lundi 4 juin 2018

L'HEURE DU GOUTER

C'était le jour de Pâques : le soleil était radieux ; Adèle fut invitée dans le jardin privatif de l'immeuble voisin par Flavinia et Dalila, pour le goûter. Sur plusieurs tables étaient disposées boissons et pâtisseries maison : régal des yeux et des papilles. Les enfants avaient fait la chasse aux œufs en chocolat. Nous goûtions aussi les bienfaits du soleil printanier sous le vaste cerisier blanc, le plus beau de Gentilly.
Une trentaine d'invités devisaient dans la joie des retrouvailles et du moment présent.
Rires et détente étaient au rendez-vous.
Ce goûter dura jusqu'à la tombée de la nuit.
Grazie Flavinia la Venitienne : Bella Bellissima la Serenissima.
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Vendredi dernier, le 18 Mai 2018 est à marquer d'une pierre blanche à l'atelier d'écriture Tournesol de Gentilly au Foyer de Bièvre.
En effet, c'était le retour de notre globe-trotter érudite Marie-Thérèse qui vient de passer huit mois au Pérou.
Paulette avait préparé une délicieuse tarte aux abricots qui faisaient briller nos yeux : ces fruits étaient autant de soleils qui mettaient l'eau à la bouche. Notre « chef » Laurence servait élégamment le café comme d’habitude. Nous buvions les paroles de Marie-Thérèse ; ce fut un grand moment.
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Au cours de mon enfance montagnarde, au moment des fenaisons, nous travaillions très dur ; la pause goûter était un réconfort pour nos corps épuisés par la chaleur et le labeur. Assis au pied d’un arbre, nous dégustions un quignon de pain, quelques rondelles de saucisson ou un bout de fromage ; je buvais de l’eau, les adultes du vin. Ce goûter se nomme en occitan le « brespailh », étymologiquement vespéral. J’ai vu qu’une classe professionnelle du sud-ouest est allée présenter le « brespailh », plus élaboré sans doute, dans un restaurant français de New York, à des clients qui n’étaient pas éreintés par les travaux agricoles dans les montagnes pyrénéennes.

