samedi 18 janvier 2020

LA COQUETTERIE

Le Douanier Rousseau
Coquetterie ! Frivolité féminine ? Que non point ! La coquetterie est tout un art : celui de se mettre en valeur au regard des autres et de soi-même sans trop d’exubérance ou d’exagération mais parfois avec une pointe d’originalité qui  ne fait que rehausser son aimable vision. Avec des critères qui ont varié dans le temps et selon les sociétés, cet art a été cultivé  avec plus ou moins de bonheur. Nombreux peintres en sont les témoins. Ils se sont plu à la mettre  en exergue à travers la réalisation de portraits.
C’est en feuilletant un de leurs catalogues, que je me suis arrêtée sur celui de l’un d’entre eux qui m’a particulièrement frappée, me rappelant que la coquetterie n’est pas seulement l’apanage de la femme ;  l’homme n’y est pas étranger
 Monsieur est là, endimanché, figé dans une posture plutôt froide et rigide. Ses cheveux noirs, abondants, sont rigoureusement séparés en leur milieu par une raie. Bien lisses sur le sommet de la tête, ils tombent au-dessus des oreilles, se gonflant telle une vague. Ils me font penser à ces coiffures gominées, ces chevelures frisées un peu tout fou, et même à la perruque de Louis XIV et de sa cour. Immédiatement, par contraste, je revois chez les jeunes et chez les adultes,  cette mode de crânes chauves laissant libre cours à leur envie, sans toutefois présenter  pour autant une figure presque  imberbe.
Sur la photo, mon  personnage, rasé de près, arbore toutefois une  magnifique moustache à l’anglaise dont les pointes se relèvent très légèrement. Ce n’est pas celle à la gauloise, énorme qui s’étale orgueilleusement mangeant la moitié de la figure, cachant parfois quelque défectuosité physique. Certains l’ont préférée plus fournie ou  plus courte, comme seul ornement. D’autres, par contre, l’ont agrémentée d’un collier, d’un bouc voire de favoris ou d’une barbe plus ou moins longue, soulignant ainsi la forme de leur visage.
Et sous  cet ornement plus ou moins pileux, que dire du choix de la chemise, de sa forme et de sa couleur qui peuvent demander maintes réflexions et nombre d’hésitations, tout comme  la veste à l’encolure largement ouverte ou plus stricte avec un revers étroit orné parfois d’une  pochette ? N’en est-il point ainsi pour la cravate aux largeurs variables avec un nœud serré ou lâche ? Optera-t-il pour un nœud papillon délicatement posé sur un plastron au col cassé ou pour une lavallière ou même pour un foulard de soie élégamment enroulé autour du cou à moins que ce ne soit  pour une écharpe négligemment jeté sur les épaules ? Et il ne faudrait pas non plus oublier cet autre accessoire important, guère plus en vogue de nos jours, les boutons de manchettes, en or, en argent ou en métal plus ou moins brillant qui pouvaient être  assortis à l’épingle de cravate.
Et ainsi de la tête aux pieds, les moindres détails embellissent la personne et son vêtement offrant aux yeux de tous, l’image de quelqu’un agréable à regarder. Et oui, la coquetterie, en tant qu’art, se loge partout !

Marie-Thérèse
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Elle avait pris ce pli en son âge certain de tirer un trait de bois de rose ou lie de vin sur ses minces lèvres blanches aux commissures ourlées de cette mini fossette que le sourire, puis le rire avaient creusé au fil des années. Nul doute, le temps a fait des ravages dans un visage en lame de couteau. Mais si un simple geste accompagné de cette indicible pensée de désirer garder quelques infimes marques de beauté peut lui faire un bien fou ?... J’adhère totalement à cette recherche du plaisir. Un plaisir parmi d’autres dans un esprit encore bien conservé dont la vivacité s’accorde avec une langue à la pointe acérée et aux remarques piquantes de vérité. Impossible de discerner la couleur exacte de ses pupilles en des yeux pleins de réalisme et de sincérité. Pas une ombre de fausseté ni de poudre de perlimpinpin. Juste le rouge d’un col roulé et un médaillon rehaussant le tout mettrait quelques lumières en ce tableau de la maturité, en cette journée frileuse et pluvieuse annonçant un hiver doux et humide, si j’en crois les prémices… Le pantalon et le caban de teintes foncées tous deux tranchent avec les froufrous d’un col de tunique caressant le cou, en parfaite harmonie avec la carnation d’une peau qui fut certainement veloutée. Nul besoin de paraître, d’apparaître différente aux yeux d’autrui et aux siens. Elle est et reste elle-même. Peut-être plus jolie ? Au nom de la coquetterie ? avec ou sans, elle utilise le même langage : celui de l’intelligence et de la tendresse. Elle sait dire « Merci, c’est gentil ! ». Elle aime la reconnaissance et quelque part l’indulgence. Elle apprécie que l’on se soit compris, que l’on soit amie. Si elle économise ses mots, très certainement pour cacher ses maux, elle ne connaît pas la juste mesure entre rien et trop. Sa générosité la perdra certainement mais elle est comme ça : entière, vivante et vibrante.

