vendredi 25 juillet 2014

QUATRE GRAVURES DE FELIX VALLOTTON

Ecrire un petit texte n'excédant pas dix lignes sur les quatre gravures du peintre Félix Vallotton, en respectant les premiers mots imposés.
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Je  le regardais lui : l'homme au jean noir, dans sa bergeronnette. Il tient son alto au creux de son menton. De sa main droite, un archer doucement glisse sur l'instrument. De douces sonorités à la Stravinski montent pures, mélodieuses et radieuses le long des rideaux en vitrail d'une fenêtre close. Elles escaladent les murs recouverts de tissus pour venir mourir dans l'âtre de la cheminée. Un cycle sans cesse renouvelé. De grandes flammes s’en échappent. L'homme répète ainsi à toute heure, cet énième concerto qu'il s'apprête à donner. Ce sera à Vienne et à Moscou en un unique récital privé, qu'il jouera devant un public sélectif et exigeant, mélomane depuis des siècles : de parfaits viennois, anciens russes bancs ayant fuit la Russie et connaissant chaque note sur le bout des doigts et de l'archer. C'est dans un palais viennois et dans le palace Pouchkine que sa famille à choisi de fêter dignement les retrouvailles et Rudolph rentre au pays.

Claudine
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Je le regardais, assis dans un fauteuil moelleux, ce petit chinois qui semblait me parler debout sur la cheminée. J’imaginais son histoire tout en m’accompagnant du son mélodieux de mon violon. Je le vis courir dans les champs, le cœur battant, puis s’arrêter au bord d’un pont.
Au bout de quelques instants d’attente arriva une jolie demoiselle vêtue d’un kimono de satin rouge. A petits pas, elle avança en faisant tourner son ombrelle ; le visage de jeune homme s’éclaira d’un large sourire. Ils se saluèrent puis partirent joyeusement côte à côte parmi les fleurs multicolores au délicieux parfum.
Ce tableau imaginaire me permit de composer un morceau de musique que j’intitulais « L’Asie sur un pont d’amour, a fleuri ». Ce fut un succès.

Mireille
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Je le regardais, les yeux fixés sur le foyer, enfoncé profondément dans ce vieux fauteuil de style anglais, qui venait de ses grands-parents. Avec le temps, le cuir brun s’était patiné lui conservant son élégance originelle. Son dossier haut, ses accoudoirs arrondis bien capitonés offraient à Robert, un bien-être incommensurable. Il aimait le disposer juste devant la cheminée, les soirs d’hiver quand dans l’âtre, montaient les flammes  oranges et bleues brûlant de grosses bûches posées sur les chenets de cuivre. Il pouvait alors tout à son aise, rêver à ces jours passés où la famille réunie écoutait religieusement les histoires du grand-père et où la soirée se terminait toujours par quelques comptines anciennes que tous reprenaient en chœur. Maintenant, assis confortablement, il était là, seul, un léger sourire sur les lèvres, ses yeux plissés, jouant de la musique et égrenant ses souvenirs. Il ne m’avait pas entendue venir et attendrie, je le regardais à travers le rideau.

Marie-Thérèse
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Je le regardais ce feu qui crépitait et avec mon violon, j’essayais de suivre le rythme des flammes qui dansaient dans la cheminée. « La danse du feu », mais c’est déjà composé. Tant pis, ce sera une Danse du feu pour moi.

Josiane
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Je le regardais, ce feu qui brillait dans l’âtre, puis je saisis mon violon pour en faire jaillir quelques notes : poèmes discrets, fleurs dans la solitude ! Personne ne les admire, aucun regard ne les distrait. Mélodies agitées comme les flammes de ce foyer. Le moindre vent les fait frémir, image de ce qui fait souffrir. Les notes qui montent dans le silence sont tortueuses, lourdes comme cette terre dans laquelle j’ai grandi. En elles chante toute ma vie.

Christiane
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Ce lundi-là, la nouvelle se répandit comme une trainée de poudre. La bourse s’était effondrée et
le gouvernement venait de bloquer les avoirs bancaires. Affolés, tous couraient vers leurs agences pour essayer de retirer le maximum de leur argent. Ils ne se préoccupaient plus de leurs voisins ni même de leurs amis ou de leurs familles. Ils ne  souciaient plus que d’eux-mêmes, quitte à  bousculer voire même piétiner ceux qui les empêcheraient d’atteindre le guichet. C’était la pagaille ! L’angoisse saisissait chacun à la gorge et le convertissait en une bête féroce. Des cris retentissaient de toute part. « Ils nous ont volés ! Ils nous ont trahis ! ». Et de plus en plus nombreux, sortant de chaque porte ou portail, les gens emplissaient la rue courant à leur tour, vers les banques qui avaient baissé leurs grilles. Les hommes s’agglutinaient et  les suivants les aplatissaient contre les barreaux. On entendait des hurlements de détresse. Mais rien n’y fit. Ce lundi-là, elles restèrent fermées !...