Marie-Christine
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L’heure du goûter est un moment important pour une adolescente qui a l’estomac dans les talons. Après avoir usé ses semelles de pataugas sur le macadam et sa matière grise tout au long de la journée de « bahut », comme on disait à l’époque, les derniers mètres jusqu’à la maison se faisaient au pas de course ou « à plat ventre », selon la forme. Entre interrogations surprises et contrôles de connaissances ayant exigés beaucoup de révisions, la pratique demandait aussi beaucoup de concentration. Les yeux cernés, la fatigue pesait sur les paupières et les yeux privés de sommeil récupérateur. Comme pour une bonne cylindrée, il fallait pour récupérer, du carburant dans le moteur. Au final, il y avait beaucoup de stress et des nerfs mis à rude épreuve.
La concurrence était forte et celles qui possédaient la capacité d’assimiler et de mémorises rapidement les données enseignées gagnaient les premières places. Elles s’y tenaient à la force du stylo à bille, du Parker ou du Waterman. Pour se maintenir la tête hors de l’eau, il fallait de l’huile de coude et beaucoup de temps à plancher. Après 17 heures, c’était la ruée vers le goûter. Il valait tout l’or du monde. Sitôt ôtés le blouson de Jeans, les kickers ou tennis pour les jours de gymnastique, quelques pas me séparaient de la bonnetière… Elle contenait mon trésor craquant : les Craquottes au froment que j’accommodais avec des petits triangles de fromage contenant de vrais morceaux de jambon fumé. Ce produit n’existe plus actuellement dans les supermarchés. Il a disparu des étals des grandes surfaces et c’est bien dommage. Un verre de jus de fruits diététique et un fruit n’étaient pas de refus. Ma mère avait toujours une belle corbeille bien composée. J’étais certaine d’avoir mon apport en calcium, en lipides et en fibres. Je mettais mes mandibules et ma dentition à contribution. Je prenais le temps de mastiquer et non d’avaler sans mâcher comme beaucoup de personnes le font actuellement, ce qui tue dans l’œuf l’appétence. Je quittais le salon vraiment rassasiée et non avec une impression de m’être gavée.
Aujourd’hui, nous avons le Kiri et la Vache qui rit, les gâteaux fourrés à la confiture, les petits beure, les Petits écoliers et les Pailles de Lu, ainsi que les barres et les céréales chocolatées et le Nutella. De quoi gonfler comme Vahiné et avoir faim juste après. Beaucoup trop de glucides et de lipides dans ces produits peu écologiques qui contiennent des acides gras saturés. L’huile de palme extraite des palmiers sert effectivement à la fabrication de la fameuse pâte noisette chocolatée en des quantités non négligeables, soit la moitié du produit !De quoi faire des crises de foie chroniques (stéatoses) sans se sentir responsable pour autant de la disparition des forêts. Mais le sucre et le gras créent des addictions et, en manquer, des frustrations.
Le poids des lobbies et de la publicité qui vantent les soi-disant qualités « énergétiques et nutritionnelles » de leurs produits en mentant sur les réelles calories apportées pour une quantité donnée. Les 60 grammes préconisés (qui représentent un quart de bol) sont facilement doublés, voire triplés. De plus les céréales fourrées au chocolat sont très addictives et nous préparent des générations de futurs petits et grands obèses, prédisposés aux maladies cardiovasculaires et au diabète. Le retour à des petits déjeuners et des goûters plus sains seraient profitables à nos petits chérubins qui deviendront grands. Et les « bonnes choses » au goût ne sont pas forcément bonnes pour les « chichis » et la santé. Et il faudra encore je pense beaucoup de persuasion et d’attention pour pouvoir lutter contre les mauvaises habitudes, l’ignorance et la cupidité des consommateurs et les intérêts financiers des industriels et gros trusts agroalimentaires qui sont prêts à tout pour attirer les yeux et les papilles de leurs victimes afin de réaliser toujours plus de profits sans se soucier aucunement des incidences sur la santé publique.

Claudine
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L’heure du goûter était celle du retour à la maison car il n’était point coutume de s’arrêter à la boulangerie pour acheter des petits pains au lait ou des chocolatines. Il fallait donc attendre sur le chemin du retour pour pouvoir manger quelques bonnes tartines de pain beurrées accompagnées d’un bol de lait. Parfois, notre mère y étalait une légère couche de cette poudre brune, rousse, sucrée au goût de caramel dont raffole le Nord, producteur de betteraves sucrières. Elle l’appelait comme tous les gens du pays « la cassonade » même si  son nom actuel est « la vergeoise » pour la différencier de celle produite par la canne à sucre. C’était un délice et nous nous régalions tout comme les jours, où, dans certaines occasions,  elle confectionnait des crêpes ou des madeleines.
En internat, c’était avec joie que sonnait l’heure du goûter. Elle annonçait la fin des classes et l’heure de la récréation,  un de ces rares moments de la journée où l’on pouvait profiter sans trop de contraintes, de la liberté de mouvements pour une bonne demi-heure avant de retourner à l’étude du soir. Nous défilions dans le grand réfectoire pour le  prendre à tour de rôle. Si les morceaux de pain n’étaient pas trop comptés, il n’en était pas de même pour l’unique barre de chocolat que l’on nous octroyait. Un petit morceau de fromage en forme triangulaire la remplaçait parfois : de la vache qui rit !  Munies de nos provisions, nous pouvions alors nous ébattre dans la grande cour, sous le préau et même dans les premières allées pentues du petit bois.
Plus tard, à mon tour devenue mère de famille puis grand-mère, je sacrifiai à ce rite, les « BN ou les Petits Princes » remplaçant le pain et sa barre de chocolat. A la génération suivante, les goûters sont devenus plus variés et le passage à la boulangerie plus fréquent. Croissant, pain au raisin, au chocolat ou petite tarte aux fruits, selon l’humeur du moment ou le goût de l’enfant, ont fait leur régal mais bien sûr, cela restait exceptionnel, puisqu’ils ne venaient que pour les vacances ou les jours de congé !