Claudine
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Ne sachant pas trop quoi dire à propos de la coquetterie, je me suis alors posée la question : Qu’est-ce exactement que la coquetterie ? Et quelle est l’origine du mot? Dans le dictionnaire il est indiqué que la coquetterie est le goût raffiné pour la toilette, la recherche de l’élégance mais que cela peut aussi être la manifestation du désir de séduire par le comportement. Son pendant négatif, sans coquetterie, veut dire sans ornement, sans recherche mais aussi sans manège (sans manœuvre, sans intrigue). Le mot coquetterie, retrouvé au milieu du 17ème siècle en français ancien, serait dérivé du mot coquet, le petit coq qui parade dans la basse cour et cherche à plaire. Dans la relation du Royaume de coquetterie de F. Hédelin (1654) et dans l’été des coquettes de Dancourt, pièce en un acte  (1649), dans les coquets du 17ème siècle on trouve, « les soupirants, les enjoués, les aventuriers, les ânes d’or pompeusement vêtus au reste peu considérables…. Ils parlent et content jolis mots à toutes les dames qu’ils rencontrent et portent pour devise « qui plus en aime, plus aime » ». Quant aux dames, les coquettes, on y voit « les admirables qui n’ont rien de merveilleux que le nom, les précieuses, les ravissantes qui tirent plus à la bourse qu’au cœur, les mignonnes qui d’ordinaire ont l’esprit aussi mince que le corps… » Marivaux et Scarron auteurs du même siècle ont eux aussi décrit les coquettes sous un jour pas très glorieux. Actuellement la coquetterie évoquerait moins la séduction que le désir de plaire par son habillement, son élégance. J’ai retrouvé quelques citations sur la coquetterie que j’ai appréciées et dont je vous fais part : « la coquetterie ne va bien qu’à la femme heureuse » Balzac, « la malice est à l’esprit ce que la coquetterie est à la beauté » Salvat de Monfort, « la gentillesse c’est l’art de plaire, sans prétention ni coquetterie » H.F.Amiel et « une vieille coquette ne dit ni les années qu’elle a, ni les dents qu’elle n’a plus » J.A.Petit.  Mais la coquette appelée ainsi quand elle est posée près des lèvres, c’est aussi le petit rond de taffetas ou de velours noir, appelé mouche, connu depuis le 17ème siècle et devenu au 18ème un instrument de séduction, un code galant à déchiffrer suivant là où il est posé. Nous sommes toujours dans la coquetterie.
Une autre définition de la coquetterie c’est ce léger strabisme que certaines ou certains ont dans l’œil. Que seraient Dalida, Joe Dassin ou l’actrice américaine Karen Black sans cette coquetterie dans l’œil ? A d’autres cela confère un regard étrange ou dérangeant, je fais référence à Guillaume Pépy….Il paraît même que la coquetterie que Léonard de Vinci avait dans l’œil serait à l’origine de son génie ! Allez savoir !
Et voilà maintenant au vu de tout cela oui j’ai dû faire, plus jeune, un peu ma coquette pour les autres sans pour autant porter de mouche cependant. Maintenant si je suis de nouveau un peu coquette c’est pour moi-même, dans mon miroir et non pour le regard des autres  même si je pense que les autres remarquent que l’on est bien dans sa peau par sa façon de s’habiller, de se coiffer, de se comporter, de se déplacer, de parler et de porter son regard. Savoir se plaire c’est aussi important, mais est-ce vraiment de la coquetterie ?

