samedi 16 décembre 2017

CLIN D'OEIL

Il existe dans la langue française beaucoup d'expressions comprenant le mot œil ou yeux. A vous de jouer pour écrire un texte en comportant le maximum !
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Il avait encore bon pied, bon œil et jouissait d’une santé robuste, il  n’était pas du genre à tourner de l’œil. Avec sa silhouette élancée, il pouvait même taper dans l’œil de la gente féminine qui se retournait sur son passage, même celles gênées par sa coquetterie dans l’œil. Il n’était pas non plus dépourvu de qualités, il avait par exemple les yeux au bout des doigts, ce qui n’était pas négligeable. On ne lui faisait pas fermer les yeux facilement car il était vigilant, il avait des yeux tout autour de la tête. Mais lui restait indifférent, il tenait à sa liberté comme à la prunelle de ses yeux, il ne tenait pas à la perdre pour les beaux yeux d’une demoiselle. I n’avait aucune envie de se retrouver pourvu d’une femme qui serait bientôt enceinte jusqu’aux yeux, pas plus qu’il ne tenait à lui obéir au doigt et à l’œil. Il gardait donc ses distances car dit-on, loin des yeux loin du cœur. Le mariage n’était pas pour lui, il s’en battait l’œil.
Passant devant un étal, un beau poulet lui tapa dans l’œil, on aurait dit qu’il n’attendait que lui. À vue d’œil, le poids devait pouvoir lui permettre d’inviter ses deux amis, inutile d’avoir un compas dans l’œil pour s’en rendre compte. Encore une occasion pour eux de manger à l’œil, se dit-il, mais cette fois ils allaient peut-être se mettre le doigt dans l’œil. Serait-ce le moment de leur parler entre quatre yeux ? Et de leur côté, seraient-ils tout yeux, tout oreilles ? Avec le temps, il avait enfin ouvert les yeux sur leur petit manège qui sautait aux yeux, il n’avait pas les yeux dans sa poche et leurs yeux de merlan frits le laissaient de marbre.
Il jeta un œil au prix du poulet et les yeux lui en sortirent de la tête. Clignant de l’œil de surprise, il risqua encore un coup d’œil vers le poulet qui semblait lui faire de l’œil dans la vitrine. Il n’en croyait pas ses yeux, ce poulet coûtait les yeux de la tête. Les deux pique-assiettes n’auraient pas intérêt à avoir les yeux plus gros que le ventre car sa vengeance serait terrible : œil pour œil, dent pour dent. Il entra pour finaliser son achat, il n’avait d’autre choix que d’acheter ce poulet hors de prix lui faisait venir la larme à l’œil. Il espérait juste que cette dépense ne le ferait pas dormir d’un œil cette nuit mais se doutant déjà de la suite, il se dit pour lui-même « mon œil ! ».

Paulette
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Quand je rencontrai cette jeune femme pour la première fois, elle était attablée devant un bol de bouillon où dansaient quelques yeux laissés par sa tartine. Seule à sa petite table, je fus happée par ses yeux de braise et son solide appétit. Je m’installai en face d’elle : elle était très jolie, habillée simplement, son visage montrait une certaine lassitude mais  son regard ne manquait  pas de fermeté et elle n’hésitait pas à vous regarder les yeux dans les yeux ; malgré tout, elle donnait l’impression d’être bon pied bon œil.
Un peu plus tard, elle me demanda où se trouvait la mairie car elle avait besoin d’être « aidée ». Elle me remercia et sortit d’un pas décidé, ouvrant l’œil. Quand elle s’était levée, j’avais pu distinguer son petit ventre déjà bien rond. Plus tard, je la croisais deux ou trois fois dans les rues avoisinantes : un petit clin d’œil, un sourire montrait que nous nous connaissions… puis vinrent quelques mots échangés. Clémentine, c’était son nom, avait déjà connu différents aléas de la vie qui l’avaient conduite à devenir femme-sdf et depuis peu, séparée de son compagnon, enceinte. Elle se battant pour l’enfant à venir car si elle s’était fourré le doigt dans l’œil avec le père, elle tenait déjà au petit à venir comme à la prunelle de ses yeux. Pour l’instant l’aide à la mère et à l’enfant pour leur santé était prioritaire, viendrait ensuite l’aide au logement ou pour retrouver du travail. Pour l’heure elle était hébergée en foyer et m al nourrie. Il y a quelques jours, elle avait tourné de l’œil dans le petit square voisin. Même si la vie est dure, depuis qu’elle est un peu aidée, Clémentine regroupe ses forces, elle se démène de service en service pour éloigner le mauvais œil. Tout s’était combiné pour la précipiter dans l’indigence : les rêves qui s’envolent face à la loi de « œil pour œil, dent pour dent », l’emploi difficile à trouver, une rencontre discutable et elle s’était perdue pour les beaux yeux de quelqu’un qui lui avait fait les yeux doux. On peut dire qu’elle n’avait pas eu de discernement et pas les yeux en face des trous. Mais Clémentine apprend, réfléchit, se bat et à mes yeux, elle va s’en sortir. Elle a des atouts personnels et n’a pas froid aux yeux.

