samedi 25 juillet 2015

INCIPIT 3

Ecrire un texte qui commence impérativement par : "Il (elle) s'est enfin décidé (e) à..."
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Elle s'est enfin décidée à écrire le texte que Laurence lui a demandé de produire pour vendredi de la semaine prochaine ! C'est pas trop tôt !
Elle s'installe donc devant l'ordinateur et ouvre un document vierge, espérant qu'il va se noircir bien vite au fil de ses idées.
Pour le moment... ce n'est pas le cas. Il ne faut pas désespérer et avoir un peu de patience, le début va bien venir et ensuite ça va couler tout seul, une idée en entraînant une autre. Oui, mais... le téléphone sonne, il ne manquait que ça ! Elle doit répondre.
C'est une amie qui vient prendre de ses nouvelles. Alors là, les idées ne manquent pas pour la conversation, on parle, on parle... et ça dure un moment. On n'est jamais si bien qu'avec des amis. Oui mais... le texte attend, la récréation est terminée.
Elle retourne donc s'asseoir à son poste, pose ses doigts sur le clavier et... encore un bruit qui se fait entendre ! Elle avait oublié qu'elle avait mis du linge à tourner, le programme est fini et le signale. Oui mais... il faut bien pendre le linge maintenant. Et donc elle s'y attelle, sort le nécessaire et s'active.
La voilà de nouveau devant son clavier. Elle commence à taper la 1re ligne. C'est facile, c'est le début du texte et il est imposé. Oui mais, et la suite... Et c'est quoi ce bruit  autour d'elle ? On dirait bien une guêpe qui s'est invitée à la maison. On peut aimer les animaux mais les guêpes, ça non, ça pique, il faut donc la chasser dehors où d'ailleurs elle se trouvera mieux, ici elle manquerait vite d'air. Comme elle, qui souffre par cette chaleur... Quel temps cette année, enfin ce mois de juillet surtout car le printemps, oublions, c'était un désastre.  En attendant, son travail n'avance pas, il faut s'y remettre si on veut le finir.
Quelques idées lui passent par la tête, des bribes de phrases s'inscrivent à l'écran.  Elle relit ce qu'elle vient d'écrire et ça ne l'enchante pas vraiment...  Elle réfléchit... son cerveau chauffe autant que le soleil au dehors. C'est pénible d'être dans le vide.  Elle réfléchit encore, et encore. Oui mais... voilà maintenant qu'on sonne à la porte, décidément !

Elle va donc ouvrir, la factrice est là, souriante comme à son habitude. Sandrine lui apporte un recommandé et elles se mettent à bavarder La factrice s'excuse et lui dit qu'elle est retard dans sa tournée et que ça risque d'être ainsi dorénavant. En effet, ce matin ils ont eu une réunion au cours de laquelle ils ont appris qu'on allait modifier les tournées. Elle n'est donc pas certaine de conserver la sienne ! Un comble, pour une fois qu'il y a une factrice aussi sympathique sur le quartier, serviable, un mot gentil pour tout le monde, prête à rendre service au besoin, la bise quand elles se  voient. Elle a sauvé tant de courriers qui auraient pu s'égarer.
Elle demande donc qui va faire la tournée du quartier à sa place et Sandrine la rassure car elle pense tout de même la conserver. Mais elle lui explique qu'elle y passera plus de temps car elle va être allongée, forcément, dix emplois sont supprimés, les dix derniers arrivés. Alors elle va  de ce fait quitter plus tard, ne pourra même plus aller chercher sa fille à la sortie de l'école lui dit-elle. Pauvre Sandrine ! Elle voudrait tellement pouvoir l'aider... Et sur ces derniers mots échangés, Sandrine part continuer à remplir sa mission.
Et maintenant il faut y aller : se mettre enfin sur ce texte car l'heure continue de tourner, comme la factrice. Oui mais.... quelle heure est-il au fait ?
Elle regarde donc l'heure sur l'ordinateur où elle vient de s'installer pour la troisième fois, pleine de bonne volonté, et s'étonne. Déjà ? Mais il n'est plus temps de songer à écrire, il faut  bien penser aussi à manger ce soir, et donc préparer un repas.
Tant pis : pas de texte pour Laurence cette semaine, le temps m'a manqué. Et... les idées aussi ! Oui mais... on essaiera de faire mieux la prochaine fois.


