samedi 7 septembre 2019

PLUS JAMAIS CA !

Par cette journée caniculaire, assis sous les marronniers, les conversations allaient bon train dans ce petit groupe d’amis d’enfance. Le projet de  pique-nique les avait réunis après tant d’années de séparation. Ils étaient heureux de se revoir, se racontant l’un, l’autre.  Certains, encore assis, finissaient de manger tandis que  d’autres s’étaient nonchalamment étendus sur l’herbe, écoutant Philippe, spéléologue chevronné, racontant sa dernière expédition à la Grotte du Diable, aux Philippines.
Chloé était venue avec Frédéric, son compagnon. Elle ne les connaissait pas mais il lui en avait souvent parlé. Tous pratiquaient un sport.  Dominique et sa compagne, Marine, s’entrainaient à l’escalade dans le Vercors et  Thierry tout comme Bernadette s’adonnait au deltaplane... Eux n’étaient pas en reste, occupant leurs loisirs, à la natation ou au canoé-kayak. Aussi, quand  entre rires et blagues, Marine proposa de se retrouver un mois plus tard pour survoler ensemble les châteaux de la Loire en montgolfière, tous acquiescèrent avec enthousiasme. Chloé se garda bien de répondre. Pourquoi Philippe s’en rendit-il compte ?  Aussitôt, il lui lança :
 « -Tu seras des nôtres, bien sûr ! ».
 Elle regarda Frédéric et n’osa pas avouer qu’elle avait une phobie du vide. Déjà, regarder le paysage en haut d’une tour la mettait très mal à l’aise et elle ne s’approchait guère du bord. Elle ne participait pas non plus à certaines randonnées en montagne où il fallait marcher sur des sentiers étroits souvent le long d’une crevasse. Une première expérience l’avait rendue malade aussi toute envolée dans les airs ne la tentait guère.
Les jours suivants, elle essaya d’expliquer à Frédéric qu’elle ne pourrait faire cette excursion avec eux. Mais il la rassura et finit par la convaincre que, tous ensemble,  dans la nacelle, elle ne risquait rien et qu’il lui suffirait de regarder au loin. Elle finit par penser que sa peur était stupide.
Le grand jour arriva enfin.  Chloé embarqua dans la nacelle, et dès le décollage, sentit l’angoisse monter en elle. Elle se colla contre Frédéric et très vite, ferma les yeux. Mais rien n’y fit. Le mouvement du ballon, poussé par le vent,  lui donna le vertige et bientôt la nausée puis elle devint toute pâle. Très vite, l’aérostier se rendit compte de son mal-être et la fit s’asseoir sur le plancher. Coincée entre les jambes des participants, elle se sentait ridicule mais elle était soulagée, elle ne voyait plus le vide. Elle commença à se détendre. Elle ne vit ni les châteaux ni les manoirs ni les abbayes émaillant les bords de la Loire. Elle se contenta d’entendre les cris d’émerveillement de ses compagnons.
Recroquevillée, elle attendit patiemment qu’au bout d’une heure, la montgolfière débarqua ses passagers. C’est, la tête vide, toute honteuse et en titubant qu’elle descendit à son tour pour participer au toast des aérostiers. Chloé comprit, si toutefois elle en avait douté,  que ni les sports aériens ni  les excursions dans les airs n’étaient pour elle et elle jura en son for intérieur : « Plus jamais ça ! »

