merveilleux ou terrifiant, espéré ou redouté.
Silence, je te cultive, je te maudis, je te remercie, je te hais, je t'attends...

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Silence, je t’admire lorsque par ta présence, le bruit assourdissant des machines cesse.

Silence, on tourne, les acteurs sont à la place qui leur a été désignée, le tournage du film peut commencer.

Silence, je t’attends lorsque les blancs agnelets se mettent à bêler trop fort car le loup risque de les entendre et courir les dévorer.

Silence, je te redoute lorsque tu t’installes au cœur du foyer, que la maman pleure quand le père va partir pour toujours.

Silence, je te maudis lorsque tu te fais lourd sur les champs de bataille et que les armes se sont tues, qu’il ne reste plus à la terre que les corps des blessés gémissants et le calme glacial des morts.

Silence, je te fuis car j’aime écouter les bruits de la ville, de la foule qui m’emporte au pied des monuments de mon Paris si beau.

Silence, je t’aime lorsque dans la campagne, je savoure la beauté d’un paysage, des arbres et des fleurs avant que la nuit tombe avec tous ses petits bruits inquiétants.

Silence, je te bénis de pouvoir en ta présence méditer et rêver en espérant un avenir de paix, de joie et d’amour pour tout l’univers.

Mireille

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Silence, je te savoure avec volupté, dès qu’accablé par le bruit incessant de la ville, je fuis celle-ci afin de chercher refuge à la campagne où tu prodigues ton apaisant mutisme.

Silence, je te hais car tu m’es une monstrueuse chape de plomb qui m’isole et me réduit à la monotonie d’une vie végétative.

Silence, je te redoute en m’y voyant contraint, dans mes cauchemars d’étudiant, à l’oral d’une épreuve décisive.

Silence, je te crains dès lors que tu résultes d’un bâillonnement exercé par un pouvoir autoritaire à l’encontre de la liberté d’expression.

Silence, je te respecte lorsque tu es celui des cimetières ou bien celui, d’une durée d’une minute, qui est sollicité en mémoire de disparus.

Silence, je te salue lorsque prend fin le vacarme engendré par de festoyants voisins.

Emmanuel

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Silence, je te bénis pour la nature qui doucement s’éveille et permet, sous le ciel bleu, de mettre de la joie au fond de mon cœur.

Silence, je t’aime car tu permets de revoir tous ces gestes gratuits dont j’ai été le témoin : donner à manger, procurer un abri aux moins favorisés, écouter ceux qui ne savent pas ou plus s’exprimer.

Silence, j’ai besoin de toi pour réfléchir avant de prendre une décision, avant d’agir ou tout simplement avant de donner une réponse.

Silence, je te célèbre pour tous ceux que je vois partager dans la joie et l’amitié leurs biens s’ils en ont mais surtout leurs talents.

Silence, je te cultive, j’essaie chaque jour de trouver un moment de calme pour me « vider » du bruit et de l’agitation qui m’entourent et revoir ce qui a marqué la journée.

Silence, je te respecte quand je pénètre sous les voûtes d’une abbaye, où derrière les murs épais vivent, prient, étudient des hommes ou des femmes avides de l’Amour de Dieu.

Silence, je te prie pour que les actions menées, en bien des points du globe, amènent enfin plus de justice, de liberté et que la paix règle à nouveau là où les bombes éclatent et sifflent les obus.

Silence, je te recherche car au soir de ma vie j’ai besoin de toi pour la relire sans complexes et aussi ne pas ennuyer les autres avec des « c’était mieux avant ».

Silence, je te vénère quand pour célébrer un événement important ou saluer la mémoire d’un homme ou d’une femme héroïque, la foule se fige et se recueille.

Silence, je te hais quand tu voiles les souffrances, les inquiétudes, les interrogations gardées volontairement au secret des consciences de ceux qui veulent cacher la vérité.

Silence, je te déteste dans ces actions où se préparent les mauvais coups qui insécurisent les nuits et grugent le sommeil.

Silence, je te maudis à cause de tant de drames humains vécus au fond des cœurs de ceux qui souffrent de ne pouvoir confier à personne leurs peurs, leurs soucis, leurs angoisses.

Christiane

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Silence, je t’aime dans la nature car tu es reposant. Je jouis alors de son spectacle même si, en réalité, ton silence est habité de nombreux bruits que j’écoute en sourdine, comme dans un murmure : bourdonnement d’insectes qui voltigent, craquement de brindilles ou de branches qui éclatent sous la caresse du vent, gazouillis des oiseaux qui chantent par intervalles, chuchotement des ruisseaux qui s’en vont à travers plaines et bois.

Silence, je t’admire quand tu deviens le miroir du fantasmagorique monde des océans. Là, dans les profondeurs flottent les méduses translucides et nagent les poissons luminescents en de mystérieux ballets.

Silence, je te réclame lorsqu’une tâche ardue m’attend et que je dois me concentrer, lorsque je cherche à comprendre une situation ou un texte difficile ou bien encore quand je dois trouver une solution à un problème complexe.

Silence, je te reçois comme le plus beau cadeau du monde quand, épuisée par le stress et les bruits de la ville, tu viens à  moi comme un ami et me permets de me ressourcer physiquement et mentalement.

Silence, je t’attends souvent avec plaisir, le soir, car tu apportes la paix et le repos. Ton silence favorise une bonne détente et un sommeil réparateur.

Silence, je te recueille comme une prière dans la nef de l’église solitaire ou dans le creux d’une grotte écartée où les bruits s’effacent contre leurs murs.

