lundi 14 octobre 2013

D'APRES UNE PHOTOGRAPHIE

Inspirez-vous d'une photographie personnelle et laissez aller votre plume !

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Qu’est-ce que cette photo en noir et blanc, particulièrement insolite ? Une  photo ratée, mal cadrée ? Que signifie ce tas de paquets, à même le sol, plus ou moins informes en vrac, déposés devant des jambes et des pieds dans des sandales ? On y voit des fruits et à bien y regarder, des fleurs et des branches et même un ananas. Derrière la personne, sur la droite, protégés par un muret de roches plates posées les unes sur les autres, les escaliers montent vers le terreplein. Dans le coin opposé, un bloc de pierre, le premier de ceux qui soutiennent l’encadrement du plancher surélevé de l’école rappelle qu’ici, il pleut beaucoup ! En saison, toutes les fins d’après-midi. La terre se transforme alors en boue et glisse vers la vallée. Seuls les blocs de pierre stabilisent un peu le sol et les toits de tôle ondulée protègent les maisons en pisé. Les vitres en plastique éclairent les classes. Les tables et les bancs des plus sommaires reposent sur de simples planches posées entre lesquelles parfois poussent quelques herbes folâtres ou apparaissent quelques gros insectes voire un jeune serpent égaré.
Depuis deux ans, dans ce petit village bâti à  flanc de montagne, dans ce coin perdu à l’époque, que l’on n’atteignait qu’après une longue journée de marche, j’enseigne aux petites indiennes quechuas et aymaras.


Leurs familles, descendues des hauts plateaux, pour s’enfoncer dans la forêt, loin du village, défrichent après brûlis, une parcelle  puis une autre. Elles y cultivent du café, des orangers, des avocats ou autres fruits exotiques. Les filles ne vont pas en classe. Alors les sœurs sont venues et ont créé leur école avec leur hébergement. Les parents contents et rassurés, les envoient nombreuses, quelque soit leur âge car elles ont soif d’apprendre.
Aujourd’hui, c’est la fête! A la fois joyeuse et triste, car c’est aussi mon départ : leur maitresse s’en va ! Bien sûr, à la rentrée, elle sera remplacée par une autre ! Mais pour l’heure, c’est le moment des adieux. Debout, sur le terreplein de terre tassée, jouxtant l’école, chacune tient à la remercier en lui apportant un cadeau, ce qu’elle a de plus précieux, à ses yeux et qu’elle vient déposer à ses pieds : des dessins, des petits mots tout droits sortis de leur cœur, des fruits qui, dans un panier, qui, dans un sac mais bien plus souvent enveloppés dans un morceau de toile car dans la forêt, tout se charge à dos d’homme. Les enfants apprennent très tôt à porter leur petit frère ou sœur enveloppé dans une couverture nouée sur la poitrine puis en grandissant ce sont les fruits, en général 25 kg : une arrobe, plus tard, quelquefois : 48 Kg, un quintal péruvien. Ici le système métrique n’est pas d’usage. La référence, c’est le lama. Une arrobe de chaque côté, et encore ! 48 Kg, c’est le maximum sinon, il décharge et c’est bien connu : il émet une espèce de sifflement et crache ! Ici, point de lama, nous ne sommes plus entre 3 et 4000m  mais l’usage reste! Par contre, parfois, le puma rôde ! A seulement 1400m, la forêt amazonienne n’est pas loin ! C’est grâce à son climat chaud et humide que poussent tant d’excellents fruits ! Après bien des efforts, leur vente, plus haut dans la montagne donne quelques revenus aux paysans du coin.
Marie-Thérèse