Marie-Thérèse
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De plus en plus j'aime voir de la gaieté autour de moi, la clarté aussi, le soleil, le ciel bleu, tout ce qui est positif. J'aime la chaleur que je supporte bien, et c'est bien l'été qui m'apporte tout ça, du moins quand la saison est belle. Les jours s'allongent, pour moi la journée est bien plus intéressante que la nuit qui est un temps réservé au sommeil, et donc au néant. L'été j'ai envie de vivre plus intensément, alors que l'hiver j'ai l'impression d'hiberner ; je suis moins disposée à sortir, le soir je me presse pour rentrer chez moi car avec la nuit qui tombe tôt, j'ai toujours l'impression d'être en retard. En un mot, j'ai l’impression de vivre au ralenti pendant cette saison, dite mauvaise à juste titre.
Cette année le beau temps a été long à venir, le printemps n'a pas été fameux, on avait l'impression qu'on ne sortirait jamais de la grisaille de l'hiver. Mais quand la chaleur est enfin arrivée, c'était bien trop fort, c'était la canicule et à deux reprises. Au lieu de profiter des extérieurs dans un cadre champêtre, il fallait alors fermer fenêtres et volets, vivre dans le noir, tous les moyens étaient bons pour conserver tant bien que mal un intérieur respirable.
Aux pires moments de la canicule, le mieux était de rester chez soi et d'attendre que ce mauvais moment passe. Alors, vêtue dans le plus simple appareil, je me contentais de faire des mots croisés ou de lire pour tuer le temps, bref, des loisirs dont j'abuse déjà l'hiver. Quel malheur d'en arriver à souhaiter la pluie dont je ne voulais pourtant plus entendre parler il y a peu. J'ai personnellement du mal à rester ainsi sans aucune activité, à me rafraîchir momentanément sous une douche, entre deux frictions à l'eau de Cologne. Pour ces moments difficiles, j'ai eu envie de dire «plus jamais ça».
Je sais qu'à présent ces épisodes reviendront, c'est du moins ce qu'on annonce pour l'avenir, sur cette terre que nous habitons. Juillet s'est ainsi terminé, et août est arrivé, beau et respirable au tout début, le rêve. Malheureusement cela n'a pas duré, le mauvais temps et les températures trop fraîches ont fait leur retour, et cela a duré bien trop longtemps, que de belles journées  perdues.
Révisant ma copie commencée en juillet, c'est finalement pour ces moments là que je  choisis de dire «plus jamais ça». Et j'ajoute, vive les jours longs, ensoleillés et chauds, en un mot «vive le beau temps et l'été».

Paulette
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Jamais plus ça !

On aimerait bien que se réalise ce vœu pieux mais les dictateurs, les camps de concentration ont la peau dure, les barbelés électrifiés et les tortionnaires aussi.

De tous les États, la Corée du Nord présente le pire bilan qui soit sur le plan économique, social, politique et humanitaire. On trouve des uniformes partout, dans ce pays le plus militarisé au monde : les hommes servent dix ans, les femmes sept.
Ce pays a connu une grave famine à la fin des années 1990 et, aujourd'hui encore, de nombreuses régions connaissent la disette. Les Nord- Coréens portent jusque dans leur chair les monstrueuses séquelles des conditions de vie qui leur sont faites : leur taille moyenne est inférieure de près de quinze centimètres à celle de leurs voisins du Sud
Depuis les années 1990, il a été impossible à la Corée du Nord de faire pousser, d'acheter ou de fournir assez d'aliments pour nourrir la population : il est probable que la famine ait tué un million de personnes. Chaque année, ce pays doit produire plus de cinq millions de tonnes de riz et d'autres céréales pour nourrir ses vingt-trois millions d'habitants mais n'y parvient pas à cause des longs hivers, des hautes montagnes, du manque de terres arables, le tout aggravé par le fait que le gouvernement ne fournit aucune subvention aux fermiers pour le carburant, les engrais, les équipements
Hormis les privilégiés de la nomenklatura, la population connaît des conditions d'existence dramatique ; le système de santé, les transports, sont dans un état déplorable
Ce pays se distingue par son mépris de la liberté individuelle et des droits de l'homme sur le plan de l'expression, de l'information, de la circulation ; la population est soumise de manière continue à une propagande unilatérale et simpliste. Le système politique, fermé sur lui-même, quadrille, surveille, menace des gens qui n'ont pas accès à Internet et ne peuvent téléphoner à l'étranger .
La société est répartie en trois classes : les cadres du parti, la classe intermédiaire des "indécis" et au plus bas la classe "hostile" soupçonnée de s'opposer au gouvernement et qui devra laver ses "fautes" dans le sang pendant trois générations, pour se purifier .Si une femme est enceinte elle sera mise à mort avec son enfant. Les gardes exercent une emprise absolue sur les détenus, grâce à la faim, la peur, le contrôle des esprits, l'isolement, la manipulation.
La barbarie nazi a duré cinq ans, l'extermination nord-coréenne perdure depuis cinquante ans.
Il n'est pas de pays au monde qui approche de plus près le système totalitaire.
Tout un réseau de camps de concentration complète ce dispositif où l'on pratique les mauvais traitements, des tortures inhumaines, où les esclaves affamés travaillent jusqu'à quinze heures par jour, souvent jusqu'à ce que mort s'ensuive, par tous temps, où les dénonciations et l'autocritique sont permanentes ; dans les camps de travail, lors des mises à mort , tout le monde doit être présent : les exécutions publiques et la peur qu'elles engendrent sont l'outil pédagogique des tortionnaires 