Silence, je t’abhorre quand, lourd de soucis, tu m’angoisses et m’inquiètes. Tu me transformes, apeurée, en une sphère close, hermétique aux autres. Tu me rends alors la vie pesante et m’empêches d’en voir le côté positif. 

Silence, je te redoute et je déteste quand tu viens, comme une chape de plomb, t’interposer entre mon vis-à vis et moi-même, par incompréhension, mouvement d’humeur ou bouderie ou par un échange de mots blessants ou malheureux.

Silence, je te hais quand tu me plonges dans une solitude due à l’indifférence, quand je ne trouve personne pour partager ou m’écouter. Silence, je te maudis aussi quand tu es le signe du mépris, du reproche ou  de la honte dans des situations inconfortables.

Silence, je te ressens comme un ennemi quand, insupportable, tu te refuses à m’apporter des nouvelles de la personne aimée partie au loin ou à me donner la réponse qui me soulagerait, brisant un dilemme.

Silence, je t’en veux quand, face à un étranger, je me trouve dans l’impossibilité de communiquer. Ce jour-là, je voudrais te rompre, te briser.

Silence, je te suis reconnaissante quand compagnon fidèle, tu m’assistes, telle une muse, dans mes moments de création.

Silence, je ne puis que te détester quand tu es le reflet d’une douleur intense qui ne peut plus s’exprimer par des paroles, des cris ou des pleurs dans la maladie ou la souffrance.

Silence, je n’ai plus de mot pour te dire ma haine quand tu me parles de l’être cher disparu à jamais.

Silence, j’ai besoin de toi, car les multiples facettes de ton visage sont mon énergie et la lumière qui éclaire mon chemin.

Marie-Thérèse

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Silence, je te hais quand tu me prives des rires et des plaisanteries de mes proches.

Silence et résignation d'une mère et d'une grand-mère séparées des leurs.

Silence, je te hais quand tu m'imposes ton dictat et m'obliges à me taire en maintes situations.

Silence, je ne comprends pas ton extrême tolérance quand certains troublent en permanence le respect de la bienséance et du bien vivre ensemble.

Silence, je compatis quand il faut que tu t'imposes bien des fois à nos concitoyens : que de déconsidération !

Silence blasphémé et sali ! Trop de bavardages ! Pauvre de toi ! Tu ne dois pas être suffisamment bien défini dans le Robert.

Silence qui s'envole au gré du vent.

Silence tu tentes de nous rallier à ta cause, mais en vain.

Silence, tu tentes d’égrener ton éternel refrain silencieux dans nos oreilles non réceptives.

Silence, tu envahis notre cerveau quand nos tympans ne répondent plus présents lors de l’appel !

Silence, tu étends ton manteau de calme sur nos esprits survoltés.

Silence quand arrêteras-tu de t'imaginer que ton pire rival, le bruit ambiant, te fait de l'ombre..., demande-lui gentiment de cesser ou fuit ce lieu maudit.

Silence, tu détonnes dans ce jardin public où les petits d'hommes font leurs vocalises.

Silence, pose ton doigt de fée sur les bouches de tous ceux qui hurlent avant de chuchoter.

Silence, tu m'incommodes et tu m'indisposes quand tu fermes les bouches des causeuses lors de mon arrivée à leur proximité.

Silence, quand cesseras-tu de roder autour de nous comme un vautour ?

Silence, tu me surprendras toujours quand tu t'affiches sur des panneaux de signalisation désuets et jamais respectés. Un exemple : silence hôpital.

Silence, je te regrette âprement quand tu dois cohabiter avec M. le bruit ambiant et le manque de savoir vivre.

Lois du Silence autour de la terre éventrée, dont on extrait le gaz de roche ! Magnifiques sites naturels américano-canadiens dévastés dans un silence médiatique opaque.

Silence, tu tires ta révérence quand arrive l'été et que pétaradent en caracolent gaiement les motos dans les rues. Envie de dire : Silence, prière de me respecter.

Silence, cesse de m'enfermer dans ta tour d'ivoire. LE SILENCE ME TUE.

Silence, je te tiens la dragée haute quand face à tous ces amoureux invétérés du silence absolu je dois m'abstenir de tirer la chasse d’eau !

Silence, quand arrive un voisin bruyant, j'enterre ma quiétude perdue.

Silence : Je t'en prie, emmène-moi avec toi tout au long de mes nuits embrumées !

Silence, tu installes une chape de plomb sur le puits sans fond du sommeil du juste.

Silence dans ton manteau ouateux, tu te glisses entre les êtres, curieux mais si respectueux.

Silence orageux, puis cataclysme ! Le tonnerre gronde, puis éclate. Des cieux jaillissent des éclairs zigzagants et éblouissants qui zèbrent le firmament. Une grosse boule de feu traverse la couche céleste.

Silence, troublé par le ruissellement soudain de toutes ces perles de pluie qui gouttent le long de mon parapluie et forment de gros bouillons au sol.

Le silence des profondeurs de la mer attire et captive tant d'admirateurs ! 

Silence autour d'un rond-point... Ici on plante un arbre... celui du silence ?

Silence : ci-gît un ami cher : Toutes mes condoléances à notre quiétude perdue.

Quand le silence s'adresse au bruit dans les termes suivants : "Tu me fais de l'ombre et tu me casse les oreilles !" Silence, je te promets je ne ferai jamais plus de bruit !! "Paroles ! Paroles ! Encore des paroles !"

Silence, je te promets alors bien du plaisir !

Silence, je te tire mon chapeau, tu nous fais bien cogiter à ton sujet !

Claudine




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