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Je déteste que l’on me prenne en photo
Un moment unique ! En deux trois mouvements !
Nous sommes là, entrain de marcher les uns à côtés des autres, sur un trottoir allant en décroissant, puis en file indienne quand près du gymnase, les travaux en cours nous gênent. J'imagine que nous sommes des Caumanches ou Apaches sur le sentier de la guerre ! Je n'ai pas encore mis mes peintures, mais ça ne devrait tarder ! Les premières flèches sont déjà sur l'arc de ma colère montante : Mon fils a sorti son i phone et le dirige vers nous !
Quand la voix de ma fille connaissant mon aversion pour ce genre d'exercice, se fait douce et rassurante. Elle a parfaitement saisi l'éclair qui traverse l'écran vers mon œil incendiaire !
- "Allons ! Ce n'est pas grave ! Ce n'est qu'une photo ! On va juste pérenniser un moment de bonheur pour l'éternité ! Allez ! Fait un effort ! Un petit sourire des yeux ! Bon ! Tu peux te rapprocher maman ?
Et moi de répondre grincheuse et de toute évidence désagréable !
- "Et bien non ! J'ai dit non ! J'ai horreur de rester fichée là comme un piquet ! Ou est la spontanéité dans tout ça ! Tu veux peut-être, que je reste scotchée dans le bitume au garde à vous ! Mais qu'est-ce que vous avez tous à vouloir ma tête dans votre dossier média ! Prenez-vous en photo, scanner-vous, mettez-vous sur F.B et sur clé USB !
Mais foutez-moi la paix !
-" Allez maman ! C'est pas la mer à boire ! Tu peux faire un effort ! Allez vient ! Reprend ma fille. "Tu vois, Jérémy, lui aussi il n'aime pas les photos et bien il a accepté !"
- Bon ! Bon ! Mais ne fait pas de gros plan sur l'ancêtre, sinon, je te fais la danse "des Fossiles", tu sais...dans le carnaval des animaux de St Saens !" Je finis par m'exécuter...Ce n'est pas encore aujourd'hui, qu'on pourra me classer définitivement dans la case caractérielle et acariâtre !
J'entends des petits rires qui fusent et l'atmosphère se détend quelque peu !
-" Bon, souriez ! Le petit oiseau va sortir !" Dit en souriant le fiston qui tout d'abord un peu décontenancé, puis amusé est parti en avant à grand pas, pour prendre le petit groupe, puis il laisse le portable à Manon qui nous nous brosse un portrait de famille de derrière les fagots !
Oh ! Quand je vois ma tête j'en frémis et mes cheveux se dressent sur ma tête ! Finalement question de peinture à part la teinture des cheveux, celle de mon visage m'a quitté définitivement ! Je ferai bien un avis de recherche, mais dans ce coin provincial la maison des objets trouvés n'existe pas ! On devrait la créer !
Une petite voix gentiment reprend : "Merci Maman !"
Et d'une bouche boudeuse, je lui lance cette boutade :
" Dans cinq ans, tu pourras ressortir ce vieux cliché... Tu annonceras à ma petite fille se posant la question pourquoi, la dame ne sourit pas... Tu lui dira que Mamie faisait la tête, une fois de plus ! Oui sa mamie aux lunettes de Nana Mouskouri ! "
Mais à regarder la photo, je la trouve plutôt bien faite et la couleur de nos deux gilets gris parfaitement assortis. Je ne vois que la couleur cannelle des joues de mon grand ainsi que le reflet de ce bonheur unique présent en ses yeux et pour moi, c'est le plus important
Claudine
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 Une vieille photo dans un album