Paulette
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Il s’est enfin décidé à sortir de dessous sa couette et à affronter le nouveau monde auquel, jusqu’à maintenant, il se refuse systématiquement. Très introverti, il vit jusqu’à ce jour, dans la peur de la foule et de tout environnement inconnu ou imprévu. Mais, il y a quelques jours, il s’est enfin décidé à prendre son destin en main, à ne plus se laisser conduire par son entourage, à ne plus se laisser absorber par des tâches quotidiennes sans importance. Désormais il va ne se consacrer qu’à ce que, depuis tant de temps, il rêve de réaliser sans oser. Pour cela, il fallait prendre une décision. Aujourd’hui, c’est chose faite : il largue les amarres. Il prépare son sac et quelques provisions et en ce beau matin, à l’heure où le soleil commence à poindre, il part, sans se retourner, disant au-revoir à tout ce qui, jusqu’à ce jour, fut sa routine.
Il a quitté le bureau et les collègues, sans bruit, comme chaque jour et au dernier moment, il a déposé une lettre de démission pour son patron. Rentré à son logis où ne l’attendait plus personne, il a regardé son petit nid qu’il a édifié avec tant de minutie. Pour lui et pour les autres, il est si  pointilleux et exigeant dans les moindres détails que, petit à petit, il en est devenu pusillanime. Il s’est refermé sur lui-même, craignant tout et tous, n’acceptant ni bruit ni imprévu. Ses quelques amis  l’ont peu à peu laissé, trop grincheux, trop timoré, en un mot, trop assommant. Il a bien essayé de changer mais tellement cuirassé dans ses habitudes, son naturel revient sans cesse. Seul, une métamorphose radicale peut le transformer. Mais rien ne se passe dans la monotonie de ses jours
Et pourtant, un jour, l’absence brutale et inexpliquée de ce collègue qu’il côtoie journellement depuis tant d’années, l’a interpelé. Pas sur le coup ! A peine s’il y  prête une quelconque  attention ! Ce n’est pas un évènement pour lui ! Il ne le connait pas particulièrement, il ne travaille pas directement avec lui. Ils se contentent de se saluer d’un geste de la tête, le matin et le soir, d’un signe de la main. Et puis, soudain, disparu, volatilisé. Personne ne sait où il est parti mais les rumeurs vont bon train et les commentaires ne manquent pas, sarcastiques ou doucereux. Il ne veut pas les écouter mais, bien malgré lui, il les entend. «Peut-être est-il allé naviguer sur les océans ? A-t-il préféré s’installer à l’étranger ?» On murmure : « il étouffe dans la ville, dans ce travail, dans le confort. Tous les problèmes que cela engendre, le rendent morose, nerveux.». Pourtant son visage détendu n’en laissait rien paraitre. Aussi aucun n’a cru à son départ ! Pas même le patron ! Et surtout pas de cette façon si brutale et mystérieuse ! Il n’en a soufflé mot à personne !
Pierre, habituellement, ne prête guère l’oreille aux racontars de ses voisins, préférant s’enfermer dans son travail. Or, ce jour-là, quel mot a-t-il frappé son cerveau au point de s’y incruster. Il ne se le rappelle pas mais leurs incessantes questions l’ont déstabilisé. Lui qui se refuse à examiner la  médiocrité de sa vie, en est complètement retourné. Il se demande bien pourquoi, puisqu’il n’était pas son ami, ni même une relation. Il s’est évanoui, il ne vient plus au bureau ! Et alors ? Ce n’est pas son  problème, cela ne change pas son train-train quotidien ! Pourquoi, en rentrant chez lui, Pierre se met-il soudain à réfléchir et à regarder sa vie comme dans un miroir ? Celui-ci ne lui renvoie qu’une image floue, fade, voire glauque. Brusquement, il se sent, tel un prisonnier, enfermé dans un espace trop étroit. Il éprouve le besoin d’un peu d’air.  Sans se préoccuper des voisins, il ouvre tout grand, sa fenêtre, respire un grand coup et reprend son souffle. C’est à ce moment précis qu’il s’est enfin décidé à tourner le dos à sa vie étriquée et renfrognée. Un grand coup de balai dans ses habitudes ! Il lâche tout et va s’ouvrir à un monde nouveau.