Françoise
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Maman aime farouchement ses enfants et elle y tient  comme à la prunelle de ses yeux. Elle connait bien l’adage : «  Loin des yeux, loin du cœur, » aussi les surveille-t-elle du coin de l’œil et les couve-t-elle des yeux. Elle prétend que tous lui obéissent au doigt et à l’œil.
Pourtant Carole,  à un clin d’œil que lui a fait Louis, a, en retour,  fait les yeux si doux qu’elle lui a tapé dans l’œil. Ses yeux de biche l’ont envoûté. Dès qu’il la voit, il la boit des yeux.  Lui le vaillant à l’œil vif, lui qui n’a pas froid aux yeux,  en rougit jusqu’aux yeux, et en aurait presque la larme à l’œil tant il est amoureux.
Mais pour Carole, qu’est Louis à ses yeux, ne se met-elle pas le doigt dans l’œil, ne lui jette-t-il pas de la poudre aux yeux et le regarde-t-elle d’un œil froid ? Non, elle a fondu à vue d’œil sous son regard. Cela ne sert à rien de se cacher les yeux car cela saute aux yeux.
A son tour, il lui fait des yeux de velours. Carole n’en ferme plus les yeux de la nuit. Le matin, elle marche au radar et n’a plus les yeux en face des trous. Elle se frotte les yeux comme si elle avait du sable dans les yeux. Elle a encore sommeil. Mais maman n’a pas un œil qui zut à l’autre, bien au contraire avec ses yeux  de lynx, elle  garde l’œil bien ouvert. Elle a Carole à l’œil  et voit vite les poches sous ses yeux. Dans sa chambre à l’œil de bœuf, elle la prend entre quatre-z- yeux  et la regarde dans le blanc des yeux :
 « -Qu’as-tu ma fille ? Tu n’as plus, bon pied bon œil ! et  tu as de petits yeux ! Qui t’a jeté le mauvais œil ?  Est-ce ce garçon aux yeux pers ? Ne se fait-il pas  briller à tes yeux. ? ou Qu’a-t-il fait miroiter  à tes yeux ?
 - mais  rien ma mère, dit-elle en ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes.
Carole se sent prise comme dans l’œil du cyclone, prête à tourner de l’œil. Comment expliquer ?
D’un œil noir, sa mère s’exclame : Ne me regarde pas avec ces yeux de merlan frit et répond moi plutôt les yeux dans  les yeux.
Carole baisse la tête, cligne des yeux puis lève les yeux au ciel :
« -Mais non ma mère, bredouille-t-elle.
-  Mon œil ! Et tu crois que je vais fermer les yeux sur ta petite histoire !   Regarde-toi dans ce miroir, lui  réplique sa mère en  le lui mettant sous les yeux et vois  la preuve de tes propres yeux. Ouvre l’œil et ne te mets pas les yeux dans la poche ! gronde-t-elle en lui faisant les gros yeux.
D’un simple coup d’œil, elle voit, les yeux de Carole s’embuer. Maman ne la perd pas des yeux.  Et Carole en pleurs, à en perdre les yeux, avoue : Oui, c’est pour les yeux de Louis !


Marie-Thérèse
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Nadine n'avait pas fermé l'œil de la nuit, le rituel contre le mauvais œil n'avait pas opéré. Ses voisins, aux yeux plus gros que le ventre, n'ayant pas froid aux yeux, déploraient qu'elle ait toujours bon pied bon œil : ils n'avaient d'yeux que pour son appartement qui lui avait coûté les yeux de la tête et pour arriver à leurs fins, lui faisaient des yeux de merlans frits : ils espéraient qu'elle obéirait au doigt et à l'œil. Sa pugnacité leur sortait par les yeux.
Ils aimeraient lui fermer les yeux prématurément, car ils n'ont d'yeux que pour son logement, le récupérer à l'œil serait idéal ; mon œil se disait Nadine : ils n'ont jamais osé aborder le problème entre quatre yeux mais ils voudraient lui faire signer des papiers en lui jetant de la poudre aux yeux.
Même si elle dépérit à vue d'œil, tournant de l'œil plus souvent qu'à son tour, Nadine pense qu'ils se mettent le doigt dans l'œil, qu'il faut réagir en vertu de la loi du talion : œil pour œil dent pour dent : nous voici dans l'œil du cyclone. Les requins font mine de s'en battre l'œil.

Cependant la famille de Nadine, Œil de lynx , la bien nommée, n'ayant pas l'œil à la poche, jette un coup d'œil de temps à autre, veille au grain et lui ouvre l'oeil, cela saute aux yeux ; il fut un temps où l'on pratiquait la stratégie loin des yeux, loin du cœur, mais quand l'échéance approche, les intérêts matériels sont là, chacun , selon son camp : voisins ou famille faisant tour à tour les yeux doux ou les gros yeux ; la famille tient à l'héritage comme à la prunelle de ses yeux : hors de question de n'avoir plus que les yeux pour pleurer : il faut être tout yeux et tout oreilles : empêcher Nadine de signer des papiers aux captateurs de testaments, quitte à mettre un œil au beurre noir aux malveillants qui verraient cela d'un mauvais œil : ce jour-là, la famille de Nadine s'en rincerait l'œil.

Marie-Christine

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