Les dix lois des camps sont les suivantes :
1 – ne tentez pas de vous évader.
2 – le rassemblement de plus de deux prisonniers est interdit
3 – ne volez pas
4 – il faut obéir inconditionnellement aux gardiens
5 – toute personne qui voit un fugitif ou une personne suspecte doit la dénoncer au plus vite
6 – les prisonniers doivent se surveiller les uns les autres et dénoncer immédiatement tout comportement suspect
7 – les prisonniers doivent faire davantage que le travail qui leur est assigné chaque jour
8 – hors du lieu de travail il ne doit pas y avoir d’échanges entre les deux sexes pour des raisons personnelles
9 – les prisonniers doivent se repentir sincèrement de leurs erreurs10 
10 – les prisonniers qui violent les lois et le règlement seront abattus sur-le-champ.
En Corée du Nord, les journalistes étrangers ne voient que les beaux quartiers de Pyongyang ; pas davantage, sinon ils risquent des mois ou des années d’emprisonnement pour espionnage.
Plus jamais ça ! Mais quand ?
Bibliothèques sans frontières qui se rend dans les camps avec ses ideabox ne peut y pénétrer.

Marie-Christine
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Plus jamais ça !
Qui n’a jamais prononcé ce quasi-serment ? Après 14/18, 39/45, le nazisme, la shoah et Auschwitz, Buchenwald, Dachau, l’attentat de la rue des rosiers en 1982, l’attentat du RER B à Port-Royal en 1995, le 11 septembre 2001, Charlie Hebdo et l’hypermarché casher en 2015, le 14 juillet 2016 à Nice….Nous devons faire devoir de mémoire et pourtant j’ai peur de perdre confiance en la capacité de l’homme à se souvenir, le présent est si puissant par rapport au passé. Comment traiter du sujet sans ressasser de plus ou moins vieilles douleurs, sans faire montre de pessimisme. Peut-être en l’abordant sous un aspect plus léger ? C’est ce que je vais tenter de faire.
Nico avait un chat, un siamois red point, nommé Othello par esprit de contradiction puisqu’il avait le poil blanc. Nous le lui avions offert pour son premier anniversaire. C’était un chat très affectueux, très intelligent et très attaché à Nico. Quand Manon eut trois ans elle réclama son propre chat. Nous lui offrîmes donc un chat tigré pur bâtard que nous appelâmes Caramel puisqu’il était roux ! Othello adopta tout de suite Caramel et se comporta  avec lui presque comme une vraie mère chatte. Il lui faisait sa toilette et le léchait même jusque dans les oreilles et bien évidemment il prît en charge son éducation. Il lui apprît entre-autres à ouvrir le réfrigérateur ! C’est vrai qu’à deux on y arrive mieux l’union faisant la force! Nous nous en rendîmes compte un soir ou nous trouvâmes la porte du réfrigérateur ouverte. Les deux chats étaient trop sages pour être honnêtes. Après le repas, je perçus comme un bruit de frottement dans la cuisine puis celui d’un mouvement de la chatière, je me précipitais et me casais dans l’angle du mur, en embuscade. Là juste derrière la porte vitrée du jardin j’aperçus les deux chats  et coincé dans la chatière un paquet de tranches de jambon. J’attendis silencieusement et sans bouger et je vis petit à petit subrepticement et presque sans faire de bruit le jambon dans son emballage progresser centimètre par centimètre  avec des pauses dans la chatière. Cependant j’intervins avant que le jambon ne se retrouve hors de portée  à l’extérieur. C’est secouée par le fou-rire que j’ouvris la porte du jardin et là se trouvaient toujours assis sur leur arrière-train avec un air innocent Othello et Caramel. Pour éviter une récidive nous plaçâmes un tabouret contre la porte du réfrigérateur. Le lendemain matin le tabouret était déplacé et la porte du frigo entrouverte. Mince alors ! Le soir même nous posâmes un poids de cinq kilos sur le tabouret mais le lendemain la porte était de nouveau entrouverte ce qui n’est tout de même pas génial pour le bon fonctionnement du frigo ! Aux grands maux les grands remèdes, nous fixâmes un gros scratch à hauteur d’homme sur la porte et le montant du réfrigérateur. Hourra le lendemain la porte était restée fermée ! Mais au bout de quelques nuits le scratch céda à la patience et à l’opiniâtreté de mes animaux de compagnie ! Il fallait quelque chose de plus radical pour qu’il n’y ait plus jamais ça ! Et c’est déterminé que nous installâmes un crochet en métal sur la porte du réfrigérateur. Ce fût la fin des ouvertures de porte du frigo mais nous vîmes jour après jour le joint de plastique de la porte lacéré par les griffes de nos deux vandales. Ils n’avaient pas jeté l’éponge !

Fabienne

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