lundi 21 décembre 2015

UN HEROS

Ecrivez sur votre héros ou votre héroïne préféré (e). Personnage réel ou fictionnel, connu ou inconnu.
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Jamais je n’aurais pensé à lui si l’on ne m’avait demandé d’écrire sur mon héros.
Grand lecteur et doté d’une mémoire prodigieuses, il sait faire part avec humilité de ses connaissances à qui les lui demande. Ce n’est pas un personnage de fiction. Il vit pleinement sa retraite dans un cottage normand qu’il a façonné de ses mains avec goût. Lors de nos conversations, il me décrit, roses et jaunes, ses rosiers parfumés qui croissent jusqu’à ses fenêtres. Son jardin est à son image, généreux, plein de charme, foisonnant d’arbres d’essence s rares, de plantes venues de loin et d’arbustes cous dans nos régions.
Il est intarissable et pourrait parler des heures sur des sujets divers tels que l’histoire, la géographie, la politique, la peinture, la littérature… Chaque fois que je le peux, j’aime à le solliciter pour une information ou une autre.
C’est un érudit, un homme brillant qui sait faire partager ses passions. Admiré par les uns, jalousé par les autres, il adopte grâce à son intelligence aigüe une position toujours pédagogique dont personne ne peut se plaindre.
Son esprit curieux, inventif, créatif lui donne une aura bienveillante. Grâce à son caractère pragmatique, il a su développer au contact des autres des facultés relationnelles appréciables. C’est un homme chaleureux doué d’un sens artistique indéniable.
C’est à lui que je me suis consacrée de nombreuses années. Nous avons, lui et moi, le bien le plus précieux qui soit : un fils.

Nadine
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La frontière est souvent ténue entre la réalité et la fiction, entre la vie qu’on mène réellement et le rêve. On peut ne pas être triste à l’annonce de la disparition d’une personne ayant existé et pleurer la mort d’un personnage issu de l’imagination d’un écrivain. Où et comment situer un héros ou une héroïne ? Est-ce celui ou celle qui se distingue pas ses hauts faits ou au contraire par ses failles et ses faiblesses ?
La mienne, puisque c’est une femme, m’accompagne depuis fort longtemps. Elle a essayé d’affronter le quotidien, puis trouvant celui-ci ennuyant et monotone, a rêvé d’une existence faite d’amour absolu, celui que l’on rencontre dans les livres. L’amour romantique, le grand lyrisme ! Mais elle n’a eu que des amants de chair et de sang qui l’ont fait souffrir. Et, tout comme moi, elle a été déçue, perdant petit à petit ses illusions, cherchant vainement le bonheur qu’elle croit avoir trouvé par moments.
Elle est devenue mon amie, fictive certes mais pourtant ô combien réelle ! Elle me ressemble et me comprend c’est une héroïne qui se cogne aux pris rugueuses d’une vie mélancolique et qui ne parvient pas à réaliser ses rêves.
Ses rêves, qui ont tissé son malheur, mais grâce auxquels elle a vécu quelques pages de bonheur intense. Voilà pourquoi je me suis tout naturellement identifié à elle, mon double, mon miroir, mon éternelle jeunesse ! Comme aurait dit son créateur : « Madame Bovary, c’est moi ». Prénom : Emma.

