samedi 6 décembre 2014

DEUX PHOTOS

Ecrire à partir de l'une ou l'autre des photos ci-dessous














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Vendredi 21 novembre 2014 – Midi – Informations télévisées.

« En 2015, Conférence sur l’évolution du climat sur la planète Terre. Le recul des côtes françaises s’est amplifié en 2014. Le maximum atteint, sur la côte atlantique – 30 mètres ».
Des photos alarmantes attestent. Je suis avec attention, d’autant plus que, sans doute attirés par la mer, mon neveu et ma fille, avec leurs familles, sont devenus Bretons et Vendéens d’adoption….
Peu à peu, je m’évade et je glisse vers d’autres images de mer. Une famille à moto fonce à plein régime vers une plage de Vendée. Il fait beau, on est en juin et le week-end vient de commencer. Les enfants et leur maman font corps avec le père-conducteur, tous unis et tendus vers l’objectif : jeux et bains de mer, cueillette de coquillages et dégustation, douce nuit réparatrice bercée par le chuintement rythmée des vagues… La vie en symbiose, simple et paisible, dans les bras de la bonne mer-mère.
Mais bientôt un autre visage de l’océan se rappelle à moi. Un jour de tempête comme il en y a eu beaucoup aux premiers mois de cette année 2014. Blanches d’écume et de rage, les puissantes déferlantes montent à l’assaut du rivage, avec sauvagerie. Comme ce petit finistère me semble vulnérable, fragile, avec ses maisons de poupées qui résistent encore ! Pour combien de temps ? Car d’année en année, les tempêtes se multiplient et s’intensifient. Et voilà qu’à présent la Terre des hommes commence à mettre genou à terre. Je repense aux aléas divers que les comptes-rendus et les recommandations du GIEC connaissent, qui retardent les prises de décisions des gouvernements de la planète face aux dangers du réchauffement climatique. Il y a bien urgence !
Retour à mon écran de télévision, le sujet du jour est épuisé et l’on est déjà passé à autre chose. Est-ce de bon augure ?

Françoise
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"La mer qu'on voit danser le long des golfs pas si clairs" Baschung
As-tu déjà vu l'équinoxe ? As-tu aperçu ces énormes vagues écumantes se jeter blanches et vaporeuses contre la jetée ?
Les as-tu observées s'ébrouant de colère, éprises de liberté et de rage inconditionnelle comme des chevaux en folie, crachant et renâclant ? Impétueuses, impérieuses, mordant violemment et engloutissant  tout obstacle à leur passage, le mort aux dents ?

As-tu pu comparer leurs courroux visibles dans leurs yeux fous semblables à la puissance destructrice de cette houle et de ses remous? Va-et-vient des marées ascendantes et descendantes. Impulsions et frictions. Influence de la lune et attraction. Elles déferlent ainsi sur les côtes, les plages et les rivages. Quand l'océan conduit par l’œil de l'ouragan, le regard braqué vers un horizon que seul sa pupille guerrière et indomptée capte et contemple, le temps d'un silence démesuré, puis rapide comme le galop d'un cheval, soulève, happe et avale tout ce qui se trouve à sa portée comme Attila aurait pu le faire lors de ses chevauchées dévastatrices. As-tu visionné l’ampleur des dégâts quand des trombes et des chapes d'eau s'abattent ainsi sur les remblais et parapets, réduisant à néant des années de besogne ? Il faut ainsi compenser digues et jetées suite à leurs assauts systématiques. Il faudrait craindre le pire.
Mais l'océan à ses limites, sous la force des vents et du dieu Éole, il peut calmer ses pulsions, quitte à recommencer l'année d'après lors des grandes marées. En as-tu senti les embruns sur ton visage et la force du vent transbahutant des paquets d'eau salée que tu reçois ainsi comme une séance de thalassothérapie vigoureusement administrée ?
As-tu gouté ces petits cristaux de sel qui commencent à dessécher  tes lèvres bleuies par un froid piquant pénétrant tes entrailles et tes extrémités comme les aiguilles d'un oursin ? Peux-tu encore regarder ces maisons blanchies à la chaux, t'observant toi de leurs grandes baies vitrées ?  Mais que fais-tu là, ainsi prostré, près de la grève inondée ? Te promener ? Quel démon veux-tu affronter ? Toi ! Pauvre idiot alors que les éléments se déchaînent et que derrières leurs murs, les familles restent au chaud, sans un murmure, écoutant ainsi les mugissements de l'océan déchainé.
L'ile forme un  ilot semblable à un château en état de siège, alors que Poséïdon lui mène un combat de Titan. Ces quelques maisons disséminées forment l'union et résistent aux assauts du temps. Et comme un temple sacré, les précipitations et les éléments peuvent toujours se déchaîner sans vraiment les perturber. Contre vents et marées, téméraires et stoïques, discrètes et décentes, pratiquement introverties, elles affrontent sans se plaindre les aléas saisonniers et ne laissent rien voir de leurs blessures profondes. Face à cet océan colérique, si elles pouvaient parler, elles nous raconteraient des histoires de vagues à donner le vertige aussi anciennes que l'arrivée des hommes en ces lieux : des marins endurcis aux rudes climats atlantiques, des navigateurs et pêcheurs émérites. Des hommes en quête de terres perdues et de pêches miraculeuses, de traversées maritimes à voiles ou à moteur, qui ont tout quitté pour choisir de vivre ici. Quand les embarcations par beau temps quittent le port, longent la jetée, elles bravent ainsi tous les dangers pour se rendre vers les sites poissonniers repérés par satellite en jetant leurs filets déferlants... Ainsi va la vie et vogue la galère ! "Hisse et ho Santiano !"


