dimanche 27 mai 2018

AU HASARD

Dans une enveloppe, chacun tire trois papiers qui déterminent le texte qu'il devra écrire. 
Un papier pour un personnage, un papier pour une action et un autre pour un lieu. 
Ces trois éléments devront impérativement se retrouver dans le texte produit !
...................................................
Un vieil alcoolique amnésique – La taïga sibérienne – Personne ne peut revenir dans le passé et changer une chose

Un vieil alcoolique amnésique, l’alcool a cet effet de faire perdre la mémoire à ceux qui en abusent, avait tout quitté pour vivre sa passion autour du monde. Il avait la chance de disposer d’une bonne santé et pouvait naviguer comme il l’entendait mais son aspect extérieur n’était pas reluisant et ses entrailles ne valaient guère  mieux. En ce moment il regardait autour de lui et cherchait  des repères, des arbres qui se succédaient à perte de vue ressemblant à des bouleaux et la bouteille de vodka vide qu’il trainait dans la poche extérieure de la fripe qui lui servait de manteau lui firent dire qu’il était au moins au cœur de la taïga sibérienne. Ses doigts étaient gourds de froid et ses orteils comataient dans une vieille paire de mocassin qui n’était pas de mise en ce lieu. De sa bouche, outre l’haleine avinée, s’échappait une fumée à chaque expiration. Il entoura de ses bras maigres son torse squelettique et tapa ses mocassins l’un contre l’autre pour se réchauffer, mais rien n’y faisait le froid n’était pas que dehors mais aussi en lui. Mais comment était-il arrivé là ? Il se posait la question et regrettait que la bouteille soit vide, l’alcool l’aurait au moins réchauffé pour quelques instants. Il commençait à avoir peur, la luminosité déclinait on était maintenant entre chien et loup. Il claquait des dents, il pensait que personne ne peut revenir dans le passé et changer une chose. Et d’abord qu’aurait-il changé ? Il aurait aimé changer tant de choses et ce jusqu’au plus loin de son enfance. Maman murmura-t-il alors que le froid l’engourdissait.

Fabienne
....................................................
Un toiletteur d'animaux domestiques - Au sommet du world trade center - Perdre un pari

Il y a de nombreuses années, je faisais un séjour aux States comme on dit, avec une amie. Lors d'une visite à New-York, nous déambulions dans ces rues toujours en agitation. Tout s'y croise... Autant l'homme en costume cravate, ou la femme habillée à la dernière mode, que des punks, des riches ou pauvres, des pressés ou ceux qui prennent leur temps, et un tas de petits métiers exercés sur le trottoir.
Nous y avions découvert les vendeurs de hot-dogs, ceux qui vendent des spécialités grecques, indiennes, italiennes, indonésienne, chinoises, les vendeurs à la sauvette, les cireurs de chaussures... Et surprenant, des toiletteurs pour animaux domestiques. Étonnées, nous étions restées à observer la coupe d'un chat angora qui, ma foi, avait l'air d'être habitué à être ainsi taillé en pleine rue !
La visite et la déambulation se poursuivit jusqu'à Central Parc... Immense poumon de verdure  au cœur de Manhattan. Un clown jonglait avec des balles multicolores et demandait aux passants de participer à son numéro. 
Anne, mon amie, m'incita à faire du jonglage, et prit le pari que je ne pourrais pas tenir deux minutes. Piquée au vif, je relevai le défi et acceptai les balles... Et une... Et deux... Ouf... Pour l'instant tout va bien sous les yeux de mon amie et de multiples enfants... Et trois... Et là... Patatras. Les balles se mirent à s'envoler, mais pas au-dessus de ma tête, mais plutôt dans le décor ! J'en ris encore de repenser à ce pari que j'ai perdu ce jour là ! Et à ce moment là, les enfants autour de moi étaient plutôt hilares également !
Le lendemain, nous avions découvert Time square, Carnegie Hall, Empire State Building, le Musée de Manhattan, les quartiers de Chelsea, Greenwich Village et... Les World Trade Center immenses Buildings. Tours jumelles qui s'élançaient à l'assaut du ciel. Une montée au sommet était proposée aux touristes et visiteurs, moyennant une jolie petite somme. 
Et nous voilà embarquées dans l’un des ascenseurs de la tour numéro 1...la montée se fit tout en douceur. Nous avons changé deux fois d'ascenseur pour enfin parvenir au sommet. De là, d'immenses baies vitrées nous laissaient le loisir de découvrir New-York à nos pieds... C'était fantastique !! On pouvait même voir la Statue de la liberté au loin !
Quels souvenirs... Et quelle douleur quand je pense aujourd'hui à ces tours détruites à jamais.