Maria
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Je pense à tous ces héros :
Les inconnus qui ont aidé pendant les guerres, des évadés de prison ou des camps de concentration à partir vers la liberté. Les blessés de guerre, les victimes d’attentats ou de la vie de tous les jours que l’on a rassurés, soignés en attendant les secours.
A tous ceux qui ont su entendre la voix du désespoir de celui ou celle qui voulait en finir de cette vie cruelle, qui s’est dérangé pour écouter, réconforter, en évitant le pire.
Tous ceux qui lors de l’attaque du 13 Novembre ont payé de leur vie en protégeant de leur corps, des êtres chers à leur cœur ou tout simplement par un élan humaniste. Ce petit garçon protégé par sa mère et sa grand’mère a pu avoir la vie sauve. Ce jeune  homme qui a péri en protégeant sa fiancée : trois cas parmi des centaines d’autres
Ces pompiers qui bravent les flammes pour sauver leur prochain au risque de leur vie ainsi que des bénévoles qui n’écoutent que leur instinct.
Les urgentistes, les « croix-rouge », les policiers, tous les passants bénévoles qui ont été des sauveteurs d’un jour.
Les hommes et femmes, Ados qui ont sauvé de la noyade d’autres humains, n’écoutant que leur courage.
Ce chauffeur, la contrôleuse, seuls, dans un train fou qui ne s’arrêtait plus. Le sang-froid qu’il a fallu pour rassurer les voyageurs, les entraîner à l’arrière du train sans les affoler.
Les humains ne sont pas les seuls à être des héros. Il y a les chiens, les chats qui ont sauvé leurs maîtres. Les chiens soldats qui retrouvent des blessés ou qui meurent dans les décombres.
Tous ces  héros confondus au fil des ans, qu’on ne peut les distinguer, en mettant leur famille en avant, même s’ils sont morts à la guerre en héros. Même si mon grand-père et mes oncles que je n’ai pas connus, ne m’ont laissé que leur croix de guerre, je suis fière d’eux.
Mais j’admire les héros d’aujourd’hui et ils sont des milliers.

Mireille
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Dans les années 80, on entendait : « No more heroes, never, never, never more heroes », tandis que Daniel Balavoine chantait Je ne suis pas un héros !
Vers 2010, à la Société des Gens de Lettres, trois jeunes romanciers, auteurs de science-fiction, allaient recevoir un prix : je demandai à l’un d’eux pourquoi il avait choisi ce genre romanesque et il me répondit de toute sa hauteur et condescendance que sur Terre tout avait été découvert, je lui rétorquai alors que tout l’humain était à reprendre !
Je ne me positionne pas comme Hercule, lequel, assis à un carrefour, celui de la vie, se demandait s’il emprunterait la voie du vice ou celle de la vertu ; je ne mets pas non plus la barre aussi haut que dans le poème de Rudyard Kipling :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot, te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties,
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique et destructeur,
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être que penser ;

Si tu sais être dur sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres la perdront ;

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils !

Traduction d’André Maurois (1918)

Kipling a écrit ce poème à l’attention de son fils unique, John alors âgé de 13 ans en 1910. Ce dernier meurt lors de son premier assaut en 1915. Son corps n’est pas retrouvé. Jusqu’à sa mort, en 1936, son père le chercha. Il inventa l’inscription figurant sur la tombe des soldats inconnus Know unto God (connu de Dieu seul). En 1991, la tombe du lieutenant John Kipling est finalement identifiée.

Je ferai un travail sur moi-même : on exige souvent plus d’autrui que de soi-même, sans contrepartie, pour dominer et profiter.
Se pencher sur soi, pour mieux cerner ses faiblesses, les addictions qui nous enchaînent en dévastant notre entourage.
Ensuite, il convient de se tourner vers autrui, en tenir compte, écouter la parole, se fendre d’un sourire.
Il faut tisser du lien pour éviter ou réduire les fractures sociales, certains drames humains. Il convient d’activer le lien intergénérationnel en invitant les jeunes à offrir des représentations aux aînés : une société ne doit pas être sclérosée et parquer par tranches d’âge. Nous sommes tous les maillons d’une chaîne de vie et nous nous enrichissons de nos différences, car nous avons tous beaucoup à apprendre les uns des autres.

Beaucoup de héros restent invisibles au quotidien tandis que des anti-héros en tous genres font la Une des médias.