Claudine
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H2O, deux molécules
Hydrogène et oxygène
Créant des bulles
Créant la vie tout simplement.
Mer primitive, mer primaire
Tu as mis sur la scène
Toutes formes de vie abondamment…
Avec l’astre solaire
La vie s’est développée
En ton sein protégée…
Océan de calme, mer de douceur
Donne un grand bonheur.
Mer devient colère
Quand le vent s’accélère.
Mer tempête
Que rien n’arrête,
Qui vient se fracasser…
Vagues bruyantes et dangereuses,
Mer déchaînée,
Mer bagarreuse…
Ô toi que l’on admire
Et que l’on craint,
Pour la Terre et son avenir
Protégeons-la pour d’autres lendemains…

Valérie
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Nous connaissons bien la plage de la Grande Conche, immense en demi-cercle avec son sable fin. Mais aujourd’hui ce sont les grandes marées et nous allons voir la mer sur le chemin de la corniche qui domine les rochers. A quelques cent mètres à l’intérieur des terres, nous entendons déjà le bruit sourd du ressac qui s’enfle au fur et à mesure que  nous nous approchons du rivage. Le ciel s’est couvert et a perdu son bleu pour faire place à un gris d’acier. De gros nuages le parcourent à toute vitesse sous l’effet du vent mais pour l’instant, la pluie n’est pas au rendez-vous. Bien couverts, le col de nos k-ways relevé, nous délaissons la grande avenue et biaisons par une petite rue. Tout de suite, au loin, nous apercevons, de l’autre côté de la baie, serrées, les unes contre les autres, les maisons blanches, au toit de tuiles rouges bien protégées des embruns. Perchées sur le promontoire, elles jouissent d’une vue incomparable sur l’océan.
Nous empruntons alors le sentier de terre qui surplombe les eaux tumultueuses de la crique. Il est protégé par un parapet de maçonnerie dont les pierres sont prisonnières dans un filet de grillage ce qui les renforce. De temps en temps, le mur s’arrondit en un renflement où peuvent entrer une ou deux personnes, donnant l’impression d’être sur les flots.
Mais aujourd’hui, le vent hurle à nos oreilles et nous crie sa rage, s’emportant contre les éléments. Il ne fait pas bon naviguer ! D’ailleurs aucun bateau ne s’est risqué sur  la mer déchainée. Sur sa surface presque noire roulent d’énormes vagues aux couleurs vert sombre ou bleu presque nuit. Elles se soulèvent dans un effort colossal et retombent d’un seul coup, dans un craquement sec. Comme épuisées, elles laissent flotter, sur la couleur brune du ressac, la blancheur de leur écume.
Sous nos pieds, nous entendons le bruit des déflagrations causées par  les remous qui claquent sur les rochers moussus. Par endroits, des algues les recouvrent et, sous l’effet des coups répétés de la houle, se décrochent. Elles nagent un moment à la surface avant de s’enfoncer sous la vague puis de réapparaitre, flottant telles des coquilles de noix, sur la nouvelle lame qui les emportera avant de les précipiter au fond de l’eau.
De notre petit refuge, nous croyons être à l’abri de la fureur des éléments. Pourtant, le vent ne faiblit pas au contraire, il se renforce, jetant maintenant des paquets de mer par-dessus notre rempart. Nous n’avons pas reculé à temps et nous voilà copieusement arrosées.
Soudain, le ciel devient d’un noir d’encre. Un rayon lumineux le zèbre de part en part, suivi d’une détonation, grondement énorme, qui  résonne longuement dans ce tintamarre assourdissant. L’orage est là au-dessus de nous. D’un seul coup, une pluie diluvienne s’abat, nous aveuglant et nous cachant l’horizon. Seul le fracas des rouleaux battant les rochers nous indique encore la présence de l’océan rageur.
Têtes baissées, complètement trempées, mais ravies du spectacle, nous courons vers la maison.