Valérie
..............................................................
Un conservateur de musée - Un bateau de pêche en route pour l'Alaska - Voir quelqu'un de connu dans un club de striptease
Ajouter une légende
Depuis longtemps déjà, il fait des recherches sur l’ichtyologie et la phycologie. Conservateur du musée de la nature mais aussi chercheur, il vient de  passer quelques années sur les bords de la presqu’ile du Kamchatka. Il se promène dans la campagne ou sur le littoral de l’océan Pacifique recherchant des espèces rares pour les analyser. Ce soir-là, son ami Ivan lui annonce son départ imminent. Ce rude marin, quelque peu taciturne, part dès l’aube pêcher le flétan à la palangre  dans l’Arctique. Sans réfléchir à deux fois, Pierre lui demande d’être son passager. Aller au large sur la mer de Béring ! Une occasion à ne pas manquer.
Et voilà comment ils ont quitté la baie de Korf,  et se trouvent maintenant  embarqués sur ce fichu rafiot qui tangue, on ne peut plus, et grince. À chaque déferlante, Pierre reçoit un paquet de mer qui s’étale sur tout son corps. Heureusement il a revêtu son ciré, et par-dessus son pantalon, les cuissardes bien étanches qu’il a mises  avant de glisser ses jambes dans de hautes bottes fourrées qui le protègent. Seuls, de dessous son chapeau dépassent ses cheveux d’un roux intense qui le fait prendre pour un irlandais.
 Il reste là figé sur le pont à regarder le remous de l’hélice et le creux des vagues, cherchant des yeux quelque crustacé ou quelque poisson qui remonte furtivement à la surface avant de replonger rapidement vers les fonds. Et le bateau continue sa route dans un bruit d’enfer car le moteur crache et s’énerve. Pourtant il avance, suant, soufflant vers les côtes de l’Alaska. Pierre ne pense pas qu’il puisse se mettre en vrille et soudain s’arrêter au milieu de ce milieu hostile. Et ce n’est pas le visage impassible d’Ivan qui pourrait  l’inquiéter. D’ailleurs, dans le ciel  sombre et brumeux,  il n’aperçoit que  son ombre et encore  par instants.
Bientôt les premières iles Aléoutiennes sont en vue. Ivan ralentit alors  le moteur, lance la ligne et stoppe le bateau en jetant l’ancre. Pendant plusieurs heures, il pêche. De son côté,  Pierre avec sa longue épuisette et ses tubes en verre recueillent des fragments d’algues qui flottent et parfois des minuscules glaçons qui dérivent de la banquise.  Malgré la forte houle, il annote et écrit une rapide description de ses prises.
Peu à peu, le bateau se remplit de sa provision de poissons et brusquement, sans même avertir,  Ivan décide de remettre les gaz  pour aller livrer le fruit de ses efforts à l’usine de conserverie de Kodiak. Le bateau se secoue en crachotant une fumée noire et Pierre, pris au dépourvu,  perd l’équilibre et s’étale de tout son long. Par chance, aucune de ses éprouvettes qui ont roulées sur le pont, ne se sont brisées.  Il se relève en se frottant et les ramasse avant de les ranger dans son sac.  Il se projette déjà dans la réserve naturelle de l’ile car Ivan l’a  averti  qu’il y restait quelques jours. Il s’en réjouit. Il y recueillera sans doute, quelques nouveaux spécimens qu’il pourra étudier à son retour.
Le soir est déjà tombé lorsqu’ils arrivent à  Old Harbour. Pierre abandonne Ivan à ses occupations de déchargement et se dirige vers le centre de la ville. Il trouve rapidement l’unique hôtel qui va l’héberger. Après avoir déposé tout son attirail et malgré le froid intense qui règne à l’extérieur, il décide de sortir marcher un peu  mais une musique l’arrête. Il pousse une porte. Mais c’est la cuisine ! Le marmiton interloqué le regarde fixement. Il la referme rapidement et ouvre la suivante. Un jet de vapeur l’enveloppe immédiatement et il perçoit l’ombre des corps nus se fouettant avec des branches de bouleaux. « -  oh ! Le sauna ! » Il en referme vivement la porte et recule sans voir une autre coulissante qui  s’ouvre sous son poids. Il se retrouve soudain à l’arrière d’une scène mais si près qu’il tombe dans les bras d’une ballerine toute décontenancée. Elle l’aide prestement  à reprendre pied et se remet à danser avec ses compagnes. « C’est de là que vient la musique ! » se dit-il, ébahi par tous ces corps presque entièrement nus qui, tels des serpents, ondulent et se meuvent au rythme d’un air entrainant. La multitude de paillettes  parsemées sur leur  peau brillent sous les spots. Les jets de lumière colorée verte, rouge ou bleue les transforment, les habillant et les déshabillant tour à tour.  Ici l’ambiance est chaude et les spectateurs gardent les yeux rivés sur elles attendant, le moment où elles se promèneront entre les tables. La musique se fait plus stridente et plus rapide accélérant leurs mouvements.  « Mon Dieu, se dit-il, un club de stripteaseuses ! ». Il ne s’y attendait pas dans cette ile perdue, sous un climat aussi rude.  Pourtant, il ne ressort pas et va s’asseoir à côté d’un homme encore jeune, à la carrure imposante. « -On dirait un joueur de rugby » pense-t-il.
Dans la demi-obscurité où est plongée la salle, il n’a pas reconnu de suite ce collègue de l’université qui se racle la gorge, en se tournant vers lui, le regard mi-ironique, n’en croyant pas ses yeux.  . Mais oui, c’est Peter, son ancien assistant qui l’a quitté pour d’autres cieux. Quelle surprise ! Surtout dans ce lieu et sur cette ile si éloignée de tout ! Maintenant ils tombent dans les bras l’un de l’autre et après quelques mots brefs, se rassoient silencieusement pour jouir du spectacle….