Marie-Thérèse 
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Ce lundi-là, tu es parti le matin, dès l’aurore, malgré le vent et le crachin d’hiver. Ton poing qui se lève enserre-t-il la haine ?  enserre-t-il l’amour ? cache-t-il la révolte ou l’espoir ? À travers lui désires-tu imposer ? exister ? Tu ne réponds pas quand je rejoins tes rangs. Alors tout passe… Non pas dans le regard car tous les yeux précèdent le temps mais dans une voix. Une voix multiple mais unique. Une voix si forte que les différences se neutralisent d’elles-mêmes. Une voix si puissante que c’est la vie qui gagne, pas celle de demain, celle de maintenant que nous édifions ensemble.

Christiane
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Ce lundi-là ! Quelle empoignade ! Une cohue épouvantable suite à un incident regrettable. Ces monsieur en hauts-de forme et en manteau s’écharpent entre eux et en affrontent d’autres en veste et casquettes. Ils se sont conduits comme des voyous. L’un en a même perdu son chapeau. Quelques femmes s’en sont  mêlées. Il  s’est ensuivi  une cavalcade, entrecoupée de bousculades pour éviter les hommes de la force publique arrivant en masse à l’angle de la rue. Une sœur tout de banc habillée, fuit sur le trottoir de gauche. Il court, vers les blessés qui ne tardent pas à joncher l’avenue. Sacrés règlements de compte politique ! Les classes sociales s’affrontent en essayant de trouver une solution par le conflit et la confrontation. La guerre civile communale bat son plein ! Elle laissera des cicatrices dans les esprits, dans les cœurs et dans les corps. Victor-Hugo nous en relatera parfaitement les faits !

Claudine
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Ce lundi-là, un vent violent s’abattait sur la ville. Il y avait foule dans les rues et sur les avenues. Les gens pressés se rendaient sur  leurs lieux de travail mais le vent était si violent que les passants avaient du mal à se tenir debout, les chapeaux volaient ou roulaient à terre.
La pluie s’était mise à tomber mais impossible de tenir un parapluie ouvert ! Soit il se retournait soit il s’échappait des mains en rejoignant les chapeaux pour courir avec eux.
On s’en souvient encore de ce lundi si venteux.

Mireille
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Ce lundi-là, il y a eu une manifestation. Attention, urgence, il me semble que le fait d’être en groupe accentue la panique, la peur est contagieuse et c’est l’émotion qui  va emporter le « troupeau ». sauve qui peut, tant pis pour le vieux monsieur bon chic bon genre qui va être bousculé ainsi que la dame qui court sur le trottoir. Que ce soit la police de l’époque ou celle de maintenant, le problème reste le même.

Josiane
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Demain est un autre jour, sera-t-il meilleur ou pire qu’aujourd’hui ?
Nos soucis seront-ils atténués ? Et les problèmes résolus ?
Allons-nous tomber dans le néant ou au contraire, inondés de lumière !
Que sera l’avenir ? Demain devient aujourd’hui et aujourd’hui demain,
Seule l’espérance d’un jour lumineux nous fait dire : «Arrêtons-nous de nous prendre la tête !
Demain est un autre jour.»

Mireille
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Demain est un autre jour.
Paix, calme et sérénité.
On a le regard au-dessus des nuages. Ce tableau donne un sentiment d’élévation. Comment pourrait-on avoir ce point de vue si ce n’est au cours d’une excursion. Laquelle ?
Si demain est un autre jour, alors peut-être vais-je là-haut.

Josiane
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Demain est un autre jour…Et à observer toutes ces étoiles et ce croissant de lune claire dans cette voûte céleste, il devrait faire beau sur les neiges éternelles. Peut-être dans la vallée  les nuages autour de ce piton rocheux disparaîtront comme par enchantement. De beaux versants pentus recouverts d’épineux agrémentent le panorama et avec un peu de chance, le soleil brillera dans leur parure verdoyante et nous pourrons envisager de faire cette excursion avec nos bâtons nordiques. Nous avons déjà prévu de nous arrêter au chalet situé en haut du col. Ils font une excellente raclette. Nous seront peut-être obligés de rester dormir au refuge si les conditions atmosphériques viennent à tourner à la brume. Je le connais. Il y a tout ce qui faut et l’ambiance y est conviviale. D’ailleurs pour la petite histoire, c’est là que j’ai connu mon mari et à chaque anniversaire de mariage, nous y retournons en villégiature.