Marie-Thérèse
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Mobylettes, vélomoteurs, motos, scooteurs...
Vous êtes là pour véhiculer toute une famille en chair et en os. Vous pesez votre pesant d'or au regard du poids de vies humaines que vous transportez ! Et dans votre chargement, vous devez faire un tarif de groupe, car au centimètre carré, il y a du rendement. Chacun chevauche la machine et s'enchevêtre à califourchon, étreignant la veste ou la taille du précédent. Le dernier s'accroche fermement à la barre d'appui située sous la selle. Conduite douce assurée, le moindre soubresaut, un arrêt abrupt et violent pourrait mettre leur sécurité en péril ! D'ailleurs leur couvre-chef est puéril. Seul le chef de famille porte le casque. Entre casquettes et liquettes, les protections en cas de choc sont futiles. Pourtant dans beaucoup de pays le port du casque est obligatoire, mais son prix n'est pas dérisoire. En Afrique, on voit fleurir sur les têtes, passoires, casseroles, faitouts, sauts divers et sacs en plastique munis de cordons, courroies, ficelles et élastiques. Qu'importe ! L'important est d'avoir la tête couverte !
Tout au long des chemins, des pistes et des routes, on peut faire des rencontres surprenantes et mémorables. Je me souviendrai toujours de cet homme de couleur, filant droit sur sa mobylette, le nez au vent, une biquette maintenue fermement en épousant parfaitement la forme de son dos. Je ne saurais vous dire si elle a apprécié le voyage en direction du marché situé à des milles de là ?
L'homme aux deux bobtails équipés de casques et de lunettes noires comme Mermoz en portait dans son vieux coucou ! L'un couché à ses pied, l'autre bien campé sur les sacoches arrières, le dépassant d'une tête, et posant ses pattes de devant sur les épaules de son maître m'a plutôt amusée, mais aussi intriguée. Le trio avait l'air d’apprécier l'épopée, sillonnant le long d'un champ de blé ! Que dire de cette moto surchargée en Asie certainement où toute une famille voyageait avec homme, femmes, enfants et bagages, et la tête d’un dernier-né qui dépassait d'un vulgaire seau en plastique maintenu sur le coté de l'embarcation me donnait la chair de poule en cas d'accident ! Pour en revenir donc à ces hommes dont la responsabilité de toute leur famille pèse sur leurs frêles épaules, coincés qu'ils sont entre guidon, garde-boue et manette de décélération...une demi-fesse à peine posée sur la selle déjà bien occupée, comment peuvent-t-ils envisager de freiner en toute sécurité, en cas de danger ? Ils ne disposent  pas de suffisamment d'espace pour désamorcer le choc. Ils n’ont certainement pas d’autres choix pour voyager. Alors prudence oblige, car ce n'est pas tout de voyager économiquement. La vie ne se remplace pas pour autant.

Claudine 



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