Marie-Thérèse
...................................................
Une magicienne à la retraite – Aux chutes du Niagara – Partir en voyage

Mary fut clouée sur place en traversant la cour d’un établissement scolaire où elle allait corriger des examens : elle y reconnut la statue monumentale de la déesse gauloise Belisama, la « très brillante », la « très rayonnante », déesse mère la plus vénérée des Gaulois, analogue à Isis l’égyptienne et à Addha Nari l’hindoue.
Belisama cumulait les fonctions : guerrière forgeant les armes, puis guérissant les blessés, et célébrant les héros tombés au champ de bataille. Quelque temps plus tard, Mary prit sa retraite et partit aux USA, direction l’Ontario. Son véhicule tomba en panne, elle passa la nuit dans une auberge gérée par un français qui lui apprit de fil en aiguille qu’une magicienne à la retraite, adoratrice de Belisama prenait ses quartiers dans une résidence voisine pour seniors où elle faisait la pluie et le beau temps : elle maîtrisait les légendes amérindiennes relatives aux chutes du Niagara proches de Lelawa et de He-No, vivant derrière le fer à cheval, l’une des trois chutes surmontées par l’arc-en-ciel. Pourquoi la magicienne redoutée avait-elle été attirée par ce lieu ? Tout endroit de la planète est le théâtre de guerres, il faut panser les plaies et célébrer les héros. Elle allait à la rencontre des vétérans, ne se privait pas non plus de dénoncer les inconscients qui sautent sur les chutes du Niagara, mais s’extasiait sur les funambules progressant sous l’arc-en-ciel. Les chutes du Niagara n’ont pas fini de faire couler de l’encre et de dérouler de la pellicule. Mary évita toutefois de rencontrer la magicienne, même retraitée.

Marie-Christine
..................................................................
Un marin amateur de musique classique - Voler accidentellement quelque chose d’inestimable - Dans un cimetière de rase campagne

On pourrait croire qu'un marin en escale, c'est beaucoup de temps libre passé à rire et à boire, avant de repartir vers de nouveaux horizons. Mais Pierre était bien différent de ce cliché, il était devenu marin sans trop savoir pourquoi et il s'était bien habitué à cette vie.
Il n'était ni rustre, ni grossier, bien au contraire, c'était un homme doté d'un certain raffinement et qui  possédait un bon niveau de culture, chose rare chez la plupart des marins qu'on a l'habitude de croiser. En effet, Pierre était un véritable amateur de musique classique et admirait depuis toujours Chopin qui a ses yeux était le plus grand des compositeurs. 
Pour l'heure, Pierre se trouvait en mouillage à Rouen et bénéficiait de quelques jours de repos bien mérités. Ce port étant proche de Paris, il avait décidé d'en profiter pour réaliser un rêve qu'il caressait depuis longtemps, c'était une occasion qui ne se représenterait pas  de sitôt.
C'est ainsi que dès le lendemain il mit son projet à exécution et c'est sans difficulté qu'il parvint au cimetière du Père Lachaise où repose le grand homme. Aidé d'un plan, il arriva enfin devant la sépulture de celui qu'il vénérait tant, que d'émotions le submergèrent en cet instant. Dans sa tête résonnait sa musique, des différentes Polonaises en passant par  la valse dite « pure », sans oublier la sonate pour piano dont le 3e mouvement constitue la Marche Funèbre, et tant d'autres encore.
Il admira  la statue de marbre figurant la musique en pleurs qui surmontait la tombe et ses yeux s'attardèrent sur le profil de Chopin. Au sol sur le devant reposaient des fleurs et une bougie, oboles sans doute déposées par de fervents admirateurs du défunt. Il caressa les fleurs, pris la bougie dans ses mains,  il communiait lui semblait-il en ce lieu paisible. Il en avait oublié le temps qui passait et c'est plutôt précipitamment qu'il prit congé de son idole et qu'il rebroussa chemin.
De retour sur le bateau, le corps ici et la tête encore à Paris, Pierre se rendit compte que dans sa précipitation il avait oublié de reposer la bougie ! Mais il était trop tard pour faire machine arrière et il se dit qu'une autre viendrait bientôt la remplacer, les admirateurs du musicien étaient encore bien nombreux.
Ainsi, cette bougie resterait pour lui le merveilleux souvenir d'une journée lui ayant permis de réaliser un vieux rêve d'enfant.

Paulette


Aucun commentaire: