lundi 3 octobre 2016

LIPOGRAMME EN "U"

Lipogramme : texte dans lequel on s'abstient de faire paraître une ou plusieurs lettres de l'alphabet.

Rédiger un texte où ne figurera nulle part la lettre "u". Vous en choisirez le thème ou écrirez sur l'été indien.
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Dans l’hôpital de sa ville, la maternité s’est fait connaître par ce fait divers. 
Le vingt-six avril, il fait bon, le soleil brille, dans les arbres les insectes vibrionnent gaiement, volant de corolle en corolle. Voilà, cette femme très spéciale en devenir d’être mère se présente à l’entrée. Le personnel la prend en charge avec son dossier. Oh, la, la, branle-bas de combat dans le service, cette maman attend des triplés ! En salle de travail, malgré l’anesthésie, la maman a très mal. Enfin, la troisième bébé montre son petit nez. Maintenant, le personnel se déconcentre. Les trois bébés, de jolies petites filles, sont dans les bras de maman. Mais, étonnamment les contractions redémarrent. Aïe, aïe, aïe, personne ne comprend ! Eh bien, la mère reprend le travail et le personnel n’en revient pas. On attendait l’arrivée de triplés : ils sont là ! Bon, vite, on reprend confiance et concentration et, bientôt, la paire de garçons fait son apparition. Faites le compte, les triplées s’additionnant à la paire de garçons, ils font le fait divers dont on parle en ville. Félicitations !

Colette
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Après le violent orage, le ciel s’éclaircit perdant son gris d’acier et s’habillant par endroits, soit de traces soit de masses cyan,  lavande voire saphir. Le soleil fit encore cette fois, son apparition. Dans le soir, le petit lac entièrement noir dans son enfoncement, brilla avec des reflets irisés d’orange et de jade, ondoyant comme la moire. Dans son voisinage, des arbres s’élevaient, l’ombrant de cette frondaison, cependant déjà parsemée en ce mois d’octobre. Ces cimes vert olive tâchées d’ocre et de vermillon, se balançaient dans son miroir créant l’impression de la forêt hantée. Des formes géantes se dandinaient. Le reste de vent faiblissait davantage. Son haleine les faisait grimacer, pinçant les lèvres et les tordant. Ces faces bizarres et
cocasses prêtaient à rire.
Après le tonnerre et les éclairs, le silence régnait  à présent. La terre environnante dégageait l’exhalaison forte et entêtante, montant de l’herbe détrempée.  Le banc de bois posé par Sylvestre, le forestier, me tendait les bras. Je m’y assis, respirant l’air tiède et  contemplant ce spectacle fascinant propre à l’été de la Saint-Martin appelé également l’été indien.  Mes bras hâlés par le soleil et mon visage bronzé percevaient la légère vibration de l’air. Après l’atmosphère moite de ces derniers mois,  il me donnait cette sensation de bien-être, tant désirée.
Rien ne me pressait et je passais là des instants de rêve. Mon esprit s’envolait vers mes anciens ancêtres canadiens. Dans les cantons de l’Est, ils connaissent bien l’été indien ! L’immense forêt revêt alors de si  jolies teintes et moi, j’étais là, à observer mon petit coin de paradis, la chanson de Joe Dassin me trottant dans la tête. Inopiné et imprévisible, égaré semblait-il, Jeannot lapin trotta vers moi et, sans crier gare, s’évapora, se cachant dans le taillis derrière mon dos. Immédiatement, l’effraie nommée la dame blanche s’envola, froissant la ramée de ses ailes déployées.  A cet instant, la cloche de la vieille église sonna  lentement dans le lointain, annonçant le repos vespéral.
Il faisait sombre maintenant. Je regardais avec émotion ce paysage exceptionnel et éphémère  s’estomper et se fondre dans les ténèbres. L’air devenait très frais.  Bientôt l’hiver apporterait son givre et ses frimas. Il serait bien temps, à ce moment- là,  de se mettre à l’abri dans la maison près de l’âtre et de profiter pareillement de belles flambées.

Marie-Thérèse
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Ce dimanche à la campagne, en chemisier, je pensais :
L’été indien, c’est le don céleste. Ce sont des vacances prolongées. Les vêtements d’hiver sont encore dans l’armoire, à notre grande joie.
Rions avec le soleil, témoin de cette belle après-midi ; on redevient des enfants, en criant : « Chat perché ! », avec les nôtres ainsi les parties de ballon et de cache-cache.
On ramasse des spécimens de plantes différentes contemplées bientôt dans des herbiers.
Mais le ciel s’assombrit. Il est temps d’enfiler nos vestes, de rassembler nos affaires et de reprendre la direction de Paris.
Long sera le chemin avec ses ralentissements, ses arrêts ! Mais l’on chante, contents de cette belle sortie, espérant en vivre demain encore, avant la triste grisaille  revenant à grands pas, précédant l’hiver avec la magie de Noël et ses fêtes familiales si gaies.

Mireille
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L’été indien me fait songer à la chanson de Joe Dassin, mais elle comporte la voyelle « interdite » !
C’est la période de brève clémence dans la météo nord-américaine, avant de plonger dans les ténèbres hivernales.
Chez les Soviets, l’été indien se nomme « l’été des femmes ». David Foenkinos le détaille dans son roman : dans les sombres périodes de l’histoire, les femmes remplaçaient le cheval, elles étaient bêtes de trait, entraînant des dommages corporels irréparables, irréversibles.
Dans mes Pyrénées ariégeoises natales, c’est l’été de la Saint-Martin : les ténèbres rallongent, les premières gelées blanches voilent les toits, les hirondelles sont parties à tire-d’aile, les semailles sont terminées, le bois est rangé dans l’appentis et les insectes deviennent invisibles.
Regarde les cimes, le ciel tend sa toile cobalt, le soleil clair et brillant trône, baignant la vallée de bien-être. Dans la soirée, l’horizon saignera comme des grenades ; bientôt, paraîtra le verger d’étoiles.
Inlassablement, obstinément, les millions de mains des érables mordorées et ambrées se détachent de la ramée natale avec des signes déchirants, valsent dans la brise enveloppante.
Les corneilles ratissent les prairies, à la recherche de charognes. Les épis solaires incitent à affronter l’hiver de la vie.
Le chien de garde, devant la cabane de son maître, s’étire lentement, avec délice, captant l’instant présent, ivre de bien-être.
Ce faisant, je revisite les âges de ma vie, ce soir, devant le plat de châtaignes tièdes et la décoction de serpolet.
Demain matin, j’irai chercher des glands dont les porcs sont friands. L’après-midi, je ferai des brassées de chrysanthèmes ivoirins et de dahlias à la tête ronde et cramoisie, modeste offrande destinée à la tombe de mon petit frère et de mon arrière-grand-mère. Le ciel sera encore calme, transparent, et rapprochera les sommets en forme de pyramides des montagnes dressées verticalement, témoignage de pérennité, lors de la fête des morts.
Ces pics pyrénéens, roches de granit, éternellement figés, jaillissent, évidents : ils sont les gisants des vivants d’antan et les garants de la mémoire minérale, roches de granit.
Les montagnes paisibles taisent des drames, spectatrices de cordées dévissées. La première neige de l’été de la Saint-Martin pose sa mantille blanche et la chaîne devient livide.
Saint Vallier (ce prélat a évangélisé le saint-gironnais et donné son nom à la montagne, le Mont Vallier) a coiffé sa mitre, en chape indigo et argent, et rassemble en rangs serrés des vieillards vénérables, les dignitaires de l’évêché marmoréen, roides et figés dans le roc.
Les collines boisées étagent des coloris : vert sombre des sapins, marron clair des hêtres, orange sang des merisiers, l’ambre et l’or des chênes.
Assagies, les rivières, sans débordement intempestif, glissent légères, libres, sans mémoire des drames passés : elles ne remontent jamais en amont.
Ce bref rappel de l’été, cette résilience exceptionnelle, me fait signe : priser les instants de la vie, prendre des forces ; le soleil reviendra à l’été de la Saint-Martin !

Marie-Christine 
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Hier…
C’était hier. J’étais cette  petite fille blonde et, l’hiver arrivé, je regardais par la fenêtre tomber les flocons de neige. Cette enfant aimait rêver et imaginer devenir si petite, danser et virevolter avec le givre, les flocons blancs. Le froid, dans ses rêves, ne la gênait pas… la réalité la rattrapait avec l’appel de sa mère… Vite le bonnet, l’écharpe et la grosse veste de laine et direction le jardin. La neige fraîche attendait ses empreintes et le coin protégé, le bonhomme à façonner de ses mains. D’abord faire des tas bien ronds de neige tassée, mettre la grosse dans l’herbe enneigée et après la petite… la tête ainsi mise en place, la fillette se faisait la joie d’y installer le nez avec la carotte donnée par maman, de petites pierres donnant l’air fripon et la grimace s’apprêtant à rire.
Ainsi le bonhomme l’observait le soir et, dans le noir, prenait vie accompagnant la fillette dans ses rêves, alors elle chanterait et danserait les pieds dans le froid et la tête dans les étoiles…

Valérie
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Dans le ciel, à peine griffé par la trace des avions ponctiformes, le soleil darde ses rayons de sa force déclinante. La brise légère virevolte.
Ici et là on voit encore des massifs et plates-bandes en floraison mais les coloris variés perdent de l’intensité ; le vert et le violet pâlissent, le carmin ternit et le blanc  grisonne. Les corolles n’ont pas l’éclat de l’été.
Les ombres s’allongent avec grâce dessinant des formes irréelles.
 L’écorce se détache de certains troncs et la ramée sèche et crissante tombe à terre, j’écrase avec plaisir ce tapis végétal fané.
Rien à faire l’été est terminé.
Les enfants ont repris le chemin de l’école avec les cartables mais gardent en tête les rencontres et images des vacances passées.
Les vendanges ont déjà commencé et la récolte devrait être bonne.
Profitons des chiffres agréables affichés par le thermomètre et faisons de belles balades, ramassons châtaignes et noisettes car l’hiver, à mon grand dam, arrivera bien trop vite.   

Fabienne
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Octobre est arrivé et la clarté se fait rare. On doit l'attendre longtemps le matin et le soir par contre,  on aimerait la voir se prolonger d'avantage.
Les arbres ont changé d'apparence,  le vert tendre a fait place à  des ton carmins, voire dorés chez certains, en fonction des essences. Cette robe ne va hélas pas résister longtemps à la saison, petit à petit elle va se déchirer, s'envoler, et laisser apparaître des branches noires complètement déshabillées. 
Mais le ciel est encore limpide en ce moment, le soleil brille, l'été semble donc décidé à se prolonger. On ressent le grand plaisir à voir la fatale échéance retardée. La rosée et le soleil se remplaçant alternativement, c'est le climat propice à l'apparition des premiers champignons. Avec ce temps ensoleillé et agréable, il est plaisant d'aller en se promenant les dénicher dans des recoins gardés secrets. Les paniers se remplissent mais attention, il s'agit de ramasser les bonnes espèces, celles comestibles et donc sans danger.
Le ciel change rapidement, il est chargé, gris, menaçant. Il convient de se dépêcher, la récolte est maintenant terminée et il est conseillé de s’abriter car on serait vite trempés. L'averse se préparait, elle est là à présent, le sol est vite détrempé, fini de rêvasser à l'été indien.
Ainsi comme on le constate, malgré le ciel serein, la saison a vite fait de se rappeler à notre esprit vagabond. L'été est bel et bien fini, cette fois c'est certain, on va ressortir bottes et lainages afin  d'affronter des temps moroses et frais. Mais après l'hiver, le printemps reviendra, la vie reprendra alors ses droits. Les arbres seront cette fois encore habillés de vert et le soleil se fera présent, longtemps, très longtemps, on l'espère.

Paulette

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