Claudine
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Demain est un autre jour, ce soir, je rêve à la lune qui baigne le paysage d’une lumière diffuse et me charge d’une énergie nouvelle. Tout est calme. Pas un bruit, pas le moindre souffle de vent. La masse sombre des arbustes du jardin voisin parait énorme. La projection de leur ombre semble dévorer la route qui disparait. Elle ne réapparait que, là-bas, beaucoup plus loin, noire, juste là où commence une lueur blanchâtre. Le contraste des couleurs m’évoque à coup sûr, le lent travail du graveur qui encre sa planche et dessine les contours de son œuvre. Comme lui, je m’imprègne de cette atmosphère où règne une certaine douceur mêlée de magie. Pour mieux m’en pénétrer, j’’étire  les bras et respire profondément, jouissant de ce moment intense de bien-être et de plaisir. Des images défilent devant mes yeux comme un spectacle d’ombres chinoises qui se forment et se déforment lentement. Ce soir, je rêve sous le regard de la lune. Demain est un autre jour !

Marie-Thérèse


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Demain est un autre jour, mais ne tournons pas trop vite la page !... Lune, étoiles, soleil, nuages cohabitent. Laissons une trace de ce qui s’est vécu hier, aujourd’hui. Lettres, mots, dessins, peintures expriment le temps dans l’impression où l’homme se résume. Mise à l’épreuve d’une pensée fragile, survivant par le signe surgi de la plume, du burin ou du pinceau. Communion du regard lié à la pensée de l’autre par le travail de l’homme, de la gravure, de la peinture, de l’écriture et du verbe.

Christiane
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Si tu savais comme je t’aime… Monsieur, vous n’êtes plus du tout à votre travail. La jeune personne qui s’approche de vous vous trouble et l’émotion qu’elle suscite en vous entraîne votre imagination. Qu’est-ce qui est probant ? Ce que vous ressentez ? Est-ce bien raisonnable ?

Josiane
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Si tu savais mon passé, mes beaux jours, l’amour que j’ai en moi ! Mes amis, mes proches, je te les donne. Mes rêves, mes désirs, mes cafards… mes soupirs, mes mains, mes doigts, mes bras, mes yeux, ma buche, je te les donne. Nos enfants de demain, enfants de l’avenir, mes pleurs, mes rires, mes chants, mes joies, je te les donne. J’ai beau te donner tout cela, il ne suffira pas vu ce que je te dois.

Christiane
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Si tu savais ce que je viens de découvrir dans ces feuilles de papier que je compulse l’une après  l’autre, depuis des soirs et dont j’essaie de reconstituer le puzzle ! Si tu savais ma chérie,  c’est toute l’histoire de nos familles et de leur vie dans ces villages dont jusqu’à il y a peu, nous ignorions le nom. Je viens de retrouver la filière qui nous permettra de reconstituer leur périple fantastique à travers les guerres napoléoniennes et ton aide m’a été si précieuse qu’il faut que je t’embrasse. Bientôt comme nos lointains parents, nous partirons sur les routes de France à la recherche de quelques traces indélébiles dans les maisons et retrouverons quelques cousins très éloignés. Regarde, celui-ci qui se prénomme Fernand, a été maréchal ferrant dans le petit village des Goulles. Peut-être sa forge est-elle encore visible ? Il faut que je m’informe. Dès demain, je vais écrire au maire. Et sa femme Albertine qui venait de La Chaume ! Son père était bûcheron-forestier et son frère taillandier !....

Marie-Thérèse
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Si tu savais, ma chère épouse ô combien tu me manques lors de mes trop nombreux déplacements sur le territoire et à l’étranger. Ma très chère Augustine, je souffre déjà de ton absence et je me réjouis tant que tu sois près de moi. J’aimerais tant faire durer cet instant à l’éternité, mais il me faut encore et encore me rendre à Paris, à Hambourg, à Vienne et à Londres pour m’assurer de la vente de mes ouvrages et me rendre à quelque colloque organisé par mon éditeur. Mes livres et mes nouvelles pour l’instant font fureur et il faut de nouveau en imprimer de nouvelles éditions. Tout se déroule bien, mais je dois néanmoins veiller au grain. J’aimerais ma chère épouse t'emmener dans mes bagages, tu ferais ainsi vos emplettes à Paris, capitale de la mode et du bon gout. Tu ferais connaissance du tout Paris où artistes-peintres, poètes, musiciens et écrivains se rejoignent en cercles privés.

Claudine
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Si tu savais combien de temps j’ai attendu cet instant ?
Les livres que tu lisais dont le contenu alimentait nos conversations, les poèmes récités de ta douce voix me donnaient l’illusion qu’ils avaient été écrits pour moi. J’avais envie de te murmurer les mots doux qui me brûlaient les lèvres et déposer délicatement des baisers sur ta peau nacrée.
Mais voici qu’aujourd’hui, nos mains se sont frôlées, j’ai déposé un baiser sur ta joue. Je peux constater que mes sentiments sont partagés.
Ah ! Si tu savais comme j’ai espéré ce moment ! 


Mireille 




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