Marie-Christine
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Il s’appelle Damien et rien que son prénom me faisait rêver. Ces deux syllabes avaient pour moi un rythme musical tout à fait particulier. Tout en sautillant d’un pied sur l’autre, je les chantonnais : « Dame » « mien », « Dame » «mien ». Sur la première, je m’envolais vers les cieux d’un bleu intense et sur la seconde, je reprenais contact avec la terre, avec celle de mon héros, une terre bien noire sur laquelle se détachait le vert de la végétation luxuriante.
Je le vois debout, prêt pour un long voyage à travers le monde, sa malle d’osier posé à côté de lui. Jeune, de taille moyenne, un brin carré mais  athlétique, un collier et un petit bouc encadre son visage un peu rond, lui donnant l’air bon enfant. Mais son regard profond reflète sa détermination. Vêtu d’un pantalon blanc et de sa saharienne, il porte fièrement le casque colonial pour se protéger du soleil qu’il va affronter. Enseignant volontaire, il part pour les  iles lointaines, ces iles dont les noms me trottent dans la tête : «Wallis et Futuna»,  «iles du vent» et « iles sous le vent », « Fidji » « Salomon » ou « Tuamotu ». Je ne sais rien d’elles. Même les atlas ne me sont d’aucun secours pour les situer dans cet immense Océan  Pacifique ! Toujours posées dans des petits carrés  quelque part dans l’immensité, leurs noms m’emportent vers d’autres horizons et mon imagination les pare de mille et un attraits.
Ces iles paradisiaques, Damien va les rejoindre dans un canoé de balsa, glissant sur une mer d’huile. Les rameurs au dos nu et bronzé l’y emmènent ! Sa passion le pousse à  vouloir enseigner aux enfants de ces contrées lointaines, tout aux confins de l’univers. Leurs habitants vivent dans des cases de bambou, sans porte, toujours ouvertes. L’école est en plein air. Seul, un toit de feuilles de cocotier posé sur quatre pieux en délimite l’espace et la protège. Pas de cahier, pas de crayon. Sur le sol poudreux, c’est avec un bâtonnet que chaque élève forme les lettres ou les chiffres, écrit des phrases que la légère brise marine se charge d’effacer. Mais la chaleur tropicale est là ! La classe a commencé tôt. Maintenant, elle se termine. Ni une, ni deux, quelques mouvements rapides pour enlever le peu de vêtements et tous plongent dans les eaux turquoise de la mer pour de bons moments de détente ! A la surface, sautent les poissons volants qu’ils attrapent à la main pour les cuisiner sur un petit feu de bois.
De temps en temps, Damien change d’ilot. Il reprend le canoé pour enseigner à d’autres enfants tandis que les plus avancés continuent à apprendre aux moins habiles. Au retour, il reprend inlassablement la tâche qu’il s’est assignée. 
Parfois, il randonne avec ces enfants et c’est eux qui deviennent son maitre. Dans la forêt ou la mangrove, ils lui montrant les arbres, les plantes, lui apprenant leur nom, leur utilisation pour se nourrir et aussi pour se soigner. Parfois, tous ensembles, ils grimpent à travers les rochers, ils ramassent des coquillages ou ils lui racontent les légendes. A son retour, Damien échantillonne et note. Il va devenir un grand savant.
Plus tard, oui plus tard… j’aimerai bien prendre son relai et, comme mon héros, voguer vers ces contrées lointaines et pourquoi pas, si près de la nature,  y enseigner. 