Oui, c’est moi sur cette photo dis-je à ma petite fille venue me rendre visite.
Nous regardions un album de photos des années 1970. « Tu es blonde et toute mince ?
Tu ressembles à maman.
-                     J’étais jeune, en vieillissant l’on change.
-                     Tu es belle parmi les fleurs, c’était ton anniversaire ?
-                     Non  ce n’était pas mon anniversaire.
-                     Alors c’est ton amoureux ? Ton mari qui te les a offertes ?
-                     Pas du tout, j’avais participée à un concours organisé par un fabricant de produits de beauté connu. Ne gagnant que rarement à ces jeux, je fus heureusement surprise et ravie en apprenant que j’étais parmi les gagnantes dont le prix était, la livraison par un fleuriste de 24 roses rouges par semaine pendant trente jours. Je devais envoyer une photo de moi avec les roses avec une carte comportant le nom de l’expéditeur.
-                     Tu devais être contente de toutes ces fleurs ?
-                      C’était cool. Je vais te raconter une petite anecdote : les roses étaient de très belle qualité, à la fin de la semaine, elles étaient toujours aussi belles et je me retrouvais avec 48 roses tout les 15 jours. Mais cette situation dérangeait mon mari qui était jaloux et disait des bêtises qui m’attristaient. Le vendredi soir, dernier jour de mes envois de fleurs, mon mari m’offrit chose inhabituelle : 24 roses thés, ce qui fit 72 roses dans mon séjour. Un malaise plus tard envahit mon esprit.
En revoyant ce cliché à présent, je me demande s’il a voulu démontrer qu’il était capable de m’offrir des fleurs ?
Comme deux des paniers de Socrate, je me dis : Etait-il bon, utile ce jour-là ? Il aurait pu attendre que toutes les fleurs soient fanées. La surprise et la joie de recevoir à nouveau des fleurs m’auraient comblée, son geste aurait pris une autre dimension.
Voici l’histoire de cette photo et ce qu’elle me rappelle.

Mireille
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La photo, datée de 1946, me montre, accoudé auprès d’une marmotte, à la fenêtre d’un refuge géré par le Club universitaire alpin de Grenoble.
Je rigole en observant des camarades chausser laborieusement leurs skis. Les deux garçons à gauche de la porte d’entrée sont des permissionnaires d’un régiment de chasseurs alpins.
Il me faut rappeler qu’à l’époque, dans l’immédiate après-guerre, n’étaient pas encore nées les florissantes stations touristiques suréquipées pour une pratique commode des sports d’hiver, telles que nous les connaissons aujourd’hui. Il fallait alors, les skis sur l’épaule, grimper à pied jusqu’aux sites enneigés puis poursuivre péniblement la grimpette, après avoir chaussé les skis, par des zigzags dits en canard.
Pour en revenir à notre refuge alpin, je me souviens avoir été agréablement surpris de constater quelques avantages éminemment appréciés par ces temps de pénurie aigue et de rationnement sévère, tant en matière alimentaire que textile : la mise à notre disposition de ce que l’on appelait alors les « surplus américains ». Ainsi, le buffet du refuge était doté de conserves telles que le corned beef, des tablettes de chocolat… tandis que le dortoir offrait de confortables lits de camp avec ses sacs de couchage.
On pouvait légitimement se poser la question de savoir pourquoi je me trouve pas à l’extérieur avec mes camarades pour une randonnée à skis. Cela viendra un peu plus tard pour le débutant que je suis. En effet, je suis frais émoulu d’un pays où la neige est inconnue. Mais, avec leur complaisance en qualité de skieurs chevronnés, je ne tarderai pas à m’élancer… et mordre la poussière, pardon la neige !

Emmanuel
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Mardi Gras au collège
Cette photo ravive en moi bien des souvenirs… Elle évoque surtout la joie qui envahissait ce jour-là tout l’établissement : les couloirs, les escaliers, les classes, les réfectoires et même la salle des professeurs.
Ces quelques adolescentes saluant le public après les numéros qu’elles viennent d’interpréter devant d’autres élèves sont la traduction du bonheur qu’elles éprouvent. La joie de cette jeunesse enthousiaste me fait revivre des heures inoubliables passées à enseigner à ces jeunes et me donne envie de célébrer la joie et la fête.
Ô fête, nous sommes là pour te rencontrer, nous sommes là pour la gratuité, nous sommes là pour te célébrer dans la fraternité. Ô fête, tu es beauté et chaleur, tu es détente et lumière, tu es musique et danse, tu es vie et amitié. Ô fête, tu es création, tu es pour le peuple des petits, tu es un instant de paradis. Fête, fête, tu portes bien ton nom, tu nous apportes une joie qui jamais ne s’efface.
Christiane



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