Marie-Thérèse
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Qu’il était bon ce moment  pour combler le petit creux à l’estomac et se régaler de ce que maman avait préparé. On disait l’heure du goûter mais aussi le quatre heure. C’était presque différent chaque jour. Il y avait toujours un fruit, suivant la saison pomme, banane, clémentines ou abricot. Accompagnant ce fruit le goûter en lui-même ; deux tranches de pain d’épices ou de pain avec une barre de chocolat, deux tranches de pain avec de la confiture, deux choco BN ou un petit paquet de paille d’or. On ne pensait pas le matin en partant au goûter mais maman si. On se délectait de ce que l’on trouvait dans le petit sac réservé à cet effet. Pour moi les pailles d’or étaient le summum il y avait tant de façons différentes de les déguster, j’adorais surtout les grignoter  ligne par ligne car cela durait plus longtemps. Le chocolat  tenu trop longtemps dans les doigts finissait par fondre en une crème épaisse que nous délections à lécher, le résultat était parfois bien pire et nous en avions en plus plein autour de la bouche. La confiture avait à peu près le même effet car nous séparions les deux tranches de pain et léchions directement la confiture, une fois nettoyées ainsi le pain n’avait plus le même attrait. Quand j’y repense j’ai plein d’émotions qui me traversent. Maman n’oubliait jamais le goûter c’est dire combien elle pensait à nous. Ce n’est que le dimanche quand nous sortions nous promener que nous avions droit de choisir entre un pain au chocolat, un croissant ou un pain aux raisins. Je ne pensais pas en commençant ce texte que j’aurais autant à dire sur l’heure du goûter !

Fabienne 
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L'heure du goûter est pour les enfants un moment de plaisir, c'est l'occasion pour eux de manger des friandises qui mettent tout le monde d'accord,  à cet instant aucun d'eux ne prononce le bien connu  « je n'aime pas ça ». Ils apprécient d'autant plus cet instant qu'il marque aussi la fin de leur journée scolaire. Jadis d'ailleurs, on avait l'habitude d'appeler ce moment « le 4 heures ».
Le mot goûter est aussi utilisé pour désigner un petit repas de fête organisé pour des enfants, à l'occasion d'un anniversaire par exemple. Si personnellement je n'ai rien connu de tel, j'imagine que pour ce jour exceptionnel, bonbons et gâteaux de toutes sortes doivent se disputer la table, un menu qui ne peut que plaire aux enfants.
Il semble toutefois qu'à notre époque le goûter ne soit plus réservé aux seuls enfants, les adultes y prennent goût quand ils peuvent profiter d'un moment de détente et certains lancent même des invitations. Et que dire des plus âgés, les personnes retraitées...
On a coutume de dire que plus on vieillit, plus on aime les sucreries, cela peut se vérifier au sein des ateliers organisés en direction de ce public, pas un atelier où l'on ne serve une petite collation : café, jus d'orange, petits gâteaux de toutes sortes, faits maison ou pas, tout plaît, tout est bon, personne n'y résiste.
C'est aussi pour eux l'occasion de partager un bon moment de convivialité et c'est ainsi que chaque semaine, quelques inconditionnelles se retrouvent à l'atelier d'écriture où Laurence très gentiment leur sert un café et quelques douceurs. Toutes ensemble elles écrivent et conversent, et peu importe que ce soit ou non l'heure du goûter pour déguster un bon gâteau.
Que demander de plus pour passer un bon après-midi, personnellement c'est mon jour préféré, je l'attends donc avec impatience, il m'aide à passer le restant de la semaine.

Paulette

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