Marie-Thérèse
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Si  j’avais à choisir, je me ferais défenseur des cœurs, sur terre et dans les cieux, ou bourreau. Au fil de mon épée affutée, je n’aurais de cesse de harceler le pingre : celui qui ne s’acquitte pas de son dû à son ex-épouse ou compagne. Puis, je poursuivrais le ladre de mes quolibets et propos malveillants : celui qui laisse famille et enfants, laisse tomber sa compagne et la mère avec ses deux fois vingt ans, celle qui s’est dévoué corps et âme pour ce mari et sa famille. Ce dernier se montre fort peu reconnaissant, il a oublié que sans elle, il n’aurait pas de situation, ni statut ou reconnaissance sociale. Ce moins-que-rien qui pour un jupon qui passait par là, à la crise de la quarantaine, a tout envoyé paître pour un tendron bien plus jeune. Mais ce qui attriste le cœur des mamans, c’est de ne pas penser aux enfants. Alors pour le punir de ses méfaits et de son inconscience d’avoir mis toute sa famille sur la paille en remboursant les dettes de sa jeunette, je lui enverrais certainement d’Artagnan et son équipe : Athos, Portos et Aramis ; ces redresseurs de torts qui pour quelques écus bravent tous les dangers le long des sentiers, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il  neige. Et si les mousquetaires ne suffisent pas, ils laisseront la place à Robin des Cités. Un Robin qui serait sorti de son bois de Sherwood et aurait migré vers la ville pour cause de déforestation et urbanisation massive. Il régnerait peut-être en maître sur des quartiers infestés de rats et de souris des villes. Il y ferait régner l’ordre, la bienséance, la justice en réhabilitant les leçons de morale et de bien-vivre ensemble. Il remettrait au pas les plus gourmands et gloutons du pays et allégerait les impôts, augmenterait les retraites. Il inciterait fermement les paresseux à descendre de leur arbre et à utiliser leurs dix doigts afin de découvrir ce que le mot « travail » signifie. Il permettrait à d’autres, ceux qui ont passé toute leur vie de dur labeur à courber le dos et à fermer leur bouche de peur de perdre leur boulot, de prendre un repos bien mérité.
Nos mousquetaires bien sympathiques n’auraient certes rien pu faire si par mégarde ils étaient tombés en embuscade du côté de la place de la République un certain vendredi 13, dans une taverne ou encore une salle de spectacle… Ils seraient certainement tombés sous les balles et c’est alors Robocop à qui il aurait fallu demander d’intervenir. Certes, il en aurait peut-être perdu sa superbe, mais avec un peu de chance, et quelques boulons en moins, le riposte aurai été sévère. Le raid s’est sans doute souvenu de ce film, transposé, qui est devenu réalité. Pour lutter contre le grand banditisme et les extrémistes, il faut du mordant et de la perspicacité. C’est beaucoup plus sophistiqué qu’avant sophistiqué qu’avant. Il ne suffit pas d’être bon stratège comme napoléon pour gagner des batailles, mais il faut savoir se servir du web. Et sur Internet, c’est la guerre pour se procurer des armes et des explosifs humains ; c’est une vision de l’apocalypse prédit par Nostradamus… il n’y a que l’amour du prochain qui pourra nous sauver de cette prédiction et nous ramener à la raison pour quitter ce champ de désolation. Ce n’est pas ET « maison » ou Wally qui me contrediront.

Claudine
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Selon le dictionnaire, un héros ou une héroïne est une personne qui se distingue par des qualités ou des actions exceptionnelles par son courage face au danger.
Je vais vous parler d’une héroïne dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler : Rosalie Rendu. Si je choisis de vous parler d’elle c’est qu’elle est ma sœur en Saint-Vincent. Née au début du XIXème siècle dans un Paris bouleversé par deux révolutions, 1830 et 1848, cette humble Fille de la Charité est envoyée par la communauté dans le quartier Mouffetard, l’un des plus pauvres de la capitale. Elle en devient responsable et encourage les sœurs : « Les pauvres vous diront des injures. Plus ils seront grossiers, plus vous devrez rester dignes. Rappelez-vous que Saint Vincent disait qu’ils sont nos seigneurs et maîtres ».
Pour répondre aux nombreux besoins de ce quartier misérable – enfants sans instruction, mères de famille surchargées, ouvriers écrasés par le travail à l’ère industrielle, vieillards abandonnés dans des taudis insalubres – sœur Rosalie fait appel à des collaborateurs compétents. Elle initiera les étudiants de la Sorbonne à la visite des pauvres en leur procurant bons de pain, de sucre ou de charbon.
Lors des journées d’émeute de 1830 et 1848, elle n’hésite pas à monter sur les barricade pour soigner les blessés que quelque camp qu’ils soient, elle se met en travers des combat, se dresse contre le Préfet de Police. Voir son courage et son esprit de liberté forcent l’admiration de tous. Les habitants des quartiers déshérités sont profondément marqués par son action et celui des sœurs lors des épidémies de choléra de 1832 et 1849. Sa mort en 1856 provoque une vive émotion et ses obsèques sont un véritable triomphe. Sa tombe au cimetière Montparnasse est constamment fleurie, encore aujourd’hui, par des mains anonymes.

Christiane

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