Fabienne
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Isabelle est une jeune femme qui porte bien son nom car elle est en effet très belle : taille élancée, corps svelte, joli port de tête, rien ne semble manquer à la belle, une bonne fée a du se pencher sur son berceau. Il est donc bien naturel qu'elle fasse preuve de coquetterie en  cherchant à mettre en valeur des attributs si féminins. Pour s'habiller elle ne suit de la mode, que ce qui lui semble convenir à sa personnalité, tout n'est pas bon à prendre se dit-elle. Elle aime toutes les tenues, jupes, robes ou pantalons, même si sa préférence va tout de même aux jupes avec lesquelles elle mariera un joli chemisier ou un beau pull, suivant la saison. Les couleurs sont toujours choisies en harmonie, pas de contraste malheureux entre elles, et une préférence marquée pour les tons pastels. Sa taille est toujours serrée mais pas trop, il s'agit quand même de pouvoir respirer. Chemisiers et pulls, toujours très légèrement décolletés, mettent en valeur sa jolie poitrine dont elle prend grand soin. Pour entretenir son corps, Isabelle fait du sport, et après chaque douche elle se frictionne à l'eau froide, ce qui l'aide à conserver une peau et une poitrine bien fermes. Une peau qui par ailleurs ne subit jamais d'expositions prolongées au soleil, ce qui la flétrirait. Tous ces soins peuvent paraître pesants, mais que ne ferait-on pas pour rester belle le plus longtemps possible. Car ne nous y trompons pas, Isabelle est flattée quand elle voit des regards se retourner sur elle. Elle met la touche finale à sa tenue, en prenant soin de bien coordonner sac à main et chaussures, toujours ton sur ton. Si sa journée ne comporte pas trop de marche, elle optera pour un talon aiguille, qui affinera d'autant plus le galbe de ses jambes. Pour parfaire son apparence, elle se maquille légèrement : un peu de fond de teint, une touche de blush sur chaque joue et un peu de rouge sur les lèvres, d'un ton assorti à celui de ses ongles toujours manucurés avec soin. Ses yeux en amande sont dessinés à l'aide d'un eye-liner afin d'en mettre le contour en valeur. Vient ensuite une ombre sur les paupières, du mascara sur les cils, le tout sans exagération bien entendu. Enfin, au dernier moment Isabelle se parfume,  elle est fin prête pour affronter le regard des autres. Voilà ce que peut être la coquetterie d'une jeune femme toujours élégante, à la recherche de la perfection. 

Paulette 
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Selon la définition, la coquetterie est " une disposition souvent instinctive à plaire, une propension à se faire valoir par son physique, ses manières, son esprit, un goût raffiné pour la toilette, une recherche de l’élégance. Étymologiquement, un coquet est un jeune coq, une coquette, une femme séductrice et allumeuse. Dame Nature se revêt de ses beaux atours au printemps : c'est le Renouveau, la renaissance, les poètes célèbrent cette saison :

Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or.
Dans le verger et dans la vigne,
II s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.
Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
II met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

Théophile Gautier (1811-1872)

La Nature est coquette mais elle ne le sait pas, disait Adèle à Denise, en sortant de son coquet pavillon de Marne la Coquette, acquis grâce à une coquette somme d'argent gagnée au Jeu de l’amour et du hasard, malgré une légère coquetterie à l'œil.
Adèle avait bien mis en pratique le cursus de Bel Ami de Maupassant : l'obscur employé avait bénéficié d'un marchepied : le beau garçon loua un smoking, adopta les belles manières, la tenue langagière adéquate pour gravir les échelons du monde des affaires, visant même le sommet de l'Etat.
Il en va de même pour les femmes en vue: coquettes, désirables, intrigantes, comme Madeleine, Clotilde. Même si Virginie est un vrai repoussoir, elle possède des atouts majeurs, des leviers financiers puissants, substantiels, compensateurs.
De nos jours, l'absence de coquetterie, le négligé de soi et non de soie sont rudement sanctionnés par les sadiques goujats : dans la rame de RER, un malotru pilonne, lynche verbalement sa compagne ordinaire ou éphémère, lui enjoignant, en plus de son travail, de se rendre quotidiennement à la piscine, chez le coiffeur, l'esthéticienne, tout en la questionnant sur ses comptes informatiques et bancaires.
L'emballage n'est pas négligeable, pas toujours emballant, il est vrai : Denise lisait récemment à de jeunes lecteurs, l'histoire du loup amoureux qui se met en frais d'une chemise fleurie, de lunettes noires et de bottes de cow boy pour séduire la louve de sa vie, mais encore faut-il la trouver !

Marie-Christine
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J’ai vu une personne qui ne fait pas trop son âge et c’est agréable de la voir avec un petit peu de rouge à lèvres,  de rouge à joues, de fard à paupières, discrètement. Elle est agréable à regarder. On en oublie son âge. Elle fait 30 ans de moins.
Il suffit parfois de pas grand-chose pour apporter quelque chose de gai sur sa personne.

Parfois on voit des femmes qui sont coquettes et qui ont plus de soixante-dix ans. Elles s’arrangent avec une broche ou un foulard. Ça se remarque et on voit un peu de coquetterie.

Mireille

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