Marie-Thérèse
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Elle s’est enfin décidée à écrire cette histoire…
Depuis l’âge de quatre ans, Marinette Beaujour, enfant légitime mais non désirée, dont le quotidien était vêtue de dénuement et arrosé de pleurs, savait que son parrain vivait en Amérique. Quand elle voyait passer un avion, très haut dans le ciel d’été, elle grimpait aux arbres pour voir son parrain, en l’appelant et agitant la main.
Il était parti trois jours après le baptême de Marinette et était mort à New York, des suites d’un accident du travail, le jour de des treize ans de l’adolescente, le 13 août 1949.
Parrain lui envoyait une lettre, de l’argent pour les étrennes, mais Marinette n’en voyait jamais la couleur, ainsi que des habits d’occasion, américains, féériques, grands, pour faire de l’usage et cacher sa nudité ; la fillette ignorait l’existence des sous-vêtements.
Une fois l’an, son grand-père maternel, rabotant un bloc de bois, lui façonnait des sabots.
À neuf ans, Marinette partit sous d’autres cieux, et voici que des événements ressurgissent soixante ans plus tard…

Marie-Christine
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Elle s’est enfin décidée à troquer la jupe pour des jeans ! C’est un peu masculin et avec un tricot ou une chemise, ça fait drôle ! Elle chausse des tennis pour être à l’aise.
Elle se lance, sort dans la rue parmi les badauds. Elle est mal à l’aise. Elle croit que les personnes croisées la regardent, amusées, et parlent entre eux de son changement vestimentaire. Elle regarde dans la vitrine si son jean n’est pas décousu à l’arrière. Elle a peur que l’entrejambe craque !
Que c’est dur de changer de look lorsqu’on est habitué à porter des robes tout le temps à part, de temps en temps un survêtement pour la détente et le sport !
Enfin, à la sortie  de l’école, elle va retrouver ses enfants. La majorité des mamans, vêtues de jeans, sont décontractées, très à l’aise.
Ses enfants s’arrêtent, la regardent étonnés puis lui sautent au cou, l’embrassent en disant : « Maman, maman, tu es bien habillée. Tu es superbe à la mode d’aujourd’hui ! Tu es une maman comme les autres, de la nouvelle génération !»
Ce fut la joie ! Elle se trouva finalement bien dans son jean et ses basquets et ne regretta pas d’avoir passé le pas.

Mireille
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Elle s’est enfin décidée à cogiter sur la couleur verte qu’elle avait tirée au sort lors du précédent atelier d’écriture sur les couleurs.
Fin de vacances à Saint Gyldas de Ruys, je suis avec une amie et il fait chaud. Nous sommes à l’intérieur d’une propriété immense et nous voulons descendre vers la mer au travers de la prairie. Nous nous arrêtons en chemin au milieu d’un champ verdoyant, bordé par la forêt. Le silence profond, ponctué seulement par le chant des oiseaux, l’espace illimité, la symphonie des verts et rien que deux petites bonnes femmes de la ville en communion profonde avec la nature.
C’est cela pour moi, se mettre au vert, se ressourcer.
La campagne, au détour d’un chemin, un arbre m’apparaît dans toute sa splendeur printanière. Sa cime svelte monte dans le bleu du ciel. Paré de ses jeunes feuilles vert tendre et jaune, il scintille sous le soleil se dressant comme une flamme. L’image est si forte qu’elle s’est imprimée en moi ; la beauté est dans la nature.
Sur le bord d’une petite route, une vieille propriété tombe en ruines. La grille de la clôture s’écroule, rouillée. Je suis interpelée par la verdeur d’un lierre magnifique qui monte à l’assaut des restes métalliques. La plante est vigoureuse et recouvre tout, la vie continue donc, envers et contre tout.
Vous avez tous fait l’expérience de vous allonger dans l’herbe, la fraîcheur du sol vous gagne, l’herbe foulée sent bon, c’est un repos profond et apaisant.
S’il fait trop chaud, l’herbe se dessèche et la couleur verte disparaît, on comprend que quelque chose est en train de partir.
Le vert est source de vie, nous ne pouvons pas nous en passer. Sérénité, paix repos, beauté… ne m’écoutez plus, le feu passe au vert, allez votre chemin !

Josiane


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